La peste : ce fléau universel

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Au cours de l’Histoire, la peste a été l’une des maladies les plus dévastatrices et les plus craintes par les populations. La méconnaissance de ses mécanismes de propagation et les mauvaises conditions d’hygiène ont favorisé l’apparition de trois grandes pandémies. Pour tout savoir sur cette infection qui est plus proche de nous qu’il n’y paraît, lisez la suite de cet article !

Caractéristiques de la peste 

Quand on pense aux grandes épidémies qui ont marqué l’Histoire, la peste nous vient forcément à l’esprit. Il faut dire qu’elle fut particulièrement meurtrière pendant de nombreux siècles. Le nom de cette maladie est ainsi très représentatif de la peur qu’elle a causée puisqu’il vient du latin pestis signifiant « fléau ».

La peste serait apparue en Asie Centrale, il y a 20 000 ans. Elle apparaît le plus souvent de manière endémo-épidémique, c’est-à-dire qu’elle est persistante à une région donnée et présente parfois les caractéristiques d’une épidémie, voire d’une pandémie. La survie de la bactérie à l’origine de la maladie est favorisée par des facteurs environnementaux tels que l’hygrométrie, la température et l’obscurité. Elle supporte ainsi des températures allant de – 10 °C jusqu’à 45 °C. Elle s’adapte parfaitement aux milieux organiques (salive, vêtements…) et sa longévité augmente lorsqu’elle passe par le sol, particulièrement par les terriers des rongeurs où sa durée de vie peut attendre 500 jours.

Bactérie de la peste

Groupe de bactéries responsables de la peste observé au microscope électronique

Cette maladie se manifeste sous plusieurs formes cliniques dont la plus connue est la peste bubonique, également appelée « peste noire ». Elle se traduit par l’apparition rapide d’énormes bubons très douloureux due à la piqûre d’une puce infectée. À cela s’ajoute une forte fièvre et des hémorragies généralisées à l’origine du noircissement caractéristique de la peau. Dans la majorité des cas (entre 60 et 80 %), et sans traitement adapté, la personne contaminée meurt en moins de sept jours.
Dans 10 à 20 % des cas, la peste peut être septicémique. Cette infection peut être une complication de la peste bubonique ou bien se déclarer d’elle-même, auquel cas il n’y aura pas de présence de bubons. Cette forme est mortelle, mais non contagieuse contrairement à la précédente.

Enfin, la forme la plus rare est la peste pulmonaire qui est également la plus dangereuse. Elle résulte d’une complication de la peste bubonique ou d’une transmission d’homme à homme. Elle est en effet extrêmement contagieuse puisqu’elle se transmet très facilement par voie aérienne et est, dans la plupart des cas, mortelle même avec un traitement adapté.

Face à ces différents symptômes, on peut se dire qu’on est heureux que la peste soit une maladie du Moyen Âge et qu’elle ait disparu aujourd’hui. Cependant, il s’agit d’une idée reçue ! Comme vous allez le voir par la suite, il ne s’agit pas d’une infection propre à une période de l’Histoire. Une épidémie de peste a par exemple touché l’Inde en 1994, preuve que la maladie n’a pas disparu. D’ailleurs, elle n’a été réellement identifiée qu’en 1894 par le médecin Alexandre Yersin, les symptômes étant auparavant souvent confondus avec ceux d’autres maladies. Revenons maintenant sur les trois périodes où la peste a causé tellement de dégâts qu’on parle maintenant de pandémies.

