Les 7 Jeux Parelli

Les 7 jeux parelli
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Nous vous avions déjà parlé de la pratique de l’équitation éthologique dans cet article, mais aujourd’hui j’ai décidé de braquer les projecteurs sur une méthode bien connue afin de créer un lien avec votre cheval : les 7 jeux de Pat Parelli. Lisez la suite de cet article pour savoir comment y jouer avec votre équidé et quelles sont leur utilité.

Qui est Pat Parelli ?

Si vous pratiquez ou êtes renseignés sur l’équitation dite « éthologique », autrement appelée aux États-Unis celle des « chuchoteurs », vous connaissez probablement déjà Pat Parelli.
Né en 1954 et plongé depuis ses neuf ans dans le milieu équestre, il est surtout connu pour avoir développé une méthode d’apprentissage dite éthologique : le Parelli Natural Horsemanship, autrement appelé PNH. Il a longtemps collaboré avec le Haras de la Cense, écurie renommée pour son enseignement éthologique, et a été le mentor d’Andy Booth, autre « chuchoteur » célèbre, qui a d’ailleurs continué à travailler avec la Cense afin d’écrire La Méthode la Cense, paru pour la première fois en 2005.

Les principes de la méthode

Parelli part du principe que le cheval a une nature profonde de proie et qu’il considère donc l’humain comme un prédateur. En se plaçant en tant que leader, l’humain doit instaurer un climat de confiance et de sécurité : le couple cavalier-cheval pourra ainsi fonctionner et être uni.

La méthode se base sur le principe que le cheval doit voir l’humain comme le leader du troupeau. Le cavalier et le cheval doivent développer une relation de partenaires et non pas d’ennemis et elle ne doit pas être source de stress.
Le travail doit aller dans une direction, que l’on soit cheval ou cavalier. Le cheval doit se prendre en charge, maintenir l’ordre demandé, l’allure et la direction sans sollicitation. Quant au cavalier, son objectif est de se concentrer, d’anticiper, de « penser cheval » et de ne pas le gêner. Il est important qu’il soit progressif dans ses demandes, exigeant, mais sans aller au-delà de la capacité du cheval et, vous vous en doutez, jamais avec brutalité.

La méthode Parelli ne se limite absolument pas aux 7 jeux dont nous allons parler par la suite, puisque ces derniers sont là pour servir le reste du travail qui comporte plusieurs niveaux :

– Niveau 1 (Partenariat) : les 7 jeux Parelli que nous allons développer ; Le but est d’instaurer un climat de confiance au sein du couple afin de mettre en place un langage commun, c’est la base du PNH.
– Niveau 2 (Harmonie) : une fois les 7 jeux acquis et répétés régulièrement, l’objectif est d’améliorer le feeling et l’harmonie.
– Niveau 3 (Raffinement) : il s’agira de développer l’impulsion et le respect pour utiliser plus finement et discrètement les aides.
– Niveau 4 (Polyvalence) : le cavalier doit s’adapter à différentes situations du débourrage et à l’entraînement des chevaux compliqués.
– Niveau 5 et 6 (Unité et Unité complète) : le couple cavalier-cheval peut approfondir sa relation. Pat Parelli avoue lui-même avoir atteint ce niveau.
– Niveau 7 à 9 (Unité des maîtres) : le cavalier doit atteindre une certaine fusion avec des chevaux très différents.
– Niveau 10 (Unité suprême) : On toucherait ici à la nature même du cheval et cela relèverait du mythe du centaure.

Nous aurons peut-être l’occasion de revenir sur les niveaux de PNH dans un autre article, le sujet étant bien trop vaste.

Les 7 jeux Parelli

Aujourd’hui, nous allons nous attarder sur la base de la méthode, les 7 jeux Parelli, permettant d’atteindre le premier niveau.
Ces jeux sont à effectuer dans un premier temps à la longe, plus ou moins longue selon le travail du cheval, puis petit à petit, vous pourrez jouer dans un rond de longe en liberté, voire dans un espace plus grand (comme un champ). Il n’y a pas de règle, il faut s’adapter à l’évolution du travail et de la relation avec votre cheval.

Le matériel demandé est simple : un licol en corde (appelé « licol éthologique »), et un objet que Pat Parelli appelle un carrot stick (littéralement traduisible par « bâton à carotte », ressemblant à une chambrière et qui est là pour prolonger l’action du bras humain.

carrot stick

La clé de ces jeux est d’être franc et rassurant pour votre cheval. Vous devez savoir ce que vous demandez, mais surtout ne jamais vous énerver ou être violent. Un cheval ne sait pas ce qu’est « la vengeance » ou « se moquer de vous », il n’effectuera une tâche que si elle est correctement demandée et si la relation humain/cheval est respectueuse. Vous demandez à un être vivant qui considère l’humain comme un prédateur, de vous faire confiance : sachez lui pardonner et le rassurer pour qu’il soit bien dans ses sabots. Les jeux de Pat Parelli ne doivent pas être acquis sous la contrainte. L’idéal serait même de parvenir à les effectuer en liberté complète, sans longe.

