Vivons-nous dans une société remplie de préjugés ?

Préjugé RSA : fraude ou manque d'informations
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Aujourd’hui, vous vous êtes promenés et vous avez vu des gens sans domicile fixe, vous avez encore entendu parler des chômeurs et vous avez peut-être croisé des vendeurs à la sauvette, ignorer des gens qui mendiaient ou encore cru apercevoir une ou deux prostituées. À ce moment-là vous vous êtes peut-être dit « Ils ont choisi cette vie. », vous êtes passés devant eux sans un regard. Mais qu’en est-il réellement ? N’est-ce pas des préjugés que nous avons tous ? Dans cet article, je vous propose de découvrir les préjugés les plus courants sur ces personnes socialement différentes.

Préjugé numéro 1 : Les sans domicile fixe (SDF) ont choisi cette vie.

Saviez-vous qu’en France, près de 4 millions de personnes sont mal logées ?
En 2012, le nombre de SDF a été estimé à 140 000 personnes dont 30 000 enfants, un chiffre important qui a augmenté de 50 % en dix ans. Une situation encore plus préoccupante quand les chiffres montrent que le mal-logement touche toujours plus de personnes. Cela signifie que ces individus n’ont pas de domicile personnel et vivent dans des logements précaires ou dans des conditions très difficiles. Parmi elles, 643 000 personnes sont contraintes d’habiter chez un tiers, et 25 000 sont logées dans des hôtels, par manque de place dans les logements sociaux. De plus, 1,4 million de ménages ont une demande de logement social en attente et pour certains, depuis plusieurs années.

Un autre chiffre alarmant : à Paris, 43 % des SDF qui ont composé le numéro d’urgence durant l’hiver 2013, n’ont pas obtenu de place en hébergement d’urgence, et ce chiffre atteint les 61 % en province. C’est une situation très préoccupante, qui touche aujourd’hui des millions de personnes qui ont du mal à accéder à des conditions de vie de base.

logement en france chiffres

Certaines de ces personnes vivent une vraie déchéance sociale et ont tous une histoire plus ou moins tragique.
Parmi eux, quelques-uns se retrouvent sans logement suite à une perte de revenus inattendue (licenciement, perte de l’entreprise, maladie, dettes financières…), à une séparation, à un accident ou à un drame familial. D’autres sont étudiants, mais n’ont pas les moyens de payer la location d’un studio dans un studio ou ont un travail, mais n’ont pas assez de revenus pour louer et sont dans l’attente d’un logement social.
Maintenant que vous avez ces éléments, imaginez que demain, vous perdez vos revenus et que vous avez encore le crédit de votre voiture, peut-être celui de votre maison et qu’au final vous n’arrivez plus à faire face à vos obligations financières. Une fois, vous irez voir vos proches, si vous en avez, mais ensuite ? Vous devrez vendre tout ce que vous avez pour rembourser une partie de vos dettes, mais cela impliquera de trouver un moyen de vous loger, malgré un salaire moindre (ou inexistant) et des demandes sociales en attente. Suite à cette perte de statut social, vos amis commencent à vous tourner le dos (vous risquez de leur demander quelque chose) et à vous regarder de haut (vous ne faites pas grand chose pour vous en sortir à leurs yeux). Imaginez toutes ces démarches pour essayer d’obtenir des aides sociales qui n’aboutissent pas et surtout, pensez à la première fois que vous devez vous dire : je n’ai pas de logement ce soir, je dois dormir dehors, je n’ai pas le choix. Pensez à ces gens, vous étiez comme eux il n’y a pas si longtemps, qui vous regardent avec mépris ou pitié la première fois où vous vous installez pour dormir. Pensez à ce sentiment de solitude que vous devez éprouver… Des aides sociales peuvent exister, mais elles restent longues à obtenir, les hébergements d’urgence sont bien souvent saturés et les logements sociaux dans certains départements compliqués à avoir. De plus, si vous n’avez pas d’adresse, les démarches sont d’autant plus difficiles : toutes les administrations demandent une adresse fixe.

Préjugé numéro 2 : Les pauvres sont ceux qui ne veulent pas travailler.

Saviez-vous qu’un million de travailleurs ont des revenus proches des 800 euros par mois et qu’un tiers des personnes en temps partiel souhaitent travailler plus ?
C’est le constat aujourd’hui, le chômage touche une grande partie de la population et l’emploi précaire se multiplie. Il y a environ 3,2 millions d’emplois précaires en France et le plus alarmant est que la moitié des 15-24 ans ont un emploi de ce type. En plus d’être les victimes du travail précaire, les jeunes sont aussi touchés par le chômage élevé. Beaucoup d’entre eux, diplômés ou peu diplômés, cherchent des emplois et doivent souvent vivre dans la précarité et accepter des emplois peu qualifiés ou subir des conditions de travail inacceptables (harcèlement, heures supplémentaires non rémunérées et non récupérables, tâches indécentes…). Dans les secteurs les plus touchés et les employeurs n’hésitent pas à jouer avec le contexte économique à laisser planer la possibilité d’un licenciement. De plus, une partie des personnes pouvant toucher le RSA ne demandent pas l’aide (difficile cependant de trouver des chiffres fiables…), et même les plus pauvres payent les taxes : 16% de leur revenus leur servent à payer la TVA et d’autres taxes.
Un autre chiffre alarmant, en 2013, en France, 53 personnes ont été condamnées pour traite d’êtres humains. Bien souvent, la traite (esclavage, proxénétisme, vol…) touche des personnes étrangères, mais peut également concerner des Français.

