Le corset

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Élément incontournable de la mode steampunk* et gothique, le corset est une pièce qui a pourtant été longtemps oubliée de la mode féminine. Depuis son apparition lors de la Renaissance, il a évolué au cours des siècles au gré des critères de beauté et de la mode. Pour certains, le corset est un signe de féminité ; pour d’autres, un objet de torture pour le corps. À travers cet article, je vous propose de faire un petit tour dans l’histoire de cette pièce vestimentaire.

Qu’est-ce qu’un corset ?

Le corset est à l’origine un sous-vêtement, même s’il peut être porté comme un vêtement dans sa forme moderne. De la Renaissance jusqu’au début du XXe siècle, le corset a été principalement porté par les femmes, mais également par les enfants et même par des hommes à certaines époques. Il s’agit d’une pièce rigide qui avait pour but de soutenir la poitrine et de modeler le buste, notamment la taille.

Le corset est constitué généralement de quatre éléments de construction :
– Une à plusieurs épaisseurs de coutil (toile de coton tissée très dense), associées éventuellement à une doublure ou à un tissu décoratif extérieur.
– Un busc, c’est-à-dire une pièce très rigide placée sur le devant du corset qui assure une grande rigidité. Il est fabriqué en bois, en métal, en ivoire ou en os. Il peut être parfois amovible ou bien à crochets afin d’ouvrir le corset sur le devant.
– Des baleines qui rigidifient l’ensemble du corset. Elles étaient autrefois constituées de vrais fanons de baleine (l’équivalent des dents), puis elles ont été remplacées au XIXe siècle par des baleines en acier, plus flexibles et moins onéreuses.
– Un laçage avec des œillets qui permet de serrer et de desserrer le corset.

Pièce très complexe à réaliser, la fabrication des corsets était confiée à des fabricants spécialisés appelés « corsetiers ».

Le corsage, de la Renaissance à la Révolution

L’ancêtre du corset fait son apparition au XVIe siècle lorsque le corsage est séparé de la jupe, l’ensemble constituant la robe. À la cour du roi François Ier, les robes sont fortement inspirées de la mode espagnole de l’époque. Les femmes placent autour de leur hanche une sorte de bourrelet ou de plateau appelé « vertugade » ou « vertugadin », qui permet de donner de l’ampleur à la jupe.

vertugadin

Vertugadin

Pour compléter la robe, les dames portent une basquine, un corsage venu d’Espagne. Son originalité provient de sa rigidité liée à l’emploi d’une pièce en bois appelée « coche ». Le corsage sert fortement le buste par un laçage dans le dos et lui donne une forme d’entonnoir. La basquine aplatit la poitrine, mais elle ne réduit pas ou peu la taille.

basquine

Basquine

Au XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIV, la basquine fait place au corps piqué qui reprend le même principe, mais cette fois-ci en comprimant davantage le ventre et en affinant la taille, donnant ainsi au buste une forme de cône. En bas du corsage apparaissent des petits panneaux décoratifs.

Corps piqués

Corps piqués

Sous l’Ancien Régime, au XVIIIe siècle, des baleines faites en fanons sont ajoutées entre le tissu et la doublure, rendant le corsage encore plus raide. Le busc est en bois ou en fer et descend plus bas qu’auparavant. Une nouvelle pièce apparaît : la pièce d’estomac, qui s’épingle sur le devant du corsage. Elle est richement décorée et visible.

Pièces d'estomac

Pièces d’estomacs entre 1700 et 1720, robe volante de 1723

Les corps baleinés se sont démocratisés et ne sont plus portés uniquement par l’aristocratie. Les baleines peuvent être remplacées par de l’osier dans les versions les moins onéreuses.

Les corps baleinés sont abandonnés pendant la Révolution française, en particulier sous le Directoire (1795 – 1799) où le style antique revient à la mode.

Le retour du corset et son âge d’or : le XIXe siècle

Sous le Premier Empire, le corset fait son retour. Vers 1810, la mode est au port du corset « à la Ninon », un corset à lacet et baleiné, mais qui ne comprime pas les hanches, étant plus court que les corps baleinés de l’Ancien Régime.

Corset à la Ninon

Corset « à la Ninon », vers 1810

Les corsets du XIXe siècle ont une forme très différente de leurs ancêtres : ils ne confèrent plus au buste une forme conique, mais une forme tout en courbes, dite « en sablier ». Les corsets n’écrasent plus la poitrine, mais soutiennent les seins en les séparant grâce à la forme du busc.

