Les monnaies locales : l’exemple de la Gonette

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Les monnaies locales et citoyennes (MLC) se développent depuis presque 10 ans en France (lien article sur la France). Elles ont une mission sociale (lien cat social/société) car, en plus de l’usage habituel de l’argent, ces monnaies sont associées à une éthique et à des valeurs. Suivez-moi dans cette découverte. 

Où y a-t-il des monnaies locales et citoyennes ?

Même si vous n’en avez peut-être pas entendu parler, il existe une soixantaine de monnaies locales et citoyennes. On les trouve déjà dans tous les départements métropolitains de France, et pas seulement dans les grandes métropoles : Cagnes-sur-Mer (le Renoir), Augersheim en Alsace (le Radig), Villeneuve-sur-Lot (l’Abeille) ou encore Pezenas (l’Occitan). 
L’une des premières parties du pays à avoir mis en place cette MLC est Roanne, dans la Loire (région Auvergne-Rhône-Alpes) et ses alentours, en 2010. 

Carte des MLC métropolitaines

Les MLC les plus « puissantes » sont le Lien (avec 130 000 Liens entre Saint-Étienne et sa région), la Gonette (avec 110 000 Gonettes en circulation à Lyon) et le Cairn (avec 100 000 Cairns pour Grenoble et d’autres villes iséroises). 
Certaines villes sont en projet pour 2019 et 2020, comme Dijon, La Rochelle, et même la région Guadeloupe. À l’inverse, des MLC se sont arrêtées par manque de commerçants ou d’utilisateurs citoyens. 

Le fonctionnement d’une monnaie locale

Tout d’abord, il faut savoir que le gouvernement français reconnaît officiellement ces monnaies locales et citoyennes. Ces dernières sont d’ailleurs imprimées sur des rames de billets de banque : cela signifie qu’elles ont des sécurités, afin de rendre difficile la falsification. Par exemple, la Gonette, la monnaie lyonnaise, a 7 éléments de sécurité ; en comparaison, l’euro en a 12. 
La majorité de ces MLC sont sous forme de papier, mais certaines sont aussi sous format numérique pour les paiements par application ou par Internet (lien métiers de l’internet). Je parle de ces dernières plus loin dans l’article. 
Le but d’une monnaie locale est de remettre l’argent à sa juste place : un élément souvent nécessaire pour pratiquer des échanges. Il n’est pas utile de conserver des billets sous son oreiller non plus, il n’y a pas de fluctuation de sa valeur. La monnaie ne peut pas être stockée : pas de compte en banque, que de l’argent qui transite d’un acheteur à un commerçant. Ce dernier doit répondre à l’éthique imposée par l’association qui gère la monnaie. Il s’agit très souvent des mêmes valeurs écologiques et citoyennes : vente de produits locaux principalement pour les commerces, respect du corps avec des pratiques naturelles pour les médecins et praticiens. 
D’ailleurs, un bon nombre d’associations gérantes de MLC ont participé à la dernière marche pour le climat. 
Cet argent ne se substitue pas aux euros, mais il est complémentaire. 

À qui s’adressent les monnaies locales ?

Évidemment, ces monnaies sont adressées à tout le monde ! Les principaux « dépenseurs » sont les citoyens. Ils se procurent la monnaie auprès des commerçants partenaires ; attention, toutes les personnes morales adhérentes à l’association ne sont pas autorisées à convertir les euros en monnaie. Les professionnels peuvent aussi se payer en MLC entre eux, du producteur au détaillant par exemple. Les conversions se font toujours sans frais. 
Cette monnaie peut être utilisée chez de nombreux commerçants (en termes juridiques : chez des personnes morales) en tout genre : épicier, ostéopathe, restaurateur, libraire, photographe, créateur, peintre, kinésithérapeute, écrivain, menuisier, coiffeur… Bref, cela concerne tout le monde ! 

Pourquoi utiliser ces monnaies ?

Peut-être qu’à ce niveau de l’article, vous vous posez cette question légitime : pourquoi utiliser ces monnaies, alors qu’on peut acheter les mêmes choses qu’avec des euros ? 
Une fois de plus, la réponse est économique : comme au Monopoly, les euros échangés sont versés à la banque. Chaque banque utilise l’argent conservé pour investir dans des projets dont nous n’entendons souvent pas parler. Or, la banque MLC choisie pour stocker l’argent échangé est solidaire et éthique, selon les règles posées par l’association. Cet argent est appelé « fonds de réserve ». 

Le numérique dans les MLC

Certaines monnaies sont 100 % numériques, comme le Rollon (en Normandie). D’autres sont à la fois en version papier et numérique, la plus connue étant l’Eusko (du Pays basque). Les utilisateurs ont un compte et une carte bancaire. Afin d’utiliser cette dernière, il faut avoir préalablement transféré des euros (convertis en MLC) sur le compte. Les commerçants participants ont donc un terminal de paiement pour cette monnaie. La majorité du temps, il n’y a pas de minimum d’achat pour utiliser sa carte. En revanche, il est impossible d’avoir un compte débiteur ; on ne peut donc pas « être dans le rouge ». Si le compte n’est pas suffisamment fourni, le paiement est rejeté. 
Par ailleurs, les personnes physiques ne peuvent pas non plus faire de dépôts de billets MLC à la banque, seulement les retirer, contrairement aux professionnels qui ont cette possibilité. 

