Bonjour lecteurs du Mag !
Aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’un sujet problématique depuis des années, l’otectomie.
L’otectomie (ou « essorillage », « mutiler en coupant les oreilles ») est la coupe des oreilles du chien lorsque celui-ci a entre huit et douze semaines. La partie tombante de l’oreille est retirée puis le restant est bandé pendant plusieurs jours de façon à maintenir l’oreille bien droite.
Les races les plus concernées par ces pratiques sont le plus souvent des chiens utilisés maintenant pour des fonctions de garde ou d’attaque, comme les beaucerons, les dobermans ou encore les bergers de Brie.
Historiquement, les oreilles tout comme la queue (caudectomie) étaient coupées afin d’éviter un maximum de prise aux loups pour les chiens de berger (d’où l’otectomie chez beaucoup de chiens de berger français). La caudectomie,quant à elle, reste très souvent pratiquée chez les chiens de chasse qui risquent de se blesser dans des terrains broussailleux (ronces, etc).
Mais bien évidemment, le souci pratique a presque totalement disparu en ce qui concerne les chiens de berger puisque ceux-ci sont désormais plus souvent destinés à la garde d’une maison familiale qu’à celle d’un troupeau. Il en va de même pour les chiens d’attaque puisque les combats de chiens sont interdits en France. L’otectomie se pratique donc de nos jours uniquement (ou presque) à des fins esthétiques.
Point de vue légal
Depuis quelques années, une mesure européenne interdit l’otectomie ainsi que la caudectomie. Malheureusement pour les défenseurs des droits des animaux, la France a obtenu une dérogation lui permettant de pratiquer encore la caudectomie. Toutefois, l’otectomie est elle, depuis le 30 Avril 2004, bel et bien interdite dans ce pays.
Ainsi, les chiens essorillés nés après le 30 Avril 2004 ne peuvent participer à des expositions officielles et ne peuvent être inscrits au LOF (Livre des Origines Français, répertoriant les races canines et leurs représentants).
Notons par ailleurs que la France est l’un des derniers pays de l’Union Européenne à avoir interdit l’otectomie, la plupart des pays ayant déjà condamné cette pratique entre 1989 (Suède) et 2001 (Belgique, Pays-Bas).
Controverse
On peut se demander tout de même pourquoi l’otectomie est interdite. Bien évidemment, certains répondront du tac au tac en donnant l’argument de la mutilation, de la souffrance. Cependant, les opinions divergent à ce sujet : pour certains par exemple, l’essorillage est une pratique visant au confort du chien, puisque l’oreille tombante est synonyme, selon eux, de problèmes hygiéniques et donc de santé.
Il est vrai que l’oreille est une zone fragile et aisément sujette aux piqûres, aux problèmes de peau, aux infections. C’est sur cette argumentation qu’a été basé le discours d’un député français en 2008, qui souhaitait rétablir le caractère légal de l’otectomie. Par ailleurs, il me semble que son idée n’est pour le moment ni refusée, ni acceptée, mais stagne quelque part, certainement cachée par une montagne de dossiers plus problématiques.
« L’interdiction de la coupe des oreilles est source de grands dangers. Pour l’animal, l’otectomie n’est en aucun cas un acte esthétique, ni encore moins une pratique barbare. Elle est réalisée pour des raisons de santé et des raisons pratiques, les oreilles naturelles étant en effet souvent source de souffrances. »
(Extrait de l’argumentaire de Jean-Jacques Candelier, député ayant proposé la réhabilitation de l’otectomie en France)
Il est vrai que selon plusieurs éleveurs, le doberman notamment se voit fragilisé par ses oreilles tombantes : étant un chien très fin, il aurait du mal à supporter le poids de ses oreilles non-coupées, avec son cou fragile.
(Doberman oreilles longues / Doberman essorillé)
Mais d’autres avis viennent s’opposer à celui des éleveurs : ceux des défenseurs des droits des animaux, comme la fondation Brigitte Bardot qui pointe du doigt une mutilation de l’animal, une souffrance sans nom, des scènes d’horreur, de boucherie. En effet, l’oreille étant une zone très irriguée, l’opération est assez sanglante. Selon certains, l’otectomie serait très douloureuse pour le chiot qui, à son réveil, hurlerait à la mort.
