Le Vrai ou Faux de la réforme de l’orthographe

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Incomprise, critiquée, détestée… Une chose est sure, c’est que cette réforme de l’orthographe a été très mal accueillie par les Français. Et pour cause ! Les informations qu’on entendait étaient affolantes : suppression de ph quand il fait le son [f], pour le transformer en f à chaque mot ; oignon qui devient ognon ; ou encore la perte du trait d’union sur tous les mots afin de donner aprèsmidi, weekend et soussol. Du coup, tous ces éléments… infos ou intox ? Cet article vous éclairera sur ces règles fausses, floues ou incertaines qu’on vous a rabâchées (et non « rabachées » !). Voici le Vrai ou Faux des déclarations les plus entendues dans les médias.

Vrai ou Faux : Tous les accents circonflexes sont supprimés.

Faux. Qui n’a pas vu circuler sur les réseaux sociaux ces phrases très poétiques :

Eh bien, vous pourrez dire (si ce n’est pas déjà fait) que cette confusion ne peut toujours pas se faire ni à l’écrit ni à l’oral, même après le passage de la réforme. J’avoue cependant que certains accents circonflexes ont disparu de la nouvelle orthographe. Avant de vous donner la règle, penchons-nous un instant sur le « pourquoi » de ce changement : alors que jeune et jeûne nous imposent une prononciation différente, que dire de jeûner et déjeuner, pourtant de la même famille ? Ou chaîne et haine, pourtant de prononciation similaire ?

Maintenant, la règle : à tort ou à raison, on attribue souvent des accentuations différentes entre â et a (marâtre et pédiatre), ô et oÔ rage, ô désespoir » et « Oh non ! »), et ê et è (trêve et brève) : ces chapeaux-là restent. Tous. Sans exception. Même si une bonne partie d’entre eux n’a pas de justification orthographique ou étymologique, d’ailleurs.

En revanche, on n’associe pas de changement audible entre les phonèmes î et i (maître et maison), ni entre û et u (bûche, cruche) ; c’est pour cela que ce sont seulement ces accents qui sont supprimés. Maintenant, chacun peut avoir une piqure (au lieu de piqûre) de moustique s’il ne s’est pas assez mu (au lieu de , du verbe « mouvoir ») pendant une nuit du mois d’aout (au lieu de août).
À cette règle, il y a bien un « mais », plusieurs même ! Premièrement, les noms propres et les adjectifs qui leur sont associés ne changent pas : Nîmes, les Nîmois, une recette nîmoise.

Deuxièmement, nous retrouvons parmi les exceptions nos jeune et jeûne : en effet, l’accent circonflexe reste lorsqu’il permet de différencier deux mots ayant la même orthographe, appelés « homonymes » ou « homophones ». Dans ce cas, il faut laisser le chapeau déjà existant, le i et le u ne faisant pas exception. Un jeune pourra donc se faire un petit jeûne, tout comme il peut être sûr d’avoir laissé son verre d’eau sur la table.

Troisièmement, l’accent circonflexe reste à son poste sur tous les verbes conjugués à vos temps préférés : le passé simple (première et deuxième personne du pluriel), le subjonctif imparfait et le subjonctif plus-que-parfait. Pour illustrer mes propos, voici un discours que vous devez tenir au moins quotidiennement : « Nous lui dîmes qu’il eût fallu qu’il courût pour ne pas arriver en retard en cours. » Comme je vous l’ai dit, quotidiennement !

 

Vrai ou Faux : Les traits d’union disparaissent.

Vrai et Faux.
Vrai. Je dirais que c’est la partie la plus compliquée de la réforme orthographique ; j’ai nommé les mots composés. Déjà avec « l’ancienne » orthographe, il n’était pas évident de savoir quand il y avait un trait d’union, une soudure (ou agglutination, lorsque les deux mots sont « collés ») ou juste un espace. Certains ont une régularité, mais comme toujours, des exceptions s’ajoutent.

Voici donc de nouvelles règles qui permettront de mieux vous y retrouver (en théorie)… La plupart du temps, il faut souder (ou agglutiner) les termes dont le premier mot est un verbe et le second est un nom ou l’adverbe « tout » (comme dans fourre-tout devenu fourretout). Ainsi, notre ami le portemanteau se fait des copains parmi portecrayon, portemine, portemonnaie, etc. De même, nous pouvons manger des croquemonsieurs et des croquemadames lors d’un piquenique ; pensons bien au tirebouchon pour le vin afin que le déjeuner ne soit pas trop planplan. Mais oublions le « picnic » décrié par les médias, il n’existe pas, contrairement à chauvesouris qui a effectivement perdu plus que ses cheveux.