Les trois grandes pandémies de peste 

La peste de Justinien 

Cette première pandémie de peste sévit à partir de 541, lors de l’apogée du règne de l’Empereur byzantin, Justinien, qui en tomba lui-même malade, mais survécut. Ce fléau débuta, d’après les témoignages de l’époque, en Égypte et en Éthiopie, puis s’étendit rapidement vers la Palestine, la Syrie et arriva dans la capitale byzantine, Constantinople, l’année suivante. On recensait à ce moment-là pas moins de 10 000 morts par jour et la population de Constantinople se retrouva réduite de 40 % en quelques mois. La maladie, transportée par les marchands sur les grandes voies commerciales et par les militaires, arriva la même année en Italie et aurait continué sa route jusqu’en Grande-Bretagne et en Irlande (fait contesté aujourd’hui par les historiens). La pandémie dura jusqu’en 767 à travers un cycle de périodes d’une dizaine d’années, puis disparaîtra comme elle était venue, sans que l’on sache vraiment pourquoi.

Cette épidémie de peste a eu de grandes conséquences à cette époque, notamment sur le plan démographique (mais également politique, social, économique et militaire). L’affaiblissement des deux grandes puissances ennemies, Perse et Byzance, fut un moteur pour l’incroyable expansion de l’Islam. Ainsi, lors des guerres arabo-byzantines qui s’en suivirent, Perse tomba entre les mains des armées du Prophète tandis que Byzance leur résista de peu, mais perdit l’Italie que Justinien était prêt à reconquérir avant l’épidémie. L’Europe du Nord profita également du désarroi méditerranéen pour renforcer ses échanges et étendre le royaume des rois Francs.

Les chercheurs ont aujourd’hui réussi à déterminer la bactérie responsable de cette pandémie : yersinia pestis. Le vecteur principal de ce bacille est le rat qui y est très sensible et qui était très présent à l’époque dans les ports de commerce. Cette découverte a permis de retracer le cheminement de la maladie dont le foyer d’origine se trouve en réalité en Asie et non en Afrique, contrairement à ce que les sources de l’époque pensaient. La maladie aurait ainsi voyagé jusqu’en Afrique par la route de la soie, voie commerciale très prisée durant cette période.

La peste noire

Après la disparition soudaine de la peste de Justinien, l’Europe connut un long moment de répit jusqu’au XIVe siècle marquant le retour de yersinia pestis. Elle réapparut tout d’abord en Mongolie, en 1320. En 1346, l’armée mongole assiégea la ville de Caffa au nord de la mer Noire. Pour ce faire, l’armée mongole trouva une technique imparable : jeter des cadavres contaminés par-dessus les murailles. Mais la maladie ne fit aucune différence entre assiégés et attaquants et, très vite, les deux armées durent conclure une trêve. Certains marins survivants réussirent alors à fuir la ville, mais trop tard : douze galères emportèrent avec elles la bactérie mortelle jusqu’au port de Marseille en contaminant au passage Constantinople, la Sicile et bientôt toute l’Italie.

Le 1er novembre 1347, le port de Marseille ouvrit les portes de l’Europe à la maladie. Le contexte historique était d’autant plus favorable à la propagation du fléau. En effet, le continent venait de connaître une période de très forte expansion démographique et faisait maintenant face à de grosses pénuries alimentaires. Les populations affaiblies par la famine ne résistaient pas à la maladie. De plus, les habitants avaient le réflexe de fuir les villes infectées, ce qui ne faisait que propager la maladie un peu plus loin. En seulement deux ans, la peste a ainsi atteint une grande partie de l’Europe (l’Allemagne, le Danemark, l’Angleterre, l’Irlande…) s’arrêtant aux grandes plaines de Russie. Là où la peste frappe, environ 30 % de la population est décimée. Au total, en quatre ans, on dénombre 25 à 45 millions de victimes en Europe. Ce chiffre fait frémir quand on sait qu’à la même époque, la guerre de cent ans a fait au total quelques milliers de victimes en plus d’un siècle.

Diffusion peste noire

Mais ces bouleversements n’ont pas fait que des victimes. Face à la forte diminution de la main d’œuvre, la population commença à faire valoir ses droits. Les paysans imposèrent aux seigneurs de leur laisser de nouvelles libertés et d’augmenter leur salaire. Ces crises sociales conduiront ainsi petit à petit vers la fin du servage.

