Kurt Cobain : histoire d’une légende

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Enfance d’une future star

Kurt Donald Cobain est né le 20 février 1967 à Aberdeen, dans le nord de l’état de Washington. Fils de Donald, mécanicien, et Wendy Cobain, femme au foyer, aux origines irlandaises, françaises, allemandes et anglaises, il avait également une sœur, Kimberly, âgée de trois ans de moins que lui. 

Après la naissance de Kurt, les Cobain ne resteront que six mois à Aberdeen, avant de déménager à Hoquiam, petite bourgade peu éloignée de leur première résidence, et ils  formeront durant quelques années une famille modeste, mais heureuse.

En mars 1976, le père de Kurt Cobain quitte le foyer familial puis demande le divorce le 9 juillet de la même année. Alors âgé de 9 ans, le jeune garçon vit très mal cette séparation, s’enfermant sur lui-même et se sentant blessé. Il écrira sur les murs de sa chambre : « Je hais maman, je hais papa, papa hait maman, maman hait papa, tout ça me rend triste. »

Plus tard, la star parlera souvent de ce traumatisme vécu et dira en 1993 lors d’une interview : « J’ai eu honte, honte de mes parents, je voulais désespérément avoir une famille classique (…). J’avais besoin de sécurité ».

Kurt Cobain

Après le divorce, Cobain vit une année chez sa mère, avant de partir habiter chez son père, à Montesano, autre petite ville de la région. Dans un premier temps cordiales, les relations entre les deux hommes se détériorent rapidement lorsque le père de Kurt Cobain refait sa vie avec une femme déjà mère de deux enfants. Le jeune Cobain ne s’entendait pas avec sa belle-famille. La mésentente se fait plus importante encore lorsque Donald Cobain pousse son fils vers le sport, alors qu’il s’en désintéressait complètement, et en raison de ces tensions, Kurt est envoyé successivement chez plusieurs membres de sa famille, oncles et tantes, grands-parents, déménageant souvent, parfois plusieurs fois par an.

Adolescent, Cobain était très mal intégré aux jeunes de son âge. Dénigrant le sport et s’intéressant à l’art, il ne supportait pas le manque de tolérance, d’ouverture d’esprit et les mentalités des petites villes. Il expliquera dans une interview : « J’essayais toujours de rencontrer quelqu’un qui aime l’art ou la musique, mais les autres préféraient tous le sport. (…) Pendant le lycée, j’ai été une tête de turc, mais pas dans le sens où tout le monde venait me chercher des noises. J’étais tellement peu sociable que j’avais presque l’air dément. Je me sentais si différent et fou qu’on me laissait tranquille dans mon coin. Ça ne m’aurait pas surpris si on m’avait élu la personne capable d’assassiner le plus facilement tout le monde à un bal de fin d’année. »

Parmi ses très rares fréquentations, on a pu compter à cette époque un homosexuel. Cette amitié lui a valu une hostilité notoire de la part de ses camarades, dont certains étaient homophobes, et ils l’ont taxé lui aussi de gay.

L’hostilité se transforme en haine, lorsqu’il repousse les avances de son ami, simplement en lui affirmant qu’il n’était pas homosexuel, mais sans pour autant cesser de le voir. Les autres élèves du lycée ne comprennent pas cette réaction et Cobain doit essuyer quelques attaques physiques, quelques coups. Jamais il ne nie les accusations quant à sa sexualité, alors qu’il se sentait fier d’être homosexuel, même s’il ne l’était pas. Il avait enfin acquis un statut de marginal et y trouvait une certaine forme d’identité propre.

Il déclara plus tard dans une autre interview : « Je ne suis pas gay, même si j’aimerais bien, juste pour faire chier les homophobes. »

Isolé et rejeté, c’est dans la musique qu’il trouve une échappatoire et il fait à cette époque la connaissance des Melvins, groupe de punk rock originaire de Montesano, avec lesquels il devient ami.

De retour chez sa mère lors de sa dernière année de lycée, Kurt abandonne les études. Wendy Cobain lui intime de trouver un travail, sans quoi elle le met à la porte, et c’est une semaine plus tard que le jeune homme trouve ses affaires emballées dans des cartons sur le perron de la maison. Pendant quelque temps, il se fait héberger par ses amis ou il rentre dormir chez sa mère en cachette. Il multiplie par la suite les emplois précaires qui lui permettent durant quelque temps de louer un appartement.

