Grande production du studio Ghibli, Princesse Mononoké est une œuvre majeure d’Hayao Miyazaki saluée par la critique au Japon, puis dans le monde entier. Partons aujourd’hui à la rencontre d’Ashitaka, de San et tant d’autres personnages pour une analyse de Princesse Mononoké.
Avertissement : Cet article contient de nombreux spoilers au sujet de Princesse Mononoké.
Informations générales de Princesse Mononoké
Fiche technique de Princesse Mononoké
Titre : Princesse Mononké
Titre original : もののけ姫 (Mononoke Hime)
Genre : Film d’animation, historique, fantastique
Réalisation et scénario : Hayao Miyazaki
Studio : Studio Ghibli
Durée : 134 minutes
Sorties :
12 juillet 1997 au Japon
12 janvier 2000 en France
Synopsis de Princesse Mononoké
https://www.youtube.com/watch?v=Tul9S9Eun4s
L’histoire de Princesse Mononoké prend place dans un Japon médiéval, au sein de la tribu des Emishis. Ashitaka, l’un des héros principaux de l’histoire, se voit contraint d’affronter Nago, dieu-sanglier devenant un démon. Durant le combat, une malédiction le frappe, dotant son bras d’une force surnaturelle mais qui le ronge petit à petit. La chamane du village le dit condamné à mourir et lui conseille de quitter le village afin d’obtenir des explications quant à ce qui s’est produit et peut-être trouver le moyen de survivre. C’est durant ce voyage qu’Ashitaka rencontrera de nombreux personnages dont San, la princesse Mononoké.
Inspirations et temporalité de Princesse Mononoké
Une époque historique réelle
Si l’histoire de Princesse Mononoké est considérée comme fantastique et non pas comme de la fantasy, c’est du fait de sa réalité historique. Le Japon médiéval dans lequel Ashitaka évolue, tout comme les Emishi, ont été réels. À l’inverse, une histoire dite fantasy prendrait pied dans un monde complètement imaginaire.
Le film d’animation se déroule durant l’époque Muromachi (1336-1573), une dictature militaire du Japon, ère caractérisée par un chaos généralisé dû en partie à la division de la maison impériale. Le pays est alors contrôlé par les shoguns (seigneurs) dont l’autorité décroît et auxquels résistent les Emishis qui sont, à l’origine, un ensemble de tribus. Dans Princesse Mononoké, le terme Emishi désigne la tribu du village d’Ashitaka, qui est présenté comme le dernier à résister. Au-delà de l’appellation, on note très vite que le héros est un archer doué, d’autant plus qu’il tire ses flèches du dos de Yakuru, sa monture. Les tribus Emishi sont en effet parvenues à tenir en respect l’armée impériale grâce à leur technique de guérilla à base d’archers montés. Leurs opposants ayant des régiments composés essentiellement d’infanterie lourde, ils ont longtemps été tenus en échec.
Ashitaka tirant à l’arc, Princesse Mononoké, Hayao Miyazaki
L’époque Muromachi voit également un accroissement du commerce ainsi qu’un contact avec l’Occident, ce qui apportera, entre autres, les armes à feu. C’est l’une des raisons pour lesquelles les historiens tendent à considérer cette période comme l’entrée dans l’ère moderne et non pas comme la fin du Moyen-Âge.
Inspiration visuelle
La nature tenant une place très importante dans l’œuvre d’Hayao Miyazaki, l’auteur s’est inspiré des paysages de l’île Yakushima. Un proverbe local dit “qu’il pleut 35 jours par mois à Yakushima” et, en raison de ces pluies abondantes, une végétation luxuriante pousse sur l’île. On trouve notamment un cèdre âgé de 7 000 ans selon la légende et de 2 300 ans selon les scientifiques, inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1993. Il est sans aucun doute le plus célèbre de l’île, mais d’autres cèdres auraient plusieurs milliers d’années.
Concernant les paysages montagneux, Hayao Miyazaki s’est inspiré du site de Shirakami-Sanchi, inscrit la même année que le cèdre de Yakushima au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Couvrant une partie de la chaîne de montagne Shirakami, cette étendue complètement sauvage est vierge de toute route ou sentier. Cela fait de ce lieu la plus grande forêt vierge de hêtres en Asie du sud-est.
Inspiration du scénario et des personnages
Le thème exploré au sein de Princesse Mononoké est la relation entre l’Homme et la nature. Ce sujet est abordé dans d’autres œuvres d’Hayao Miyazaki telles que Nausicäa de la vallée du vent, qu’il s’agisse du manga ou du film d’animation, ou encore le manga Le Voyage de Shuna (シュナの旅, Shuna no tabi) du même auteur.
