Le français de Belgique et ses étranges particularités

Drapeau belge et le titre de l'article
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Sur le Mag’, on vous a déjà parlé d’expressions étranges de la langue française, mais aussi de la réforme orthographique et de façon générale, on a couvert de nombreux évènements français. Pourtant, il y a de très nombreux pays francophones, chacun ayant ses particularités alors aujourd’hui, on va parler de mon pays : la Belgique !

La Belgique

Le royaume de Belgique est un petit pays divisé en trois régions (Bruxelles-Capitale, Wallonne et Flamande) et trois communautés (Française, Flamande et Germanophone). En effet, nous avons trois langues officielles : au nord on parle le néerlandais, au sud le français, à l’est l’allemand et à la capitale, tout est à la fois en français et en néerlandais.

 

Carte des régions et des communautés de Belgique

 

Avant de continuer, sachez que l’accent belge que vous avez probablement entendu dans des sketchs ou des films… n’existe pas vraiment, il se rapproche tout au plus de l’accent liégeois ou bruxellois et il est très rare de le voir aussi marqué. Aussi, oubliez le « une fois » qui est une expression très rarement utilisée.

Quant aux autres véritables accents, il en existe toute une palette. Entre Bruxelles, Liège, Mons, Charleroi, Namur et même Luxembourg, chacun a son petit truc bien identifiable et ses propres expressions. Il peut aussi arriver que des néerlandophones – qui sont souvent bilingues, contrairement aux francophones – vous parlent en français et ils auront donc inévitablement un accent, mais pas de Wallonie.

Et il y a donc bien évidemment le wallon, qui est par certains considéré comme une langue à part entière et pas pour rien : la majorité des Belges connaissent quelques expressions en Wallon, mais tenir une conversation est presque impossible, car ça ressemble à peine à du français ! Aujourd’hui, le Wallon commence à disparaître, car il était parlé couramment jusqu’à la génération de nos grands-parents, voire arrière-grands-parents. Heureusement, il nous reste son accent particulier et toutes ses expressions farfelues !

À présent, entrons dans le vif du sujet : notre belle langue belge !

Les différents types de belgicisme

Les onomatopées : vous en entendrez tout le temps. Sachez qu’ici, nous allons à l’essentiel et avons tendance à remplacer certains mots par un bruit évocateur.

Ainsi, un pulvérisateur devient un « pshit », des éclaboussures deviennent des « spitures » et des tongs deviennent des « slashes » (à cause du bruit qu’elles font quand on marche avec). Honnêtement, c’est plus facile à retenir hein ?

Mots simplifiés : dans la même lignée que les onomatopées, on va utiliser des mots qui seront à la fois plus simples et plus évocateurs pour décrire un objet. Par exemple :

Au lieu d’une « fermeture éclair » on va dire « une tirette » (car on la tire) ou éventuellement « un zip » (parce que ça fait ce bruit-là).

Au lieu de « sopalin » on va dire « un essuie tout », ce qui veut tout dire.

Au lieu d’une « serviette de bain » on va dire « un essui » ou éventuellement « un tissu éponge ».

Et l’un de mes mots préférés, au lieu d’un « chewing-gum » on va dire « une chique ». Attention toutefois, pour nos amis liégeois, une chique désigne un bonbon, et un bonbon désigne des biscuits (on pourrait s’y perdre).

Les mots empruntés au wallon et au flamand

Comme je vous le disais plus haut, le wallon est considéré comme une langue à part entière. Même si elle est incompréhensible et imprononçable, y compris pour la grande majorité des Belges, il nous reste des expressions ou des mots qui sont entrés dans notre langage courant. De la même façon, certains mots flamands nous sont restés, surtout à Bruxelles et nous les utilisons parfois sans même nous en rendre compte.

Par exemple, il y a le mot rwetter qui veut dire « regarder » en wallon. Il n’est pas rare d’entendre dans la bouche d’un belge francophone « Rwet‘ ben ça », même chez les jeunes.

Vous connaissez peut-être déjà le mot dikkenek, qui est le titre d’un film connu avec François Damiens. Il veut littéralement dire « gros cou », mais on le traduirait plutôt par « grosse tête ». Un dikkenek est donc quelqu’un qui se la joue.

En flamand, « nom de dieu » se dit godferdom. Cette expression est souvent utilisée par les Wallons pour que ça paraisse moins insultant aux oreilles francophones. Il en existe d’ailleurs tout un tas de variantes, mais je vais éviter de m’étaler pour que cet article reste tout public.

Les expressions typiquement bruxelloises

« Être une babelutte » veut dire « être un moulin à parole », mais attention, une babelutte tout court peut désigner un bâton en sucre d’orge ou une sucette. Il y a aussi directement le verbe « babeler » qui veut tout simplement dire parler.

« Plekker » ou tout simplement « coller ». Utilisé couramment parce que très drôle à prononcer. « Je plekke au divan ! » – quand il fait trop chaud par exemple.

« Manneke » est un terme utilisé affectueusement pour surnommer un petit garçon. Ce mot doit d’ailleurs vous dire quelque chose, puisqu’il a donné son nom à notre Manneke pis, ce petit bruxellois qui fait pipi dans une fontaine depuis de très nombreuses années – la version actuelle de la statue est présente depuis 1965.