À la fin de l’année 1986, âgé de 19 ans et engagé comme homme à tout faire dans un hôtel, il peut prendre une collocation avec Matt Lukin, bassiste des Melvins et futur membre des Mudhoney.

Rapport à la musique

Très tôt, Cobain se tourne vers la musique. À peine âgé de deux ans, il fredonnait déjà les chansons des Beatles. Son intérêt se développe lorsqu’il décide d’intégrer un petit groupe de son école.

Rendant souvent visite à sa tante, Mari Earl, chanteuse peu connue se produisant dans la région, il lui demande, à l’âge de dix ans, de lui prêter une guitare, et il prend place derrière un micro. Il déclarera bien plus tard que cette dernière aura été la personne lui ayant le plus apporté au cours de sa vie, d’un point de vue musical.

C’est à cette époque qu’il devient fan de punk avec les Ramones et les Sex Pistols, de heavy metal avec AC/DC, Kiss, Aerosmith ou de rock 60’s à tendance plus pop.

Pour ses 14 ans, Cobain reçoit une guitare électrique d’occasion, une Lindelle, de la part de sa tante. S’exerçant tout d’abord sur des morceaux connus, tels que Stairway to Heaven de Led Zeppelin ou d’autres titres appartenant aux Cars, à AC/DC ou aux Beatles, il commence rapidement à composer ses propres chansons.

Plus tard, il prend l’habitude de se rendre régulièrement à l’Olympia pour assister à divers concerts. C’est en outre à cet endroit qu’il rencontre sa première petite amie, Tracy Marander.

Très vite, l’idée de monter un groupe germe dans son esprit, mais Cobain, perfectionniste, ne veut pas d’un petit groupe de garage sans avenir. Aussi, il lui est très difficile de recruter des membres à sa convenance, car la plupart des candidats manquent de talent ou de volonté. C’est finalement avec Dale Cover, batteur des Melvins, et Greg Hokanson, qu’il crée son premier groupe, Fecal Matter.

Cobain rencontre, quelque temps plus tard, Chris Novoselic, bassiste et fan de punk rock auquel il fait écouter une démo de Fecal Matter. L’entente est immédiate et les deux musiciens décident de créer un nouveau groupe, se fixant sur le nom de Nirvana.

Nirvana

En 1987, alors que Nirvana ne compte que deux membres : Kurt Cobain (chant et guitare) et Chris Novoselic (basse), la recherche d’un batteur se révèle ardue. Cobain se montre exigeant et les batteurs qu’il rencontre paraissent trop limités et n’ont pas le même répertoire ou les mêmes idéaux concernant le groupe. Finalement, Chad Channing est retenu et avec lui, ils sortent leur premier album, Bleach, sous le label indépendant Sub-Pop.

 Cependant, le chanteur n’est pas entièrement satisfait et il remplace, en 1990, Channing par Dave Grohl, futur leader et fondateur des Foo Fighters. Le groupe sort alors l’album Nevermind – titre référence à l’album unique des Sex Pistols, Never Mind The Bollocks – signé chez Greffer Records en 1991, et le succès est immédiat, entraînant une véritable folie médiatique.

Ce premier album sous la formation définitive de Nirvana ira jusqu’à détrôner, en 1992, l’album Dangerous de Mickael Jackson au Billboard – magazine hebdomadaire américain dédié à l’industrie du disque. Actuellement, cet album se serait écoulé, selon les estimations, à 27 millions d’exemplaires dans le monde.

Smells Like Teen Spirit devient un hymne, passant en boucle sur les radios, et le clip de cette chanson est diffusé de façon presque abusive sur des chaines musicales, telle que MTV.

À la suite de ce succès fulgurant et étonnant pour un groupe issu de la scène underground de Seattle, Nirvana enchaîne les tournées et enregistre les albums Incesticide, In Utero ainsi qu’un Unplugged (concert acoustique).

 En 1996, suite à la mort de Cobain, sortira le live From the Muddy Banks of the Wishkah, à titre posthume. Depuis, plusieurs bests-of, coffrets collectors ou DVD ont été édités, permettant ainsi au mythe Nirvana de perdurer.

Nirvana aura finalement su s’imposer comme un groupe majeur de la scène Rock des années 90. Instiguant un nouveau sous-genre de l’alternatif, le grunge, le groupe aura vendu plus de 50 millions de disques et aura grandement contribué à la popularisation du rock alternatif.

