Réaliser un herbier

Réaliser un herbier
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Vous avez envie de garder un souvenir des plus belles fleurs qui ornent votre jardin ou d’apprendre à reconnaître les plantes qui bordent les chemins de vos balades ? Plutôt que de simplement prendre une photo, avez-vous pensé à réaliser votre propre herbier ? Si vous ne savez pas comment procéder, lisez vite la suite de cet article.

Qu’est-ce qu’un herbier ?

Un herbier est une collection de plantes séchées et aplaties collées sur des feuilles de papier. En général, chaque échantillon est accompagné d’une étiquette précisant des informations sur la récolte et l’identification de la plante.

La présentation de l’herbier et le choix de son contenu dépend de l’objectif de son auteur. Il peut s’agir d’un herbier de loisir ou scientifique, thématique ou non. On peut par exemple herboriser des plantes provenant d’une région, d’un milieu particulier (prairie, forêt, littoral), d’une famille botanique donnée… Quand on parle d’herbier, on pense souvent aux fleurs, mais il est également possible de faire un herbier de feuilles d’arbres et d’arbustes.

1ère étape de l’herbier : la récolte des échantillons

La date de récolte des échantillons dépend de l’objectif de votre herbier et de ce qu’il contient. Si c’est un herbier de fleurs, les récoltes doivent avoir lieu pendant la période de floraison, majoritairement au printemps et en été. Si vous voulez constituer un herbier de feuilles d’arbres, il est préférable d’attendre la fin de l’été et l’automne, car vous pourrez ainsi ramasser les fruits qui seront utiles pour déterminer l’espèce.

Arbre de judée dans un herbier de feuilles

Pour la récolte de vos échantillons, il vous faut :
– des sacs plastiques, de préférence des sacs de congélation ;
– des feuilles de papier ;
– un stylo ;
– un outil coupant (un sécateur si vous récoltez des rameaux, des ciseaux ou un canif pour des échantillons plus petits).

Lorsque vous souhaitez récolter un échantillon, il faut respecter quelques règles importantes. Certaines espèces sont protégées, il est interdit de récolter des individus de ces espèces même si vous trouvez une zone en comportant plusieurs, car vous risqueriez de les faire disparaître. Les listes des espèces menacées, appelées « listes rouges », sont définies au niveau mondial, national et régional. Elles sont consultables sur Internet. Vous pouvez télécharger la liste rouge de la flore vasculaire française ici. De même, il est strictement interdit de récolter des plantes dans des réserves, comme par exemple des orchidées typiques de pelouses sèches. Enfin, de manière générale, ne coupez pas une plante si c’est le seul individu présent aux alentours.

Pelouse sèche du Strangenberg, Westhalten (68), Alsace, France

Pelouse sèche du Strangenberg, Westhalten (68), Alsace, France

Si vous voulez récolter une plante, sélectionnez un individu représentatif parmi ceux présents. Veillez à avoir tous les éléments nécessaires à son identification : les fleurs, les feuilles qui se trouvent le long des tiges (attention : les feuilles les plus basses sont parfois différentes et constituent donc un critère de détermination), les fruits s’ils sont présents et les racines si elles ne sont pas trop volumineuses. Dans le cas d’un herbier d’arbres et d’arbustes, coupez un morceau de rameau (une jeune branche), sauf si les feuilles sont de très grande taille (comme par exemple celles du platane ou du noyer) et essayez de ramasser les fruits. Ils seront utiles pour déterminer les espèces.

Ne multipliez pas les échantillons d’une même espèce, ne prenez que ce dont vous avez besoin, car ce serait bête de couper ces plantes pour qu’elles finissent au compost ! Placez vos échantillons dans des sacs de congélation avec un morceau de papier où vous pouvez inscrire de quoi il s’agit si vous le savez déjà, l’endroit et la date de récolte. Fermez les sacs et gardez les échantillons à l’ombre et au frais pour éviter qu’ils ne se fanent trop vite.

2e étape de l’herbier : la détermination des échantillons

Tentez de déterminer l’espèce de vos échantillons lorsqu’ils sont encore frais, car une fois secs, certaines caractéristiques déterminantes ne seront plus visibles. Vous pouvez procéder à l’identification directement sur le terrain afin de mettre toutes les chances de votre côté. Pour cela, armez-vous d’une flore (voir plus bas) et d’une loupe de poche afin d’observer certains détails. N’hésitez pas également à prendre des photos de la plante ou, si vous êtes doués en dessin, à faire des croquis, cela pourra vous être utile si vous souhaitez déterminer la plante plus tard.

