Le cheval sur les épaules

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Il est assez fréquent, dans le milieu équestre, d’entendre « le cheval est sur les épaules », « il treuille », « il ne se tient pas… ». Pour les non-initiés et les cavaliers peu expérimentés, il s’agit de phrases mystiques qui laissent perplexe. Alors, concrètement, qu’est-ce qu’un cheval sur les épaules ?

Dans cet article, je tenterai de répondre à cette question afin d’éclaircir le sujet, et d’apporter des réponses à vos questions.

Cheval sur les épaules : un peu de morphologie

On distingue trois grandes parties chez le cheval : l’avant-main, le corps et l’arrière-main.

Technique

L’équilibre, à l’instar d’une balance, peut être réparti de façon plus ou moins homogène sur l’avant ou sur l’arrière-main. Plus celui-ci est vers les hanches, mieux c’est : le cheval se tient et peut se muscler dans le bon sens. Cela résulte de l’aboutissement de mois et de mois de travail bien mené par le cavalier. À l’état naturel, le cheval se déplace sur les épaules, cela étant plus reposant pour lui. Dans ce cas de figure, ce n’est pas très grave, car il n’a pas la contrainte du poids d’un cavalier sur le dos.

Certains chevaux, par leur morphologie, sont plus prédisposés à être sur les épaules. C’est le cas, par exemple, des Quarter-Horse. D’autres, taillés en « hors-bord », c’est-à-dire en montant, comme les chevaux de dressage, auront moins de souci à être sur les hanches, mais plus de difficultés lors des extensions d’encolure par exemple.

Race cheval Race de cheval
 En haut, étalon Holsteiner en « hors-bord ».  En bas : étalon Quarter-Horse fait en descendant.

Même si la plupart des races ont une tendance vers un type d’équilibre, on ne peut pas généraliser : il faut regarder au cas par cas.

Comment reconnaître un cheval qui treuille ?

Il s’agit d’un cheval qui, par manque d’équilibre, va porter tout son poids sur son avant-main.
Les signes qui ne trompent pas : le cavalier a mal aux bras, 50 kilos dans les rênes, l’impression d’être emmené en avant… Le cheval, lui, aura une cadence totalement désordonnée, prendra de la vitesse, trébuchera…

En résumé, c’est le cavalier qui porte son cheval, alors que cela devrait être l’inverse ! Le cheval, en s’équilibrant via la main du cavalier, n’engage pas ses postérieurs – c’est-à-dire que ceux-ci ne viennent pas sous sa masse grâce à l’abaissement des hanches. Qui dit légèreté dit équilibre ! L’un ne va pas sans l’autre, alors : Arbeit (au travail !) !

Cheval sur les épaules : pas de panique !

Par chance, plusieurs solutions existent ! En revanche, quelles qu’elles soient, elles vont vous demander beaucoup de rigueur, de patience, voire de persévérance. Armez-vous de courage, c’est le début d’un long périple sur le plat !

On l’aura compris, l’objectif est d’alléger l’avant-main en répartissant le poids sur les hanches, grâce à l’engagement des postérieurs. Bien sûr, avoir un cheval vraiment « sur les hanches » n’est pas forcément le but. Dans un premier temps, il faut savoir se contenter d’un cheval se tenant même horizontalement. Ce travail sur le plat sera progressif et il se construit sur le moyen et le long terme.

La première étape est de ne jamais laisser le cheval s’appuyer sur la main, peu importe son âge ! Cela va totalement l’assister, il n’apprendra pas à se porter tout seul ni à trouver son équilibre, mais il s’en remettra au cavalier.

On sent que le cheval s’effondre lorsque l’un des signaux décrits précédemment se produit. Celui ressenti le plus vite est le cheval qui pèse sur le mors : en effet, l’impression d’avoir 50 kilos dans chaque main ne passe pas inaperçue. Lorsque cela arrive, faites une petite demie-parade (action de main très brève vers le haut) et ensuite cédez immédiatement. Le principe repose sur le confort/inconfort. Il faudra peut-être répéter l’action plusieurs fois, dès que le cheval vous tire.
Une alternative est de vibrer dans ses doigts afin de détendre la mâchoire. Celle-ci m’est préférable, car plus douce. Cependant, ces solutions ne sont pas celles que j’affectionne le plus, car elles ne servent que de piqûre de rappel et ne vont pas assez loin dans le travail de fond.

Il existe plusieurs exercices qui permettent d’améliorer considérablement l’équilibre du cheval. Les transitions montantes et descendantes, intra et inter-allures : pas-trot, trot-arrêt, arrêt-reculé, pas-galop, trot moyen-trot allongé… Cela va rendre votre cheval attentif à vos demandes, mais surtout cela va lui demander de venir gentiment sur ses hanches et de se tenir. Le reculer est une méthode vraiment efficace pour cela ! Un dernier conseil pour ces travaux, veillez à ce que votre cheval soit droit (entre mains et jambes).