Cette musique grunge qui se caractérisait, de prime abord, par une non identité vestimentaire de ses adeptes – cheveux longs, gras et non coiffés, chemises à carreaux de bucherons, jeans élimés et baskets usagées – trouvait son origine, musicalement parlant, du côté de la scène punk rock américaine, mais aussi de la scène hard rock et pop. La formule de base du grunge restera alors une guitare, une basse et une batterie, sur des sons alternativement lents et rapides, violents et doux.

Considéré aujourd’hui comme l’un des groupes les plus marquants de l’histoire du Rock, et 15 ans après sa disparition, Nirvana reste une référence connue de tous, un groupe encore très populaire.

Kurt Cobain

Kurt & Courtney, jusqu’à la fin

Courtney Love, de son vrai nom Courtney Michelle Harisson, née le 9 juillet 1964 à San Francisco, rencontre Kurt Cobain pour la première fois lors d’un concert de Nirvana à Portland, alors qu’ils avaient respectivement 24 et 27 ans. Actrice peu connue (elle aura eu un petit rôle dans le film Sid & Nancy en 1986) et chanteuse du groupe post-punk/grunge, The Hole, c’est en tant que groupie de Nirvana qu’elle fait la connaissance de Cobain. Immédiatement séduite, elle apprend de Dave Grohl que le leader de Nirvana serait également attiré par elle et décide donc de se rapprocher de lui.

Dès l’automne 1991, les deux se fréquentent régulièrement, ayant en commun leur passion pour la musique, l’usage de drogues et leur attirance respective.

En 1992, Courtney tombe enceinte du chanteur/guitariste et l’épouse à Hawaï le 24 février de la même année, après la fin de la tournée de Nirvana sur la côte Pacifique. Le 18 août, elle met au monde leur fille, Frances Bean Cobain, dont le nom fait référence à la chanteuse Frances McKee des Vaselines et à la forme de haricot que le fœtus avait lors d’une échographie (haricot se disant bean en anglais).

Déjà peu populaire auprès des fans de Nirvana et accusée de vouloir profiter de Kurt Cobain pour faire connaître son groupe, The Hole, Courtney devient plus encore dépréciée lorsqu’elle déclare lors d’une interview pour le magazine Vanity Fair, peu après la naissance de Frances, avoir consommé de l’héroïne durant sa grossesse. Elle affirme par la suite que ses propos avaient été déformés par le journaliste, mais dès lors le couple est harcelé par les tabloïds. Les services sociaux se mêlèrent à l’affaire, lançant une procédure de retrait et déclarant le couple inapte à s’occuper de leur enfant. Frances est alors confiée durant deux semaines à la sœur de Courtney Love, avant que ses parents ne ré-obtiennent la garde, sous la condition exclusive de présenter régulièrement des tests d’urines négatifs aux drogues.

Pourtant, les deux ne resteront pas longtemps cleans et Cobain fera sa première overdose quelque temps plus tard, peu avant son concert au New Music Seminar à New York. Plutôt que d’appeler les secours, Courtney lui administre une dose de nolaxone (substance utilisée en cas d’overdose) et le musicien assure son concert sans rien laisser transparaître.

En 1994, les relations du couple se détériorent et Courtney accusera à plusieurs reprises son époux de présenter des tendances suicidaires, chose qu’il niera avec force.

Le 1er mars, après un concert au Terminal Eins de Munich, Cobain, atteint d’une bronchite et laryngite sévère, se rend à Rome pour être soigné. Courtney le rejoint le 3 mars, et au lendemain trouve son époux inconscient, victime d’une overdose due au mélange de champagne et de rohypnol qu’ils avaient consommé la vielle. Kurt Cobain restera inconscient un jour et passera cinq jours de plus à l’hôpital avant de revenir à Seattle. Courtney parlera alors de tentative de suicide, annonce immédiatement démentie par le leader de Nirvana.

Le 18 mars, elle ira jusqu’à téléphoner à la police, déclarant que son mari suicidaire s’est enfermé avec une arme dans une pièce de la maison. La police trouvera plusieurs armes sur place, ainsi que quelques pilules, mais Cobain affirmera qu’il ne comptait en rien se suicider, qu’il cherchait simplement à se cacher de sa femme. Courtney admettra plus tard qu’il n’avait jamais parlé de suicide et qu’elle ne l’avait jamais vu avec une arme.