Au début du XVIe siècle, l’Italien Jérôme Fracastor comprit que la peste ne se propage pas par voie aérienne, mais peut se transmettre par les animaux ou d’homme à homme. Des mesures de préventions commencèrent alors à se développer. Néanmoins, malgré des périodes de calme, la peste parvint toujours à faire son retour jusqu’à sa dernière apparition en Europe en 1720, appelée aujourd’hui « le drame de Marseille », puisque la ville perdit la moitié de sa population en deux mois. La toute dernière apparition de la maladie fut en Turquie en 1841.

Les contemporains de cette pandémie la désignaient par plusieurs noms comme « grande pestilence », « grande mortalité » ou encore « maladie des bosses ». Aujourd’hui, le terme « peste noire » est le plus utilisé et a été fortement popularisé par plusieurs ouvrages datant du XIXe siècles.

La Peste à Ashdog, Nicolas Poussin

La troisième pandémie

Le retour de la maladie débuta en Chine au milieu du XIXe siècle et plus particulièrement dans la province de Yunnan qui est un foyer endémique très ancien de la maladie. Elle mit alors du temps à se propager : les Chinois, ne portant pas un grand intérêt pour le voyage à cette époque, ne déplacèrent pas la maladie. Mais, à partir de 1855, le peuple de Chinois musulmans se révolta contre les discriminations dont ils étaient victimes de la part de l’administration impériale et, par leur déplacement, permirent à la peste d’entrer dans sa troisième période de pandémie.

La maladie finit par atteindre Hong-Kong en 1894 alors qu’elle avait déjà causé plus de 100 000 décès sur sa route. L’inquiétude en Europe grandit, d’autant plus que la maladie arrivait en Inde et se rapprochait des grandes routes commerciales, celles qui avaient déjà propagé le choléra quelques années plus tôt. Une conférence sanitaire d’urgence se tint alors à Venise en 1897, qui permit d’instaurer quelques règles sanitaires efficaces, comme la désinfection régulière des navires et la fabrication d’installations s’opposant à la circulation des rongeurs dans les bateaux. La situation s’améliora, mais la progression de la peste ne fut pas endiguée : la peste atteignait maintenant l’île Maurice, Madagascar, Sydney ou encore San Francisco. En 1910, la maladie arriva en Mandchourie (le Nord-Est de l’Asie) sous sa forme pulmonaire et fit des ravages qui auraient pu être évités avec une meilleure gestion de la situation : le bilan fut de 50 000 morts en quatre mois. En 1920, la peste franchit les portes de Marseille et de Paris, c’est le fameux épisode de « la peste des chiffonniers », passée quasiment inaperçue en raison de l’épidémie de grippe espagnole qui sévissait à la même période. Heureusement, la meilleure connaissance de l’infection permet de l’éradiquer très rapidement et la peste disparaît presque totalement des pays occidentaux.

Jusqu’en 1945, de petites épidémies continuèrent de toucher les villes maritimes et les ports du Maghreb, la Corse ou encore Malte. Finalement, cette pandémie – bien que plus petite que les deux précédentes – aurait fait 12,5 millions de morts.

Aujourd’hui, la peste n’a pas disparu, mais grâce à une meilleure hygiène de vie et à l’apparition d’antibiotiques efficaces, les risques d’épidémie dans les pays développés sont moins à craindre. Cependant, des souches résistantes de la maladie commencent à être découvertes et il faut donc continuer à se méfier de cette bactérie instable et toujours apte au changement.

Saviez-vous que la peste avait touché la France en 1920 ? Pensiez-vous que cette maladie était quasiment éradiquée à l’heure actuelle ? Dite-nous tout dans un commentaire !

 

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1 réflexion sur “La peste : ce fléau universel”

  1. Ils ont détecter la peste quelque part en Afrique il y a peu, il me semble non? Autrement, ce n’est pas quelque chose que j’aimerais revoir dans nos contrée, l’horreur Oo Et ce, même si on a une meilleure médecine à l’heure actuelle

     

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