1er jeu : le jeu de l’amitié.

C’est un travail de désensibilisation. Le cheval est exposé à des situations qui lui font peur (la selle, une bâche, un ballon…), pour lui prouver qu’il peut faire confiance à l’humain même s’il y a du mouvement et du bruit autour de lui.
Ce jeu est simple à mettre en place, puisque vous pouvez utiliser tout objet étrange que le cheval n’a pas l’habitude de rencontrer, comme un parapluie ou plein d’autres encore ! Il vous faudra débuter doucement en rassurant énormément votre cheval. Le jeu sera « validé » lorsqu’il acceptera de se laisser toucher par l’objet partout, de la queue aux oreilles. Vous devrez pouvoir sauter, courir et lever les bras vivement autour de lui, sans que le cheval ne sursaute.
Attention, ce jeu ne consiste pas à effrayer le cheval, mais au contraire, à lui prouver que vous ne lui ferez jamais aucun mal. Cette étape peut être parfois longue sur un objet en particulier, mais c’est important de réussir à désensibiliser votre équidé pour pouvoir continuer le travail à pied et les jeux suivants.

2e jeu : le jeu du porc-épic.

Par la pression physique (mains, doigts, bout du stick, etc.), le cheval doit céder et se déplacer : il doit pouvoir reculer, avancer, déplacer ses hanches et ses épaules. Ce jeu est directement inspiré de la communication en troupeau, quand le leader du troupeau souhaite faire bouger un cheval il commence d’abord par le regarder, si il ne se passe rien il va poser ses dents et enfin mordre, afin de faire respecter sa demande.
Le fait est que les chevaux ont un réflexe d’opposition inné, celui-ci fait partie intégrante de leurs moyens de défense qui consistent à se débattre contre toute pression. Il suffit de voir ce qui se passe lorsque votre monture ne veut pas du tout vous donner son pied, il mettra tout son poids contre votre action. Lors du débourrage, on apprend justement au cheval à céder à la pression physique et donc à atténuer ce comportement inné.

La technique est de faire une pression continue avec vos doigts comme si vous le mordiez à la manière du leader du troupeau, et, dès que votre cheval a cédé, même un tout petit peu, vous devez arrêter la pression et le féliciter en caressant au même endroit : c’est le principe du renforcement négatif (l’action s’arrête quand le cheval a fait l’action désirée). Le cheval comprendra vite que pour retrouver le confort, le mieux est de céder.

Lorsque le cheval aura compris le but du jeu, un simple toucher suffira pour le faire reculer, avancer, tourner, monter ou descendre la tête, sans aucune résistance.

3e jeu : le jeu de la conduite.

Dans la continuité du jeu du porc-épic, il s’agira d’effectuer la même chose que sur le deuxième jeu, mais sans toucher le cheval.
Le cavalier, par des indications à distance et un langage corporel, fait bouger le cheval qui cède à cette pression non plus physique mais mentale.

Pour le faire reculer :

Placez-vous environ à 1 m 50 devant votre cheval, puis secouez votre doigt comme pour lui jeter de l’eau en avançant vers lui afin de lui donner une indication sur l’espace que vous souhaitez qu’il libère. Si il ne recule pas, piquez-le du doigt sur le poitrail comme pour le jeu du porc-épic.
Ce n’est pas confortable pour le cheval, donc il s’écartera de la pression en reculant. Comme pour les jeux précédents (et les suivants), récompensez-le immédiatement dès le premier pas en arrière.

Pour le faire tourner de l’avant-main :

Placez-vous environ à 1 m 50 de son épaule, puis avancez vers lui progressivement le doigt levé vers son œil. Bien sûr, un doigt dans l’œil n’étant pas confortable, il s’écartera rapidement. Récompensez bien votre cheval dès qu’il réussit et arrêtez toute pression. Il vous faudra réussir des deux côtés.

Pour le faire tourner de l’arrière-main :

Placez-vous environ 2 m face à sa cuisse, puis faites virevolter le bout d’une longe. Avancez vers lui progressivement jusqu’à ce que la longe touche sa croupe. Félicitez-le immédiatement lorsqu’il se retournera face à vous et arrêtez toute pression. La longe sera remplacée par votre main quand le cheval aura compris les règles du jeu. Comme précédemment, validez ce jeu des deux côtés.

4e jeu : le jeu du yo-yo.

Le cheval apprend à reculer puis à avancer en ligne droite, face au cavalier qui se tient immobile. Ce jeu permet d’équilibrer les deux pôles importants : respect (reculer devant l’humain) et confiance (revenir vers l’humain).
Pour réussir ce jeu, munissez-vous de votre longe. Commencez par agiter votre doigt, comme pour dire non, tout en balançant la longe, pour faire comprendre que le cheval doit libérer l’espace et sortir de la bulle avec son cavalier. Si le cheval n’a pas reculé, poursuivez avec l’avant-bras, puis avec tout le bras en balançant fermement la longe, jusqu’à ce que le licol soit secoué. Le cheval reculera instinctivement pour se débarrasser de cet inconfort. Cessez immédiatement la secousse et récompensez-le.
Recommencez ensuite afin que le cheval fasse deux, puis trois, puis quatre pas en arrière avec seulement le mouvement de « non » avec le doigt. Pour le faire revenir, tirez doucement sur la longe.