Ashitaka, personnage principal dans Princesse Mononoké, partage des traits communs avec les deux héros des œuvres précédemment citées. Il a la droiture ainsi que le courage de Shuna et la manière d’exprimer une philosophie au travers de ses actes comme Nausicäa. Il partage également avec cette dernière la volonté de faire cohabiter Homme et nature, à ce titre on dira que Princesse Mononoké est une réécriture de Nausicäa de la vallée du vent. La différence réside dans le fait que l’héroïne de cette dernière œuvre a une destinée toute tracée, “l’être vêtu de bleu”, qui n’est autre que Nausicäa, ne fait qu’accomplir une prophétie. Sa tenue et sa couleur sont le signe de ce qu’elle est et de ce qu’elle représente. De son côté, Ashitaka revêt lui aussi du bleu, mais choisit lui-même son propre chemin.
Nausicäa et sa tenue bleue, Nausicäa de la vallée du vent de Hayao Miyazaki.
Ashitaka et sa tenue bleue, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Ashitaka n’est pas le seul à avoir reçu l’influence de l’œuvre Le Voyage de Shuna. En effet, Yakuru (Yaku ou Yakkul) est directement inspiré de la monture de Shuna, elle aussi prénommée Yakkul. Souvent qualifiée d’élan rouge ou de wapiti, la monture d’Ashitaka est également apparentée au bouquetin tandis que celle de Shuna a le côté plus massif du yak.
Shuna et Yakkul, Le Voyage de Shuna de Hayao Miyazaki.
Ashitaka et Yakuru, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki.
Princesse Mononoké : les personnages principaux
De nombreux personnages apparaissent au cours de l’histoire. Afin de faciliter l’explication et la compréhension de l’analyse de Princesse Mononoké, voici quelques clefs concernant les personnages principaux.
Princesse Mononoké : les humains
Ashitaka soulageant les maux de son bras, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Vous l’aurez déjà compris, Ashitaka est l’un des personnages clef de l’histoire. Bien qu’il soit appelé “mon prince” dans la version française, il s’agit d’une erreur de traduction. En effet, il se fait appeler “hiko” dans la version originale ce qui signifie “mon garçon”. Malgré le respect que lui accorde sa tribu, il n’est pas leur prince. Maudit, il part en quête de réponses et de guérison. Hayao Miyazaki dit à son sujet : “Ashitaka a été maudit pour une raison absurde. Bien sûr, il a fait quelque chose qu’il n’aurait pas dû, il a tué le Tatari gami [dieu maudit], mais il avait une raison suffisante de le faire, du point de vue des humains. Néanmoins, il est affligé d’une malédiction mortelle.”
Dame Eboshi, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Dame Eboshi est une femme forte qui a bâti sa cité-forge dans les montagnes avoisinant la forêt. Les activités de sa cité la font rapidement entrer en conflit avec la nature et les esprits qui habitent la forêt, mais elle parvient à les repousser toujours plus loin grâce aux armes à feu qu’elle développe. Elle recueille les lépreux, rejetés de tous, ainsi que d’anciennes prostituées à qui elle donne du travail. Quand Ashitaka ramène à sa cité deux hommes blessés, elle accueille le jeune homme et lui permet de visiter les lieux alors qu’il n’est qu’un étranger. Cette décision montre au spectateur son assurance ainsi que la confiance qu’elle a en ses gens et ses armes.
Jiko, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Jiko est un moine itinérant qu’Ashitaka rencontre très tôt dans l’histoire, mais c’est l’un des personnages les plus mystérieux. Agissant en réalité pour le compte de l’Empereur, il a pour but de rapporter la tête du dieu-cerf qui confère, soi-disant, l’immortalité. Bien que ce ne soit pas explicite dans Princesse Mononoké, il est probable qu’il occupe une haute place au sein de l’organisation secrète Shishō Ren puisqu’il dirige deux groupes de chasseurs. Les premiers sont les Karakasa Ren (唐傘連, Société des ombrelles de papier) qui sont un groupe combattant lourdement armé, et les seconds les Jibashiri (地走り, Ceux qui rampent) dont le nom fait référence à la manière dont ils se déplacent sous des peaux de bêtes afin de se confondre avec la forêt. Ce deuxième groupe est nommé “éclaireur” tout au long du film d’animation. Jiko n’hésite pas à manipuler et à sacrifier pour arriver à ses fins, que ce soit les habitants de la cité-forge ou les esprits de la forêt, mais ses motivations restent assez vagues.
San, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
San est la fille adoptive de Moro. Bien qu’elle soit humaine, elle appartient au monde de la forêt, formant ainsi un intermédiaire entre les deux mondes. Son personnage incarne la princesse Mononoké, littéralement “la princesse des esprits/monstres vengeurs”. “Mononoké” a une connotation négative, mais ne peut pas être traduit par un seul terme. Il ne s’agit pas seulement de “monstre” ou “d’esprit”, mais bien d’une notion à mi-chemin entre les deux, ce qui correspond parfaitement au personnage de San. Cette dernière détestera Ashitaka, puis apprendra à l’apprécier tout au long des aventures de Princesse Mononoké.
Princesse Mononoké : les esprits de la forêt
Moro, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Moro est la déesse-louve de la forêt. Gigantesque animal à deux queues, elle a plusieurs centaines d’années au moment où se déroule Princesse Mononoké. Alors qu’elle chassait un couple d’humains, ces derniers jettent leur nouveau-né entre les pattes de la louve afin de mieux s’enfuir. Incapable de tuer une enfant innocente qui n’est autre que San, la déesse louve l’élève comme sa fille.
Les louveteaux, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Les louveteaux appartiennent à la meute de Moro et leur pelage aussi blanc que le sien laisse penser qu’ils sont ses fils. Ils sont plus petits qu’elle et ne possèdent qu’une seule queue, mais ils restent doués de parole.
Nago sous sa forme maudite, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Nago est un dieu-sanglier devenu démon. Ashitaka le combat et finit par le tuer ce qui lui vaut sa malédiction. Ce personnage n’est présent que durant les premières minutes du film d’animation, mais les évènements qui lui sont associés sont un fil conducteur dans Princesse Mononoké. En effet, Ashitaka cherche à remonter sa piste afin de connaître la raison de sa folie et de savoir pourquoi Nago a attaqué son village, pourtant paisible. La boule de fer retrouvé dans son corps après sa mort est la cause de sa transformation en démon et, peu de temps après l’arrivée d’Ashitaka à la cité-forge, on apprend qu’elle a été tirée par Dame Eboshi elle-même.
Okoto, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Okoto est un dieu-sanglier âgé et dit sage. Il est aveugle et souhaite que les humains soient chassés définitivement alors qu’il ne peut que constater le déclin des capacités de sa harde. À chaque fois, les sangliers naissent plus petits, plus bêtes et incapables de parler, en signe de leur déclin.
Le Dieu-cerf et son pouvoir de vie et de mort, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Le dieu-cerf est l’être le plus puissant de la forêt, dont il incarne l’impassibilité face au reste du monde. Il accorde la vie et la mort alors que son visage n’exprime qu’un sourire qui ne fane jamais. La nuit, il prend la forme du Faiseur de Montagne, géant arpentant lentement la forêt sous une forme presque liquide.
Analyse de Princesse Mononoké
De nombreux thèmes sont abordés au sein de cette œuvre : amour, nature, respect, violence et haine. Aucune scène de Princesse Mononoké n’est superflue si bien que chaque détail est important. Malgré sa longueur pour un film d’animation, c’est une œuvre dense et riche de contenus.
Le commencement de Princesse Mononoké : rencontre avec Ashitaka
Ashitaka étant l’un des personnages principaux, il occupe une place importante au sein de l’histoire. Une facette de sa personnalité est visible dès le commencement du film d’animation puisqu’il est important que le spectateur soit capable de cerner le personnage afin de comprendre ses actes durant le reste du film d’animation.
Après une brève narration, le spectateur se rend au village d’Ashitaka dans lequel le calme apparent n’est qu’une illusion. Yakuru et le héros vont à la rencontre de trois jeunes filles, dont l’une d’elles est Kaya, et dès les premiers mots d’Ashitaka il est évident qu’il est à l’écoute et soucieux du bien-être ainsi que de la sécurité de sa tribu. En effet, il recommande aux jeunes filles de retourner au village après qu’elles l’aient prévenu que la forêt s’est mystérieusement dépeuplée.
Rapidement, Nago, le dieu-sanglier rongé par un démon, sort de la forêt et fonce vers le village en détruisant tout sur son passage. Malgré l’évidence que Nago est devenu une monstruosité, Ashitaka tente tout de même de le raisonner en s’exprimant avec respect et sans jamais se montrer hostile à son égard. C’est seulement en voyant que les trois fillettes ont du mal à rejoindre le village qu’Ashitaka décoche la première flèche.
Nago, dieu-sanglier, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Le fait qu’il n’attaque pas parce que Nago est devenu un démon mais parce que ce dernier risquait de faire du mal aux siens démontre bien que malgré son habilité au combat, Ashitaka n’est pas un personnage agressif qui prend le fait de tuer ou blesser à la légère.
