Les Prix Nobel 2013

Edition 2013 des prix nobel
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Décernés depuis 1901, les cinq prix Nobel sont des récompenses destinées à saluer les contributions de femmes et d’hommes en relation directe avec la paix, la physique, la chimie, la littérature et la médecine. En 1969, un nouveau prix, celui de la Banque royale de Suède en mémoire d’Alfred Nobel, récompense un apport important dans le domaine de l’économie. Bien évidemment, 2013 ne déroge pas à la règle ! Savez-vous qui sont les heureux élus de cette année ? Ce qu’ils ont accompli ? Si ce n’est pas le cas, laissez-nous vous faire un petit résumé de ce grand événement !

Lundi 7 octobre 2013 : prix Nobel de médecine ou physiologie

Lauréats du prix Nobel de médecine

La série d’attribution des prix Nobel a commencé avec celui de physiologie ou médecine, remis lundi 7 octobre.
Ce sont les Américains James Rothman et Randy Schekman, ainsi que l’Allemand Thomas Südhof qui l’ont remporté.
James Rothman est né en 1950 et travaille à l’Université Yale (Connecticut) où il est professeur de biologie cellulaire et de chimie. Randy Shekman est né en 1948 et est enseignant de biologie cellulaire et moléculaire à l’Université de Berkeley (Californie). Thomas Südhof est, quant à lui, né en 1955 et enseigne la physiologie cellulaire et moléculaire dans la prestigieuse université Stanford (Californie).

Leurs découvertes ont permis de comprendre le système de transport et de libération des molécules dans les cellules. Ce sont les vésicules, sortes de petits sacs, qui assurent ce rôle en conduisant certaines substances vers leur cible précise.

Ces recherches ont de nombreux impacts, en particulier au niveau médical, puisqu’elles permettront de mieux comprendre et donc de mieux traiter certaines maladies. Par exemple, l’insuline est transportée par des vésicules, un problème à ce niveau peut donc provoquer du diabète. D’autres pathologies neurologiques (comme la maladie d’Alzheimer) ou immunologiques (défaut d’activation de certaines cellules immunitaires) sont liées à un dysfonctionnement vésiculaire.

Ces éléments font de cette découverte une avancée majeure en médecine.

La particularité de ce prix Nobel est qu’il récompense trois scientifiques ayant un parcours très différent. Ils n’ont pas travaillé ensemble, mais leurs résultats sont complémentaires pour comprendre précisément le fonctionnement du transport vésiculaire en associant leurs différentes approches :
– Schekman a étudié le trafic vésiculaire d’un point de vue génétique. Il a découvert les gènes impliqués dans la synthèse de protéines nécessaires à ce transport.
– Rothman a concentré ses recherches sur le rôle des protéines. Il a ainsi mis en évidence la machinerie protéique nécessaire à la fusion de la vésicule avec sa cible, afin de délivrer sa cargaison.
– Südhof a identifié les signaux indiquant précisément où les vésicules devaient libérer leur cargaison.

Mardi 8 octobre 2013 : prix Nobel de physique

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Le second prix Nobel remis cette année a été celui de physique mardi 8 octobre.

Le britannique Peter Higgs et le belge François Englert ont été récompensés pour leurs recherches sur le Boson de Higgs. Nés respectivement en 1929 et en 1932, ces deux professeurs ont reçu de nombreuses récompenses depuis les années 1980.

Le prix Nobel qu’ils ont reçu salue la théorie émise indépendamment par les deux hommes au début des années 1960. Ils avaient alors expliqué, grâce à l’existence d’une particule nommée Boson de Higgs, pourquoi certains corpuscules n’ont pas de masse tandis que d’autres en possèdent une. Son existence n’avait cependant pas pu être mise en évidence avant l’année dernière. En effet, en juillet 2012, le CERN (laboratoire européen pour la physique des particules) a confirmé l’existence d’une particule possédant les mêmes propriétés que celles prédites par la théorie des deux chercheurs.