Les exercices favorisant l’engagement du postérieur interne sont miraculeux. Pour cela, je vous propose l’épaule en dedans, véritable « aspirine de l’Équitation » selon le Maître Oliveira, qui vous sera d’une précieuse aide. L’idée est de ne pas en faire sur toute une ligne de manège, mais de demander régulièrement, sur quelques foulées et avec peu d’angle. Au fur et à mesure du travail, vous pourrez demander plus d’efforts à votre cheval.

On peut également ajouter les travaux sur les courbes, les cercles, les serpentines… Faites attention à bien ralentir l’épaule externe et activer le postérieur interne, et de toujours garder le cheval dans vos couloirs de rênes et de jambes : les farceurs tentent toujours de trouver des parades pour éviter de forcer sur leurs muscles !

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À gauche, cheval de Grand-Prix de dressage qui piaffe sur les épaules : on le remarque au garrot effondré, les hanches ne sont pas ployées (postérieurs bien en arrière de la masse), mais surtout à la tension des rênes qui résulte d’un cheval tenu par le cavalier : la tête est en deçà de la verticale, les branches du mors presque parallèles au sol. À droite : Nuno Oliveira, piaffé parfaitement exécuté : cheval détendu, branches du mors perpendiculaires au sol, postérieurs sous la masse, rênes semi-tendues…

La position du cavalier joue un rôle très important. Il ne doit pas se trouver avachi sur les épaules du cheval, car cela demandera encore plus d’efforts à celui-ci pour se tenir. Les épaules de votre monture doivent être allégées au maximum. Alors on se redresse, et on place bien son bassin en rétroversion, ça aide !

Quelques conseils en plus…

Il ne faut jamais négliger la détente ! On ne met pas tout de suite le cheval en action, au risque de le blesser ou tout du moins de le travailler dans la gêne. Personnellement, je laisse mon cheval marcher 5 à 10 bonnes minutes rênes longues le temps que la machine se mette en route. Ensuite, il doit se tenir, mais je ne le mets pas d’entrée de jeu sur la main. Cela vient petit à petit, il faut qu’il s’échauffe. Il est préférable d’éviter la piste au maximum. Mobiliser les hanches, les épaules, faire des transitions est important, de cette manière le cheval restera à l’écoute. Gardez toujours cette maxime en tête « en avant, calme et droit ! »

Dans tous les cas, ce qu’il faut rechercher avant tout, c’est un cheval décontracté. Un cheval stressé n’exécutera pas ce qu’on lui demande de manière optimale. Même si parfois notre sérénité peut vite se perdre, il faut toujours rester calme et indiquer clairement ce que l’on souhaite obtenir. Céder et récompenser immédiatement une fois que le cheval a donné la bonne réponse est également une clé essentielle dans votre travail sur le plat.

Il est important de se faire entourer de professionnels ou d’une personne de confiance, cela ne pourra que jouer en votre faveur. Travailler seul vous fait prendre de mauvaises habitudes et ne vous permet pas d’avoir un regard extérieur et objectif. Un regard aiguisé vous aidera non seulement à trouver le bon timing et à vous faire progresser, mais aussi à démêler la situation en cas de blocage.

Surtout, n’oubliez pas que le temps sera votre allié. Il vaut mieux en perdre un peu afin de consolider les bases pour en gagner par la suite !

À présent que vous connaissez tout ou presque sur les chevaux sur les épaules, faites-nous partager votre expérience ! Rencontrez-vous ce type de problème avec votre cheval ? Comment y avez-vous remédié ? N’hésitez pas à poster vos commentaires et vos impressions sur le Mag !

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Sources images :

 – étalon quarter horse gris
étalon hoslteiner
Nuno Oliveira
photo dressage

http://www.scandinavian-dressage.com/fr/bas-et-rond.html

5 réflexions sur “Le cheval sur les épaules”

  1. Très intéressant, merci ! Je pense qu’il est en effet très important d’apprendre au cheval à se porter de lui-même, à se prendre en charge, au lieu de lui permettre de s’appuyer sur la main… Personnellement je monte régulièrement rênes longues (ou mi-longues) justement pour éviter au cheval de trop compter sur moi. Et, contrairement à ce que l’on a tendance à entendre, monter rênes longues n’est pas incompatible avec un travail de dressage correct : il est tout à fait possible d’avoir un cheval parfaitement en place sans tendre ses rênes, tout comme il est également possible de faire des cessions à la jambe, épaules-en-dedans et autres figures de dressage !
    La main n’est qu’une aide du cavalier, elle ne doit en aucun cas (du moins, c’est mon avis) prendre le pas sur les autres aides : les jambes, la voix et, plus important encore, le dos sont tout aussi importants !

     
  2. Bonjour,
    Merci pour cet article bien sympathique, j’adore vous lire. J’apprend toujours de nouvelles choses sur chacun de vos article.
    Bonne continuation pour votre blog et profiter de votre passion, que sont les chevaux.

     
  3. Article vraiment intéressant, je n’avais jamais vraiment compris ce que ça signifiait et je savais encore moins comment on pouvait y remédier…

     

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