La lutte qui s’ensuit est aussi brève qu’intense. Ashitaka finit par abattre la créature, mais elle est parvenue à le toucher au bras, lui infligeant une blessure surnaturelle. Sans aucune haine, la chamane du village parle à Nago, mourant, en lui expliquant que la tribu pratiquera les rites funéraires et dressera une stèle en son nom. Pour toute réponse, la bête les méprise en les traitant d’êtres insignifiants et répugnants, contrastant avec le respect que lui témoigne la chamane et, à travers elle, la tribu entière.
Lorsque la chamane apprend à Ashitaka que sa blessure le conduira à sa mort, il semble encore une fois parfaitement à l’écoute et conscient de ce fait. La vieille femme lui explique qu’il peut choisir de quitter le village afin de trouver d’où vient Nago et la mystérieuse boule de fer qui l’a rendu fou en lui déchirant les entrailles. Sans hésitation, Ashitaka coupe ses cheveux et quitte le village. Cette action a une forte signification du fait qu’au Japon ce geste représente la mort de la personne ou le bannissement de son monde. Dès cet instant, le village détourne son regard, sa tribu n’ayant pas même le droit d’assister à son départ.
Ashitaka coupant ses cheveux, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Kaya est la seule à braver cet interdit. La jeune fille l’appelle “grand frère”, traduction littérale de la version originale “anisama”, mais cela ne fait pas tant référence à un lien de parenté qu’à une marque d’affection et de respect. Il est courant que cette appellation soit employée sans nécessairement impliquer un lien de sang. Dans une certaine mesure, cela peut être comparé à notre expression “tu es comme un frère (une sœur) pour moi” qui ne fait que marquer la proximité que l’on entretient avec ladite personne. La différence réside dans le fait que Kaya emploie ce mot pour monter du respect du fait qu’il soit plus âgé, et pour marquer de l’admiration et surtout de l’affection. Kaya n’est pas la sœur de sang d’Ashitaka, elle fait simplement partie de la même tribu que lui et cette mésentente lors de la traduction fait perdre un peu de magie au film d’animation. Hayao Miyazaki confirmera les sentiments de la jeune fille envers Ashitaka ainsi que le fait qu’ils ne sont pas de la même famille.
Kaya lui témoigne l’amour qu’elle lui porte sous la forme d’un pendentif en cristal. C’est un symbole important qui suit le cheminement du film d’animation jusqu’au bout.
En très peu de temps, le spectateur se fait une idée à la fois générale et précise d’un des principaux protagonistes de l’histoire. Ashitaka est agile, doué au combat, mais refuse la violence lorsqu’elle n’est pas nécessaire. Il est à l’écoute, attentif et respectueux envers le monde. Ces qualités font de lui une personne aimée et appréciée, ce qui nous conduit à l’un des premiers thèmes importants de Princesse Mononoké : l’amour.
Princesse Mononoké : le thème de l’amour et de l’affection
Que cela soit l’amour pour une tribu, un membre de sa famille ou une femme, le sentiment amoureux est présent de bien des manières au sein de Princesse Mononoké.
Princesse Mononoké : Ashitaka et San
C’est sans aucun doute la relation la plus importante de Princesse Mononoké. Ashitaka, représentant du monde des Hommes, et San, représentante de la forêt, finissent par avoir des sentiments forts et réciproques l’un pour l’autre. Lorsqu’Ashitaka empêche la fille-louve de tuer Dame Eboshi et la mène hors du village alors qu’il est gravement blessé, elle tente de le tuer. Ashitaka ne fait pas un geste pour se défendre et la seule pensée qui lui vient alors qu’il va mourir, il l’adresse à San et, à travers elle, à la forêt tout entière : “tu es belle”, “tu es si jolie” selon les traductions.
Ashitaka, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Renonçant à le tuer, San laisse le dieu-cerf décider de son sort et, comme ce dernier choisit de soigner sa blessure, mais pas sa malédiction, elle se range à son avis en décidant de l’aider. Trop faible pour manger, San le nourrit comme une mère nourrit ses petits en prémâchant la nourriture. Ce geste, qui n’a rien d’étonnant dans la nature, est associé à l’amour dans le monde des Hommes. San n’appartenant pleinement à aucun des deux mondes, mais étant un intermédiaire, se retrouve d’autant plus tiraillée par sa nature croisée.
Finalement, par le biais d’un des louveteaux, Ashitaka offre à San le pendentif en cristal de Kaya. Le bijou étant une preuve d’amour offerte au héros, il devient le symbole affectif entre Ashitaka et San.
San découvrant le pendentif, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
La fille-louve accepte le collier, acceptant également les sentiments que lui témoigne Ashitaka et, dans le même temps, ceux qu’elle éprouve pour lui.