La théorie et la démonstration expérimentale du Boson de Higgs permettent de décrire et de comprendre de façon précise les particules composant l’univers ainsi que leurs interactions.
La démarche scientifique nécessaire pour valider l’existence de cette nouvelle particule s’est faite en plusieurs étapes : la théorie, l’investissement dans un équipement permettant l’observation du Boson puis finalement sa visualisation physique. Le prix Nobel récompense non seulement la théorie, mais aussi les moyens financiers déployés par le CERN pour la confirmer.
Finalement, ce prix Nobel permet de donner un unique nom à cette particule, alors que plusieurs étaient utilisés avant : Brout-Englert-Higgs, Higgs… Le nom officiellement admis à présent est Boson de Higgs, qui était le plus courant avant cette décision.

La particularité de ce prix Nobel est qu’il aurait dû être décerné à trois personnes. En effet, la théorie du Boson de Higgs a simultanément été émise par Peter Higgs et François Englert mais aussi par un autre belge, Robert Brout. Malheureusement ce dernier ne peut prétendre à ce prix puisqu’il est décédé en 2011. Le prix Nobel ne peut être remis à titre posthume.

Mercredi 9 octobre 2013 : prix Nobel de chimie

Martin Karplus, Michael Levitt et Arieh Warshel.

Le dernier prix Nobel scientifique est celui de chimie. Il a été remis mercredi 9 octobre.

Les chercheurs récompensés par ce prix Nobel travaillent tous aux Etats-Unis. Martin Karplus, un austro-américain de 83 ans, est professeur de chimie aux Universités de Strasbourg et de Harvard. Le chercheur américano-israélo-britannique Michael Levitt, âgé de 66 ans, enseigne la biologie structurale à l’Université de Stanford (Californie). Arieh Warshel est un professeur américano-israélien de 73 ans qui enseigne la chimie et la biochimie.

Les trois chercheurs ont mis au point des logiciels de modélisation chimique, c’est-à-dire des simulations informatiques permettant de prédire l’évolution de réactions chimiques. Ces outils permettant de vérifier l’organisation des molécules et de tester certaines propriétés.

La modélisation chimique permet de créer des molécules complexes, qui peuvent servir dans les cellules photovoltaïques, comme catalyseur ou comme médicament. Il s’agit donc de créer des modèles de structure complexe afin de voir si elles peuvent interagir avec des molécules connues (exemple : vérifier qu’une molécule créée dans le but d’en faire un médicament soit capable d’activer ou d’inhiber un processus biologique donné). Les modèles permettent de mieux comprendre les processus chimiques impliqués dans la purification des gaz d’échappement ou dans la photosynthèse.

La particularité de ce prix Nobel est qu’il souligne l’importance croissante que prend l’ordinateur dans l’expérimentation. En effet, la modélisation informatique est maintenant une étape préalable à toute démarche expérimentale.

Jeudi 10 octobre 2013 : prix Nobel de littérature

Alice Munro.

Le jeudi 10 octobre, les écrivain(e)s étaient à l’honneur pour le prix Nobel de littérature.

Cette année, c’est Alice Munro, une écrivaine anglophone spécialisée dans le genre de la nouvelle, qui a eu le privilège de remporter le premier prix Nobel de littérature pour le Canada. Née à l’Ouest de l’Ontario en 1931, d’un père éleveur et d’une mère institutrice, c’est à l’adolescence qu’elle développe sa passion pour l’écriture. Sa première nouvelle intitulée The Dimensions of a Shadow a été publiée lorsqu’elle était encore à l’université en 1950.
Très vite remarquée pour son talent, elle recevra tout au long de sa carrière de nombreux prix pour ses œuvres : son premier recueil, Dance of the Happy Shades, ainsi que The Progress of Love, écrit huit années plus tard, recevront tous les deux le prix du gouverneur général. Ses nouvelles avaient également le privilège de paraître sur des supports aussi renommés que le New Yorker ou The Atlantic Monthly. Néanmoins, son talent a dépassé les frontières et son travail a été traduit en plusieurs langues, dont le français, ce qui lui permit de remporter de nombreuses récompenses étrangères.
Malgré ses distinctions, l’écrivaine se fait discrète et l’on dit d’elle que cette simplicité rend ses œuvres d’autant plus profondes et plaisantes.

