L’affaire Saint Boy, ou la remise en question de l’épreuve d’équitation du pentathlon moderne

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Peut-être avez-vous vu ces images, prises lors de l’épreuve féminine d’équitation du pentathlon moderne des Jeux olympique de Tokyo, de ce cheval braqué refusant de s’élancer dans un parcours de saut d’obstacles et de sa cavalière en pleurs éperonnant et cravachant sa monture ? Cette scène a suscité de nombreuses réactions jusqu’à la remise en question de cette compétition, on fait le point dans cet article !

Retour sur cette épreuve d’équitation

Tout commence le vendredi 6 août 2021, lors de la troisième épreuve du pentathlon moderne des Jeux olympique de Tokyo, l’équitation. Après avoir passé les épreuves d’escrime et de natation, les sportives doivent réaliser un parcours de saut d’obstacles sur un cheval tiré au sort parmi ceux mis à disposition par des propriétaires japonais. C’est ainsi que l’Allemande Annika Schleu, alors première du classement provisoire, se retrouve associée à Saint Boy, un hongre de 15 ans, qui avait déjà posé des difficultés à une précédente cavalière. Annika Schleu disposait alors de 20 minutes d’échauffement pour s’habituer à son cheval avant de s’élancer sur un parcours composé d’obstacles d’une hauteur de 1,20 m.

Dès l’échauffement, l’Allemande s’est retrouvée en grandes difficultés avec Saint Boy. Sur les images et vidéos qui ont fait le buzz, on y voit le cheval présentant des signes de stress intense refusant de s’élancer sur le parcours et sa cavalière extrêmement tendue, le cravachant et l’éperonnant en vain, encouragée par son entraîneure, Kim Raisner. Celle-ci va même jusqu’à frapper le cheval, geste qui entraînera par la suite sa disqualification.
Saint Boy finit par franchir les premiers obstacles du parcours, mais le couple enchaîne les refus à partir du 4e obstacle ce qui conduit à son élimination. La favorite de ce pentathlon se retrouve alors à la 31e place du classement sans plus aucun espoir de médaille olympique.

De nombreuses réactions

La violence de ces images a suscité de vives réactions dans le milieu équestre et journalistique, mais aussi dans les associations de protection animale. Outre la cavalière et son entraîneure, les commentateurs sportifs ayant couvert l’évènement ont eux aussi été vivement critiqués pour avoir rejeté la faute uniquement sur le cheval allant jusqu’à le traiter de « carne » et l’assimilant plus à une machine qu’à un être vivant.

Les professionnels du monde équestre ont unanimement remis en cause la réaction de la cavalière et dénoncé le règlement de la compétition qui ne laisse que 20 minutes aux sportifs pour faire connaissance avec leur monture. Beaucoup de médias et d’associations comme 30 millions d’amis ont réclamé purement et simplement la suppression de cette épreuve du pentathlon moderne. La rédactrice en chef du magazine allemand St. Georg a déclaré : « en pentathlon, les chevaux sont ce qu’ils ne devraient jamais être : des équipements sportifs comme la carabine au tir et la rapière à l’escrime. Ils ne le méritent pas, ça blesse leur dignité. Par conséquent, l’équitation devrait disparaître le plus rapidement possible du pentathlon moderne ». Un journaliste du Guardian a suggéré de remplacer l’épreuve d’équitation par de l’escalade. L’association PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) est allée plus loin en réclamant la suppression de toutes les épreuves d’équitation prenant pour exemple d’autres affaires s’étant déroulées lors de ces Jeux olympiques comme l’euthanasie de Jet Set à l’issue de l’épreuve du cross du concours complet ou encore l’état de Kilkenny qui a terminé son parcours de saut d’obstacles en saignant du nez. De nombreuses pétitions en ligne ont également vu le jour en faveur de l’interdiction de l’épreuve d’équitation du pentathlon, voire de l’interdiction totale de toute épreuve d’équitation aux Jeux olympiques.

L’association allemande Deutscher Tierschutzbund a quant à elle déposé une plainte contre Annika Schleu pour cruauté envers les animaux ainsi que contre Kim Raisner pour complicité de cruauté envers les animaux.

Vers la modification du règlement ?

Suite aux très vives réactions, l’UIPM (Union international du pentathlon moderne) a indiqué dans un communiqué avoir d’ores et déjà constitué un groupe de travail afin de réformer l’épreuve d’équitation du pentathlon moderne. L’organisation a en effet déclaré qu’elle réfléchit à « une série de mesures visant à améliorer le bien-être des chevaux en pentathlon moderne et à créer une discipline d’équitation plus sûre pour tous les participants. » et que « ces actions ont été décidées à la suite d’incidents survenus durant l’épreuve féminine des JO de Tokyo, sources de détresse pour les chevaux, les cavaliers et les spectateurs dans le monde entier ». Lors de ce communiqué, l’UIPM a également donné des nouvelles de Saint Boy, de retour dans son écurie japonaise, qui semble être en bonne santé, mais fatigué par la compétition.

La manière dont l’UIPM modifiera l’épreuve d’équitation devrait être déterminée au mois de novembre, mais l’organisation semble privilégier une réduction de la hauteur et du nombre d’obstacles sans toucher au tirage au sort qui est pourtant la règle la plus critiquée. L’UIPM souhaite également apporter des amendements à son code éthique afin de mieux prendre en compte le bien-être des chevaux. De plus une rencontre sera organisée avec le président de la Fédération équestre internationale afin qu’il puisse apporter son expertise dans cette affaire.

Néanmoins, l’UIPM a choisi de ne pas sanctionner Annika Schleu déclarant : « il a été déterminé que l’utilisation de la cravache ou des éperons n’était pas excessive et bien que la situation était certainement pénible pour le cavalier et le cheval, le comité a conclu qu’il n’y avait aucune question de bien-être animal à résoudre et qu’aucune sanction ne serait prise ». Son entraîneure, Kim Raisner quant à elle, devra suivre une formation axée sur le traitement des animaux et risque de perdre sa licence si des faits similaires se reproduisent.

L’affaire Saint Boy aura mis à mal l’image renvoyée par l’équitation au grand public et est loin d’être terminée. À quoi ressemblera le pentathlon moderne lors des Jeux olympique de Paris 2024 ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais n’hésitez pas à donner votre avis sur cette affaire dans les commentaires.

Sometimes

Sources :

4 thoughts on “L’affaire Saint Boy, ou la remise en question de l’épreuve d’équitation du pentathlon moderne”

  1. Perle de Pluie

    Cette épreuve est un non sens total. Aucun cavalier, amateur ou professionnel, ne va participer à une épreuve de cette hauteur avec un cheval qu’il a rencontré 20 minutes plus tôt. Je suis pour la suppression de cette épreuve. C’est vraiment dommage qu’il ait fallu ce genre de drame pour qu’on prenne enfin des mesures …

     
  2. Je n’ai peut-être pas tout vu, mais je n’ai vu qu’une cavalière qui perd ses moyens et frapouille un cheval inconnu. Parce que frapper est un grand mot. Je suis pour la méthode douce et juge ici les gestes uniquement dûs au désespoir de la dame. Mais point de vue violence, je trouve qu’on exagère. Vous avez déjà vu des chevaux entre eux vous? Ils se font bougrement plus mal que les petits tap tap de madame.
    Maintenant oui, faire concourir un « couple » humain cheval qui se connaît à peine, c’est ridicule. Il est très possible que ce cheval ait ses habitudes, ses craintes que quelqu’un qui le connaît bien peut contourner ou calmer. C’est bête.

     

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