Le « service médical rendu » indiqué sur les boîtes de médicaments

Selon un document confidentiel auquel les journalistes du Parisien auraient eu accès, le ministère de la Santé envisagerait la possibilité de rendre obligatoire dès 2014 l’affichage d’un indice d’efficacité, le « service médical rendu », sur ou dans les boîtes, des médicaments remboursés. 

Si l’information était confirmée, il faudrait encore que le projet soit validé par l’Élysée, puis voté par le Parlement avant d’être mis en place. Ces nouvelles étiquettes n’apparaîtront donc pas avant 2014, mais elles font déjà polémique. Que signifie le « service médical rendu » ? Pourquoi l’afficher sur les boîtes de médicaments ? Est-ce le signe que tous les traitements ne sont pas efficaces ? Décryptons tout cela !

Qu’est-ce que le « service médical rendu » ?

L’indice d’efficacité indiqué sur les étiquettes des médicaments serait le « service médical rendu ». Il est évalué par la Commission de Transparence de la Haute Autorité de Santé, composée d’experts de la santé (médecins, pharmaciens…).

Le « service médical rendu » est un critère prenant en compte différents éléments :
– les effets secondaires indésirables que le médicament peut provoquer
– la gravité de la pathologie qu’il traite
– l’efficacité du principe actif pour soigner ou prévenir une maladie
– la place du médicament dans la stratégie thérapeutique (essentiel pour traiter la pathologie, utilisé en complément d’autres médicaments…)
– le caractère curatif, symptomatique ou préventif du médicament
– l’intérêt pour la santé publique de ce médicament

Une fois que ces éléments ont été étudiés, les résultats sont comparés à ceux d’autres thérapies pouvant être employées pour la même maladie. C’est en fonction de cette comparaison que le « service médical rendu » et le taux de remboursement sont décidés, afin que les médicaments les plus efficaces soient toujours les mieux remboursés.

Le but du « service médical rendu » est d’évaluer précisément l’apport d’un nouveau médicament et de déterminer s’il présente suffisamment d’intérêt pour être remboursé par la Sécurité Sociale.

Ce service se divise en plusieurs niveaux :
– « irremplaçable » ou « majeur » : le médicament bénéficie d’une prise en charge à 100% par la Sécurité Sociale
– « important » : remboursé à 65% par la Sécurité Sociale
– « modéré » : remboursé à 35% par la Sécurité Sociale
– « faible » : remboursé à 15% par la Sécurité Sociale
– « insuffisant » : avis défavorable pour le remboursement par la Sécurité Sociale

Cependant, un médicament « insuffisant » n’est pas pour autant mauvais.

Des traitements préventifs peuvent, par exemple, recevoir cette note alors qu’ils sont utiles. C’est le cas du magnésium donné par voie orale et permettant de prévenir de façon efficace le risque d’infarctus. Il est pourtant noté « insuffisant ». Des médicaments peuvent être efficaces, mais moins bien classés que d’autres médicaments (qui présenteraient, par exemple, moins d’effets indésirables pour la majorité des patients, mais qui sont nécessaires dans certaines situations), donc avoir un niveau « insuffisant » pour être remboursables.

Pourquoi afficher le « service médical rendu » ?

Ce nouvel affichage pourrait remplacer les actuelles vignettes de couleur (blanche, bleue et orange) indiquant le taux de remboursement des médicaments (respectivement 65%, 30% et 15%). La détermination de la prise en charge étant intimement lié au « service médical rendu », la nouvelle étiquette permettrait de conserver l’information du remboursement tout en en ajoutant une sur l’efficacité.

Ce changement d’affichage interviendrait dans un climat de méfiance des patients vis-à-vis des médicaments. Alors que de plus en plus de principes actifs de médicaments sont fabriqués en Asie (80% des génériques, 50% des médicaments de marque), les sites de production sont très peu contrôlés et les médecins observent certaines pertes d’efficacité des traitements. De plus, de nombreuses enquêtes s’accordent sur le fait que de nombreux traitements actuellement sur le marché sont inutiles (en France, 9000 médicaments sont remboursés alors que l’Organisation Mondiale de la Santé n’en a listés que 350 essentiels) et la moitié des médicaments serait même inefficace.

