Championnats du monde d’athlétisme : un climat tendu

Le sommet russo-américain a été annulé
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Si les championnats du monde d’athlétisme sont avant tout une rencontre sportive, ils permettent aussi de mettre la Russie sur le devant de la scène. Ce grand pays, bien décidé à avoir un rôle central dans l’organisation de grands événements sportifs, a surtout fait parler de lui pour les tensions qu’il entretient avec les États-Unis et ses lois répressives vis-à-vis des homosexuels.

Que s’est-il passé pendant ces championnats du monde ? La Russie s’est-elle montrée sous son meilleur jour ? Je vous propose un petit retour sur le climat plutôt tendu qui régnait en dehors du stade Loujniki.

Athlètes russes protestant contre la loi homophobe aux championnats du monde d'athlétisme

Un duel Russie-USA aux championnats du monde d’athlétisme

Depuis plusieurs semaines, les relations diplomatiques entre la Russie et les USA sont très tendues.

Les positions entre les deux pays ont commencé à se crisper en mai 2012 alors que Vladimir Poutine faisait son retour à la présidence de la Russie. Suite à cela, de nombreuses lois visant à limiter l’influence américaine dans le pays ont été adoptées, comme celle interdisant l’adoption d’orphelins russes par les étrangers. La loi russe interdisant la « propagande homosexuelle » devant les mineurs n’a fait qu’accroître les tensions existantes.

Au cours de l’été 2013, une affaire oppose les États-Unis et la Russie : l’affaire Edward Snowden. L’ancien employé de la CIA et de la NSA a, en effet, révélé à la presse internationale que les États-Unis avaient des programmes pour surveiller les communications des autres pays.

L'affaire Snowden fait augmenter les tensions Russie-USA

Ces révélations inquiètent les États-Unis, qui accusent l’informaticien d’espionnage, de vol et d’utilisation illégale de biens gouvernementaux. Après s’être exilé à Hong Kong, Snowden trouve un refuge en Russie, qui lui accorde l’asile pour un an.

Suite à cette affaire, Barak Obama décide de ne pas se rendre au sommet prévu en Russie. Cette rencontre avait pour but de préparer celui du G20 qui se déroulera début septembre à Saint-Pétersbourg, auquel le président américain devrait probablement être présent.

Washington explique cette annulation par le manque de progrès dans l’entente entre les deux pays concernant de nombreux points, parmi lesquels :
– la défense antimissile : les États-Unis souhaiteraient installer un bouclier anti-missile en Europe, mais la Russie s’y oppose ; 
– la Syrie : la Russie continue sa coopération avec le régime de Bachar al-Assad ;
– les droits de l’Homme : le régime syrien est vivement critiqué pour ses positions à ce sujet, mais reste cependant soutenu par la Russie.

Les États-Unis et la Russie ont en effet des positions très éloignées concernant ces questions, et aucun compromis n’a encore été trouvé.

Le sommet russo-américain a été annulé

Barak Obama évoquait un « reset » des relations américano-russes après le départ de Vladimir Poutine en 2008, pour repartir sur des bases d’entente plus solides. Ces bonnes intentions semblent maintenant bien loin, le président américain affirmant qu’il n’aurait « aucune tolérance » pour les pays maltraitant les LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transexuels), visant ainsi directement la récente loi russe.

Pendant le championnat, même s’il n’y avait pas de rivalité particulière entre les athlètes russes et les athlètes américains, une course aux médailles se faisait tout de même sentir. 

La Russie termine en haut du tableau des médailles avec ses 7 médailles d’or, 4 d’argent et 6 de bronze, juste devant les États-Unis qui n’en ont obtenues que 6 en or, 14 en argent et 5 en bronze. Cependant, les Américains sont mieux classés au tableau de placements, qui prend en compte l’ensemble des finalistes (une 8e place fait gagner 1 point, une 7e place 2 points… jusqu’à la 1re place qui rapporte 8 points) avec 282 points contre 183 pour la Russie.

L’homophobie au cœur des championnats du monde d’athlétisme

Le débat qui a été au cœur de toute cette semaine de compétition est celui sur la répression de la « propagande homosexuelle » sur les mineurs. Ainsi, la loi prévoit une amende de 100 000 roubles (2 300 €) et jusqu’à 15 jours de prison pour toute personne, russe ou étrangère, ne la respectant pas. 

Cette position a provoqué la mobilisation de nombreux militants pour les droits des homosexuels. La communauté internationale s’est aussi largement exprimée contre cette loi. Des appels ont, par exemple, été lancés pour boycotter la vodka russe.

Cependant, ces positions impactent aussi les Jeux olympiques. Plusieurs demandes de relocalisation ou de boycott de ceux-ci dans un autre pays ont été formulées. En effet, cette loi est jugée discriminatoire par les défenseurs des droits de l’Homme, les Fédérations sportives ainsi que le Comité international olympique (CIO) qui ont pour principe de refuser toute discrimination.