Le 25 mars, elle organisera une intervention avec les amis et la famille de son mari pour le convaincre de se sevrer de la drogue. Ce dernier, d’abord réticent, accepte finalement de se faire soigner. Il entre le 30 mars à l’Exodus Recovery Center, centre de désintoxication situé à Los Angeles, mais s’en échappe la nuit suivante, avant de revenir à Seattle. Personne ne sait où la star se trouve et le 3 mars, Courtney Love engage un détective privé afin de le retrouver, alors que sa mère signe un avis de recherche.

Le 8 avril 1994, c’est finalement un électricien, Gary Smith, qui découvre le corps de Kurt Cobain. Smith s’était rendu à la maison de campagne du couple, à Seattle, pour effectuer quelques travaux de manutention sous les ordres de Courtney. Après une enquête succincte, la police conclura à un suicide par balle, grâce à un fusil acheté par un ami de Cobain, Dylan Carlson. On retrouvera une dose d’héroïne mortelle dans le sang du leader de Nirvana, ainsi qu’une lettre d’adieu à ses côtés. Le décès sera estimé au 5 avril 1994. Kurt Cobain n’avait alors que 27 ans.

Cette mort marquant la fin du célèbre groupe, une veillée publique sera organisée dans le parc d’attractions de Seattle, regroupant 7 000 personnes. Des messages enregistrés par Chris Novoselic et Courtney Love y seront diffusés et cette dernière liera certains passages de la lettre laissée par Cobain, tout en les commentant. À la fin de la veillée, elle distribuera quelques vêtements ayant appartenu au défunt chanteur.

Qui était vraiment Kurt Cobain ?

Après son adolescence et durant tout le reste de sa courte vie, Cobain vit sous le joug de la dépression, d’une bronchite chronique et de douleurs extrêmes à l’estomac. Plusieurs médecins se sont penchés sur son cas, mais aucun diagnostic définitif ni aucun traitement n’ont pu être trouvés. Cette douleur était comparable à celle d’un ulcère, violente, et l’empêchait de se nourrir correctement. Aussi, seule l’héroïne parvenait à le soulager. C’est ainsi que Kurt Cobain prend de l’héroïne pour la première fois en 1986, alors âgé de 19 ans. Il renouvelle l’expérience de façon occasionnelle jusqu’en 1990, puis devient définitivement dépendant. Lors de l’annonce de la grossesse de sa femme, il tente une première désintoxication, mais torturé par le manque et par la douleur de son estomac, il affiche un état d’irritabilité et de faiblesse qui empêchèrent ses proches de le croire. Ils l’accusent de continuer à se droguer secrètement et des tensions ainsi qu’une hostilité visible naissent entre les membres de Nirvana. Souffrant de cette situation, il consulte un médecin qui lui prescrit un anti-douleur. À son insu, Cobain vient de retomber dans la drogue, car les cachets qu’il a  ingurgités sont de la méthadone – substance composée d’opiacé de synthèse (l’héroïne étant un opiacé), ayant les mêmes effets que l’héroïne et utilisée pour son sevrage. Ces cachets, dont le musicien pensait qu’ils n’étaient que de simples anti-douleurs, l’anesthésient, mais lui rendent dans le même temps son addiction.

Entre ses douleurs chroniques, les drogues et la dépression, Cobain mangeait peu et se révélait être très maigre. Aussi, mal dans sa peau, il n’acceptait pas sa propre image, celle d’un squelette décharné.

Ce dernier vivait également très mal le succès, qu’il considérait comme un désaccord avec les sources underground de sa musique. Cobain détestait les médias qui, selon lui, le persécutaient. Il n’acceptait pas l’idée d’avoir des fans, ce qui était contraire à ses idées. Pour lui, c’est la musique que l’on devait aimer et non le musicien, et son public ne lui correspondait pas : « Avons-nous un seul point commun avec ce grand public qui a acheté Nevermind ? Tellement d’entre eux sont passés à côté de Smells Like Teen Spirit… Ceux qui ont fait de la chanson un phénomène, ces gens qui achètent la musique qui passe sur MTV, les étudiants appliqués et les collégiens n’ont pas compris que le message leur était destiné, que la chanson était une attaque contre l’esprit jeune et non une célébration. Je dois me rendre à l’évidence : le public de masse n’a pas compris grand-chose à Nirvana. » déclarera Cobain.

Il a été en outre extrêmement choqué lorsqu’il a apprit que deux de ses fans avaient violé une jeune femme, tout en chantant sa chanson Polly – inspirée du thème du viol, mais à tendance dénonciatrice. En retour, dans la version américaine de son album Incesticide, il a ajouté un commentaire dénonçant les auteurs de cet acte et il a avoué son dégoût pour ce genre de public.