Flores

Les flores (au sens d’ouvrage) sont des livres ou des bases de données Internet présentant différentes espèces végétales. On y trouve en général des informations comme les noms vernaculaires (communs) et latins, la famille à laquelle appartient l’espèce, les dates de floraison, son cycle de développement (plante vivace, annuelle…), le(s) milieu(x) où on la rencontre fréquemment, sa répartition géographique, etc. Mais le plus important, ce sont les critères de reconnaissance de cette plante : sa taille, la forme de ses feuilles et de ses fleurs, ses couleurs, l’aspect de ses fruits, etc. Certaines flores possèdent également une clé de détermination qui vous permettra d’identifier l’échantillon qui vous intéresse en suivant pas à pas les étapes et en choisissant les bonnes options.

Il existe de nombreuses flores illustrées, régionales ou non. Si vous avez déjà quelques connaissances en botanique, une des flores les plus utilisées est La Flore complète portative de la France, de la Suisse et de la Belgique par Gaston Bonnier et Georges de Layens, plus communément appelée « Flore Bonnier ». Cet ouvrage datant du début du XXe siècle est en réalité une énorme clé de détermination. C’est un outil incroyable, mais qui est un peu délicat à utiliser, car il faut connaître du vocabulaire botanique et il n’est parfois pas possible d’observer tous les éléments demandés (fleurs, feuilles et fruits).

Vous pouvez également utiliser des flores en ligne, telle que celle du site collaboratif Tela Botanica. Il est possible aussi de faire appel aux membres si vous avez besoin d’aide pour une détermination. Il existe aussi des applications capables de proposer une détermination des plantes d’après une photographie, comme Pl@ntNet, disponible gratuitement sur Android et iOS.

Une fois que vous avez identifié un échantillon, n’oubliez pas d’inscrire son nom, la date et le lieu de récolte sur un morceau de papier qui l’accompagnera durant le séchage.

3e étape de l’herbier : le séchage des échantillons

C’est le point délicat de la réalisation de l’herbier : le séchage des plantes. En effet, il est très important qu’il soit bien réalisé, sinon vous risquez d’abîmer vos échantillons, de les voir noircir ou pire, qu’ils moisissent !

Le plus vite possible après avoir récolté vos plantes (de préférence le jour même, surtout l’été), il va falloir placer vos échantillons sous presse. Dans un premier temps, vous avez besoin de vieux journaux. Ouvrez un premier journal à plat sur une table et placez délicatement vos échantillons sur la page de gauche, en veillant à bien étaler les différentes pièces et qu’elles ne se chevauchent pas. Une fois secs, vous ne pourrez pas corriger la position de la tige, d’une feuille ou d’une fleur sans risquer de les casser. N’oubliez pas de mettre à côté les petites étiquettes correspondantes. Tournez ensuite deux ou trois pages, puis déposez de nouveaux échantillons, toujours sur la page de gauche afin d’éviter que les plantes ne bougent, et répétez l’opération pour tous vos échantillons. Il ne faut pas hésiter à laisser plusieurs pages entre les différentes « couches » de plantes, surtout pour celles avec des tiges et des feuilles épaisses, car cela va éviter de saturer trop vite en eau les journaux.

Trèfle séché

Une fois vos journaux préparés, posez-les dans un endroit de préférence sec et ventilé. Mettez par-dessus du poids : des planches de bois, des dictionnaires, des gros livres, etc. Je vous conseille de mettre une planche entre les journaux et les livres afin d’éviter qu’ils ne prennent l’humidité. Et voilà, le séchage est lancé ! Au début, les plantes vont rendre beaucoup d’eau, il vous faudra changer les journaux dès qu’ils seront très humides, c’est-à-dire tous les deux jours, voire tous les jours pour les plus grosses pièces. Au bout de quelques jours, vous pourrez espacer les changements. La durée du séchage est en général de deux à trois semaines, mais cela dépend de la température ambiante, du taux d’humidité de la pièce et des plantes que vous faites sécher. Soyez patients ! C’est la phase la plus longue et qui demande le plus de temps, mais c’est important pour obtenir de beaux échantillons.

Une fois vos échantillons bien secs, ils sont enfin prêts pour figurer dans votre herbier.

4e étape de l’herbier : le montage des échantillons

C’est la dernière ligne droite, le montage des échantillons dans l’herbier.
Préparez de jolies étiquettes que vous collerez à côté de vos échantillons. Vous pouvez les faire à la main ou à l’ordinateur. Dessus, faites-y figurer :
– le nom commun ;
– le nom latin ;
– la famille ;
– la date de récolte ;
– le lieu de récolte, en précisant éventuellement le milieu de la plante (forêts, chemins, vieux murs, etc.).