Préjugé RSA : fraude ou manque d'informations

Le contexte économique actuel crée beaucoup de précarité, et les licenciements économiques sont d’actualité. Les jeunes sont les plus touchés, mais les seniors également. Face à ce contexte, une grande partie des personnes souhaitant travailler sont prêtes à faire des concessions : rémunérations, heures de travail, tâches, postes moins importants… Cependant, cela ne suffit plus. Le nombre d’actifs disponibles est bien supérieur au nombre de postes disponibles et au nombre de postes créés dans différents domaines. Même si certains touchent des aides sociales, ils souhaitent se réinsérer dans la société et ne plus vivre avec peu de moyens. Les travailleurs pauvres, même s’ils ne sont pas imposables, payent les taxes que tout le monde paye avec un revenu plus bas. N’oublions pas non plus que la fraude au RSA est bien loin derrière la fraude fiscale que les entreprises et milliardaires réalisent.

montant des fraudes schéma

Préjugé numéro 3 : Les étrangers volent et appauvrissent le pays.

Saviez-vous qu’une grande partie des étrangers qui sont vendeurs à la sauvette, mendiants, prostitués, sont en réalité victimes d’une traite humaine ? Qu’un étranger ne peut toucher le RSA que 5 ans après avoir été régularisé et qu’il ne touche que l’aide médicale d’urgence et l’hébergement d’urgence (s’il y a des places) ?
Une grande partie des étrangers qui arrivent sur notre territoire fuient des conditions de vie dramatiques, qui les ont touchés du jour au lendemain. Certains fuient la guerre, d’autres la violence ou encore la pauvreté. Ces hommes et ces femmes quittent leur pays en espérant vivre des jours meilleurs et élever leurs enfants dans un pays plus paisible. Loin des préjugés, ces personnes souhaitent s’intégrer à un autre pays, en apprenant la langue, en travaillant et en réussissant à vivre dignement. Ils quittent leur pays, paient des passeurs ou traversent illégalement les frontières pour fuir une réalité insoutenable où mort, famine et insécurité sont journalières. Une fois sur le territoire français, ils souhaitent s’installer, mais n’ont bien souvent aucune économie et ne trouvent pas de travail. Certains essayent de s’en sortir en faisant du porte à porte, en essayant d’apprendre la langue française et en faisant appel à des associations, mais ces personnes sont bien souvent fragiles et peuvent voir leurs rêves s’effondrer.

En effet, la réalité est bien différente de celle qu’on leur a assurée.
Certains arrivent en France, attirés par des personnes leur promettant des carrières (sportives) ou des emplois stables. Croyant en un avenir meilleur et pensant pouvoir subvenir au loin à la vie de leur famille, ces personnes acceptent de partir et paient un intermédiaire pour un futur prometteur. Une fois sur le territoire français, le passeur peut, au mieux, les abandonner et, au pire, enlever leurs papiers et leur demander de rejoindre un réseau : de voleur, de mendiant ou encore de prostitués, pour éponger leurs dettes. Ces clandestins ne connaissant personne d’autre et se retrouvant sans papiers vont être utilisés à des fins de traite. Ils auront honte de ce qu’ils vont accomplir et refuseront de se sauver et de retourner dans leur pays (honte, menaces de mort sur leur famille, rituels religieux…).
D’autres sont violés devant leur famille et battus avant d’arriver en France et d’être utilisés comme esclaves. Ce traumatisme va bien souvent les empêcher de retourner vers leurs proches.
Certains sont enfermés dans des habitations, vivent à même le sol et se contentent des restes de leurs propriétaires.
D’autres arrivent avec leur famille dans des bidonvilles et apprendrons rapidement qu’ils doivent un loyer au chef du bidonville ; ils seront dans un premier temps forcés à voler, à mendier et vont entrer dans un cercle infernal (toujours plus d’argent demandé, sous peine de violences physiques sur la famille).
Les exemples sont tous plus tragiques les uns des autres et montrent que sous la menace, l’enfermement, l’isolement et le rejet des autres, certains étrangers n’arrivent pas à faire face et sont bien souvent obligés d’effectuer des actes contre leur volonté. Les forces de l’ordre, les associations et d’autres institutions se battent pour aider une grande partie des personnes victimes de traites mais, bien souvent, celles-ci ne s’identifient pas par peur de représailles ou doivent effectuer un long processus pour sortir de leur statut d’esclave. Si vous souhaitez en savoir plus sur ces victimes de traite, je vous conseille de lire Les nouveaux visages de l’esclavage (italique à mettre au titre) de Louis Guinamard, qui raconte la réalité de cette traite ou de consulter ce site Internet (toujours majuscule à Internet).

Maintenant que vous avez découvert ces trois préjugés, qu’en pensez-vous ? Avez-vous pensé un jour vous trouver dans ces situations ? Que pensez-vous de la situation des plus démunis en France ? Laissez votre avis en commentaire !

Maëva M

Sources texte :

Le Monde
Le Figaro

Sources images :

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1 réflexion sur “Vivons-nous dans une société remplie de préjugés ?”

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