Kurt Cobain était finalement quelqu’un de très simple et au luxe et aux paillettes, il préférait la sobriété et la discrétion. Mal à l’aise devant son public, étranger au faste hollywoodien, il restait un personnage fermé et sombre. Il déclarera dans une interview : « Je n’ai jamais voulu chanter. Je voulais jouer de la guitare rythmique, me cacher dans le fond et seulement jouer. Mais pendant ces années de lycée où je jouais de la guitare dans ma chambre, j’ai tout de même eu l’intuition qu’il fallait que j’écrive mes propres chansons. »

Que l’on parle de suicide, de tendances morbides et macabres, Cobain les a toujours niés. Un mythe s’est construit autour de ce personnage, certainement enrichi par sa femme Courtney Love. Pourtant, le doute subsiste toujours quant à sa véritable nature et surtout quant à sa mort, alors qu’il affirmait : « Je vois toujours ces descriptions de rock-stars dans les journaux : « Sting, le musicien écolo », et « Kurt Cobain, le pleurnichard névrosé, qui se plaint tout le temps et déteste tout, déteste le succès, déteste sa vie ». Et je n’ai jamais été si heureux dans ma vie. Je suis bien plus heureux que ce que les gens pensent. »

Kurt Cobain

Cobain était-il torturé à tel point qu’il ait pu se suicider ou n’a-t-il été que la simple victime d’un complot organisé par Courtney ?

Le rapport d’enquête concernant son décès reste très flou et de nombreuses failles semblent le ponctuer. Aussi, nous nous pencherons dans un prochain numéro de la gazette sur la polémique inhérente à sa mort : Kurt Cobain, suicide ou meurtre ?

Réflexions personnelles

En 1994, je n’avais que 9 ans. Je ne connaissais pas grand chose à la musique, au rock, sinon quelques groupes, tels que les Beatles, les Stones, ou encore Queen.

Pourtant, je me souviens encore de cette époque, de la folie médiatique qui avait suivi la mort de Cobain. Je me souviens des publicités qui passaient entre chaque émission et qui exploitaient le décès de la star pour booster les ventes d’album.

Je ne comprenais pas grand chose à tout ça, je ne m’étais pas encore penchée sur le phénomène Nirvana et ce mot évoquait pour moi, avant toute chose, le logo que je voyais si souvent à la télévision et qui était accompagné d’une succession d’extraits de chansons, qui m’étaient alors inconnues.

Ce n’est que plus tard, vers mes 14 ans, soit 5 ans après sa disparition, que j’ai découvert ce qu’était réellement Nirvana. Immédiatement, ce groupe m’a pris aux tripes et m’a littéralement transportée. Et c’est certainement Nirvana qui m’a définitivement fait me tourner vers le rock. J’ai passé des heures et des heures à écouter chaque album, chaque titre, sans jamais me lasser. J’ai étudié les paroles des chansons, j’ai appris à jouer leurs morceaux à la guitare et je me suis penchée sur l’histoire de ce groupe mythique.

Nirvana était un groupe abordable pour le grand public. Malgré ses origines underground, leur musique était appréciable par le plus grand nombre et je n’ai pas souvenir d’avoir un jour rencontré quelqu’un n’aimant pas ce groupe. Nirvana, on aime ou on s’en fout, mais on ne déteste pas…

Ce groupe, pionnier en matière de musique et ayant façonné un nouveau style, a eu, et a encore, un succès sans limite. Intemporels, leurs titres passent encore à la radio et sont encore écoutés, et ce,  même par les plus jeunes. Leur influence et leur impact sur la musique ainsi que sur certaines modes actuelles reste indéniable. Nirvana a ouvert la voie à de nombreux groupes, tels que Pearl Jam, U2, REM ou les Pixies – qui, bien qu’antérieurs, n’ont connu le réel succès qu’après le phénomène Nirvana. Ils ont ouvert les portes du Rock, qui jusque là n’était pas accessible au grand public.

D’un point de vue sociétal, ce groupe aura en outre popularisé le style destroy et rock. Les jeans élimés, voire troués à la sortie des usines ou les chemises à carreaux n’existaient pas avant eux.

Et que dire de Kurt Cobain… Avec sa gueule d’ange et son apparence tourmentée, leader incontestable d’un groupe au succès étonnant, figure de proue d’un mouvement ayant marqué le renouveau du paysage musical des 90’s, il a été un musicien d’exception.