Voici un exemple d’étiquettes, mais faites bien sûr à votre goût.
Etiquette d'herbier

Vous êtes libre de choisir la forme de votre herbier : un classeur, une pochette à dessin, un album photo papier… L’important est de coller vos échantillons sur du papier assez épais (environ 160 à 200 g/m²). Les dimensions de l’herbier dépendent également de la taille de vos échantillons. Pour mon herbier de fleurs, j’ai choisi d’utiliser un classeur A3 pour pouvoir mettre des plantes assez grandes.

Achillée millefeuille dans un herbier

Le montage (ou collage) est une étape minutieuse. Disposez votre échantillon sur une feuille, en veillant à l’agencer au mieux pour pouvoir observer ses différents éléments. Si la plante est trop grande, vous pouvez la couper en plusieurs tronçons, mais conservez toujours au moins la partie du bas où les feuilles peuvent être différentes. Pour coller les divers éléments, utilisez de fines bandes de papier gommé humidifié à l’aide d’une éponge. Les spécialistes déconseillent l’usage du ruban adhésif, car il a tendance à jaunir et à se décoller avec le temps.

Papier gommé

Personnellement, j’en ai quand même utilisé, et mon herbier, qui a maintenant 5 ans, n’a pas bougé. J’ai également utilisé des rollers de colle afin de maintenir des feuilles ou des fleurs assez grandes. Cela a l’avantage d’être esthétique, mais à voir si la colle vieillit bien avec le temps…

Fleurs séchées dans un herbier

Collez à côté de votre échantillon l’étiquette correspondante. Si vous le souhaitez, vous pouvez également coller sur cette planche des photographies de la plante ou des dessins. Ceci est particulièrement utile dans un herbier de feuilles afin d’illustrer le fruit correspondant. Pour la disposition et la présentation de votre herbier, laissez libre court à votre créativité !

Page d'un herbier de feuilles

Une fois que vos planches sont prêtes, vous pouvez les glisser dans des pochettes plastiques, ou intercaler entre elles des feuilles de papier de soie pour protéger les échantillons.

Voilà, votre herbier est enfin terminé ! Vous pourrez le compléter au fur et à mesure ou le laisser tel quel. Dans tous les cas, vous pourrez continuer d’admirer à loisir les plantes que vous avez vous-même récoltées en sachant désormais leur nom.

Et vous, avez-vous déjà réalisé un herbier ? Cet article vous a-t-il donné l’envie d’en faire un ? Laissez vos impressions dans un commentaire !

Sonatine

Sources texte :

Expérience personnelle

Wikipédia

Tela Botanica

Sources images :

Image à la une de Clemthenurse

Photographies personnelles

Papier gommé

5 réflexions sur “Réaliser un herbier”

  1. C’est vraiment très intéressant ! Maintenant je pense que j’aurais pas la patience car pour moi il faudrait partir de zéro. J’ai extrêmement de mal à reconnaître les fleurs etc, je suis vraiment nulle en botanique. J’ai du mal à maintenir mes plantes faciles d’entretien vivantes alors … Tant pis !
    Mais en tout cas ça donne envie de s’y mettre quand même !

     
  2. Petit Javelot

    Super article ! Ce n’est pas facile de réaliser un bel herbier ! J’ai bien envie d’en faire un mais je n’y connais rien… Je pense que mettre les plus beaux échantillons sous verre (dans un cadre quoi) pour faire de la déco avec doit être très joli aussi.

     
  3. Je n’ai jamais pensé qu’il pouvait être interdit de prélever certains plantes mais en fait c’est logique… Pour le temps de séchage, j’avais essayé petite de prendre les feuilles et les scotcher directement et bizarrement elles avaient noircies ou moisies hahaha enfin je n’ai jamais été intéressée par les herbiers et je pense que je n’aurai jamais la patience de toutes ces étapes, je n’aurais jamais cru qu’il fallait autant de temps pour faire tout ce travail :p

     
  4. Merci pour vos commentaires !

    @Mayumi : en l’occurrence il ne s’agit pas de les garder en vie mais de les faire sécher… hinhin
    C’est une question d’habitude, il faut savoir être observateur pour reconnaître les plantes ! Certaines sont plus difficiles que d’autres… 🙂

    @ Petit Javelot : Lance toi ! 😉 C’est également une bonne idée de les mettre sous verre 🙂

    @Siran : Ah oui tu m’étonnes que ça a moisi :’) Il faut évacuer l’eau, sinon c’est comme si tu collais un bout de légume dans un cahier ahah

     

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