D’autre part, les mots composés d’adjectifs ou de noms sont généralement soudés : dans un téléfilm, une sagefemme pourra être envoyée aux prudhommes. Les millepattes de la bassecour seront surement intéressés par l’odeur d’un potpourri.
Il en va de même pour les mots commençant par les prépositions « contre », « entre », « extra », « infra », « intra », « extra », et par les éléments savants tels que « hydro », « socio », « agro », etc. Vous ne saviez plus s’il fallait écrire « agro-alimentaire » ou « agroalimentaire » ? Grâce à la nouvelle orthographe (agroalimentaire), plus besoin de se poser la question, les deux sont possibles !
Malheureusement, il n’est pas surprenant de retrouver quelques exceptions à ces règles, la plus importante étant l’absence de soudure pour les mots qui pourraient être mal lus et mal interprétés si on les soudait, comme « extra-utérin » qui se lirait « extrotérin » s’il était agglutiné.
Il y a peu de changement pour le préfixe « anti », puisque l’agglutination s’effectuait déjà pratiquement tout le temps. En ce qui le concerne, le seul point à relever est la suppression d’une exception ! Effectivement, jusqu’à 1990, lorsque le second terme du mot composé commençait par un i, le trait d’union était obligatoire ; cette règle a été supprimée, ce qui permet à un anti-inflammatoire d’être aussi un antiinflammatoire.

Troisième globalité sur la suppression du trait d’union : les mots composés en langues étrangères et en latin (mots dits « empruntés ») couramment rencontrés, entrés dans notre langue. C’est donc au même titre que les mots français que ces termes voient leur graphie changer. De nos jours, les cowboys (ou cow-boys) portent des bluejeans (ou blue-jeans) et vont voir des stripteases (ou strip-teases) le weekend (ou week-end).

Le dernier point de soudure concerne les onomatopées : en effet, lorsqu’un mot est composé d’onomatopées ou de mots expressifs, qui se répètent ou qui se ressemblent, on agglutine les deux parties. À propos de « parties », qui veut jouer à cachecache et au pingpong ?

Faux. Au contraire, nous voyons apparaître les traits d’union pour les nombres avant le mot « cent ». Actuellement, nous devons écrire vingt-trois et trois-cent-vingt-trois mais auparavant, nous devions écrire vingt-trois et trois cent vingt-trois. Cette dernière règle ne vous dit rien ? Il faut dire que ce trait d’union entre les numéraux a connu beaucoup de changements dans les programmes scolaires… Vous pouvez donc retenir que maintenant, il y a un trait d’union entre chaque nombre écrit en lettres. Facile !

 

Vrai ou Faux : Le pluriel des mots composés est encore plus compliqué.

Faux. Il nécessite juste quelques explications, surtout qu’il ne touche pas tous les mots composés. Jusqu’à maintenant, il fallait toujours réfléchir non seulement à la nature grammaticale d’un mot, mais aussi à son sens : ainsi, nous avions « des réveille-matin », « un garde-meubles », « des arrière-grands-parents », etc.

La réforme a mis en place deux règles assez précises qui nous simplifient la vie, aussi bien au singulier qu’au pluriel : tous les mots composés sous la forme « verbe-nom » ou « préposition-nom », soudés ou non, prennent la marque du pluriel uniquement quand ils sont au pluriel. Cela signifie que chaque partie du terme reste au singulier si le mot est introduit par un déterminant ou un article singulier : « un garde-meuble ». La marque du pluriel se met seulement sur le dernier mot : désormais, nous pouvons écrire « des réveille-matins », « des garde-meubles », « des arrière-grand-parents ».

Bien sûr, c’est là que je vous dis qu’il y a des exceptions ! Deux règles sont à retenir : on n’accorde pas le dernier mot lorsque c’est un nom propre, comme « des prie-Dieu ». On ne met pas non plus de marque de pluriel aux mots composés qui sont articulés d’un déterminant au singulier : « des trompe-l’œil » ne prendra jamais de s et ne sera jamais écrit « des trompe-les-yeux » ou que sais-je encore !

Quant aux autres mots composés, leur pluriel n’a pas changé : s (ou x) aux mots qui peuvent prendre la marque du pluriel, lorsque leur signification et leur nature le permettent.

 

Vrai ou Faux : Il y a eu un changement sur le pluriel de certains mots non composés aussi.

