L’équithérapie

handicap et poney
Notez cet article :

L’équithérapie est une médecine non conventionnelle de plus en plus pratiquée utilisant le cheval pour soigner. Peu connue, cette discipline ouvre pourtant la voie à une nouvelle façon d’aborder et de traiter les patients. Venez découvrir en quoi cela consiste !

Qu’est-ce que l’équithérapie ?

L’équithérapie est un soin dispensé à une personne malade ou en souffrance par l’intermédiaire du cheval. Celui-ci n’est ni le soignant, ni le soigné mais le médiateur de la relation patient – thérapeute.

Il existe différentes formes d’équithérapie :
la thérapie assistée par le cheval, qui est un soin psychique ;
l’hippothérapie, qui est une prise en charge kinésithérapeutique, orientée sur la rééducation fonctionnelle.

Une troisième offre de soin médiée par le cheval existe, sans être de l’équithérapie à proprement parler : la rééducation par l’équitation, qui qualifie aujourd’hui les interventions à caractère social auprès de personnes en situation précaire, emprisonnées ou désocialisées, dans le but de les réinsérer dans la société.

Toutes ces formes de soin sont délivrées par un thérapeute, c’est-à-dire un soignant, contrairement à l’équitation « classique » dispensée par un enseignant équestre.

À ne pas confondre avec deux autres pratiques :
L’équi-handi, ou monte de loisir, est une discipline équestre destinée aux personnes handicapées souhaitant faire de l’équitation. Le moniteur équestre est un enseignant, pas un soignant. Le but premier est la pratique de l’activité physique, sans objectif de compétition ou de progression équestre particulière, bien que la rééducation et le bien-être moral qui en découlent en soient indissociables. La prise en charge paramédicale est un bénéfice secondaire à cette pratique.
L’handisport, ou équitation adaptée, est la version sportive de la monte de loisir. Allant de l’apprentissage des techniques équestres aux compétitions de haut niveau, cette discipline est également dispensée par un professionnel de l’équitation.

Qui est l’équithérapeute ?

Pour pouvoir prétendre à la formation, les praticiens doivent être :
cavaliers (par loisir ou par profession), avec un niveau équestre minimal (galop 5 ou savoir 4 en équitation éthologique ou degré 3 de la Cense) ;
diplômés médico-sociaux (ergothérapeutes, psychologues, médecins, éducateurs spécialisés, kinésithérapeutes, assistants sociaux, etc.). Cette dernière condition est requise par quasiment toutes les écoles.
Ils ont tous suivi un parcours de formation continue de 400 à 600 heures, réparties sur 1 à 3 ans et obtiennent à l’issue de cet apprentissage un diplôme privé.

Un équithérapeute est avant tout un soignant ; il fait partie d’un programme de soin multi-disciplinaire dont bénéficie un malade. Ainsi, l’équithérapie n’est qu’un complément d’une prise en charge globale.
Totalement autonome, l’équithérapeute possède des compétences paramédicales lui permettant de s’occuper des différentes pathologies des patients et de savoir utiliser les bons outils thérapeutiques. C’est également un cavalier, et il possède les compétences nécessaires pour assurer la sécurité de ses patients et le confort de ses équidés. À cela s’ajoute une capacité d’écoute, que ce soit envers les malades, ou envers les chevaux.

Certains moniteurs d’équitation deviennent équithérapeute de façon autodidacte, après avoir travaillé plusieurs années au contact de cavaliers handicapés. Malgré le manque de diplôme, l’expérience fait d’eux de très bons praticiens.

Aucun texte de loi ne réglemente l’exercice de l’équithérapie, c’est pourquoi il est tout à fait possible de prétendre être équithérapeute sans que cela ne soit réellement le cas. Pour trouver un bon soignant, mieux vaut se référer aux associations nationales (la Société française d’équithérapie, la Fédération nationale des thérapies avec le cheval ou la Fédération nationale Handicheval).

Un cheval d’équithérapie, c’est quoi ?

