Vers la fin de la captivité de l’orque Tokitae

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En 2023, cela fait 53 ans que l’orque dénommée Tokitae vit en captivité dans un parc aquatique de Floride, le Miami Seaquarium. Depuis quelques jours, des rumeurs concernant son possible retour à l’état sauvage circulent, alimentées par les propriétaires du parc eux-mêmes. Retour sur l’histoire de Tokitae et les difficultés liées à la fin de sa captivité.

Le capture de Tokitae

L’histoire de Tokitae commence il y a 57 ans dans les eaux de Penn Cove au nord-ouest de l’océan Pacifique entre Washington et le Canada où elle voit le jour. Elle fait partie d’une communauté d’orques qui a été ciblée par une opération de capture en août 1970, alors que Tokitae n’est âgée que de 4 ans. Les pêcheurs locaux en charge de l’opération ont encerclé les mammifères marins, et séparé les petits de leur mère grâce à leurs filets afin de les capturer. La population d’orque présente dans cette zone n’avaient jamais été étudiée auparavant et, sans le savoir, les pêcheurs en ont attrapé la quasi-totalité, soit environ 90 individus. Une grande partie des orques ont été relâchées immédiatement ou un peu plus tard, mais 8 d’entre eux dont Tokitae ont été vendues à des parcs aquatiques et 13 seraient morts durant l’opération. Cet épisode nommé « capture de Penn Cove » est tristement célèbre aujourd’hui pour avoir été la plus importante et controversée capture d’animaux marins.

Mais cette capture fait en réalité partie d’une plus vaste opération menée entre les années 1964 et 1976 dans le nord-ouest du Pacifique. On estime qu’au moins 263 orques ont été capturées durant cette période. Beaucoup se sont échappées ou ont été relâchées, mais une cinquantaine a été vendue à des delphinarium. Il a fallu attendre l’année 1972 pour qu’un moratoire, la Marine Mammal Protection Act, soit mis en place afin de protéger les animaux marins présents dans les eaux américaines, conduisant à la fin des captures dans cette zone. Une cinquantaine d’années plus tard, Tokitae est l’unique survivante des orques ayant été vendues dans des parcs aquatiques suite à ces captures.

La vie en captivité

Depuis sa capture, Tokitae, qui a été surnommée Lolita, vit au Miami Seaquarium dans un bassin de 26 sur 11 mètres. Il s’agit du plus petit bassin d’Amérique du Nord dans lequel elle vit seule depuis l’année 1980, date de la mort de l’autre orque du parc nommée Hugo. Tokitae est également réputée comme étant la plus petite orque vivant en captivité, la taille de son bassin ne lui ayant pas permis d’avoir une croissance normale.

Depuis plusieurs années, les associations de défense pour le bien-être des animaux font pression sur le parc de Floride et dénoncent les conditions de vie inacceptables que subit Tokitae. Outre les troubles physiques et psychologiques liés à son bassin trop petit, l’orque a développé d’autres problèmes de santé comme des problèmes de peau causés par l’eau du bassin ou des séquelles intestinales du fait de la mauvaise qualité du poisson qui lui est donné pour la nourrir. Face à ces dérives, Tokitea est devenue le symbole de la lutte contre la chasse et la captivité des orques. Et il se pourrait bien que les protestations aient enfin été entendues.

Le Miami Seaquarium a annoncé fin mars 2023 avoir passé un accord avec l’association Friends of Lolita afin d’entamer une procédure de remise en liberté de leur orque, Tokitae. L’objectif est de pouvoir relâcher l’animal dans les eaux de Penn Cove d’où elle vient. Cette opération pourrait être réalisée en grande partie grâce au financement de l’homme d’affaire Jim Irsay, connu pour être le principal propriétaire des Indianapolis Colts de la Ligue nationale de football américain. La remise en liberté de Tokitae pourrait coûter jusqu’à 20 millions d’euros.

Les difficultés d’une remise en liberté

Même si un premier combat a été gagné pour la remise en liberté de Tokitae, il reste de nombreuses difficultés à appréhender afin que l’histoire de l’orque puisse avoir véritablement une fin heureuse. En effet, plusieurs tentatives avaient déjà été faites pour relâcher l’animal, à chaque fois abandonnées pour des raisons de sécurité ou financières. Les problématiques financières étant cette fois-ci écartées, il reste des difficultés logistiques notamment liées à la santé de l’animal.

Tokitae vit depuis l’âge de 4 ans en captivité, il faut donc la réhabituer au monde sauvage avant de pouvoir la relâcher dans les eaux de son enfance. Les propriétaires du Miami Seaquarium prévoient de la placer dans un premier temps dans un sanctuaire marin au large des côtes de la Nouvelle-Écosse où elle pourra réapprendre à chasser et développer sa musculature. Néanmoins Tokitae est une orque âgée ce qui rend particulièrement risqué le fait de la déplacer. Son état de santé lui permettra-t-il un aussi long voyage ? Des questions se posent également sur les éventuelles infections qu’elle pourrait transmettre aux autres animaux marins. Les orques sont des animaux menacés d’extinction à cause de la pollution des océans et il n’est pas question de les mettre en danger, d’autant plus que le groupe que Tokitae doit rejoindre est déjà réduit et ne compte plus que 74 individus. Parmi eux se trouve d’ailleurs la mère de Tokitae âgé de 90 ans, une longévité assez exceptionnelle pour ces animaux dont l’espérance de vie en liberté est de 40 ans pour les mâles et 60 à 80 ans pour les femelles !

Il faudra donc attendre encore de 18 à 24 mois avant d’assister au transfert de Tokitae vers le sanctuaire. Son histoire représente cependant un espoir pour la lutte contre la capture et captivité des orques. Aujourd’hui il resterait encore 50 à 60 orques vivant en captivité à travers le monde et si beaucoup de pays ont interdit les captures, la pratique existe toujours, particulièrement sous l’influence d’entrepreneurs russes qui vendent les orques à des parcs aquatiques en Asie.

Que pensez-vous de cette remise en liberté de l’orque Tokitae ? Pensez-vous que cette histoire aura une fin heureuse ? N’hésitez pas à laisser votre avis en commentaire.

Sometimes

Sources :

Sciences et avenir

Ouest France

Le parisien

Sciencepost

Geo

Cestassez

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