 

Image du Manneke pis

 

Autres spécificités

On mélange souvent les verbes « savoir » et « pouvoir ». Au lieu de dire « Tu peux me passer ça ? » on dira « Tu sais me passer ça ? ». Pour nous, ça veut dire exactement la même chose et on utilisera surtout « savoir” à la place de « pouvoir ». Cela pourrait causer de nombreux quiproquos avec des non-belges, mais on ne le fait pas exprès.

La prononciation ! Au-delà du problème des accents et des belgicismes, il y a deux choses qu’on ne prononce pas de la même façon : les « w » et les « ui ».

En France, les « w » sont prononcés comme des « v » mais ici, on prononce « oué/ouè », comme les anglophones. Ainsi, les toilettes deviennent des « Oué Cé » et les wagons des « Ouagons ». Déroutant au premier abord, mais vous vous y ferez vite, d’autant que pour nous, il est bien plus logique de prononcer ces deux lettres d’une façon différente, sinon autant appeler ça des « VC » et des « Vagons ». Là, on prononcera tous ces mots de la même manière !

Et la chose la plus compliquée à faire si vous voulez passer pour un Belge : la prononciation du « ui », qui vous fera repérer dans la seconde si elle est mauvaise. En effet, lorsque vous prononcez « Hui », nous prononçons « Ouih ». Déroutant n’est-ce pas ? Vous risquez donc d’être perdus lorsque l’on vous dira qu’un homme s’est « enfouih » et non pas « enfuit ». Et vous seriez surpris du nombre de mots courants contenant un « ui ». En venant en Belgique, vous pourriez y perdre votre français !

La palme du mot inutilement stressant qui sort d’on ne sait où

Si en entrant dans l’un de nos fameuses friteries vous entendez « On va prendre quatre mitraillettes ! » pas de panique, c’est juste l’une de nos spécialités. En somme, on fourre des frites, de la viande – souvent des fricadelles -, de la sauce et éventuellement des crudités dans une petite baguette de pain (aussi appelée pistolet) et ça donne une mitraillette. Sérieusement, tentez le coup, c’est une merveille.

Mes expressions favorites

« Je te dis quoi » : tout comme nos cousins français les chti’s, nous utilisons cette expression qui, une fois de plus, nous permet de raccourcir une phrase. Au lieu de dire « Je te tiens au courant », on dit « Je te dis quoi ».

« Biesse »  : j’utilise ce mot à tort et à travers. En fonction du ton utilisé et de la situation, ça peut à la fois être un terme affectueux quand quelqu’un est maladroit ou a fait une bêtise amusante, ou une insulte hurlée violemment contre quelqu’un qui vous aurait énervé ! Le mot biesse est en fait le mot wallon pour désigner une « bête », mais il s’est étendu à l’autre sens du mot désignant une personne se montrant stupide.

« Il n’a pas toutes ses frites dans le même sachet celui-là » qui vient d’une expression wallonne impossible à écrire : je crois que c’est une expression qui me fera toujours autant rire ! On l’utilise pour parler de quelqu’un qui n’est pas très malin ou qui est un peu dingue. On peut aussi le dire de quelqu’un qui vient de péter les plombs.

« Non, peut-être » ou « Non, bien sûr » : expression très ironique qui veut en fait dire « Oui, évidemment ! » quand on nous pose une question dont la réponse est évidente. Le belge, toujours là pour vous simplifier la vie…

« Hein » : celui-là, vous le connaissez sans doute également grâce au film de Dany Boon. En Belgique, il n’est pas rare de terminer une phrase par ce mot, qui sert presque de ponctuation, ça peut aussi appuyer ce qu’on vient de dire. Il arrive aussi de l’utiliser quand on n’a pas compris ce que notre interlocuteur tente de nous expliquer ou on contraire qu’on a bien compris et qu’on est surpris. Comme je vous le disais, il s’insinue partout !

« Allez dit ! » : notez que le « hein » peut suivre. Encore une fois, c’est une expression ironique, quand quelqu’un nous dit quelque chose qui est évident, on a tendance à répondre ça sur un ton amusé.

« À tantôt » et « Tantôt » : ce mot existe bien évidemment en français, mais ici on l’utilise tout le temps. Au lieu de dire « à toute à l’heure » ou « à plus tard » on va dire « à tantôt ». On dira aussi « on a fait ça tantôt » pour parler d’une action qui s’est déjà déroulée dans la journée. Pour la petite anecdote, ça a été mes premiers mots – mon pays doit être si fier de moi.

En conclusion

Même si tous les francophones de Belgique savent parler le beau français et l’apprennent à l’école, toutes les petites expressions amusantes dont je viens de vous parler font en quelque sorte partie de notre histoire et font tout le charme de notre cher pays. Malgré la petite taille de la Belgique et la capacité de la traverser en moins de trois heures, nous possédons de très nombreux accents et tics de langages qui peuvent changer du tout au tout d’une province à l’autre. Je pense que c’est ce qui fait toute la richesse de ce plat pays qui est le mien.

Si vous aussi vous êtes belge ou que vous avez bien ri de nos expressions farfelues, n’hésitez pas à commenter pour qu’on puisse en babeler tous ensemble !

 

JustOneAlien

 

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1 réflexion sur “Le français de Belgique et ses étranges particularités”

  1. Merci pour ce petit lexique haha Je crois que ce qui me « choque » le plus quand je parle avec un Belge, c’est le savoir/pouvoir et le septante/nonante ! Mais bon, on arrive quand même à se comprendre ! Par contre j’ai découvert « Il n’a pas toutes ses frites dans le même sachet celui-là » dans cet article et je suis fan haha

     

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