équithérapie cheval

Le cheval n’est que le médiateur de la relation et il ne soigne pas directement, pourtant, ce n’est pas un cheval lambda, son mode de vie doit être le plus sain et naturel possible.
Cheval ou poney, celui-ci doit vivre en troupeau, au pré la plupart de l’année, afin d’entretenir des relations sociales riches, doit pouvoir se déplacer comme bon lui semble et subvenir à ses propres besoins sociaux, nutritifs, physiques, etc.

Ce sont ses caractéristiques naturelles (animal sociable et curieux) qui sont utilisées dans la thérapie. Le cheval, très réceptif, recherchera de lui-même le contact avec l’homme et réagira en fonction de son ressenti et de ce que renvoie le patient, c’est donc un partenaire de soin très important !

Le cheval est souvent présenté au patient non harnaché (sans selle, sans filet et sans mord mais en licol), ce qui le rend libre de tous ses mouvements et n’influence pas les gestes de la personne.

L’équithérapie, à qui ça s’adresse ?

Elle s’adresse à toute personne, à partir de 3 ans, souffrant :
d’un handicap, qu’il soit moteur (paralysie, sclérose en plaque, perte de fonction d’un segment de membre), sensoriel (déficience visuelle ou auditive) ou mental (trisomie, infirmité motrice cérébrale, infections méningées) ;
de maladies psychiatriques telles que l’autisme, la dépression, la phobie sociale, le trouble du déficit de l’attention (associé ou non à de l’hyperactivité) ;
de difficultés psychologiques, comme la perte d’autorité parentale, la perte de confiance en soi, la quête identitaire, etc.

Pour en savoir plus sur la thérapie assistée par le cheval dispensée aux personnes atteintes de déficience mentale, lisez vite l’article de Renart !

équithérapie 2

Ouverte à presque tous les maux, il existe cependant quelques contre-indications à cette pratique : toute maladie des hanches ne permettant pas de se mouvoir correctement à cheval, toute atteinte de la colonne vertébrale (y compris opérée), l’hypotonie et l’hypertonie (baisse du tonus musculaire et tonus irréductible), les allergies aux poils de chevaux et au foin, l’épilepsie grave, l’ostéoporose évoluée ou toute maladie psychiatrique en cours d’évolution.
La phobie des chevaux peut être un obstacle, c’est pourquoi mieux vaut d’abord vaincre sa peur avant d’envisager une thérapie avec le cheval.

L’équithérapie, comment ça marche ?

Avant toute chose, on ne choisit pas de faire de l’équithérapie par plaisir, il faut se fixer des objectifs dès la première séance. Et, comme pour tout traitement, la déontologie ne permet pas de garantir un résultat, mais contraint le thérapeute à une obligation de moyens, c’est-à-dire à tout mettre en œuvre pour que le résultat soit optimal.

Basée sur l’utilisation du cheval, l’équithérapie est une thérapie longue de plusieurs mois, par séances de 45 min à 1 h 30. Les séances sont souvent individuelles pendant lesquelles seuls trois protagonistes sont en scène : le thérapeute, le cheval et le patient. Parfois, les séances peuvent se faire en groupe, selon les besoins des patients, comme la socialisation.

Le cadre de soin est adapté à la prise en charge, il doit être constant et sécurisant. Il n’existe pas de séance-type d’équithérapie, chaque séance sera différente, c’est au thérapeute de créer le cadre idéal à la prise en charge, selon les objectifs fixés et la personnalité du patient.

Le cheval est un bon maître non seulement pour le corps mais aussi pour l’esprit et le cœur. Xénophon, Ve siècle avant J-C

équithérapie

Le cheval ne soigne pas directement, il n’est que le médiateur. Celui-ci possède des canaux sensoriels très développés, ce qui le rend réceptif à tout son environnement ; il devient alors le miroir de ce que ressent le patient à son contact. Ainsi, une personne ne pouvant exprimer son appréhension, sa peur, sa douleur ou sa joie saura être décryptée par le thérapeute grâce à l’attitude de son cheval.

Le patient, quant à lui, se laisse rapidement transporter par l’animal, impressionnant de prime abord. C’est une véritable force tranquille qui ne juge pas. Il n’est pas nécessaire de monter à cheval pour établir un contact, le travail peut donc se faire en selle comme à pied.