La musique de Nirvana était simpliste, mais efficace, du grunge par excellence : une alternance de rifs mélodiques sur un tempo lent et de sons saturés et agressifs sur un tempo rapide. La voix de Cobain, dont la douceur se transformait en explosion torturée lors des phases plus violentes de ses morceaux, ce malaise ambiant, cette peine qu’il parvenait à faire ressentir, sans pour autant sombrer dans le pathos ou le dramatique, et cette image qu’il donnait de lui, tout ça a contribué à en faire la légende qu’il est devenu.

Lithium est une des chansons qui illustre, à mon sens, parfaitement ce qu’était Nirvana.

 

 

6ème titre du second album, Nevermind, l’un des premiers morceaux à avoir instauré ce style que nous leur connaissons, représentation parfaite du style grunge.

Traduction :

Dans cette chanson, Cobain ferait référence à son renfermement sur lui-même et à sa difficulté à s’adapter aux autres. Il explique alors, de façon plus ou moins claire et avec beaucoup de dérision, que bien que très solitaire, voire asocial, il n’était pas malheureux.

« I’m so ugly, but that’s okay ’cause so are you. » – « Je suis si moche, mais c’est pas grave car toi aussi » est plus tard devenu une référence. Une phrase couramment utilisée par les jeunes de l’époque.

Lithium

Je suis si heureux car aujourd’hui

J’ai trouvé mes amis

Ils sont dans ma tête

Je suis si laid

Mais c’est pas grave, car toi aussi

Nous avons cassé nos miroirs

Le dimanche matin

Est le seul jour qui m’intéresse

Mais je n’ai pas peur

J’allume mes cierges

L’air étourdi

Car j’ai trouvé Dieu

Yeah yeah yeah

Je suis si seul, mais c’est pas grave

Je me suis rasé la tête

Mais je ne suis pas triste

Et peut-être qu’on peut me reprocher

Tout ce que j’ai entendu

Mais je ne suis pas sûr

Je suis tellement heureux

Je ne peux pas attendre de te rencontrer là-bas

Mais peu importe

Je suis tellement excité

Mais c’est pas grave

J’ai de la volonté

Yeah yeah yeah

J’aime ça

Je ne vais pas craquer

Tu me manques

Je ne vais pas craquer

Je t’aime

Je ne vais pas craquer

Je t’ai tué

Je ne vais pas craquer

À voir :

About A Son, ce documentaire de A.j Schnack, sorti le 26 novembre 2008 retrace la vie de Cobain sous forme de récit narratif, conté par le chanteur lui-même et illustré par diverses images des lieux qu’il a fréquentés. Durant deux années, un journaliste l’aura suivi et interviewé, permettant à Cobain de nous livrer un récit profond, juste et personnel de sa vie et de sa vision du phénomène Nirvana.

Si vraiment vous voulez comprendre qui était Kurt Cobain, si vous tenez à aller plus loin que la sobre biographie dont j’ai pu vous faire part, ce film vous apportera toutes les réponses et vous permettra d’appréhender avec justesse la personnalité et  l’identité du chanteur.

L’unplugged in New York, dont la plupart des morceaux sont en diffusion libre sur le net, vous donnera l’occasion de découvrir Nirvana sous un autre angle. Cette version acoustique et empreinte de sensibilité de leur musique fait partie des références qui ont contribué à faire d’eux une légende.

Quelques titres :

The man who sold the world

Come as you are

Polly

Le journal intime de Kurt Cobain, revendu par sa femme Courtney Love, a été édité sous le nom de Kurt Cobain Journal. On peut trouver dans cet ouvrage les photographies des pages du journal et leur version traduite à côté. Une immersion totale dans le monde de la star, avec de nombreuses réflexions personnelles, croquis, poèmes…

You know you’re right, ce titre enregistré peu avant la mort de Cobain n’a été édité pour la première fois qu’en 2002, à l’occasion de la sortie d’un best-of consacré au groupe.

Celebrity skin, un des titres les plus connus de The Hole, le groupe de Courtney Love.

Radis

Sources :

Nirvana de A à Z – Richard Thomas

Kurt Cobain Journal – traduction de Laurence Romance

About A Son – A.j Schnack

Wikipedia

Total Nirvana – site consacré au groupe (http://www.totalnirvana.fr/php/main.php3)

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