À partir des années 1840, les bretelles disparaissent, et la taille est fortement réduite. Les fanons de baleine sont remplacés par des baleines métalliques, tout comme les œillets, autrefois brodés à la main. Le busc métallique à crochets et le laçage dit « à la paresseuse » font leur apparition, rendant les corsets plus faciles à mettre et à enlever. La révolution industrielle permet une fabrication moins coûteuse des corsets et les rendent donc abordables pour les femmes de toutes les classes de la société, contribuant ainsi à la démocratisation du corset et à sa place importante dans la mode de l’époque.

Laçage à la paresseuse

Corset avec un laçage à la paresseuse

À la fin du XIXe siècle, la mode n’est plus au busc droit, mais au busc « cuillère », beaucoup plus arrondi.

Corset avec un busc cuillère

Corset avec un busc cuillère, 1890

Le corset « droit devant » et son abandon

À la Belle Epoque (début du XXe siècle), le corset change de forme avec le retour d’un busc très droit, très rigide et plus large. Ce corset, appelé « droit devant » ou « corset abdominal », a été inventé par Inès Gaches-Sarraute, une femme médecin et corsetière. Il confère aux femmes une silhouette « en S », caractéristique de cette époque. Le corset oblige la femme à se cambrer fortement en projetant les fesses vers l’arrière et le buste en avant.

Comparaison de silhouettes

Comparaison des silhouettes en sablier (à gauche) et en S (à droite), 1900

Peu à peu, le corset s’allonge en englobant les hanches et le haut des cuisses afin de donner aux femmes une silhouette plus longiligne.

Corset long d'été

Corset d’été très enveloppant, 1910

La Première Guerre mondiale marque un tournant dans l’histoire du corset. D’une part, la fabrication des corsets nécessite l’utilisation de beaucoup d’acier, métal très convoité par l’armement. Aux États-Unis, leur fabrication est d’ailleurs interdite pour cette raison. D’autre part, les femmes sont mobilisées pour travailler dans les usines. Les corsets étaient jusqu’alors très inconfortables et entravaient les mouvements, c’est pourquoi ils sont peu à peu abandonnés. Les femmes qui travaillent portent désormais des vêtements plus amples, des jupes plus courtes, voire même des pantalons, le tout dans des tissus beaucoup plus abordables.

À la fin de la guerre, les femmes ont gagné en indépendance et ont pris goût à ces vêtements beaucoup moins contraignants. Le corset est ainsi remplacé par la gaine. La mode des années 1920 est plutôt « tubulaire » : la silhouette féminine est beaucoup plus longiligne, avec une taille très peu marquée, et les hanches et les cuisses sont écrasées.

Les critiques faites au corset

Le corset étant une pièce vestimentaire qui modifie la silhouette en la contraignant de façon plus ou moins importante, il ne s’agit pas d’un vêtement anodin pour le corps. C’est pourquoi le corset a été vivement critiqué dès le XVIIIe siècle et tout particulièrement au XXe siècle.

Le laçage très serré du corset, appelé « tightlacing », comprime les organes internes. Les capacités pulmonaires et stomacales sont diminuées, la digestion devient plus difficile. Dans les cas les plus graves, les organes peuvent même se déplacer vers le bas. Le port du corset dès la puberté entraîne des déformations des côtes et du foie. De par la forte cambrure qu’il impose, le corset « droit devant » provoque des maux de dos importants. Enfin, le port quotidien du corset a également comme autre inconvénient une atrophie musculaire des muscles abdominaux et dorsaux, ainsi que des irritations cutanées dues au frottement des baleines.

Déformation des organes par le corset

Place normale des organes (à gauche) et déformations engendrées par le port du corset (à droite). Schémas contenus dans Le corset physiologique fait sur moulage du Dr Dardelin, 1905

Toutes ces critiques ont participé au déclin et à l’abandon du corset dans les années 1920.

Il est tout de même important de noter qu’il existe aussi des corsets dits « médicaux » qui ont pour vocation de corriger les mauvaises courbures du dos et de prévenir des douleurs dorsales.

