Télévision française : ce que les chaînes font des séries

Télévision française : séries
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Née dans les années 1950 aux États-Unis, la série est un format bien pratique pour la télévision puisqu’elle permet de fidéliser le public en offrant aux téléspectateurs un rendez-vous régulier et en leur donnant envie de voir la suite de l’épisode qui vient de s’achever. Dans notre pays, les séries américaines sont autant, voire plus suivies que les séries françaises, car elles rassemblent des millions de téléspectateurs lors de leur diffusion. Pourtant, les chaînes françaises font parfois subir des traitements surprenants aux séries étrangères qu’elles acquièrent…

Épisodes mélangés

Premièrement, il arrive souvent que les épisodes d’une série soient diffusés dans un autre ordre que celui prévu à l’origine (l’ordre dans lequel les épisodes ont été diffusés aux États-Unis). Les séries policières (Esprits Criminels, Les Experts…) sont les premières touchées par cette action : les épisodes n’étant pas essentiellement basés sur l’histoire des personnages principaux, mais sur une enquête propre à chaque épisode, les chaînes se permettent de temps en temps de les diffuser dans le désordre.
Parfois, le mélange est dû à des restrictions d’heure : les épisodes jugés interdits aux moins de douze ans par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) doivent être diffusés après 22h, alors que ceux étant « seulement » déconseillés aux moins de dix ans ne sont pas soumis à une heure minimale.
Ainsi, si le 8e et le 10e épisodes d’une saison n’ont pas de signal de protection alors que le 9e est interdit aux moins de douze ans, la chaîne choisira de les passer dans le désordre : 8, 10 puis 9. Cependant, malgré le format d’une enquête par tranche de 40 minutes, un épisode de série policière n’est pas indépendant du reste de la saison pour autant : comme dans d’autres fictions, à la trame principale s’ajoutent diverses trames secondaires qui font évoluer les protagonistes.
De plus, le CSA n’est pas le seul responsable du désordre causé : parfois, ce sont les chaînes de télévision elles-mêmes qui décident de privilégier un épisode plutôt qu’un autre, pour des raisons d’audience. Par exemple, un épisode de la série Mentalist mettant en scène l’éternel antagoniste de Patrick Jane, John le Rouge, attirera plus de téléspectateurs qu’un épisode comportant une enquête classique.
Un exemple récent illustre cette pratique : le lundi 13 juillet de cette année, TF1 diffusait l’épisode 4 de la saison 10 inédite d’Esprits Criminels, mais la semaine suivante, c’était l’épisode 6 qui était programmé. A ce jour, l’épisode 5 n’a pas encore été diffusé en France et les rediffusions d’anciennes saisons ont pris le relais pour le moment.

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Jusqu’à l’overdose

Pour les chaînes, l’un des avantages des séries est de proposer une énorme quantité d’épisodes (la plupart des séries comptant 22 ou 24 épisodes par saison). Ainsi, la diffusion d’une série peut occuper une large place dans les grilles de programmes :

– soit en diffusant les inédits au compte-gouttes, au rythme américain d’un épisode par semaine (la diffusion d’une saison entière peut durer jusqu’à six mois) ;

– soit, à l’inverse, en diffusant un grand nombre d’épisodes par soirée et en jouant avec les rediffusions.

Par exemple, M6 diffuse cet été Bones, à raison de deux épisodes de la saison dix inédite, suivis de quatre rediffusions des saisons 8 et 4 ! La programmation s’étend alors du jeudi à 20h55 jusqu’au vendredi à 2 heures du matin. Si cette option peut ravir un fan ou vous occuper une nuit d’insomnie, elle conduit vite les téléspectateurs au dégoût, surtout lorsque ce sont toujours les mêmes épisodes qui sont rediffusés…
De la même manière, une “mode” est apparue il y a quelques années sur les chaînes de la TNT, dérivées des chaînes principales (d’un côté, NT1, HD1 et TMC qui appartiennent à TF1 et de l’autre, W9 et 6ter qui appartiennent à M6). Ces chaînes sont souvent cantonnées à la rediffusion en journée de séries déjà vues – et revues – sur les chaînes principales, comme La Petite Maison dans la Prairie (6ter), Ghost Whisperer ou Les Frères Scott (NT1). Les épisodes sont diffusés en fin de matinée ou dans l’après-midi par groupe de trois ou quatre, mais, bien souvent, seul le dernier épisode de la tranche horaire n’est pas déjà passé la veille.
Par exemple, si le lundi la chaîne passe l’épisode 5 à 15h, l’épisode 6 à 16h et l’épisode 7 à 17h, le mardi, ce sera l’épisode 6 qui passera à 15h, l’épisode 7 à 16h et enfin l’épisode 8 à 17h. On ne dispose donc que d’un seul “nouvel” épisode par jour, ce qui permet aux chaînes d’étendre un maximum la durée de diffusion d’une saison (ou de l’intégrale de la série).

