Au début du XXe siècle, avec la mécanisation des techniques agricoles, le cheval de trait est petit à petit délaissé au profit des machines motorisées. Les chevaux lourds utilisés pour le travail se retrouvent envoyés à la boucherie.
En France, il existe neuf races de chevaux de trait reconnues (le Boulonnais, le Trait du Nord, l’Ardennais, le Comtois, le Breton, le Percheron, le Cob Normand, le Poitevin et l’Auxois). Pour éviter leur disparition, il a fallu leur trouver un autre intérêt : les utiliser pour leur viande ou pour le débardage.
Dans cet article, je vous propose de découvrir le débardage à traction animale : l’harnachement utilisé, les différentes tractions mais aussi les avantages et les inconvénients.
Le débardage à l’aide de chevaux, quelques chiffres
Le cheval de trait n’est en pleine possession de ses moyens que vers l’âge de quatre ans. Avant, il aura été habitué à la traction de petites charges, afin qu’il apprenne à tirer correctement et à bien se placer par rapport au cordeau et aux traits. Plus âgé, il sera capable de tirer seul un volume de 1,5 m3 et jusqu’à 2,5 m3 en paire, sachant que dans la pratique, cet effort lui est rarement demandé. En effet, pour sa santé et sa longévité, il est conseillé de tirer entre 0,3 et 0,8 m3 seul et jusqu’à 1,5 m3 en paire. Pour information, un arbre sec (15 % d’eau) de diamètre 40 cm correspond à 1 m3 et sa masse volumique est comprise en moyenne entre 450 et 550 kg / m3 (jusqu’à plus de 650 pour des arbres tels que les bouleaux, les hêtres ou les charmes).
Le cheval peut, lors d’un effort maximal, tirer l’équivalent de son poids pendant 15 secondes. Cela s’appelle le « coup de collier », mais cet effort doit rester exceptionnel et court dans le temps.
Les spécialistes considèrent que le cheval de trait peut tirer entre 20 et 25 % de son poids sans que cela n’ait des conséquences sur sa santé, et ce, toute la journée sur plusieurs années. Sachant que certains chevaux pèsent près de 1 000 kg, cela correspond à environ 225 kg ! Les rendements varient de 10 à 50 m3 par jour et par cheval ; un cheval peut parcourir jusqu’à 40 km par jour.
En moyenne, seulement 0,15 % du bois débardé par an en France se fait à l’aide de la traction animale.
Quel matériel pour le débardage ?
Les chevaux doivent être habitués aux bruits de la forêt : ils ne doivent pas paniquer lorsqu’ils entendent le bruit d’une tronçonneuse par exemple et ils doivent réagir à la voix (dans le cas de zones difficiles d’accès).
Les chevaux utilisés pour le débardage peuvent être des chevaux de trait, mais aussi des mules pour leurs pieds sûrs, voire des poneys si la charge n’est pas trop importante.
L’animal doit être harnaché pour la traction : il doit être équipé d’une bride et d’un mors auquel sont reliées les rênes du cordeau. Certains utilisent des guides, mais il est conseillé d’utiliser un cordeau, moins dangereux que les guides qui peuvent rester accrochées dans les branches ou les troncs abattus, si on les lâche.
Le collier sur lequel diverses pièces d’attelage sont ajoutées (la dossière et la ventrière, le trait, l’avant trait et le porte trait), est essentiel à la traction. L’avant trait est utilisé pour une traction sur une longue distance. En effet, le haut du tronc sera surélevé et ne reposera pas entièrement au sol, comme dans le cas de la traîne directe. Les frottements seront limités et donc cela sera moins fatiguant pour le cheval.
Des œillères peuvent parfois êtes ajoutées à la bride. Il est nécessaire que le cheval puisse garder un œil sur son conducteur, sa charge et les éventuels dangers de la forêt, c’est pourquoi je déconseille l’utilisation des œillères.
Il existe différentes tractions : seul si la charge n’est pas trop lourde ou en paire ou en tandem le cas échéant. Dans ce dernier cas, ils peuvent être attelés l’un à côté de l’autre (en paire) ou l’un derrière l’autre (en tandem) en fonction de l’étroitesse de l’endroit.
Pour guider le cheval, l’homme se positionne derrière eux s’il le peut (pas de bois) ou légèrement en décalé. Il peut aussi monter sur son cheval si la charge n’est pas trop importante. Enfin, il faut se souvenir que les chevaux doivent réagir à la voix, les guides ne sont qu’un complément.
Les avantages du débardage à l’aide de chevaux
Le débardage à traction animale possède l’avantage d’utiliser un animal et donc de limiter les effets liés à la pollution. Le cheval peut aller dans des zones difficiles d’accès : il peut aisément passer entre deux troncs d’arbres par exemple. Il ne lui faut pas de pistes spécialisées et dégagées. Ainsi, il pourra sans problème aller dans des zones humides (tourbières, marécages) sans risquer de s’enliser et de rester coincé. Le cheval peut aussi aller près des berges sans risquer leur éboulement (un cheval pèse entre 700 et 1 000 kg, le tracteur entre 3 000 et 4 000 kg).
L’utilisation du cheval permet aussi de respecter l’environnement. En effet, il ne cause pas de dégâts au sol et ne détruit pas le milieu en arrachant des jeunes pousses par exemple.
Le cheval est aussi très maniable. Vous avez déjà essayé de faire un demi-tour avec un tracteur, vous ?
Même si le rendement n’est pas aussi élevé que celui de la traction mécanique, le cheval lui, ne cassera pas de tronc d’arbre lors de la traction : jamais il ne pourra forcer au point de le casser, alors que la machine oui.
Enfin, travailler avec un animal aide au maintien du calme (pas de bruit et l’animal est un médiateur) pour un travail plus paisible.
Les inconvénients du débardage à l’aide de chevaux
Mais vous allez me dire, si tout est si bien, pourquoi l’utilisation du cheval dans le débardage ne représente que 0,15 % du bois débardé ?
Tout simplement à cause des quelques inconvénients. Tout d’abord, comme nous l’avons vu plus haut, le cheval tire entre 0,3 et 0,8 m3 seul. Le tracteur n’a pas de limite.
Le cheval est un être vivant qui a besoin de périodes de repos ; il peut lui arriver aussi d’être malade. Le tracteur lui, qu’il pleuve, vente ou neige, sera toujours là.
Le travail avec un cheval est aussi beaucoup plus lent qu’avec une machine. Au final, le coût du débardage avec traction animale revient plus cher qu’avec un tracteur pour des rendements moindres.
Enfin, on trouve de moins en moins de débardeurs c’est-à-dire d’hommes qui sont prêts à faire ce métier du fait d’une forte pénibilité (beaucoup de marche, conditions de travail pénibles etc.).
Au final, le cheval a une distance de débusquage limitée par rapport au tracteur (100 m environ). Pour une distance supérieure, le tracteur est moins cher. Pour une distance inférieure, c’est le cheval.
Ainsi s’achève cet article sur le débardage à l’aide de chevaux. En aviez-vous déjà entendu parlé ? En avez-vous déjà vu à l’action ? Qu’en pensez-vous ? Dites-nous tout dans un commentaire.
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Sources texte :
débardage cheval environnement
Sources images :
Source vidéo :
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La vidéo est impressionnante ! C’est dingue le poids que peut tirer un cheval, brave bête *.*
J’ai déjà eu l’occasion de voir en réel et c’est impressionnant de voir le travail fournit par les chevaux, qui pour moi, est bien meilleur que toutes ces machines
Et oui même de nos jours les chevaux de travail sont encore irremplaçable ! D’ailleurs en Belgique, de plus en plus de communes utilisent des chevaux de traits pour ramasser les immondices .