Récit d’une étudiante sage-femme : le vécu du premier stage en salle d’accouchement

image sage-femme et bébé
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Chose promise, chose due : il y a quelques mois, j’avais promis que j’écrirais un article sur mon vécu lors de mon stage en salle d’accouchement qui s’est déroulé en février 2014. Dans cet article, je vais donc vous parler de ma découverte de la salle d’accouchement et ensuite du premier accouchement que j’ai pu voir (tout en respectant le secret professionnel). Je vais tenter, au travers de cet article, de vous faire passer de l’autre côté de la barrière, ce fameux côté qui semble si merveilleux au regard de tous, ce côté pour lequel des jeunes femmes comme moi se battent quotidiennement. 

LE DÉBUT DE STAGE EN SALLE D’ACCOUCHEMENT

Lorsqu’on est en deuxième année du bachelier sage-femme en Belgique (en France, le système est différent étant donné que les étudiant(e)s passent d’abord par une année de paces), le stage le plus attendu est certainement celui en salle d’accouchement. Toutes les filles de ma classe n’y ont pas été en même temps et forcément, moi qui y allais en février, j’ai eu le temps d’entendre pas mal d’expériences de mes camarades. Celles qui avaient eu la chance d’obtenir un grand hôpital universitaire comme lieu de stage ont presque toutes eu l’occasion de pratiquer un accouchement à quatre mains avec une sage-femme ou un gynécologue. 

image sage-femme et bébé

Un accouchement à quatre mains est un accouchement qui est pratiqué par l’étudiant(e) ET un professionnel, que ce soit un(e) sage-femme/maïeuticien ou un(e) gynécologue. Le principe est que l’étudiant place ses mains en dessous de celles du professionnel qui le guide donc dans les gestes corrects à effectuer.

Quant à moi, j’ai hérité d’une clinique privée comme lieu de stage (les lieux de stages sont décidés par tirage au sort). Le fait que ce soit une clinique privée veut dire qu’en général (dans 99 % des cas) il s’agit des gynécologues personnels des patientes qui les accouchent et que la sage-femme n’a qu’un rôle de surveillance du travail. Dans la clinique où j’étais, les sages-femmes n’effectuaient un accouchement que lorsque le gynécologue n’arrivait pas assez vite. Néanmoins, il faut savoir que ce fait n’empêche pas qu’une étudiante peut avoir l’occasion d’effectuer un accouchement (à quatre mains généralement) si le gynécologue le lui propose. 
Mon arrivée en stage s’est particulièrement bien passée, j’avais peur de ne pas voir grand chose (vu le nombre limité d’accouchements par année qu’effectuait mon lieu de stage), mais finalement, dès les premières minutes, on m’a expliqué qu’il y avait une patiente qui avait été admise en début de travail et qu’elle accoucherait au cours de la journée. Les horaires en salle d’accouchement dans mon lieu de stage correspondaient à des « gardes », c’est-à-dire à 12 h de stage d’affilée (de 7 h à 19 h). Cela peut sembler rébarbatif, mais c’est en fait un grand privilège, car cela nous permet – à nous, étudiantes – de pouvoir suivre un travail complet si on a de la chance. 

En effet, en général pour une patiente primigeste (enceinte de son premier bébé) le travail, qui correspond donc à la phase où le col utérin se dilate et où le bébé s’engage dans le bassin, dure en moyenne 12 h.

MON PREMIER ACCOUCHEMENT 

Le premier accouchement que j’ai pu observer s’est déroulé lors de ma première journée de stage. La patiente dont je vous parlais plus haut – celle qui était déjà en travail lors de mon arrivée – est la première femme que j’ai vu accoucher. 
Par principe, les étudiantes n’ont pas le droit d’examiner la patiente avant que celle-ci ait reçu la péridurale. Jusqu’à ce qu’elle la demande, je n’ai donc pu qu’observer ce que faisait la sage-femme. 


Cette décision s’appuie sur le fait qu’un toucher vaginal peut être douloureux ou en tout cas extrêmement désagréable et que la péridurale empêche la femme de ressentir certaines formes de douleur. La péridurale peut être placée dès que la dilatation est suffisante (+- 3 cm en général) pour prouver que le travail a bien commencé, mais elle ne doit pas être placée trop tard (généralement les 8 cm de dilatation du col sont la limite pratique acceptée) puisqu’au delà, il y’a trop de risques que le bébé soit là avant que l’anesthésiste n’arrive à faire sa piqûre. Pour celles qui ne connaissent pas, l’anesthésie péridurale est une forme 
d’anesthésie loco-régionale (anesthésie d’une partie du corps) qui permet à la patiente de moins ressentir la douleur lors du travail. En effet, elle entraîne un endormissement du bas du corps (qui empêche la mobilisation, c’est-à-dire que la patiente ne peut plus bouger de son lit) suffisant pour diminuer les douleurs mais assez léger pour pouvoir tout de même effectuer les poussées expulsives.