Ses nouvelles, se déroulant toujours dans les campagnes de l’Ontario, mettent généralement en scène des femmes plutôt discrètes que l’on pourrait aussi qualifier d’”ordinaires”. Les critiques, comme le jury des prix Nobel, saluent la finesse de ses descriptions ainsi que la sagesse de ses propos, en ajoutant même que “lire Alice Munro c’est chaque fois apprendre quelque chose à quoi vous n’aviez pas pensé avant”.

Pour cette année 2013, l’auteure a dû se démarquer de ses grands confrères, tels que le japonais Haruki Murakami, spécialisé dans le fantastique, ou la biélorusse Svetlana Alexievitch, dont l’œuvre est principalement axée sur des témoignages de guerres par des citoyens russes.

Vendredi 11 octobre 2013 : prix Nobel de la paix

Sigle de l'OIAC.

C’est au tour du prix Nobel de la paix d’être remis le vendredi 11 octobre.

L’OIAC (Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques), formée en 1997 dans le but de faire appliquer la Convention internationale sur l’interdiction des armes chimiques, concerne 189 Etats. Basée à La Haye aux Pays-Bas, elle vise à détruire les armes chimiques afin de limiter les dégâts provoqués par les tensions entre les pays, mais aussi, indirectement, à lutter pour la paix en général. Chargée par l’ONU (l’Organisation des Nations Unies) du démantèlement de l’arsenal, ses inspecteurs se trouvent sur le terrain depuis le 1er octobre afin d’éradiquer plus de 1 000 tonnes d’armes chimiques.

Bien que l’organisation oeuvre depuis plus de 15 ans (selon elle, 82% des stocks mondiaux d’armes chimiques auraient déjà été supprimés à la suite d’environ 5 000 inspections dans 86 territoires), ce n’est que cette année 2013 que le prix Nobel de la paix lui a été attribué. En effet, son rôle central dans les conflits qui animent la Syrie depuis presque deux ans et les vies qui seront probablement sauvées grâce à son action ne pouvaient pas passer inaperçus. Afin de remplir leur  mission, 19 experts de l’OIAC se trouvent actuellement sur le terrain.

Bien que pour cette année, la favorite était la jeune pakistanaise Malala – survivante d’un coup de feu taliban en plein crâne alors qu’elle militait pour le droit à l’éducation des filles -, c’est finalement l’OIAC organisation qui remporte le prestigieux prix Nobel de la Paix, alimentant les rumeurs concernant la politisation de ces récompenses.

Lundi 14 octobre 2013 : prix Nobel d’économie

Eugene Fama, Lars Hansen et Robert Shiller.

Le dernier prix Nobel remis est celui d’économie, le lundi 14 octobre.

Ce prix n’est pas un prix Nobel comme les autres. En effet, il s’agit du prix de la Banque royale de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel et qui récompense un apport exceptionnel en économie.

Ce prix a été remis à trois Américains : Eugene Fama, Lars Peter Hansen et Robert Shiller.
Eugene Fama a 74 ans et est professeur de finance à l’Université de Chicago. C’est un pionnier de la finance moderne. Le second primé, Lars Peter Hansen, a 61 ans et travaille en tant que professeur d’économie dans la même université. Les deux hommes ont une approche néoclassique de l’économie, c’est-à-dire qu’ils considèrent que les besoins des acheteurs sont dits “réfléchis” et peuvent donc être quantifiés et identifiés.
Robert Shiller a 67 ans et est professeur d’économie à l’Université Yale (Connecticut). C’est l’un des premiers économistes à avoir défendu la finance comportementale qui considère que les agents financiers ne sont pas systématiquement rationnels, c’est-à-dire que les consommateurs ne réfléchissent pas forcément lorsqu’ils achètent des produits. Parmi les trois primés, c’est le plus connu du grand public puisqu’il est à l’origine de l’indice Case-Shiller, qui évalue le prix de l’immobilier aux États-Unis.

