Le Sida

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sidaCe week-end, c’était le week-end du sidaction ! L’occasion de revenir sur les différentes étapes de la découverte de cette maladie.

C’est une maladie présente dans notre quotidien et qui est très sévère. Il y a d’ailleurs un épidémiologiste américain qui avait comparé le SIDA à un virus informatique tant il est incontrôlable…

Une maladie étrange

Dès 1979, Weisman, un médecin américain, avait remarqué que parmi les homosexuels, on constatait l’accroissement d’un syndrome mono-nucléasique (maladie virale due au virus d’Eipsteinbarr qui entraîne une maladie bénigne et qui se traduit par une angine, de la fièvre et de la fatigue. Mais ce virus n’a pas de caractère de gravité normalement).
Mais chez les homosexuels, les syndromes sont sévères, et n’évoluent favorablement dans aucun cas.

Quand la maladie n’était pas due au virus d’Eipsteinbarr, certaines personnes avaient de sévères infections respiratoires.
Dans tous les cas, il y a une diminution des lymphocytes, surtout des lymphocytes T (qui sont, en quelque sorte, les défenseurs de notre organisme, qui vont aller s’attaquer à tout ce qui peut nous être néfaste).
En mai 1981, cinq cas sont hospitalisés dans un état critique, sur la côte Ouest des États-Unis. Deux vont très vite mourir d’un lymphome. Les trois autres survivront un peu plus longtemps, mais dans un très mauvais état qui les conduit à la mort. À ce moment, on remarque que ces cinq individus ont un dysfonctionnement immunitaire inexpliqué.
Après ces cinq morts, les médecins font des recherches, et ils découvrent que des cas similaires ont été recensés aux États-Unis, mais sur la côte Est, et tout cela un an plus tôt. En effet, des homosexuels ont été hospitalisés à New York avec un tableau superposable :
En mars 1980, un gay est hospitalisé à New York dans un état critique. Il a de la fièvre et est très amaigri. Son mauvais état de santé n’est pas récent, il avait d’ailleurs parcouru de long en large tous les États-Unis afin de trouver un remède à sa maladie. Au cours de son voyage, il a fait des rencontres « et plus si affinités ». À partir des endroits où il a fait ses rencontres, des foyers de SIDA vont apparaitre…
Cet homosexuel va mourir d’une toxoplasmose cérébrale, une maladie bénigne en temps normal…

De ce fait, cette maladie inconnue est d’abord appelée le « gay cancer ».

La première publication médicale sur ce sujet est faite en 1981, dans le New York Times.

La maladie se propage très vite et, en l’espace de quelques semaines, on arrive à 180 cas (en novembre 1981). En janvier 1982, on dénombre 200 cas.

Les médecins commencent à faire des hypothèses quant à la transmission de cette maladie : ils pensent à une transmission sexuelle, puisque seuls les homosexuels sont touchés, mais ils n’ont aucune preuve…

En août 1983, 15 états des États-Unis sont touchés, ainsi qu’Haïti et le Danemark.
À cette date, quelques cas d’hétérosexuels et de femmes sont recensés, ce qui permet aux médecins de formuler une nouvelle hypothèse quant à la transmission : le sang.

Le gouvernement cherche à « remonter la chaîne », il cherche le patient 0, la personne qui aurait développé toute seule cette maladie, et qui l’aurait transmise aux autres. C’est un moyen pour le gouvernement de se libérer de toute responsabilité.
Cette recherche aboutit (ah tiens, étonnant…) en novembre 1982. Le patient 0 serait un Canadien, steward sur Air Canada, et gay (bien évidemment…). Il recense en moyenne 250 partenaires sexuels par an. « Grâce » à sa nouvelle « notoriété », ce Canadien va devenir riche, en se mettant à vendre commentaires et interviews à toutes les personnes qui en demandent. Et jusqu’à sa mort, cet homme refuse d’avoir des rapports protégés (« il y a beaucoup moins de sensations » disait-il), et il ne prévenait ses partenaires de sa maladie qu’une fois leur rapport fini…

Certains ne sont pas d’accord avec cette « trouvaille » qu’est le patient 0. C’est pourquoi ils continuent de faire des recherches et essaient de comprendre eux aussi le cheminement de cette maladie. Il en résulte qu’un cas extrêmement similaire, considéré aujourd’hui comme le premier cas apparu, est retrouvé en Occident dans les années 60-70. Ce sont les chercheurs anglais qui le trouvent en faisant des autopsies dans les morgues proches des ports. À ce moment, l’hypothèse est faite que la maladie aurait été amenée vers nos contrées « civilisées » par les marins.