L’affichage du « service médical rendu » serait un premier pas pour redonner confiance aux patients. 

Il aurait aussi pour but de réduire la surconsommation de médicaments, ainsi que l’automédication, en ne remboursant aucun médicament jugé « insuffisant ». Ce nouvel étiquetage permettrait de faire prendre conscience aux patients que ces pratiques peuvent être dangereuses. En effet, lorsqu’une personne prend plus de trois médicaments, les risques d’interaction entre traitements sont élevés et cela peut avoir des conséquences graves (30% des hospitalisations des personnes âgées de plus de 70 ans en France sont liées à une intoxication médicamenteuse). Cette mesure permettrait donc de diminuer les potentiels dangers liés à la prise de traitements.

De plus, l’adoption de cette loi entraînerait une baisse du coût de la Sécurité Sociale qui a pour vocation de rendre accessibles, via le remboursement, les médicaments ayant un réel effet et non de prendre en charge l’effet placebo.

Le problème qui se pose est que le « service médical rendu » est régulièrement revu par la Haute Autorité de Santé, à la hausse ou à la baisse. En effet, il est toujours comparé aux nouveaux médicaments destinés à traiter la même maladie et cette étude peut modifier le niveau de « service médical rendu » des anciens médicaments. Cela pose donc le problème de la gestion du changement d’étiquetage.

Avis de spécialistes sur l’affichage du « service médical rendu »

Plusieurs spécialistes se sont déjà exprimés sur le sujet et ont des avis très contrastés.

Il y a tout d’abord ceux qui sont totalement convaincus par ce projet, comme le président de la Commission de Transparence de la Haute Autorité de Santé, pour qui ça serait une excellente initiative.

Le professeur Bergmann, médecin interniste, pense aussi qu’une information qui permettrait de se focaliser sur les bons médicaments, utiles pour traiter les maladies importantes, est intéressante.

D’autres spécialistes sont plus réservés. Le directeur général du Leem (le syndicat des entreprises du médicament) s’est dit surpris par ce projet qu’il juge malvenu. Il ajoute que cela peut se révéler confus pour les patients qui pourraient penser qu’un « service médical rendu » insuffisant signifie que le médicament est mauvais.

L’urologue et député UMP Bernard Debré, auteur du Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux, met en garde : cette mesure peut être utile si la note est donnée de façon neutre. Il sera aussi nécessaire de faire preuve de pédagogie pour éduquer les patients à ces nouvelles étiquettes.

La nouvelle étiquette indiquant le « service médical rendu » du médicament n’est donc encore qu’une proposition, mais est déjà au centre des débats. Pensez-vous qu’il soit utile d’ajouter cette information sur les boîtes des médicaments ? Auriez-vous confiance si votre médecin vous prescrivait un traitement dont le « service médical rendu » est faible ? N’hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires.

Ursuline

Sources texte :

 – tempsreel.nouvelbos.com : Médicaments, vers un indice d’efficacité sur les boîtes

 – latribune.fr : Quelle efficacité ont nos médicaments ?

 – lefigaro.fr : Qu’est ce que le service médical rendu ?

 – leparisien.fr : Trop d’opacité nuit aux médicaments génériques

 – economiematin.fr : Médicaments inutiles remboursés par la sécurité sociale

 – supergelule.fr : Pédagogie du service médical rendu par l’emballage

 – news.doctissimo.fr : Le niveau d’efficacité des médicaments bientôt spécifié sur les boîtes

 – allodocteurs.fr : Le service médical rendu inscrit sur les emballages de médicaments

 – terrafemina.com : L’efficacité des médicaments bientôt inscrite sur les boîtes

 – gestionsanté.free.fr : Remboursement

Sources images :

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