Les trois économistes ont été récompensés pour leurs travaux sur les marchés financiers. Grâce à leurs recherches, il est actuellement possible de prévoir sur des périodes de trois à cinq ans le cours général des actions (qui permettent un gain d’argent) et des obligations grâce à l’analyse de leur variations passées. Ces résultats sont à la base de la compréhension actuelle des prix des actifs.
Les travaux de Fama, Hansen et Shiller sont aujourd’hui incontournables dans le domaine économique. Ils ont développé des méthodes qui sont utilisées quotidiennement dans la recherche théorique en université ainsi que dans la pratique professionnelle.

La particularité de ce prix Nobel est qu’il récompense non seulement des travaux indépendants étroitement liés, mais surtout qu’il rassemble plusieurs personnes ayant un point de vue idéologique opposé.
Fama a démontré dans les années 60 qu’il est impossible de faire des prédictions des marchés financiers sur des périodes courtes. Schiller a prouvé 20 ans plus tard que ces prédictions sont plus faciles sur le long terme. Finalement, Hansen a développé une méthode statistique permettant de tester les théories des deux autres.

Et vous, pensez-vous que les lauréats méritent leur titres ? Aviez-vous d’autres favoris ? N’hésitez pas à nous faire partager votre opinion dans les commentaires !

Ursuline et Nimage

Sources texte :

http://www.lesoir.be/334457/article/actualite/sciences-et-sante/2013-10-07/nobel-medecine-couronne-des-travaux-sur-cellule

http://www.techno-science.net/?onglet=news&news=12096

http://www.forbes.com/sites/davidkroll/2013/10/07/rothman-scheckman-and-sudhof-share-physiologymedicine-nobel-for-vesicle-trafficking/

http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/service-distribution/actu/reuters-00554750-le-nobel-de-medecine-a-deux-americains-et-a-un-allemand-614482.php

http://philippelopes.free.fr/Exoplanetes.htm#CS

http://www.slate.fr/life/78670/nobel-de-physique-2013-boson-Francois-Englert-Peter-Higgs

http://zamanalwsl.net/en/news/1949.html

http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/10/14/le-nobel-d-economie-couronne-trois-americains-pour-leurs-travaux-sur-les-marches-financiers_3495345_3234.html

http://lexpansion.lexpress.fr/economie/le-prix-nobel-d-economie-decerne-a-trois-americains_406376.html

http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0203065455152-le-nobel-d-economie-revient-a-trois-americains-617186.php

http://www.huffingtonpost.fr/

http://www.lefigaro.fr/livres/2013/10/10/03005-20131010ARTFIG00486-prix-nobelde-litterature-alice-munro-une-canadienne-a-l-honneur.php

http://www.liberation.fr/monde/2013/10/09/et-les-nobel-2013-sont_938179

http://www.arte.tv/fr/le-prix-nobel-de-la-paix-recompense-l-organisation-pour-l-interdiction-des-armes-chimiques/7677234,CmC=7677632.html

http://www.rfi.fr/general/20131011-prix-nobel-paix-oiac-organisation-interdiction-armes-chimiques

Sources images :

http://www.slate.fr/story/78824/trop-bonheur-alice-munro

http://www.usinenouvelle.com/article/le-prix-nobel-de-medecine-attribue-a-trois-specialistes-du-transport.N206932

http://www.sudouest.fr/2013/10/08/le-prix-nobel-de-physique-decerne-a-un-belge-et-un-britannique-1192914-4803.php

http://izitech.ma/2013/10/10/les-prix-nobel-scientifiques-2013-voila-ce-que-vous-devez-savoir/

2 réflexions sur “Les Prix Nobel 2013”

  1. Je suis toujours impressionnée par ses grands noms de la recherche. Par contre, je n’étais pas du tout au courant qu’il y avait un prix Nobel de la littérature.

    Article très intéressant !

     
  2. Merci pour cet article très complet.
    Bien sûr qu’il existe un prix Nobel de littérature ! Et le fameux refus de Sartre.. et le fameux discours de Camus, etc…
    Par contre, on en comprend pas toujours bien les critères qui font choisir ces éminents membres du jury… Les voix du seigneurs sont impénétrables n’est-ce pas ?

     

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