Changement de programme

Comme je vous l’expliquais plus haut, le principal atout d’une série est de fidéliser les téléspectateurs en leur offrant un rendez-vous régulier, souvent hebdomadaire. En diffusant toujours la série le même soir de la semaine, les chaînes s’assurent d’être regardées, car les téléspectateurs retiennent l’horaire : « On est lundi, il y a Esprits Criminels sur TF1″.
Néanmoins, les chaînes décident parfois de changer l’horaire ou le jour de programmation, pour favoriser un nouveau programme ou pour pallier des audiences insuffisantes par exemple.
Pire encore, lorsqu’une série n’atteint pas l’audimat escompté, elle peut être envoyée sur les chaînes secondaires du groupe : c’est ce qu’il s’est passé pour la saison 3 de Once Upon A Time, reléguée sur 6ter après la rediffusion des deux premières saisons, à cause des faibles résultats d’audience de la saison 2 sur M6.
La conséquence pour le téléspectateur est de toujours devoir éplucher en détail sa grille de programmes s’il veut être certain de ne pas rater un épisode, voire une saison complète. Le service replay, qui permet de regarder les programmes sur Internet – ou sur votre télévision, selon votre offre internet et votre box – jusqu’à une semaine après leur diffusion à la télévision peut être une solution pour ne pas manquer un programme… mais encore faut-il que le service fonctionne et que les épisodes soient correctement mis en ligne, ce qui n’est pas toujours le cas : par exemple, les six premiers épisodes de Murder diffusés cet été n’ont pas été rendus accessibles sur le replay de la Freebox.

Été des séries 2015 : le grand bazar

Au début de cet été, nous avons été servis en matière de bizarreries avec nos séries !
Commençons par la diffusion chaotique de How to Get Away with Murder, rebaptisée pour la France Murder, sur M6. La chaîne décide de lancer la série le mardi 30 juin avec la diffusion des quatre premiers épisodes, qui réalisent un bon démarrage avec plus de 3 millions de téléspectateurs… Mais, pour une obscure raison, M6 décide de diffuser la suite de Murder le lendemain à 23 heures, après le lancement de son nouveau jeu d’aventures Qui est la taupe ?. Évidemment, les audiences de la série descendent en flèche. La baisse est non seulement due au changement d’horaire, mais aussi à la concurrence avec TF1 qui lançait au même moment la saison 2 d’Arrow, suivie de la première saison de Flash.
Puisqu’on en parle, les téléspectateurs de ces deux séries ont également eu leur lot de surprises ! En effet, Flash et Arrow sont toutes les deux des adaptations de l’univers de DC Comics, et il s’avère que Flash est un spin-off, c’est-à-dire une série dérivée d’Arrow. Dans certains épisodes, on retrouve donc des informations communes, ainsi que des personnages d’Arrow rendant visite à ceux de Flash… Mais le problème réside une nouvelle fois dans l’ordre de diffusion des épisodes. L’introduction de Flash se place dans le huitième épisode de la saison 2 d’Arrow, qui n’a été diffusé sur TF1 que le 15 juillet, soit deux semaines après le lancement des deux séries. De plus, à cause des épisodes communs, il arrive que l’on voie des extraits d’épisodes encore inédits d’Arrow dans les résumés au début des épisodes de Flash, ce qui peut faire grincer des dents les téléspectateurs allergiques aux spoilers…
Enfin, c’est la série Revenge qui est touchée par les choix de TF1. Les deux premières saisons avaient été diffusées en 2013 et en 2014 le mercredi soir, d’avril à juin, à la suite des saisons 8 et 9 de Grey’s Anatomy. Un rendez-vous auquel les téléspectateurs s’étaient habitués, mais cette année, c’est la nouvelle série Stalker qui a été diffusée en 2e partie de soirée après Grey’s Anatomy. TF1 réservait l’été pour Revenge, dont les six premiers épisodes ont été diffusés les jeudis 25 juin et 2 juillet à partir de 23h. Ce changement d’horaire a conduit à la déprogrammation de la série pour audiences insuffisantes, sans indiquer si la saison 3 serait diffusée plus tard sur NT1 ou HD1, ou s’il ne nous reste qu’à acheter les DVD de la saison, dont la sortie a été avancée à l’annonce de cette déprogrammation.