Princesse Mononoké : Moro et San
Moro et San, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
La déesse-louve et sa fille adoptive, San, est un tandem touchant dont l’amour ne fait aucun doute quand bien même elles sont de natures différentes. Au-delà du fait que Moro a complètement adopté la jeune fille, elle lui témoigne son amour de bien des manières. Alors même qu’elle déteste les humains, elle pense avant tout au bien être de San et propose à sa fille de partir avec Ashitaka si elle le désire.
Princesse Mononoké : les louveteaux et San
Les louveteaux et San, Princesse Mononoké de Hayao Miyzaki
Moro a avec elle deux jeunes loups plus petits qu’elle, en plus de San. Ils sont vraisemblablement les fils de la déesse-louve ou tout du moins des membres de sa meute. San et eux entretiennent une relation fraternelle et affectueuse.
Alors que la jeune fille est humaine, ils n’hésitent pas à lui prêter leurs dos quand cela est nécessaire. Ils sont attentifs à ce qu’elle demande et quand elle refuse de les laisser dévorer Ashitaka puis Yakuru, ils n’insistent pas.
Ils sont également là pour San lorsqu’elle décide de combattre et ils se lancent à ses côtés afin de l’aider au mieux.
Princesse Mononoké : Dame Eboshi et ses gens de la forge
Bien que Dame Eboshi puisse être perçue comme la “méchante” de l’histoire, elle est aimée et admirée par ses gens de la forge. Les filles comme les lépreux lui sont reconnaissants de tout ce qu’elle fait pour eux et ils le lui témoignent tout au long de l’histoire. Ils sont attentifs à ce qu’elle ordonne et quand elle se met dans des positions délicates, tous sont prêts à la défendre quoi qu’il en coûte.
Si l’amour a une place dominante dans Princesse Mononoké, la violence est un thème tout aussi important : la forge est le théâtre de nombreux affrontements pour Dame Eboshi, San voudra au départ tuer Ashitaka et, bien avant cela, Ashitaka tue Nago pour sa tribu.
Princesse Mononoké : le thème de la violence et de la haine
Étroitement mêlée à l’amour, la violence croît durant tout le film d’animation. De la mort du seul dieu-sanglier Nago, à la boucherie lors de la charge d’Okoto, la graduation de la brutalité de Princesse Mononoké illustre parfaitement l’idée que la violence ne fait qu’engendrer toujours plus de violence. Ashitaka le répète à plusieurs reprise durant Princesse Mononoké, mais il faudra arriver à des extrêmes avant que les principaux opposants du film ne cessent de se combattre.
Malgré la brutalité de Princesse Mononoké, l’auteur prend soin de ne placer personne en tant que méchant. Il est clair qu’Ashitaka fait partie de ce que l’on pourrait appeler les “gentils”, mais Dame Eboshi n’est pas une “méchante” pour autant. Elle cherche à se débarrasser des esprits de la forêt afin de pouvoir librement exploiter le fer et le bois ce qui lui attire la haine de Moro et des autres dieux-animaux, mais elle ne prend aucun plaisir à se battre contre eux. De son point de vue, elle doit pouvoir exploiter la nature qui l’entoure afin de permettre la survie de sa cité-forge pour, ensuite, pouvoir aider d’autres prostitués ou d’autres lépreux. Son but personnel est louable quand bien même elle utilise la violence.
Face à ces agressions répétées, les esprits de la forêt répondent en attaquant. Moro, déesse-louve, est vue pour la première fois alors qu’elle attaque la caravane de ravitaillement avec ses louveteaux dans l’espoir de tuer Dame Eboshi. Finalement, Moro est blessée par balle de la même manière que Nago.
C’est ensuite San qui tente de tuer la femme de la cité-forge en pénétrant dans la ville. Vive et déterminée, elle court sur les toits alors qu’Ashitaka lui crie d’arrêter. Alors même qu’il tente de l’aider, San ne veut rien savoir et l’attaque pour atteindre Dame Eboshi.
Ashitaka et San, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Ashitaka garde d’ailleurs la cicatrice du coup de couteau jusqu’à la fin du film d’animation.
Le groupe qui fait preuve du plus de violence est celui des Karakasa Ren de Jiko. Les samouraïs utilisent des mines et des grenades afin de tuer un maximum de sangliers sans se soucier des pertes que cela occasionne chez les hommes de la cité-forge qui combattent pourtant à leur côté. Ils sont en grande partie responsables du massacre qui a lieu durant la bataille et qu’Ashitaka ne peut que constater avec horreur.