Évolution de la maladie en Europe

Le premier mort européen est danois : c’est un ingénieur ayant fait un stage à New York.
Le premier cas féminin en Europe est une femme chirurgien qui avait travaillé pendant un temps en Afrique.
En Italie, la diffusion est différente des autres pays : ce sont les toxicomanes qui sont touchés, car ils s’échangent leurs seringues.
Le premier cas recensé en France date de 1981, et c’est « encore » un steward.

Au début, l’épidémie se concentrait chez les hommes homosexuels, ce qui a fait que le gouvernement s’est totalement détaché, puisque ce n’étaient « que des personnes hors normes, qui bafouaient les religions ». Mais l’arrivée de la maladie chez les femmes et chez les hétérosexuels perturbe la communauté médicale.
En France, la plupart des cas qui sont touchés sont hétérosexuels, mais ils ont effectué un séjour en Afrique…
On a donc deux foyers : un foyer aux États-Unis qui touche les hommes homosexuels, et un foyer en Afrique dont le mode de transmission n’est pas défini à cette époque.

Maladie dite des 4H

Les 4H pour : Homosexuels, Haïtiens, Hémophiles, Héroïnomanes (et accessoirement Hooker : prostituées).
Le terme SIDA date de 1982 : Syndrome d’Immuno Déficience Acquise.

Pourquoi le terme Haïtien ?

En fait, en Floride et dans la région de Miami, il y a des groupes de personnes haïtiennes qui sont porteuses de la maladie. Cette contamination s’explique car, à cette époque, les Haïtiens sont très pauvres, et migrent vers les États-Unis dans l’espoir de trouver de l’argent. Leur pauvreté ne leur laisse en général qu’une solution : vendre leur corps. Vu la peur de la maladie à cette époque, seules les personnes déjà atteintes du SIDA s’offrent les services des Haïtiens.

Pourquoi le terme Hémophile ?

Aux États-Unis, le sang est vendu, donc quand on est pauvre, on ne se protège pas lors de ses rapports, on se prostitue, et on peut également vendre son sang !
Il y a donc une période de sang contaminé. Les États-Unis et la France vont se mettre à prélever du sang sur les prisonniers, et vont apprendre à reconnaître le virus grâce à ce sang.
L’hémophilie est un déficit en facteur sanguin qui nécessite des perfusions régulières. Malheureusement, avec la période du sang contaminé, une très grande partie des hémophiles va être touchée…
Aux États-Unis, les médias s’emparent de cette information pour créer un mouvement de panique. De ce fait, tous les enfants hémophiles sont chassés de leurs écoles, qu’ils présentent ou non des symptômes de la maladie.
Le début des années 1980 est donc une période pleine de stigmatisations, surtout pour les Haïtiens qui sont les plus faciles à reconnaître.
Cela permet à l’Église de s’imposer : pas de rapports sexuels avant le mariage, et surtout, la famille doit être au centre du système, ce qui permet de bannir les homosexuels de la société.

On sait aujourd’hui que ce virus a pour origine le singe. En effet, tous les singes (ou presque) sont affectés par ce virus, mais il est inoffensif pour eux. Lors des périodes de braconnage, des braconniers se sont fait mordre par des singes… La pénétration de leur salive dans le sang leur a transmis la maladie, qu’ils ont ensuite ramenée vers l’Europe et les États-Unis. Mais comme les premières couches de la population à être touchées étaient considérées comme non conventionnelles, il a été plus facile de les stigmatiser…

Aujourd’hui, dans nos communautés occidentales, le SIDA pourrait voir un net recul si tout le monde prenait ne serait-ce que la précaution d’utiliser des préservatifs lors des rapports sexuels…
Malheureusement, en Afrique, faire l’amour est considéré comme permettant d’éloigner les mauvais esprits, et les Africains refusent donc pour la plupart d’utiliser des préservatifs, malgré le travail constant de nombreux médecins pour essayer de leur faire accepter l’idée…
Voilà la carte de la pandémie du SIDA en 2001 (ça fait déjà 10 ans, je sais, mais je n’ai pas trouvé mieux comme carte plutôt bien détaillée ) :