L’exemple de la Gonette

Personnellement, je suis une Lyonnaise pure souche. C’est une copine qui a commencé à me parler de cette monnaie locale, la Gonette. L’idée m’a directement plu, alors je me suis penchée sur le sujet. J’ai contacté l’association afin d’en apprendre plus. 

Billets de Gonettes

L’idée de faire cette monnaie locale et citoyenne est venue d’une conférence ; c’est ce même conférencier qui a lancé plusieurs monnaies locales en France, notamment celle de Toulouse. À Lyon, le premier jeu de billets a été émis le 6 novembre 2015. Il existe des billets de 1, 2, 5, 10, 20 et 49 Gonettes, « 49 » pour la petite rébellion sociale. En revanche, la Gonette n’est pas reconvertible en euros. 

Une monnaie électronique est envisagée, mais pas encore effective ; elle pourrait concerner les particuliers, mais surtout les professionnels (paiement inter-prestataires ou paiement employeur-salarié). De même, l’association a abordé le sujet d’une application mobile, mais ce n’est pas non plus pour bientôt. 
D’après les conditions générales d’utilisation que j’ai lues (oui, oui !), « La Gonette [est] une monnaie locale, écologique et solidaire, elle se doit d’être un outil de réorientation des pratiques économiques. Elle est un outil de relocalisation de l’économie, puisqu’elle n’est utilisable qu’entre prestataires ayant leur activité sur une zone géographique définie. » 
Pour avoir le droit d’utiliser la Gonette, vous devez adhérer à l’association La Gonette – MLC : on enregistre son mail sur le site, et ce dernier nous envoie le mail de validation ci-dessous. 

Le tarif d’adhésion n’est pas fixe, car il est basé sur le principe de participation consciente : ainsi, chacun est invité à donner en fonction de ses ressources. Le minimum demandé est de 5 euros pour les particuliers, 50 euros pour les associations et 100 euros pour les entreprises, mais comme vous le voyez ci-dessus, cette somme n’est pas suffisante pour faire vivre l’association. 

Cette adhésion est à renouveler tous les ans. C’est uniquement à la réception de sa carte de membre que les particuliers peuvent acheter des Gonettes. 
Pour ce faire, ils vont dans des magasins qui font aussi bureaux de change. Attention : tous les magasins partenaires ne sont pas autorisés à faire le change entre euros et Gonettes. Ces bureaux de change ont deux caisses : l’une remplie de Gonettes des clients, l’autre pleine de Gonettes fournies par l’association La Gonette – MLC, avec un stock de départ. Les euros convertis par le commerçant pour un client vont dans la caisse de l’association (qui ne se remplit donc que d’euros), alors que l’autre caisse accumule les Gonettes récupérées lors des achats. 

Les limites des MLC

Bien que je trouve que les MLC sont une super idée, j’ai quand même eu quelques doutes sur la facilité à utiliser la Gonette. La première chose qui m’a refroidie, c’est que dans ma campagne un peu loin de Lyon, il y a très peu de magasins qui acceptent notre monnaie parallèle. 
Certaines MLC ont des centimes comme la Commune (Roanne), d’autres non. On peut trouver des avantages et des inconvénients dans les deux cas : le fait d’avoir des centimes (en billets d’après ce que j’ai découvert) fait encore grossir le portefeuille qui est déjà volumineux si on a des billets et des pièces en euros. Par contre, ne pas avoir de centimes oblige à avoir des euros : nos achats comportent souvent un certain nombre de centimes ; or, si on paye en MLC, on ne peut pas nous rendre la monnaie en euros. Il faut donc payer avec les MLC, sauf les centimes qu’il faut payer en euros. 

Le dernier point qui me chagrine (mais qui ne concerne pas toutes les monnaies locales) est pourtant une des convictions des MLC : le fait de ne pas pouvoir les stocker numériquement et les retirer, ne pas y avoir accès n’importe où. Par exemple, lorsque je me balade dans Lyon avec des amis et qu’on s’arrête pour aller boire un verre, il arrive que nous trouvions des bars qui acceptent la Gonette. Or, je n’en ai pas forcément sur moi, ou du moins pas suffisamment pour payer ma consommation. Et là, j’aimerais pouvoir aller retirer des Gonettes, mais ce n’est pas possible, car il y a très peu de magasins qui convertissent les euros en Gonettes. Je trouve que cela limite la praticité de cet argent, même si je comprends totalement le pourquoi du comment. 

Comme son nom l’indique, chaque monnaie reste locale. En revanche, de nombreuses MLC se sont développées (France, Belgique, Suisse, Royaume-Uni, Canada, etc.) et passent pourtant parfois inaperçues, donc n’hésitez pas à vous renseigner sur le site des monnaies locales pour participer activement à la vie écologique et locale ! 

Gwendoline F.-R.

Sources texte

20 minutes

LaGonette

Economie.gouv

Wikipédia

http://www.euskalmoneta.org/regles-de-fonctionnement-de-leusko/

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Images 3 et 4 : personnelles

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