Ashitaka, bien que maudit par la haine de Nago au tout début de Princesse Mononoké, est le seul à ne pas céder aveuglément à la rage et à la violence qui vont de paire. Malgré le fait qu’il soit exclu de sa tribu qui lui est chère, il continue à porter sur le monde un “regard sans haine”. Lorsqu’il apprend que c’est Dame Eboshi qui a conduit Nago à la folie, il est certes en colère, mais ne cède pas à la violence qu’il tente de contenir au prix d’un effort visible.
Ashitaka maîtrisant son bras maudit, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Princesse Mononoké veut faire comprendre au spectateur qu’il est facile et tentant de céder à la violence, mais que cette dernière ne résout rien et provoque la souffrance. Ashitaka lui-même est révolté lorsqu’il apprend ce qu’a fait Dame Eboshi et, pourtant, il la sauve de San et de son bras maudit par Nago qui, même dans la mort, veut tuer la femme des forges.
Princesse Mononoké : le thème du respect et de la cohabitation
L’une des principales problématiques de Princesse Mononoké est de savoir comment parvenir à faire cohabiter une nature apparaissant comme dangereuse et majestueuse et des Hommes défiants et en plein essor technologique.
Le conflit prend naissance avec le fait que Dame Eboshi souhaite que sa forge prospère et, pour cela, elle doit empiéter sur une nature qui se sent agressée. Les esprits de la forêt sont ses défenseurs autant que ses esprits vengeurs qui veulent voir disparaître les humains. L’absence de dialogue entre les deux partis est l’une des raisons qui fait que le conflit ne parvient pas à se résoudre et donne lieu à une escalade de violence qui aboutit à la mort du dieu-cerf.
Ashitaka tentera d’établir un dialogue tout au long du film d’animation, mais les deux partis restent sourds à ses demandes. Alors que Nago l’a maudit, il n’en veut pas à la nature toute entière et la respecte. Lors de sa première incursion dans la forêt du dieu-cerf, il aide deux hommes blessés lors de l’attaque de Moro, dont l’un d’eux lui assure que traverser la forêt est une très mauvaise idée et qu’ils n’en ressortiront jamais. Ashitaka l’écoute, mais n’en croit pas un mot et, plutôt que d’être effrayé en apercevant le premier sylvain, il lui demande poliment si ce dernier lui permet de traverser sa forêt.
Les sylvains et Ashitaka portant un blessé, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Le petits êtres finissent par le conduire dans un endroit paisible où Ashitaka et les blessés peuvent se reposer. Le héros aperçoit des traces de Moro et sa meute ainsi que d’autres traces qu’il identifie rapidement comme étant celle du dieu-cerf.
La première apparition du dieu-cerf, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Comme signe que la forêt n’est pas hostile à Ashitaka, le dieu-cerf lui apparaît brièvement alors que les blessés à ses côtés ne le voient pas. Le respect dont Ashitaka fait preuve lui permet un regard que n’ont pas les gens de la forge, aveuglés par la violence et la peur.
Finalement, Ashitaka et San s’allieront, poussés par leur amour réciproque, pour sauver la forêt qui se meurt après que le dieu-cerf ait perdu sa tête. Le fait qu’ils se séparent par la suite peut être surprenant, mais cela ne fait qu’illustrer la relation qu’ont les Hommes et la nature, entre amour et haine, dont Ashitaka et San sont les représentants. Les deux héros se respectent et acceptent les choix l’un de l’autre. Toutefois, cette séparation n’est pas définitive, jamais l’Homme et la nature ne seront en rupture totale, Ashitaka et San continueront à se voir sans garantie que leur relation durera.
La cohabitation entre les deux mondes est fragile comme la relation des deux héros, comme l’héritage que laisse le dieu-cerf, comme le fait qu’il est plus facile de perdre le respect que de le gagner.
Princesse Mononoké : la mort du dieu-cerf
Alors que l’histoire touche à sa fin, Dame Eboshi sépare la tête du dieu cerf du reste de son corps pendant qu’il revêt sa forme nocturne, le Faiseur de Montagne, provoquant ainsi la mort de la forêt. Le liquide qui se répand hors de son corps à la recherche de sa tête, fait mourir les arbres, les sylvains et maudit tout ceux qui auront le malheur de le toucher.
Moro, alors morte, accomplit sa dernière volonté en punissant Dame Eboshi pour ses actions contre la forêt : elle lui arrache un bras. Ashitaka, fidèle à sa volonté de porter sur le monde un regard sans haine, l’aide à gagner un endroit sûr alors que San lui réclame de la tuer. Lorsqu’il refuse, estimant qu’elle a été justement châtiée, San arrache le pendentif qu’il lui a offert.