Pour réussir ce jeu, il faudra que finalement, le reculé et le rappel soient rectilignes face à vous.

5e jeu : le jeu du cercle.

Le cheval doit rester sur un cercle en conservant l’allure et la direction données par le cavalier sans que celui-ci n’ait besoin de le relancer. Il apprend à gérer son impulsion et se responsabilise.
Le rôle du cheval est de maintenir son allure, jusqu’à ce que vous lui demandiez de la changer, et ce aux deux mains.
Concrètement, lors de ce jeu l’idée est de le laisser tranquille tant qu’il fait ce que vous voulez. Par contre, lorsqu’il modifie son allure, imposez-lui quelque chose d’autre.
N’hésitez pas à le ramener au centre du cercle, puis relancez-le aussi souvent que nécessaire. Faites-le également changer de direction. Variez les allures, pas, trot, galop (avec le travail vous pourrez même faire varier dans l’allure). Vous pouvez également utiliser des obstacles, le faire passer entre deux plots, etc.

6e jeu : le jeu du déplacement latéral

Comme son nom l’indique, le cavalier fait déplacer latéralement son cheval, c’est-à-dire qu’il croise ses antérieurs et ses postérieurs. Ce jeu permet s’assouplir, d’améliorer la suspension, d’atténuer l’instinct de fuite et d’améliorer la coordination de mouvement.

Pour faciliter la compréhension des règles de ce jeu par votre cheval, positionnez-le face à un mur ou une barrière (afin de l’empêcher d’avancer). Placez-vous à côté de lui, et demandez-lui de s’écarter de vous latéralement. Si votre cheval maitrise parfaitement le jeu de la conduite, il sera facile pour vous de le faire déplacer en pointant successivement les deux zones : la tête et l’arrière-main. Si vous avez du mal, vous pouvez utiliser une longe en la faisant tournoyer d’une zone à l’autre.
Rapidement, il va déplacer une partie de son corps, puis l’autre. Avec de la pratique, il se déplacera d’un seul bloc et vous n’aurez plus besoin d’utiliser la longe.
Assurez-vous qu’il se déplace aussi bien d’un côté que de l’autre, et n’oubliez pas de le récompenser. Vous pourrez ensuite varier ce jeu en aspirant votre cheval vers vous latéralement, c’est-à-dire qu’il viendra à vous en croisant ses antérieurs et ses postérieurs, plutôt que de lui demander de s’éloigner.

7 e jeu : le jeu du corridor ou jeu du passage étroit.

Naturellement, les chevaux sont claustrophobes et ne semblent parfois pas connaître leur propre largeur : ils passent à toute vitesse lorsqu’ils se sentent coincés, ce qui peut devenir dangereux pour vous et pour lui. Ce dernier jeu permet donc de rendre votre cheval plus confiant envers lui-même, et de lutter contre la claustrophobie naturelle des équidés. Souvenez-vous que l’idée n’est pas de casser le caractère d’un cheval, mais plutôt de vous faire confiance, car vous êtes son leader et vous lui avez déjà prouvé que vous ne lui vouliez aucun mal et que tant que vous lui dites qu’il n’y a pas de danger, il n’y a pas de danger.

Le but du jeu est que cheval apprenne à passer sur, au-dessus, entre, en dessous, à travers divers objets, comme par exemple des rideaux, une bâche en hauteur, des arbres couchés, des troncs hauts, etc.

Dans un premier temps, placez-vous à 5 m, face à une barrière ou un mur, puis suggérez à votre cheval de passer entre le mur et vous. Lorsqu’il passera sans problème, réduisez la distance jusqu’à ce qu’il ne reste que la largeur du cheval. Vous pourrez ensuite ajouter des obstacles comme une porte en bâche ou autre. Comme pour les autres jeux, pratiquez dans les deux sens, et félicitez grandement.

Une fois ces 7 jeux acquis, ne vous reposez pas sur vos lauriers et reprenez-les de temps en temps avec votre cheval !

Connaissiez-vous les 7 jeux de Pat Parelli ? Si oui, les avez-vous mis en pratique avec votre cheval ? La relation avec votre cheval s’en est-elle trouvée améliorée ?
Dites-nous tout dans un commentaire !

Audy-kun

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Pat Parelli

Haras de la Cense

7 Jeux Parelli

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1 réflexion sur “Les 7 Jeux Parelli”

  1. MrsMinette

    Je n’avais jamais entendu parler de ces jeux (je pensais que c’était des jeux de société alors je ne comprenais pas pourquoi l article était dans « Cheval » xD). J’ai appris beaucoup de choses et, puisque cela a déjà fait ses preuves, je suis impressionnée par ceux qui les pratiquent!
    Si chaque niveau de la méthode Parelli est aussi intéressant, je veux bien un autre article sur le sujet !

    Merci Audy pour cette découverte! =)

     

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