L’accouchement : précisions d’une étudiante sage-femme

Femme enceinte
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Dans notre vie de femme, nous serons presque toutes confrontées à ce moment tant attendu qu’est la naissance d’un enfant. Certaines voudront une grande famille, la grande majorité des femmes ne voudra qu’un ou deux enfants, et d’autres décideront de ne pas en avoir. Une fois le choix établi et le couple prêt (ou la mère si elle est seule, ou même un couple pas « prêt »), les plus chanceux arriveront rapidement à obtenir le résultat escompté, les autres devront soit prendre leur mal en patience, soit utiliser des techniques médicales pour procréer. Quoi qu’il en soit, une fois les deux barres présentes sur le test de grossesse, de nombreuses questions vont commencer à se poser. Avec cet article, je vais essayer d’éclairer les futures mamans ou les personnes intéressées sur le déroulement du travail, de l’accouchement et sur un autre phénomène qui est le déni de grossesse.

L’arrivée en salle de naissance

Lorsqu’une future maman arrive à l’hôpital parce qu’elle pense que le moment est venu de mettre au monde son bout de chou, les sages-femmes doivent analyser plusieurs choses pour que le déroulement de cette admission se fasse au mieux. Tout d’abord, il faut définir si la future mère vient pour une admission classique (début des contractions, perte des eaux, déclenchement programmé, césarienne programmée…)  ou si elle vient pour une admission urgente (hémorragie, convulsions…).

Future maman

Admission classique

Après avoir été accueillie comme il se doit, la future maman répond à quelques questions pour que la sage-femme puisse connaître le motif de l’admission, l’histoire de sa grossesse ainsi que ses antécédents.
Ensuite, il y a lieu de procéder à un examen général qui consiste en :

  • la prise des paramètres vitaux (tension artérielle, température, pulsations) ;
  • l’utilisation d’une tigette urinaire (pour vérifier si l’urine n’a pas de taux anormaux, en glucose par exemple) ;
  • l’observation de l’état corporel (pour s’assurer qu’il n’y a pas d’oedèmes, de varices…) ;
  • la prise de poids pour établir le BMI ou IMC (l’indice de masse corporelle) que l’on vérifie afin de savoir si la femme n’a pas pris trop de poids durant sa grossesse ;
  • la mesure de la taille ainsi que de la pointure.

À savoir : Une taille en dessous de 1 m 50 et/ou une pointure en dessous de 36 entraîne des risques de bassin limite, c’est-à-dire un bassin trop étroit par lequel le bébé ne pourra pas s’engager, et donc pouvant causer des risques d’incapacité d’accouchement par voie basse.

Après avoir fait un examen général de la future mère, la sage-femme procède à un examen obstétrical. À l’aide d’un mètre-ruban, elle mesure la hauteur utérine, soit le nombre de centimètres que fait l’utérus en hauteur ; cela permet de diagnostiquer des problèmes, mais également de vérifier la date de terme. La sage-femme estime le poids fœtal, elle procède aux manœuvres de Léopold, écoute le bruit cardiaque fœtal, vérifie les mouvements fœtaux, évalue les contractions utérines et procède à un toucher vaginal, à un examen au spéculum ainsi qu’à un examen du périnée et de la vulve.

À savoir : Les manœuvres de Léopold sont quatre manœuvres qui permettent de savoir la présentation du bébé et peuvent aider à vérifier les mouvements fœtaux et que la quantité de liquide est correcte. Un bébé peut se présenter :

  • par le siège : bébé se présente par les fesses ; 
  • en transverse : bébé se présente en oblique ; 
  • par le sommet : bébé se présente normalement, donc par la tête. 

Des examens complémentaires peuvent être réalisés. Certains de ces examens sont courants, comme le bilan sanguin de fin de grossesse et l’échographie. Il ne faut donc pas être stressée lorsque votre sage-femme vous annonce qu’elle (ou le médecin) va procéder à des examens complémentaires.

Admission en urgence

Lorsqu’une maman en devenir se présente à l’hôpital pour une urgence, tout se passe plus vite. La sage-femme va directement appeler du « renfort » afin d’avoir à disposition les professionnels qui pourraient être nécessaires (pédiatre, chirurgien…). Ensuite, elle va contrôler les signes vitaux maternels et fœtaux, va poser une voie d’entrée afin de pouvoir faire couler une perfusion si c’est nécessaire, va procéder à une prise de sang et à une commande de sang (au cas où). Si, à cette étape de l’admission, les médecins suspectent une possibilité de césarienne, la sage-femme va également procéder à un rasage du pubis et à un sondage de la vessie.
Lorsque la femme est au repos et que tous les signes vitaux ont été évalués, la sage-femme va préparer la salle d’accouchement (ou de travail) / salle de césarienne ainsi que le matériel de réanimation pour que tout soit prêt, soit pour un accouchement rapide, soit pour une césarienne.

À savoir : Il arrive régulièrement que des femmes en fin de grossesse se présentent en salle de naissance et soient renvoyées chez elles parce que les signes qu’elles avaient qualifiés d’annonciateurs n’étaient que des signes de faux travail. Afin que vous puissiez mieux analyser les bons signes qui démontrent que le travail a débuté, je vais vous les citer : lors d’un vrai travail, les contractions sont régulières, les intervalles entre ces contractions diminuent et leur durée et intensité augmentent. La douleur, lors d’un vrai travail, se situe principalement dans le dos et irradie vers l’abdomen ; cette douleur augmente d’intensité lorsque la femme marche. Les sages-femmes en cours de préparation à l’accouchement expliquent à leurs patientes pour que celles-ci sachent distinguer vrai et faux travail que lors d’un vrai travail, il y a environ 2 à 3 contractions toutes les 10 minutes pendant 2 heures.

Les stades du travail

Le travail se divise en trois stades : la dilatation, l’engagement et l’expulsion et, pour finir, la délivrance. On considère l’engagement et l’expulsion comme un seul stade puisque ces deux choses se suivent de très près.

La dilatation

Lorsque vous serez enceinte et que vous serez confrontée à cette arrivée en salle de naissance, vous vous rendrez vite compte qu’il y a quelque chose qui est énormément évalué : il s’agit du nombre de centimètres de dilatation du col de l’utérus.
Dans la phase de dilatation, c’est ce que la sage-femme vient le plus souvent observer grâce à un toucher vaginal, sachant que pour que l’accouchement puisse se dérouler dans les meilleures conditions, il faut qu’il y ait dilatation complète, c’est-à-dire que l’ouverture du col atteigne 10 cm.
Lors de cette phase du travail, la future mère a besoin d’énormément de soutien, elle se sent parfois désemparée, très fatiguée, au bord de l’épuisement.
Cette phase doit durer maximum 20 heures pour un premier bébé et 14 heures pour un second bébé. Au-delà de cette zone horaire, il y a des risques de souffrance fœtale. Mais loin de moi l’idée de vous effrayer, je vous rassure : en général, un accouchement (comprenant le travail) ne dure « que » 12 heures.

La descente du bébé et son expulsion

Une fois que le col est arrivé à dilatation complète, le bébé va s’engager, c’est-à-dire qu’il va descendre au niveau du bassin de sa maman. Les sages-femmes vont devoir diagnostiquer cet engagement via un toucher vaginal et une palpation abdominale parce que c’est ce qui va permettre le début de la poussée par la maman.
La poussée peut être faite en bloquant la respiration ou en soufflant, mais en ne contractant surtout pas la nuque puisque cela peut entraîner des douleurs en post-partum.
Une fois que la tête du bébé sera présente à la vulve, la sage-femme procédera aux manœuvres d’accouchement afin de sortir le bébé dans les conditions les plus sécuritaires possible. En temps normal, elle sortira le bébé uniquement grâce à ces manoeuvres, donc rien qu’avec des placements de main. Néanmoins, il arrive qu’elle doive faire appel à un gynécologue pour que celui-ci utilise un forceps (sorte de pince) ou une ventouse pour aider le bébé à sortir.

Une fois les manœuvres terminées, c’est le bonheur familial : la sage-femme pose le bébé sur le ventre de sa maman, et si son état est bon, c’est là que débutera le peau-à-peau.
La sage-femme évalue également l’Apgar : il s’agit d’un test qui permet de donner à l’état du bébé un score sur 10, ce qui conditionne les soins à fournir.

bébé et maman

À savoir : Le peau-à-peau est une technique où l’on pose le bébé nu et séché sur la peau de la maman afin de, premièrement, favoriser l’allaitement maternel, mais également de stabiliser la température corporelle du bébé et de permettre le développement rapide d’un contact mère-enfant. Cette technique est améliorée pour les bébés prématurés puisque là, on conseille le portage « Kangourou ». Il s’agit d’un portage régulier du prématuré en peau-à-peau.

Dans les premiers soins qui seront faits, il y aura notamment la coupure du cordon. Les sages-femmes disposent deux pinces Kocher autour d’un bout de cordon afin d’inhiber l’afflux sanguin, ensuite elles proposent au père de couper et si celui-ci ne le veut pas elles coupent le cordon elles-mêmes.

À savoir : En Belgique, l’heure de naissance correspond au moment où on coupe le cordon alors qu’en France, l’heure de naissance correspond au moment où l’enfant naît.

La délivrance

On appelle « délivrance » l’expulsion du placenta et des membranes en dehors des voies génitales.
Tout d’abord, après la naissance du bébé, il y a une phase de repos de 15 à 20 minutes en moyenne qui est suivie du décollement et de l’expulsion de ce placenta  grâce à la reprise des contractions. Lorsque la sage-femme récupère le placenta, elle procède à un examen de celui-ci pour vérifier qu’il ne manque rien et qu’il n’y a rien qui soit resté dans l’utérus (puisque ça pourrait entraîner une hémorragie de la délivrance).
Il arrive que l’expulsion de ce placenta ne se fasse pas spontanément et, dans ce cas, soit il y a injection d’ocytocine et la délivrance se produitsoit, au pire des cas, le gynécologue procède à une extraction manuelle de ce placenta, mais cela ne se fait qu’en dernier recours.

Le post-partum

Le post-partum correspond aux semaines qui suivent l’accouchement. Il se termine lorsque le corps de la mère est retourné à son état normal.

En post-partum, les soignants ont plusieurs rôles : ils vérifient que tout va bien pour la maman (ne perd pas trop de sang, les signes vitaux sont ok…), que l’allaitement maternel (s’il était désiré par les parents) se passe bien, que le bébé va bien (poids stable, bonne prise au sein, émotionnel stable, bonne température…).

À savoir : Si, à la naissance, votre bébé est enduit d’une substance blanchâtre, il ne s’agit pas d’un signe pathologique, mais bien de Vernix Caseosa, une substance qui est abondante chez les prématurés et qui pénètre dans la peau dans les heures suivant la naissance.

Le déni de grossesse

Le déni de grossesse est ce qu’on appelle une non-connaissance de son propre état de grossesse. En effet, on parle régulièrement dans les journaux de cas de meurtres de nouveau-né par leur mère et où le déni de grossesse est invoqué comme défense. La majorité des réactions des gens est de dire que ces mères sont des monstres, qu’elles tuent froidement des êtres innocents.
Il faut savoir que le déni de grossesse est une pathologie réelle et que ces mères lorsqu’elles tuent leurs enfants, ne sont pas conscientes que ce sont des enfants et encore moins que ce sont les leurs.
Tous les dénis de grossesse ne finissent pas ainsi – heureusement – et la plupart des femmes qui en vivent un apprennent leur grossesse au cours d’un examen médical de routine ou après que des amis/famille leur aient parlé d’un changement corporel. Certaines femmes – et c’est rare – n’apprennent qu’elles sont enceintes que lorsqu’elles se présentent à l’hôpital pour des douleurs à l’abdomen et qu’en fait, elles sont en train d’accoucher.

Le déni de grossesse est une pathologie qui entraîne de lourdes conséquences. En effet, même si certaines mères sont heureuses d’apprendre qu’elles sont enceintes et s’en accommodent parfaitement, d’autres ne voulaient pas d’enfant et l’apprennent en général trop tard pour subir une IVG (interruption volontaire de grossesse, possible jusqu’à trois mois post-conception). Ensuite, d’autres risques sont à prendre en compte puisque, comme la grossesse n’était pas établie, il arrive que les futures mères aient consommé des substances nocives pour le bébécomme des médicaments, de la drogue, de l’alcool…

En général, le déni de grossesse apparaît soit lorsque la maman ne voulait pas d’enfants et/ou que sa situation ne le permettait pas, soit parce qu’elle n’a même pas envisagé le fait de pouvoir être enceinte. Parfois, il arrive qu’on ne sache même pas la cause de ce déni.

Lorsque l’annonce est faite à la future mère, les changements physiques sont spectaculaires et rapides. Nombre d’entre elles vous diront quen une journée leur ventre a « poussé ». En effet, il faut savoir que, lors d’un déni de grossesse, le bébé se loge différemment dans le ventre ce qui fait qu’il n’y a pas d’apparition d’un « gros ventre » comme chez la plupart des femmes enceintes. Et une fois que l’annonce a été faite, le bébé se place dans une position normale, et donc le ventre « sort ».

Pour ces femmes, il est donc complètement impossible de détecter cette grossesse puisqu’en plus, la majorité d’entre elles continue à avoir des règles régulières durant toute la période non connue de leur grossesse.

Il est difficile pour des gens qui n’ont jamais vécu ça d’avoir un avis objectif, alors mon but dans ce petit paragraphe de l’article est de vous avoir un peu présenté le cas de ces mamans qui ne sont pas  comme certains le disent – des mauvaises mères, voire des monstres, mais plutôt des femmes qui, en moins de temps que d’autres, doivent apprendre à aimer un bébé dont elles ne soupçonnaient même pas l’existence.

bébé accoudé

Voilà, j’ai partagé avec vous une partie de ce que j’étudie en tant qu’étudiante sage-femme. Cet article vous a-t-il permis d’apprendre des choses ? Êtes-vous plus au clair avec les mécanismes de l’accouchement ? Que pensez-vous du déni de grossesse ? N’hésitez pas à commenter et partager votre avis!

Lolita

Sources texte :

Syllabus de « techniques obstétricales », HELB, M. Servais, 2011
http://www.who.int/maternal_child_adolescent/documents/9241590351/fr/index.html
http://www.psychologies.com/Famille/Maternite/Grossesse/Articles-et-Dossiers/Mysterieux-deni-de-grossesse

6 réflexions sur “L’accouchement : précisions d’une étudiante sage-femme”

  1. Pattenrond

    Merci pour cet article ! Je l’ai vraiment trouvé très intéressant. N’hésites surtout pas à en faire d’autres de ce type. Il était très simple à lire et à comprendre, vraiment bien 🙂

     
    1. Merci Pattochette!
      C’est prévu, ces articles suivront mon cursus scolaire. Je compte notamment en faire un sur mes impressions par rapport à mon premier accouchement qui se fera – si j’ai un peu de chance – l’année prochaine <3

       
  2. C’était vraiment très intéressant ! Et en même temps flippant pour le déni de grossesse !

    Je me demandais, est-ce que la pilule contraceptive contribue au nombre de déni de grossesse ? Puisque les règles sont fausses lorsqu’on est sous pilule on pourrait manquer le premier signe d’une grossesse non ?

    En tout cas, c’était très simple à comprendre et très bien écrit !

     
    1. Merci pour le compliment!

      Concernant le déni de grossesse, par rapport à tes règles, en effet tu pourrais éventuellement toujours être réglée, mais le déni est un phénomène plus psychologique que physique, donc pour en faire un faut vraiment vraiment que tu ai tout sauf envisagé d’avoir un enfant. Après je ne suis pas assez loin dans mes études que pour pouvoir te répondre avec certitude. J’en reparlerai dans un futur article l’année prochaine puisque j’ai plusieurs cours qui pourrais éventuellement en parler 🙂

      Merci pour ton commentaire!

       
      1. Merci pour la réponse !
        Et vraiment, t’as un domaine d’étude très intéressant même si je ne me serais pas vu faire ça dans la vie. Je reste tout de même très curieuse ! 😀

         
  3. Bonjour,

    Je tenais à vous féliciter pour votre article sur l’accouchement. En tant qu’étudiante sage-femme, j’ai trouvé vos précisions très claires et utiles pour mieux comprendre le processus de l’accouchement. Votre article est très bien écrit et j’ai particulièrement apprécié les conseils que vous avez donnés aux femmes enceintes pour mieux se préparer à ce moment si important. Je suis impatiente de lire vos prochains articles sur le sujet et j’espère avoir l’occasion de discuter avec vous de vos expériences en tant que sage-femme.

    Cordialement,

     

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