San arrachant le bijou, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Malgré ce geste, Ashitaka et la fille-louve s’allient afin de rendre sa tête au dieu-cerf. Au moment de la lui rendre, ils sont alors touchés par le corps maudit et les tâches, signe de la malédiction, se répandent sur le corps d’Ashitaka et de San. Au moment où le soleil se lève, le dieu-cerf meurt, soulevant un vent purificateur, chassant la substance qui a tout détruit sur son passage, forêt comme cité-forge.
Ce faisant, une partie des structures en bois s’envole brutalement vers les montagnes et la forêt comme un signe que ce qui a un jour appartenu à la nature lui appartient toujours. On peut également voir cela lorsque Dame Eboshi s’apprête à abattre le dieu-cerf et que celui-ci fait fleurir son fusil de bois.
Dame Eboshi et son fusil, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Lors de sa mort, il ne laisse toutefois pas la forêt dévastée. Les arbres sont en effet tous morts, mais il recouvre le relief d’herbe et de fleurs. Son héritage est fragile, mais symbolise le principe de la table rase : le fait de tout détruire pour ensuite reconstruire. Néanmoins, ce processus est long et l’herbe qu’il fait pousser n’est que la première étape vers une forêt. Le message écologiste ici délivré est qu’il n’est jamais trop tard pour reconstruire… ou replanter.
Princesse Mononoké : entre chamanisme et shintoïsme
Les traces du shintoïsme dans Princesse Mononoké
Contrairement à de nombreuses religions, le shintoïsme n’a pas de fondateur ni de prophète. C’est une religion à l’origine basée sur des fêtes saisonnières qui honorent les kamis. Ces derniers sont les divinités ou esprits du shintoïsme et sont très souvent représentés par des forces de la nature ou des animaux, comme c’est le cas dans Princesse Mononoké. Les sanctuaires religieux des kamis sont intimement liés à la nature puisqu’il s’agit de la nature elle-même, que cela soit une forêt, une cascade ou une montagne. Le temple est une structure très simple, construite et déconstruite tous les 20 ans.
Les kamis sont ambigus, à l’image de la nature même, puisqu’ils ont tous une part de violence en eux très visible et évidente dans Princesse Mononoké. Dans la religion shintoïste, il faut apaiser les kamis en réalisant des rituels appropriés. Comme les Hommes, les kamis peuvent commettre des fautes, leur nature divine ne les préservant pas d’un tatari, ou malédiction. C’est le cas de Nago qui devient un monstre après avoir accumulé trop de haine ou d’Okoto qui manque de peu de le devenir lui aussi. Le tatari peut également être transmis par le contact, comme c’est le cas d’Ashitaka qui sera touché par Nago au tout début du film d’animation.
Il est toutefois possible d’échapper au tatari par une purification. Cet élément est important afin de comprendre la scène de la mort de Moro et d’Okoto. Ce dernier, en train de devenir maudit, se bat contre Moro qui veut sauver sa fille alors qu’Ashitaka n’y parvient pas. San est en effet prise dans l’amalgame de vers grouillant qui figure le tatari et est souillé par ce contact. Lorsque le dieu-cerf arrive pour mettre un terme à la malédiction d’Okoto, Moro meurt également, car elle s’est souillée en sauvant San. Ashitaka plongera dans les eaux sacrées du lac où vient s’abreuver le dieu-cerf afin de purifier la jeune femme.
La raison pour laquelle Ashitaka n’est pas guérit par le contact de cette eau est que lui-même a commis une faute en décochant une flèche contre Nago. San, elle, n’a été souillée que par imprudence.
Enfin, une autre référence est faite au shintoïsme lorsque San coupe une branche et la place au côté d’Ashitaka alors qu’il est blessé.
San coupant un arbuste, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
La plante qu’elle coupe est sans doute du sakaki, une offrande faite aux kamis afin d’attirer leurs faveurs ou, tout du moins, leur attention. Par ce geste, San veut amener l’attention du dieu-cerf sur Ashitaka
Une branche de sakaki
Les traces du chamanisme dans Princesse Mononoké
L’animalité de San est la principale trace du chamanisme au sein de Princesse Mononoké. La fille-louve porte un masque, une peau de bête et a les joues peintes. Son attitude est plus animale qu’humaine alors qu’elle attaque la forge comme une furie.
San en transe, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
San bouge trop vite pour qu’elle soit seulement humaine, court recourbée vers l’avant comme une bête, elle ne parle pas et ne fait que s’exprimer par cris ou plaintes. Lorsqu’elle se bat, c’est de manière animale, montrant les dents, mordant et griffant.
https://www.youtube.com/watch?v=oqju2mB_0GE
Cette transe dans laquelle entre San lui permet d’être plus que jamais la louve qu’elle prétend et veut être.