Vrai. En l’occurrence, il s’agit de la règle touchant au pluriel des mots empruntés à des langues étrangères (incluant le latin). Nous utilisons déjà la nouvelle orthographe pour « des médias » (ou média), « des matchs » (ou matches, d’après le pluriel anglais) ou « des confettis » (ou confetti, d’après le pluriel italien) depuis quelques années, et nous ne serions pas surpris de lire « des solos », « des spaghettis » ou « des raviolis » (anciennement sans s).
En revanche, nous découvrons de nouveaux pluriels tels que « des jazzmans » (ou jazzmen) ou « des maximums » (ou maxima). Je n’ai pas d’autres exemples à donner, car nous avons déjà appliqué sur beaucoup de mots empruntés le s français, sans attendre l’annonce officielle de l’application de la réforme.
Mais là aussi, deux exceptions : la première concerne les expressions, notamment latines ; ainsi, on écrit toujours « des mea culpa » et « des curriculum vitae » sans marque du pluriel.

De même, tout comme c’est le cas pour les termes français, les mots empruntés finissant au singulier par s, x ou z ne prennent pas de marque supplémentaire du pluriel : un box, des box ; un boss, des boss ; un kibboutz, des kibboutz.

 

Vrai ou Faux : Il y a un truc qui s’est passé avec les verbes en eler et en eter

Vrai. Si je vous demandais de me conjuguer acheter, normalement, pas de problème ; mais si je vous demandais la même chose pour haleter ? ou geler ? ou modeler ? Vous émettez quelques doutes ? La réforme est là pour vous aider, mais sortez vos lunettes, ça fait mal aux yeux

Pour une fois, parlons d’abord des exceptions à la conjugaison des verbes en eler et eter, j’ai nommé appeler (et rappeler) et jeter (avec ses dérivés) ; ces verbes sont les seuls à garder leur conjugaison connue de tous : « j’appelle » et « je jette ».
Donc la règle est… que tous les autres verbes peuvent désormais se conjuguer comme acheter ou peler, c’est-à-dire avec un è au lieu du doublement de la consonne l ou t. Il faut dire qu’il y avait plus d’une trentaine d’exceptions pour la conjugaison de ces verbes, donc avant de ne pas faire d’erreurs (présentes dans certains dictionnaires), il fallait faire tout un travail de mémoire.

Cette conjugaison vous interpèle ? Laissez-vous le temps de vous y habituer…

Les adverbes en lien avec ces verbes ont logiquement subi le même sort : haleter donne toujours halètement, mais ruisseler devient ruissèlement (au lieu de ruissellement) et marteler se change en martèlement (au lieu de martellement). Si vous vous demandez ce qu’il se passe pour les exceptions acheter et jeter, arrêtez de chercher, les adverbes de ces verbes n’existent pas !

 

Vrai ou Faux : Sur certains mots, le tréma a changé de place.

Vrai. En effet, la réforme a, sur ce point aussi, apporté quelques modifications. Reprenons la base : un tréma nous indique qu’il faut prononcer la lettre pour elle-même, sans tenir compte des lettres qui suivent ou précèdent. Ainsi, la différence de prononciation entre mais et maïs est claire pour tous. Le problème se posait plus sur les mots tels que aiguë, contiguë et compagnie. Dans ces exemples, le tréma sur le e est injustifiable puisque ça ne correspond ni à un ajout étymologique ni à une précision graphique pour la prononciation de cette lettre.

Le changement orthographique qui s’est opéré avec la réforme parait donc logique, autant que le souhaitaient les lexicographes : le tréma est placé sur la lettre correspondant à un phonème (donc à un son) qu’il faut prononcer indépendamment des autres lettres. Voilà pourquoi aiguë devient aigüe (le masculin aigu ne change pas), contiguë se transforme en contigüe, ambiguë s’écrit aussi ambigüe, bref, tous les iguë se métamorphosent en igüe. Mais il n’y a pas que ça, puisque certains mots ont vu éclore au-dessus d’eux les deux petits bourgeons…

Par exemple : « Ma gerbille a laissé plein de rongeures. » ; avez-vous prononcé ce dernier mot comme « un rongeur » ? Eh bien c’est faux ! Et si je vous dis que maintenant, ce dernier mot s’écrit rongeüres, cela vous donne-t-il envie de le prononcer autrement (bien que bizarrement, sans doute) ? J’espère que oui, parce que c’est l’objectif de cette partie de la réforme, car là encore, c’est l’usage oral qui a motivé cet ajout. Le u (ancienne orthographe) ou ü (nouvelle orthographe) doivent être prononcés comme un phonème à part entière ; le e qui les précède ne sert donc pas à prononcer le eu [œ], mais bien uniquement à faire le son j [ʒ] avec le g. Le petit rongeur se prononce donc bien différemment de ses rongeüres (ou rongeures), qui riment avec « parjure ».
De même, plus de doute possible sur la prononciation de « arguer », très différent de « larguer » ou « narguer », lorsqu’il est écrit « argüer ».