La Russie se défend en répliquant que le pays n’est pas homophobe, les homosexuels ayant le droit de participer ou d’assister aux Jeux olympiques. Ils devront simplement se soumettre à la loi russe et rester discret sur leur orientation sexuelle, en particulier devant les mineurs.
Cependant, les fédérations sportives ainsi que les CIO attendent de la Russie qu’elle assure qu’aucun dérapage homophobe ne pourra avoir lieu pendant les Jeux olympiques. 

Si la mobilisation internationale contre cette loi a débuté bien avant les championnats du monde d’athlétisme, elle y a cependant trouvé une exposition médiatique importante, les athlètes pouvant y exprimer leur position.

Plusieurs sportifs ont ainsi montré leur soutien aux LGBT :
– la suédoise Emma Green-Tregaro a peint ses ongles aux couleurs de l’arc-en-ciel lors des qualifications de saut en hauteur. Ces couleurs sont un symbole de la communauté LGBT ;
– le britannique Nick Symmonds a dédié sa médaille d’argent au 800 m à ses amis homosexuels.

Soutient de Green Tragaro aux LGBT

Les réactions les plus attendues étaient cependant celles des Russes. En effet, une prise de position de leur part est risquée, car elle risque d’affecter leur image, dans leur pays ou à l’extérieur, mais l’absence de réaction peut être prise pour de l’indifférence.

La perchiste Yelena Isinbayeva a annoncé lors d’une conférence de presse être en accord avec la loi russe et que « les hommes vivent avec les femmes, les femmes avec les hommes ». Ses propos ont rapidement créé une grande polémique qu’elle a tenté d’apaiser en disant qu’elle avait été mal comprise et qu’elle souhaitait simplement que les participants, sportifs et spectateurs, se soumettent aux lois du pays et qu’elle est hostile à toute discrimination envers les homosexuels.

Deux autres athlètes russes, Ioulia Gushchina et Kseniya Ryzhova, ont décidé de soutenir les LGBT. Lors de la remise de médaille du 4 x 400 m, où elles ont remporté le titre mondial, ces deux relayeuses se sont embrassées sur la bouche.

Répétition générale avant les Jeux olympiques lors des championnats du monde d’athlétisme

Pour les Russes, ces championnats du monde d’athlétisme étaient, avant tout, une préparation aux Jeux olympiques se déroulant en 2014. En effet, cette compétition est le premier événement d’envergure internationale accueilli par la Russie depuis de nombreuses années et n’est que le premier d’une longue liste.

Les jeux olympiques de 2014 auront lieu en Russie

En effet, la Russie a décidé de se rendre incontournable sur la scène sportive internationale en organisant tous les ans une grande compétition :
– Championnats du monde d’athlétisme à Moscou en 2013
Jeux olympiques d’hiver à Sotchi en 2014
– Championnats du monde de natation à Kazan en 2015
– Championnats du monde de hockey sur glace à Moscou et à Saint-Pétersbourg en 2016
– Coupe des confédérations (compétition internationale de football) en 2017
– Coupe du monde de football en 2018

La Russie se prépare donc à accueillir un grand nombre de sportifs et de spectateurs. Certains débats ont accompagné les championnats du monde d’athlétisme, mais concernant les installations, l’organisation et l’accueil, la Russie n’a pas eu à essuyer de lourdes critiques. Les critiques les plus dures portaient sur l’enthousiasme des Russes pour ces mondiaux et la difficulté de remplir l’immense stade Loujniki, à part lors de l’entrée en scène d’une grande star ou d’un athlète russe pouvant espérer une médaille.

La Russie a mis tous les arguments de son côté pour que l’organisation des compétitions citées précédemment lui soit confiée. Cependant, la position sévère qu’elle adopte concernant la loi « anti-propagande gay » et les polémiques que cela engendre, pourraient inciter les fédérations internationales à hésiter à lui accorder le privilège d’accueillir de tels événements et pourquoi pas privilégier le géant américain.

Aviez-vous entendu parler des tensions entre les États-Unis et la Russie ? Pensez-vous qu’elles aient eu un impact sur les championnats du monde d’athlétisme ? Que pensez-vous de la loi « anti-propagande gay » adoptée par la Russie ? À votre avis, la Russie est-elle prête à accueillir tous les événements sportifs qui lui ont été confiés ? N’hésitez pas à donner votre avis !

Ursuline

Sources texte :

 – francetvsport.fr : Des mondiaux en panne de spectateurs et La loi homophobe revient dans le débat

 – lapresse.ca : Une athlète russe en accord avec la loi homophobe

 – rfi.fr : Russie championne du monde des événements sportifs

 – lesoir.be : Loi homophobe : la sauteuse en hauteur Emma Green repeint ses ongles

 – libération.fr : Sommet Obama-Poutine annulé, nouveau plus bas dans les relations russo-américaines

Sources images :

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