Le chamanisme est une forme de méditation entre les être humains et les esprits de la nature qui se retrouve dans de nombreuses civilisations mais dont le fondement reste le même. Le chamane établit un lien entre les Hommes et les esprits, ce même lien qu’est San par le simple fait qu’elle se dit être louve alors qu’elle est humaine. De plus, elle finit par entretenir des liens étroits à la fois avec Moro, la nature, et avec Ashitaka, le monde des Hommes, ce qui ne fait que renforcer l’image de chamane, lien entre deux mondes.
San et Ashitaka, Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki
Ainsi, le message délivré par Princesse Mononoké n’est pas qu’écologiste. C’est une œuvre traitant du respect des autres et de soi-même, de l’importance de ne pas sombrer dans une haine aveugle et de toujours privilégier le dialogue peu importe la colère ou les conflits. Le fait de créer un lien, d’échanger, est un point très important dont San et Ashitaka sont les clefs durant le film d’animation. La fille-louve a certes un rôle intermédiaire, mi-louve, mi-humaine, mais elle nous fait également prendre conscience de notre nature profonde. L’Homme est issu de la nature et ne peut se passer d’elle, nous sommes tous à mi-chemin entre le monde des Hommes et la nature, il ne tient qu’à nous d’exprimer cette double essence. Le respect de soi passe par cette acceptation. Le message écologiste de Princesse Mononoké passe par le respect de la nature mais, comme le montre la fin du film d’animation, ce qui a été fait ne peut être défait. Les arbres arrachés ne repoussent pas, mais tout peut recommencer à partir d’un brin d’herbe.
Connaissiez-vous ce film d’animation et ses significations ? Aviez-vous aperçu tous ces aspects lors de son visionnage ? En avez-vous vu d’autres ?
Phénix
Sources texte :
Sources images :
Princesse Mononoké, Hayao Miyazaki
Le Voyage de Shuna, Hayao Miyazaki
Nausicäa de la Vallée du Vent, Hayao Miyazaki
Cet article est absolument génial. Je l’ai lu du début à la fin !
Merci beaucoup Elerinna. J’espère que tu auras appris quelque chose en le lisant ! =D
Tu avais déjà vu Princesse Mononoké ?
J’ai adoré Princesse Mononoké et je trouve que cet article lui rend un bel hommage ! J’adore le gif d’Ashitaka qui porte un blessé, avec les petits esprits qui l’imitent : »)
Merci beaucoup Densetsu !
C’est vrai que les petits sylvains sont des esprits très sympathiques. Ils font tout de suite sourire quand ils apparaissent !
Je connais ce film par coeur, autant les scènes, les répliques et la musique, mais j’ai appris des choses dans cet article (notamment sur le chamanisme et le shintoïsme) ! Merci ! 😀
(A noter aussi que la bande son est vraiment magnifique)
En tous cas, analsye parfaite pour le plus parfait des films d’animation ! (ça se voit pas que c’est mon préféré, non… ^^)
NB : j’ai toujours trouvé Ashitaka vache d’offrir le cristal de Kaya à San (mais bon c’est aussi une très jolie preuve d’amour mais en attendant Kaya bah il s’en fiche après tout…)
Avec plaisir Chevalerie !
Pour le pendentif, je trouve que c’est une belle continuité au sein du film. Kaya l’offre à Ashitaka en sachant que de toute façon elle ne le reverra sans doute jamais. Il est un plus un symbole d’amour que « l’objet de Kaya » !
Et j’approuve pour la bande son, elle est magnifique !
Haha c’est marrant Chevalerie, je le suis toujours dit un peu la même chose pour le pendentif, mais en effet c’est une belle preuve d’amour 🙂
Cet article est vraiment génial en tout cas, bravo Phénix pour ton analyse, c’est vraiment plaisant d’apprendre tout ça, surtout quand on est fan.
Ta conclusion sur le message délivré par le film est magnifique.
Bref, article parfait 😀
Merci pour ce retour Mimire ! ça me fait plaisir que tu ais autant aimé cet article ! =D
Cet article est très intéressant. Ayant vu plusieurs fois ce superbe ghibli, il m’a permis de voir des choses que je n’avais pas perçu. Cependant, je l’ai trouvé beaucoup trop long et trop précis quant au contenu du film ^^
Merci pour ce superbe article, j’ai beaucoup appris sur ce film dont j’ai découvert certains détails difficiles à voir au cours du film (par exemple le personnage baissant les yeux quand Ashitaka ce coupe les cheveux !)
Il est intéressant de noter qu’une étude très identique à celle que tu proposes à propos de la relation entre Ashitaka, San et la forêt est aussi faisable grâce aux musiques évoluant au cours du film !
J’en fais une analyse dans cette vidéo si cela te tente : https://www.youtube.com/watch?v=Kx1m32FSogY&t=42m22s