 

Vrai ou Faux : Certains verbes pronominaux ne s’accordent plus de la même manière.

Vrai. En fait, il s’agit d’un seul verbe : laisser. Lorsqu’il est sous sa forme pronominale (c’est-à-dire avec se devant) à un temps composé, il ne s’accorde ni en genre ni en nombre. Avant, nous pouvions écrire « Elle s’est laissée avoir par un charlatan. », maintenant, il est possible de lire « Elle s’est laissé avoir par un charlatan. »
Ce nouvel accord fait écho à celui de se faire : en effet, on ne peut pas dire : « Elle s’est faite rire. » ; il faut dire : « Elle s’est fait rire. » Fait est donc toujours masculin singulier, et à présent, c’est la même chose pour se laisser. La petite complexité de ce dernier réside dans le fait qu’on n’entend pas l’absence d’accord lorsqu’on prononce une phrase, contrairement à celui de se faire. La retranscription écrite est donc plus facilement erronée pour se laisser que pour se faire.

Vrai ou Faux : Certains mots ont été modifiés, mais les règles sont floues.

Vrai, malheureusement. Oui, de nombreux mots ont vu leur orthographe changée afin que leur lecture se rapproche de leur prononciation, sans pour autant qu’il y ait de règle ; c’est ainsi que asseoir et ses dérivés perdent leur e, et se conjugue ainsi : « j’assois » (ou « j’assieds »). Cette lecture n’est pas toujours agréable pour les initiés, mais rappelons-le, on pourra toujours boire notre bon vieux punch sans l’écrire ponch pour autant ; eh oui, ce changement « hasardeux » touche particulièrement les mots étrangers. Ainsi, nous participons à une soirée sudaméricaine « sombréro et révolver » (au lieu de sombrero et revolver). Apriori (ou à priori / a priori), il y aura des cacahouètes (ou cacahuètes) à la boum (ou boom) que je vais organiser.

Cependant, des « anomalies » (terme employé par la réforme) ont été corrigées suivant une bonne logique. Par exemple, nous avions souffler mais boursoufler ; comment justifier qu’il n’ait pas le même nombre de f alors qu’ils ont un radical commun ? Ce n’est pas possible, c’est pourquoi nous trouvons maintenant boursouffler. Idem pour un chariot (maintenant charriot) et une charrette, pour combatif et combattre. Donc là encore, la bonne graphie du mot n’est possible que si ce dernier est mémorisé ; il est exclu de pouvoir deviner quels mots ont cette irrégularité orthographique. C’est exactement le problème que pallie cette partie de la réforme : il y a une homogénéisation de la graphie des mots de la même famille. Par extension, nous pouvons donc écrire « Le sel est dissout. » (au lieu de dissous) par rapport à son féminin dissoute.

La dernière règle à retenir touche les e, é ou è prononcés avec « le mauvais accent » ; nous retrouvons notre ami l’événement, fréquemment orthographié évènement, sans que ce soit une faute (merci qui ?). De même, bienvenue à asséner (ou assener), à cèleri (ou céleri) et à règlement et ses dérivés (ou réglement). Nos amis les Québécois (ou Québecois) vont-ils s’y retrouver ?

Certains mots indépendants sont sur la liste de la réforme ; à la recherche de la diminution des exceptions, la réforme supprime le graphème (lettre(s) qui transcri(ven)t un seul son) « original » pour le remplacer par un graphème plus fréquemment utilisé. J’ai donc le plaisir de vous annoncer qu’en plus de l’eczéma, vous avez de l’exéma (similitude phonétique avec exercice). Donc c’était déjà la pagaye ou la pagaïe (ancienne orthographe pour ces deux mots) parce qu’il n’y avait pas de règle fixe, mais comme il n’y en a toujours pas et que des choses ont été modifiées, ça reste une autre sorte de pagaille (nouvelle orthographe).

 

Vrai ou Faux : On n’a pas parlé du féminin des métiers là-dedans, bien sûr…

Faux. Nous en avons moins entendu parler, mais les leadeurs et leadeuses de notre langue en ont néanmoins discuté. Plusieurs règles sont ressorties. Rappelons que cette partie de la réforme est importante pour régulariser les futurs néologismes que notre langue verra apparaitre.

Afin de ne pas vous assommer avec des règles particulièrement fastidieuses à comprendre et retenir, je vous renvoie à la dernière page de ce livret, comprenant tout ce qu’il faut savoir sur le féminin des métiers.
Voici tout de même quelques exemples pour lesquels nous nous posons la question fréquemment : une auteure, une docteure (et non doctoresse) et une professeure ; une consœur ; une judoka, une clown, une torero (pour les mots étrangers non francisés), mais une leadeuse (du masculin francisé leadeur).