Les activités proposées en équithérapie peuvent prendre diverses formes :
– les soins du cheval (le panser, le nourrir, nettoyer ses plaies, graisser ses sabots, etc.), pour redonner confiance et apprendre à assumer des responsabilités par exemple ;
– le travail avec un cheval en liberté, pour canaliser les problèmes de comportement ou retrouver une assurance et une autorité ;
– la monte sensorielle (éveil des sens, travail sur la conscience et la présence de soi), où la personne doit apprendre à se laisser aller et à évacuer ses angoisses par exemple ;
– le travail de communication verbale et non-verbale, de développement cognitif (langage, mémorisation, attention) ou de gestion et maîtrise des émotions pour les enfants en difficulté intellectuelle ou sociale, etc.
Cette liste ne peut être exhaustive, plusieurs exercices proposés par différents équithérapeutes peuvent s’orienter vers le même but, l’important étant de répondre à la demande du client tout en respectant ses limites et ses envies, ainsi que celles de l’équidé.

Concernant la rééducation physique médiée par le cheval, le patient est un cavalier passif : il subit les mouvements provoqués par le déplacement de l’équidé. Il doit en permanence adapter sa position et ses efforts pour se maintenir en selle. Cette pratique permet d’améliorer sa proprioception (perception consciente et inconsciente de la position des différentes parties de son corps), de renforcer ses muscles et son assiette, de rééduquer ses mains, de rééduquer son système neurologique, etc.

cheval insertion

Le cheval, également outil de réinsertion sociale, permet de redonner des règles de vie aux personnes concernées (jeunes déscolarisés, jeunes délinquants, prisonniers, personnes en situation précaire, etc.), d’apprendre ou réapprendre la discipline, que celle-ci soit le règlement du centre d’accueil ou celui de la pratique équestre, de prendre des responsabilité (puisque le cheval est un être vivant qu’il faut donc aussi soigner, panser, nourrir, etc.), d’apprendre un métier, de valoriser les compétences de chacun et de retrouver une vie en collectivité.

Et pour finir, voici un documentaire de 13 minutes Le cheval qui murmurait à l’oreille des hommes, à travers le regard de Nicolas Emond, équithérapeute fondateur de l’IFEq (Institut de formation en équithérapie) :

Aviez-vous déjà entendu parler de cette discipline ? Y avez-vous déjà eu recours ? Qu’en pensez-vous ? Dites-nous tout en commentaires !

Siran

Sources texte :

Journal des femmes, Institut de formation en équithérapie, Psychologies, Société française d’équithérapie

Sources images :
Ladépêche, Association de prévoyance santé, protectiondesanimaux31 skyblog, À pas de cheval

Source vidéo :
Institut de formation en équithérapie

8 réflexions sur “L’équithérapie”

  1. MrsMinette

    Je ne connaissais pas du tout ce concept ! C’est une très bonne idée d’utiliser le cheval, car c’est un animal qui est vraiment très sensible (dans le toucher et dans les émotions).
    Et puis, que de bénéfices pour le patient !

     
  2. Comme MrsMinette, je ne connaissais pas du tout ! Merci de m’avoir fait découvrir cette pratique, c’était vraiment très intéressant !

     
    1. Cet article reste très général, il y en aurait tellement plus à dire, je suis contente que cela t’ait plu !

       
  3. J’ai eu le plaisir de pratiquer un peu l’équithérapie, il y a un réel plaisir de voir l’handicap surmonté avec le contact du cheval, l’enfant était épanoui et le poney s’adaptait vraiment bien à lui.
    J’ai d’ailleurs vendu un poney dans un centre d’équithérapie

     
  4. Bravo cet article présente de façon assez complète et juste ce qu’est l’équithérapie. Diplômée SFE, je suis équithérapeute en Sarthe à Equi-confiance. A ce jour l’équithérapie se définit au delà du soin psychique. On parle dorénavant de prise en charge globale du patient sur les plans psychiques, corporels, cognitifs, sensoriels et sociaux.

     

Répondre à Mïmire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut