Le petit guide des insultes québécoises

Insultes québécoises
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Si vous avez déjà fréquenté un Québécois et si vous l’avez vu s’énerver contre quelqu’un, vous avez peut-être entendu des insultes sortir de la bouche de ce Nord-Américain francophone, dont la signification vous échappe toujours. Pour vous aider à mieux comprendre les mots peu sympathiques prononcés par des Québécois, j’ai décidé de vous concocter un petit guide !

Attention, le texte qui suit contient du langage qui pourrait ne pas convenir à tous les lecteurs. Si vous n’avez pas envie de lire des mots plutôt grossiers, je vous invite à découvrir comment parler québécois dans ce premier, ce deuxième ou ce troisième article.

 

Les mots d’Église

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Les Québécois ont un rapport particulier avec la religion catholique et ils utilisent des mots qui font référence à l’Église pour diverses raisons. Ils expriment parfois leur frustration en laissant échapper un « câlice », ils colorent leurs verbes avec « crissement » et ils s’en servent aussi pour, en quelque sorte, accentuer les insultes. De plus, au Québec, on ne jure pas : on sacre.

Comme vous pouvez le remarquer, ces mots sont inspirés d’objets (« tabarnak » pour « tabernacle »), ou d’une personne (« criss », parfois écrit avec un « e » à la fin, pour « Christ »), qui ont un lien direct avec l’Église. Est-ce que la définition de la muse du juron a une influence sur l’utilisation de celui-ci ? Non, pas du tout !

Par exemple, vous pouvez dire de quelqu’un qu’il est un « criss de cave » ou un « osti de cave » tout en voulant dire la même chose : la personne que vous insultez est très stupide et vous êtes de mauvaise humeur. « Criss de » ou « osti de » servent donc à amplifier l’insulte.

Vous pouvez aussi utiliser ces sacres en tant que noms communs, comme en appelant une personne que vous détestez « un p’tit criss ».

Simple, non ? Maintenant que c’est compris, passons aux nombreuses expressions insultantes que vous ne comprenez probablement pas lorsque vous les entendez !

La signification des insultes communes québécoises

Commençons tout d’abord par les synonymes québécois du fameux « con ». Grâce aux deux premiers exemples, vous connaissez déjà le mot « cave », mais les synonymes ne s’arrêtent pas là !

Un premier synonyme pour diversifier votre registre d’insultes qui remplacent « con » serait « tarla ». Ce mot vient de « tarlais », qui désigne le 13e cochonnet d’une truie ayant 12 tétines. Mignon, non ? Sa sonorité et son origine sont peut-être attendrissantes, mais ne vous méprenez pas : un Québécois qui dit que vous êtes « tarla » est en train de vous insulter.

Vous pouvez aussi utiliser les termes « épais » ou « niaiseux » pour exprimer que vous trouvez qu’une personne est stupide. Ils sont très utilisés par les enfants ou par les adolescents.

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Bien que moins populaire auprès des jeunes adultes, le terme « Newfie » reste un classique. Il fait référence aux habitants de Terre-Neuve-et-Labrador (Newfoundland en anglais), et vous pouvez l’utiliser pour dire à quelqu’un qu’il n’est pas très intelligent. 

Maintenant qu’on a fait le tour des synonymes de « con » et que votre vocabulaire s’est enrichi, passons aux autres insultes assez communes qu’on rencontre au Québec !

Pour rester dans le thème de l’argent, les Québécois utilisent plusieurs mots pour dire de quelqu’un qu’il n’est pas généreux. Premièrement, on a le fameux « gratteux » qui, en passant, désigne aussi certains billets de loterie qu’il faut gratter au Québec. Deuxièmement, les Québécois aiment emprunter des mots de l’anglais, donc vous ne serez pas surpris de savoir que « cheap » (pas cher, de mauvaise qualité) est très utilisé. Troisièmement, il y a également le prénom « Séraphin », parfois féminisé avec un « e » ajouté à la fin. Ce dernier fait référence à un personnage fictif particulièrement avare qui a été créé en 1933 par Claude-Henri Grignon et qui a marqué la culture québécoise.

Un Québécois pourrait aussi dire à quelqu’un « T’es colon ». Est-ce qu’il veut dire « T’es un organe sans accent circonflexe » ? Non. Est-ce que c’est plutôt « T’es un Européen venu coloniser la Nouvelle-France il y a plusieurs siècles » ? Un point bonus pour la créativité mais, non, ce n’est pas ça non plus. En français européen, ce serait plutôt l’équivalent d’un « beauf », tout simplement.

Si je vous dis « [qu’un] vrai ami est celui qui tient [votre] main et qui touche [votre] coeur », vous allez peut-être trouver que c’est mignon, mais j’ose croire que beaucoup d’entre vous trouveriez cette phrase assez « quétaine » (parfois écrit « kétaine »). Ce mot désigne quelque chose ou quelqu’un qui est niais.

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Les Bougon, ça vous dit quelque chose ? Il s’agit d’une série télévisée, et d’un film sorti en 2016, qui portent sur une famille qui abuse des aides sociales offertes par le gouvernement. On appelle ces personnages et les gens ayant servi de source d’inspiration des « BS ». Pourquoi ces deux lettres ? Parce qu’elles viennent de « bien-être social », qui fait référence à « l’aide sociale » (le vrai nom qui désigne le montant mensuel donné par le gouvernement aux personnes qui ne travaillent pas et qui ne font pas partie de la population active). Si on qualifie quelque chose, quelqu’un ou un endroit de « BS », c’est généralement pour faire référence à l’un des préjugés que les Québécois ont à propos des citoyens vivant des aides sociales. Attention : si vous parlez à un anglophone, « BS » veut plutôt dire « bullshit », qui signifie « connerie » en français. Ce mot anglais est assez souvent utilisé dans la province, peu importe la langue maternelle du Québécois.

Vous avez un ami prétentieux qui vous énerve ? Dites-lui qu’il « pète plus haut que le trou » ou qu’il est « frais chié », vous réussirez clairement à lui en boucher un coin !

Les expressions s’expliquent parfois toutes seules… C’est le cas notamment de la fameuse insulte « face à claques », qui est assez rigolote malgré les circonstances peu agréables dans lesquelles on l’emploie.

Certains mots sont utilisés comme insultes par des francophones qui ont des nationalités différentes sans avoir la même signification. Si un Québécois vous dit que vous êtes « bête », il ne pense pas que vous êtes stupide. Il veut plutôt dire qu’il trouve que vous êtes assez froid. Votre meilleure arme contre cette insulte ? Un beau sourire !

Attention, ce petit lexique va probablement se compliquer avec le mot « téteux »… parce qu’il a deux définitions ! Ce terme peut être utilisé pour désigner quelqu’un qui s’attarde trop aux détails, mais aussi pour désigner une personne qui couvre de compliments un proche ou un collègue et qui lui rend service, souvent dans le but d’obtenir une faveur quelconque. En France, cette expression correspondrait à peu près à « lèche-bottes ». Consolez-vous : vous ne comprendrez peut-être pas ce que votre ami québécois veut dire mais, au moins, vous saurez que ce n’est rien de gentil.

Parfois, les mots se ressemblent énormément et veulent dire la même chose. Au Québec, pour dire que quelqu’un est « coincé », on dira plutôt qu’il est « pogné ». Le sens du verbe bien québécois « pogner » qui est à l’origine de ce mot ressemble beaucoup à la définition de « coincer ».

Le Québécois moyen est assez américanisé, et ce, jusque dans ses insultes. Par exemple, pour désigner un homme musclé qui manque de culture et d’intelligence, on utilisera le fameux « douche » (à dire avec un accent nord-américain anglophone, s’il vous plaît). Ce mot est une variante du « douchebag », utilisé lui aussi assez fréquemment par les jeunes. En France, c’est « connard » qu’on emploie. Un autre terme emprunté à l’anglais serait « moron ». Il fait partie des mots utilisés pour désigner une personne stupide, et il a été tellement bien intégré qu’il a une prononciation 100 % québécoise maintenant.

Cet article s’achève donc sur ces expressions qui ont été empruntées aux anglophones ! Connaissiez-vous ces insultes ? En avez-vous entendu quelques-unes sans connaître leur signification ? Laissez-nous un commentaire !

 

Véronique B.

 

Sources texte :

Expressio

Je-parle-québecois

L’Internaute

Topito

Roxy Violon

Wikipedia

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2 réflexions sur “Le petit guide des insultes québécoises”

  1. Excellent!
    Mon vocabulaire s’est enrichi! Petite pensée pour mon ancien prof de maths québécois qui répétait souvent « Cet exercice est un peu niaiseux. »

     
  2. Bonjour, je voulais vous remercier pour cet article divertissant et instructif sur les insultes québécoises. J’ai appris beaucoup de nouveaux termes et je suis sûr que je vais les utiliser lors de ma prochaine visite au Québec. J’aurais cependant aimé savoir comment utiliser ces insultes dans des situations spécifiques, mais dans l’ensemble, c’était une lecture très agréable. Merci encore pour cet excellent article!

     

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