Et vous, regardez-vous vos séries sur les chaînes françaises ? Êtes-vous parfois excédés de la programmation qu’elles proposent ? Dites-nous tout dans les commentaires de l’article !

Kaalyn

Sources texte

Programme-tv.net
Wikipédia
CSA.fr
Téléstar.fr
Ozap.com

Sources images

Images 1 et 2 : photos personnelles du magazine Télé 2 Semaines

Image à la une : Photo libre de droits du site Pixabay.com

9 réflexions sur “Télévision française : ce que les chaînes font des séries”

  1. C’est quand même dingue qu’il y ait autant d’incohérences pour la diffusion des séries… De la part de grands groupes de télé, on s’attend à un minimum de sérieux.

     
  2. C’est vrai que j’avais parfois noté des incohérences concernant l’ordre des épisodes ou alors la saturation d’épisodes vus, revus et re-revus…
    Je n’avais pas remarqué cependant le grand bazar de cet été, je ne suis pas les séries que tu as mentionné (sauf Arrow, que j’ai eu la possibilité de voir sur Canal +).
    Merci pour cet article en tout cas !

     
  3. J’avoue être déçue et avoir l’impression d’être prise pour un pigeon par les grands groupes de télévision.
    De ce fait, je passe de moins en moins de temps devant la télévision.
    Du coup je regarde les séries sur Internet. Ça me permet également de ne pas perdre mon niveau en compréhension orale en anglais. 😉

     
  4. Si ça peut vous rassurer, je ne pense pas que ce soit beaucoup mieux au Québec. Combien de fois j’ai essayé de suivre une série sans y arriver, parce que je tombais toujours sur des rediffusions ou que des épisodes étaient diffusés très tard les soirs de semaine ? Trop. C’est pourquoi je n’écoute plus mes séries via la télévision. J’ai acheté toutes les saisons de Bones et je ne le regrette pas du tout 😀

     
  5. J’ai jamais fait attention à ce bazar ! Je suis bien contente de ne regarder la télévision que très rarement… Le trop plein de pub me saoule et c’est vrai que je tombais souvent sur des épisodes vus et revus… De quoi refroidir un peu !
    Maintenant je regarde tout en streaming, comme ça je n’ai pas de mauvaises surprises !

     
  6. Article très intéressant sur le fonctionnement des chaines au niveau des séries…
    Mais quand je vois le cafouillage que ça engendre, il ne faut pas s’étonner que les gens cherchent des solutions (plus ou moins légales) pour voir leur série dans l’ordre et au plus vite

     
  7. Ce que je ne comprends pas c’est que les chaines avec ces rediffusion abusive des même épisodes jour après jour doivent perdre énormément de téléspectateurs en agissant ainsi, moi personnellement je ne peux pas voir le même épisodes d’une série 3 jours de suite ce qui me fait préféré streaming ou autres chaînes payante ou je peux voir une série dans l’ordre et à mon rythme
    Alors qu’on me dise enfin pourquoi les chaines font elles ça, car à part dégouté qqun d’une série ça ne peut avoir beaucoup d’autres résultats

     
  8. Et je n’ai parlé que de ce problème car l’ordre des séries et les séries de 2 ou3 films diffusée dans une soirée et ou on vous propose le 2 avant le 1 (rambo ou autres blockbuster) je ne comprends pas le but de l’opération sur ce coup là non plus
    ARRÊTEZ DE NOUS PRENDRE POUR DES ÂNES ET PROPOSEZ NOUS DES PROGRAMMES QUI DONNENT ENVIE

     

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