Sachant que ma patiente avait été admise en travail, on lui a placé sa péridurale assez tôt. J’ai pu observer l’acte d’anesthésie, mais je n’ai pas pu instrumenter l’anesthésiste comme c’était trop tôt pour moi. La sage-femme qui m’accompagnait m’a montré tout ce que j’avais besoin de savoir : préparation des perfusions d’ocytocine, préparation du set stérile d’accouchement et du set stérile d’anesthésie, comment instrumenter l’anesthésiste, la préparation du coin réanimation du bébé, etc. Toutes ces choses que j’ai apprises m’ont permis d’effectuer plus de tâches pour la suite de mon stage. Tout au long du travail de ma patiente, j’ai essayé d’être un maximum à ses côtés, d’autant plus que son travail ne se passait pas comme elle le désirait. En effet, elle était prise de vomissements incoercibles (considérés normaux, voire même bénéfiques dans cette période de travail) et elle avait besoin d’un grand soutien de la part de l’équipe soignante, parce que son mari était présent mais s’investissait peu. Dans ces conditions, il était fort difficile de faire de la thérapeutique posturale avec la patiente, mais nous avons tout de même adapté cela à la situation.

La thérapeutique posturale correspond à une mise en place par la sage-femme de la patiente dans différentes positions qui peuvent favoriser la descente du bébé dans le bassin. Ainsi, il existe des positions dans lesquelles on place préférentiellement la maman selon l’endroit où se trouve son bébé. Si, par exemple, le bébé vient à peine de s’engager, on va privilégier les positions debout (marche, s’appuyer contre un mur) mais également les positions assises sur le ballon. Si le bébé est à la moitié du chemin, on va plutôt mettre la patiente en position « quatre pattes » sur la table d’accouchement ou accroupie.

Lorsque la patiente est arrivée à dilatation complète et que le bébé a commencé à s’engager, nous avons prévenu le gynécologue. Dès que celui-ci est arrivé dans le service et qu’il a examiné une nouvelle fois la patiente (ce qui veut dire refaire un toucher vaginal afin de déterminer la progression du mobile fœtale), il nous a dit qu’il était temps qu’on s’installe, ce qui voulait dire qu’on allait procéder aux poussées et à l’extraction du bébé. Le gynécologue s’est brossé (il s’est lavé les mains à l’aide d’une brosse avec un protocole spécifique) et s’est ensuite installé avec tout le matériel que nous lui avions préparé préalablement. Il m’a proposé de faire l’accouchement avec lui, mais malheureusement pour moi, la sage-femme lui a dit que c’était mon premier accouchement et que je n’étais donc pas prête. Étant donné qu’il allait faire l’accouchement seul, il m’a quand même proposé de me placer à ses côtés afin que je vois correctement ce qui se passait au niveau périnéal et qu’il puisse me donner des petits conseils.
Il a fait pousser la patiente pendant de longues minutes. Elle était très courageuse et souriait sans arrêt. Je pense qu’elle était particulièrement liée au gynécologue puisqu’ils se faisaient mutuellement des petites blagues, ce qui rendait cet accouchement un peu irréaliste pour moi. Tout le monde rigolait dans la salle et moi j’étais pétrifiée. Les poussées de la future maman étaient très efficaces et j’ai rapidement vu les premiers cheveux de son petit garçon arriver. Le gynécologue a estimé qu’il était nécessaire de couper au niveau du périnée et donc de faire une épisiotomie afin de faciliter le passage du bébé.

l'épisiotomie en images


Une fois l’incision faite au niveau du périnée, le bébé est sorti quelques minutes après et a été déposé sur le ventre de sa maman afin de débuter un peau-à-peau avec elle. Il est conseillé de laisser le bébé 2 h peau contre peau avec sa maman directement après l’accouchement afin de favoriser l’établissement du lien entre la mère et l’enfant ainsi que pour d’autres raisons médicales, tel que le maintien optimal de la température corporelle du bébé. Le papa a voulu couper le cordon et s’en est très bien sorti. Alors que la petite famille nageait en plein bonheur, moi j’étais ébahie devant tout ce que m’expliquait le gynécologue concernant l’expulsion du placenta, les prélèvements de sang au cordon, la suture de l’épisiotomie. De tout mon stage, ce gynécologue a été le plus formateur et le plus sympathique. J’ai plus appris en deux heures avec lui qu’en quatre jours de gardes. 
Une fois que le placenta était sorti, que la suture était faite et que tout le matériel était rangé, nous avons laissé le papa, la maman et le fruit de leur amour profiter de ces premiers instants familiaux. J’ai pu débriefer avec la sage-femme en sortant et lui faire part de mes observations.


CONCLUSION

En conclusion, ce premier accouchement a été très enrichissant pour moi. C’était un moment en dehors du temps, unique en son genre. Je suis le genre de fille qui est davantage touchée par les stages en maternité parce que j’adore m’occuper du lien mère-enfant, mais je dois admettre que ce stage en salle d’accouchement me donne envie d’en savoir plus. Ce sera chose faite l’année prochaine puisque j’ai quatre semaines de stage à y effectuer – et qui sait, peut-être dans un hôpital universitaire. 
Et vous, avez-vous déjà eu des expériences dans ce domaine ? Peut-être avez-vous déjà assisté à un accouchement ou avez-vous déjà accouché ? Que pensez-vous de cet envers du décor ? N’hésitez pas à poser des questions ou à demander des précisions si certaines choses n’étaient pas claires.

Lolita.

Sources

Images :

Enceinte.com

Blogspot

Wikipedia

Texte :

Cours de « techniques obstétricales », 2ème année BSF, HELB Ilya Prigogine

2 réflexions sur “Récit d’une étudiante sage-femme : le vécu du premier stage en salle d’accouchement”

  1. En même temps ça fait rêver, mais ça fait assez peur aussi… La chochotte que je suis risque de bien douiller si j’ai un enfant un jour ! En tout cas, ton (futur) métier m’a mis plein d’étoiles dans les yeux *.*

     
  2. Bonsoir !
    J’était en stage dans un centre hospitalier préfectoral, pour la première fois dans une maternité et j’étais hyper excité . J’ai passer tous les trois semaines que d’observer et assister la sage femme . Ici la sage femme contrôle tout de le début du travail jusqu’a le suite de couche, au cas ou dans un cas dystocie bien sur elle appelait le gynécologue. vraiment j’ai appris plusieurs des choses avec elle avant de les voire comme des cours.
    Le jour attendu j’était en garde tout le monde ont dormi. A 4 h du matin une femme commence a crier, elle était en travail et la pire c’est qu’elle était anémique avec hémoglobine a 7 et il n’y a aucun gynécologue avec nous y a que moi, 3 autres stagiaire et la sage femme dans les salles d’accouchements . Je l’ai installé la parturiente d’abord dans la salle d’admission, je l’ai examiner et tout (TA, BCF, TV) la sage femme a revérifié ce que je trouve comme une résultat puis on l’a déplacé vite a la salle d’accouchement parce que la tête était engager. les autres filles ont préparé la salle et le matériel nécessaire. a la fin de préparation la sage femme m’a demandé d’habiller pour faire l’accouchement, j’était choqué et peur. comment je peut faire ça? je suis encore incompétente d’accoucher une parturiente et de plus avec de risque ! mais a l’antérieure s je veux énormément essayer ça. j’était préparé , j’ai habillé une casaque et j’ai porté des gants. La sage femme a commencé d’aider la maman de faire sortir la tête sans faire une épisiotomie et elle prends des fois ma main pour je touche les cheveux jusqu’à la tête est sorti puis elle m’a donné le rôle de faire la rotation et le dégagement , vraiment je n’ai pas trouve les mots pour décrire ce que j’ai senti au moment de faire sortir ce bébé, ça me rendre adorer plus ce domaine . j’ai coupé le cordon, j’ai déclaré la naissance et j’ai mis le bébé a la table chauffante .
    Après, j’ai insisté de terminer le reste de tout la mission de la réanimation du bébé, la douche et l’habillage du bébé , la délivrance, la toilette vulvaire …. et aussi j’ai pris soin de cette femme et son bébé, vraiment d’une façon plus exagéré comme c’était mon enfant . mais il s’était mon première expérience 🙂

     

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