Le corset moderne

Depuis les années 1970, le corset est réapparu dans les collections des grands couturiers, notamment Jean-Paul Gaultier. En 1990, il crée pour la chanteuse Madonna un corset dont les bonnets sont coniques et qui marquera les esprits.

Corset Madonna Jean Paul Gaultier

Corset dessiné par Jean-Paul Gaultier pour Madonna, 1990

Aujourd’hui, les corsets sont revenus dans les garde-robes des gothiques et des adeptes de steampunk*, mais aussi sous les robes de mariées et les costumes de scène.

Les corsets peuvent être des pièces de lingerie ou bien être portés comme bustiers.

Il existe différents types de corset dans le commerce. Ils peuvent être fabriqués avec des baleines en acier, à l’instar de leurs ancêtres. Pour un corset de ce genre, comptez plus de 80 €, le prix pouvant s’envoler selon les matières utilisées (par exemple la soie) et la qualité de réalisation. Mais attention, ces corsets réduisent le tour de taille et peuvent donc causer les problèmes cités précédemment s’ils sont portés quotidiennement !

Corset steampunk

Corset Steampunk (Goth It, 126€)

Si vous rêvez d’un corset mais que vous voulez éviter ces désagréments, il existe des corsets sans baleine ou avec des baleines en acrylique. Ils permettent de mettre la taille en valeur sans altérer la morphologie. De plus, ces corsets sont plus légers et flexibles. Leur coût est également moindre, entre 15 et 50 € en moyenne.

Ces corsets sont idéaux pour des costumes victoriens, des looks gothiques, steampunk* ou bien rockabilly**, mais il existe également de très belles pièces modernes faciles à porter pour une soirée chic et élégante !

Corset moderne

Corset en satin (Corset Story, 49€)

Il existe également des corsets « underbust » appelés également « serre taille » qui s’arrêtent sous la poitrine et ne la compriment donc pas.

Il est très facile d’acheter des corsets sur Internet à des prix abordables, comme dans les boutiques en ligne telles que Goth It ou Corset Story. Pour bien choisir votre taille de corset, prenez vos mensurations : votre tour de poitrine au plus fort, votre tour de taille sous les côtes (au plus fin) et votre tour de bassin (sous le nombril). Veillez à ce qu’elles soient bien comprises entre les deux mensurations indiquées par le vendeur, le minimum indiquant un laçage fermé et le maximum un laçage ouvert.

Cette petite histoire du corset est terminée. Et vous, que pensez-vous des corsets ? En portez-vous ou cet article vous a-t-il donné envie d’en acheter un ? Laissez vos impressions dans les commentaires !

Sonatine

 

* Steampunk : genre littéraire dont les intrigues se déroulent dans des univers inspirés de la révolution industrielle du XIXe siècle. Ce genre est devenu une culture à part entière où la confection de costume tient une place importante.
** Rockabilly : style vestimentaire et musical faisant référence au rock des années 1950 et à la culture populaire américaine de cette époque.

Sources texte :

Sources images :

6 thoughts on “Le corset”

  1. Article intéressant ! Les anciens corsets me font penser à des objets de torture hahaha. Pour ce qui est des modernes, je n’en porterai surement jamais car ce n’est pas mon style. Mais c’est sympa d’avoir des explications sur une chose pour laquelle on ne se serait pas spécialement renseigné. Thanks pour l’article Sonatine !

     
  2. Très intéressant, je trouve ça vraiment sympa mais je n’en porte pas. Les anciens qui compriment ne donnent pas envie par contre x)

     
  3. Glaçon_Congelé

    Personnellement j’adore les corsets ^^, je m’en suis racheté un récemment et franchement j’adore. Je suis juste blasée parce qu’il taille petit, donc j’ai dû prendre un L (alors que je fais du S/M). Le gros inconvénient des corsets, c’est que lorsque l’on a une petite poitrine avec un peu de ventre et des hanches, ben faut obligatoirement essayer avant d’acheter, donc ça réduit pas mal les lieux d’achat ^^.

     
  4. Je n’en ai jamais porté, mais pourquoi pas me lancer un jour ! Article très intéressant en tout cas !

     
  5. Merci pour vos commentaires !
    En effet, les anciens corsets ressemblaient davantage à des engins de torture…
    Les nouveaux (avec des baleines souples) sont nettement plus agréables à porter 🙂

    @Glaçon_Congelé, je compatis !

     

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