Bien sûr, ces mots peuvent s’accorder au pluriel en suivant la même règle que n’importe quel autre mot ; qui n’aimerait pas avoir dans son entourage des docteures et des auteures, des footballeuses et des députées ?

 

Vrai ou Faux : La réforme n’a pas de sens, notre langue est appauvrie.

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Jamais un vieux singe ne fit une belle grimace.

Variante actuelle : Ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace. 

Si je n’ai pas réussi à vous convaincre que cette réforme a un minimum d’intérêt, je ne sais pas quoi faire ! Malgré tout, l’affirmation ci-dessus introduit trop de subjectivité pour répondre. Afin d’enrichir encore votre réflexion et vous permettre de donner votre opinion sur le sujet, voici quelques éléments supplémentaires que vous pourriez prendre en compte.

Nous avons perdu quelques s latins, comme pour « maitre » (de magister) ; nous avons aussi fait disparaitre les graphies originales des mots empruntés. Cela nous fait perdre l’origine des mots, encore une fois. Pourquoi tout vouloir franciser ? Et puis, les générations futures arriveront-elles à lire les livres actuels ? Quand on voit que certaines éditions prennent le parti de remplacer les « nous » par des « on », nous pouvons nous demander où tout cela va s’arrêter…

Malgré ces inquiétudes, il faut prendre en compte que notre langue se modifie d’abord en fonction de l’utilisation qu’en ont les citoyens ; c’est le principe d’une langue vivante : la société la façonne. D’ailleurs, la première réforme de l’orthographe s’est opérée en 1542, la nôtre étant la neuvième ; donc niveau modifications, notre langue a déjà un long passé. Nous croyons-nous sots de ne pas parler et écrire à la manière d’antan, manière pourtant plus proche de nos origines ?

Il est ironique de noter qu’en 1935 (date de la huitième réforme de l’orthographe), il a été décidé que nénufar s’écrirait désormais nénuphar ; la raison ? À l’époque, on préférait cette écriture-là, un point c’est tout. Certes, c’est aussi le cas actuellement, puisque le mot est entré dans nos mœurs sous cette orthographe ; mais réfléchissons un peu à cet « appauvrissement de langue » que nous crée ce pauvre nénufar… Ce retour en arrière est-il si terrible, alors qu’il se rapproche à nouveau de sa racine arabo-persane ? Quel est notre intérêt de savoir qu’avant 1878, nous récitions des poëmes ? Et puis, personnellement, je ne me sens pas plus bête de dire « Je suis française. » depuis 1835 que « Je suis françoise. », et vous ?

Néanmoins, il est vrai que les Français n’aiment pas les changements de manière générale. Donc toucher à « la religion orthographique » est un blasphème sans nom pour beaucoup d’entre nous. Parfois, c’est justifié : peur de perdre l’origine des mots, leur sens ; mais d’autres fois, c’est juste sur le principe de ne pas vouloir changer. N’est-il pas là, le manque de sens ?

La réforme de l’orthographe a été très diabolisée : des exagérations dites concernant les nouvelles règles, des modifications annoncées alors qu’elles n’existent pas (histoire qui perdrait son h, même hache qui perdrait son h !), une dissimulation du sens des changements, etc. ; et surtout, très peu de vérités rétablies : non, on ne peut toujours pas écrire farmacie ou éléfant, et maçonnerie ne perd pas sa cédille… Ne croyez pas tout ce que vous disent les médias !

Vous avez peut-être relevé quelques exemples précis, mais avez-vous remarqué que l’article entier était écrit en appliquant ce que demande la réforme (hors exemple) ? Vous étiez-vous rendus compte du grand nombre de mots réformés qui sont déjà utilisés ? Maintenant que vous avez les idées plus claires sur les modifications les plus importantes, que pensez-vous de cette nouvelle orthographe ? Pour répondre à ces questions ou pour en poser d’autres, laissez un commentaire !

Gwendoline F.-R.

Sources texte

L’orthographe rectifiée – Bernard CERQUIGLINI – Coédition Librio – Le Monde – 2016

Rectifications orthographiques – Nathan – 2016

Sources images

Image à la une : montage personnel

Images 2 et 3 : montages personnels

Vidéo

1 réflexion sur “Le Vrai ou Faux de la réforme de l’orthographe”

  1. Très intéressant et bien expliqué ! Pas évident avec un sujet comme celui-ci, merci pour ce bel article (:

     

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