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Aujourd’hui, on ne guérit que très rarement du SIDA. Non, je devrais plutôt dire : on ne guérit pas du SIDA, on vit avec, on peut ralentir voire stopper sa propagation dans notre organisme, mais en aucun cas en guérir. Le traitement pour ça est très lourd et très contraignant. Le traitement amaigrit et affaiblit énormément les patients, donc certains se disent « quitte à être atteint et à avoir une mort certaine, autant que je profite du temps où je ne suis pas en mauvais état, plutôt que de m’affaiblir tout de suite »…
Malheureusement, à ce jour, aucun vaccin n’a encore été découvert, car le virus mute beaucoup trop vite…

Une petite info pratique :

Où se faire dépister ?
1) Aller au planning familial. En général, ils sont plutôt gentils et accueillants.
2) Demander à son médecin traitant de prescrire des tests sanguins pour le VIH, et aller avec ça dans un laboratoire d’analyses.
3) Dans chaque département, il y a des Centres de Dépistage Anonyme et Gratuit. Pour ceux-là, l’avantage est qu’en général, ils font la batterie de tests pour savoir si vous avez le VIH, mais aussi une autre IST/MST.

Alors, je n’ai qu’une chose à dire : PROTEGEZ-VOUS !

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Justine Boucher

3 réflexions sur “Le Sida”

  1. Article très intéressant sur l’histoire du SIDA, la maladie sexuellement transmissible la plus grave. Je ne connaissais pas toute l’histoire de la maladie, cette partie historique est très intéressante ! Je savais cependant que la maladie était une maladie récente.
    après, j’ai été « choquée » par les propos du fameux patient 0, qui ne prévenait ses partenaires sexuels qu’une fois l’acte fini … C’est très égoïste j’ai trouvé …
    Ton graphique est très intéressant, malheureusement démodé … tu n’as pas pu trouvé les chiffres plus récents ? As-tu pu trouver le nombre de morts depuis que cette maladie a été diagnostiquée ? (oui, je trouve cela intéressant les chiffres ^^)
    Niveau vaccin, j’ai entendu dire qu’il y en avait en cours de recherche, mais que le virus mutait trop vite pour que le vaccin soit efficace … info ? intox ? Peut-être qu’un jour on aura un vaccin contre cette maladie !

     
  2. Non, je n’ai pas trouvé de graphique plus récent malheureusement, j’ai écrit cet article grâce à un de mes cours que j’ai eu en 2009, et c’est ce que le prof nous avait filé … En cherchant sur google quand j’avais écrit cet article (pour ma candidature au poste de violette, donc ça commence à dater ^^), je n’avais rien trouvé d’aussi complet … Mais après, même si les chiffres ne sont plus exacts, les couleurs elles le restent, l’Afrique est toujours le continent le plus touché à cause malheureusement de leur manque de ressources pour se procurer des préservatifs (et aussi un peu à cause de leurs croyances mais c’est un autre débat)
    A l’heure actuelle oui, le virus mute beaucoup trop rapidement, et il y a plusieurs souches ce qui fait qu’un vaccin est impossible (un peu comme la grippe qui a un vaccin différent tous les ans, sauf que là les mutations vont beaucoup plus vite donc … =/). Mais il y a aujourd’hui des médicaments qui ralentissent la progression de la maladie, et certains qui euh comment expliquer … En gros ces médicaments permettent d’avoir beaucoup moins de chances de transmettre la maladie en cas de rapport non protégé (ou de préservatif qui craque/se retire, enfin je ne vous fais pas de dessin)
    Le nombre de morts depuis que la maladie est diagnostiquée ? Non, impossible, parce que concrètement tu ne meurs pas du SIDA, il ne fait que t’affaiblir et tu meurs d’autre chose : un simple coup de froid, un rhume … Et puis en Afrique et tout ça, ce n’est pas assez « répertorié », enfin y’a pas de suivi pour savoir si telle ou telle personne est morte à cause du SIDA ou pas …

     
  3. L’article est vraiment très intéressant et très complet!
    J’ai entendu parler d’un cas de guérison (un patient séropositif qui n’était plus porteur du virus), suite à une greffe de moelle, car le donneur portait une mutation qui donne au porteur une immunité face au virus (mais bon, la mutation est trop rare et les dons trop dangereux pour être généralisé).

     

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