Mais pour d’autres, la douleur n’est pas forcément récurrente puisque selon certains vétérinaires, « si l’opération est pratiquée par une personne compétente, le chiot ne sent rien ni durant l’intervention, ni après » ; un vétérinaire témoigne même en affirmant qu’une chaîne de télévision allemande était venue filmer une otectomie, pour finalement ne pas diffuser le reportage, car l’émission portait sur la douleur causée par cette pratique… Or, le chien n’avait visiblement pas souffert une seule fois.
(Chiot Beauceron préparé pour l’otectomie : une pince est placée sur son oreille pour permettre au vétérinaire de couper proprement l’oreille)
Alors, qui croire ? Les professionnels nombreux à affirmer que l’otectomie est indolore, ou bienles associations qui crient à la mutilation et à la souffrance causée par l’essorillage ?
Le doute est largement permis, puisque lorsqu’on pousse les investigations, on peut trouver des vidéos de l’intervention qui ne sont pas spécialement choquantes… Il faut croire que nous devrons attendre que les chiens puissent nous parler pour être sûrs de la réponse.
Mais vous, qu’en pensez-vous ?
Senka
Avant, j’étais contre ces pratiques, pensant que l’otectomie n’avait qu’une valeur esthétique … Je ne savais pas qu’il y avait des raisons de santé (comme évoqué pour le doberman). Maintenant, je reste mitigée … Si la santé intervient là dedans … et si le chiot ne semble pas souffrir.
Quand à la caudectomie, je ne pensais pas non plus que les raisons étaient liées aux loups et à leurs attaques ou aux risques de blessures …
Mais bon, si la nature a fait les chiens ainsi, c’est peut-être qu’il y a une raison. S’ils ont une queue, c’est peut-être qu’elle leur est utile …
Après, la mode a son influence. Je pense aux chevaux de traits avec leur moignon à la place d’une que. Mais je pense à ma chienne qui a été caudectomisée … nous n’avons pas eu notre mot à dire, quand nous l’avons eu, elle était ainsi … A quel âge se pratiquent ces interventions d’ailleurs ? Il y a une limite d’âge ?
En tout cas, j’ai trouvé ton article très intéressant, et il ouvre au débat, à la remise en question !
Je suis totalement contre les mutilations à but esthétique et de confort pour l’homme. Si on coupe la queue d’un caniche pour faire plus joli, je trouve ça juste cruel et malsain.
Par contre d’après ce que je lis, il est utile de couper le queue des chiens de chasse afin d’éviter que celle-ci ne s’accroche dans les ronces. Après, du peu de photos de chiens de chasse avec une queue non coupée que j’ai pu trouver, ceux-ci n’ont pas une très grande queue, et elle n’est pas très touffue. Donc, je ne suis pas sure que cette argument en faveur de la queue coupée pour ces chiens est valable. Je ne m’y connais pas assez pour pouvoir juger.
Pour ce qui est de l’otectomie, qui croire? J’ai du mal à penser que c’est sans douleur pour le chien, les oreilles sont tout de même une partie sensible. J’ai aussi du mal à imaginer qu’un chien ne puisse pas supporter le poids de ses oreilles entières, ça me semble assez farfelu, peut être vrai mais farfelu.
Pour l’argument sur les infections je suis pas non plus hyper convaincue. Quand le chiens à les oreilles coupées, l’intérieur de son oreille est à l’air libre, alors je me dis peut être bêtement que les oreilles coupées sont d’autant plus sensibles au froid et au vent. Je ne vois pas non plus en quoi des oreilles tombantes peuvent créer une infection, l’oreille ne va pas créer plus de saleté si elle tombe que si elle est coupée. Le « trou » de l’oreille sera toujours aussi sale ou propre. Le soucis concerne juste la zone du crane couverte pas l’oreille quand elle tombe et la partie qui tombe qui pourrait donc être plus sale? Dans ce cas il suffit que le maître prenne soin de son chien et veille à ce que l’oreille ne soit pas sale non?
Je m’y connais pas assez en oreilles de chiens, mais j’a vraiment l’impression que les arguments pour ces mutilations sont superficiels.
Merci pour cet article !
Un vrai débat, pour lequel je n’ai pas d’avis figé à vrai dire. Pour moi, des deux côtés il y a des arguments, sans qu’on puisse réellement prouver qu’un argument est faux (prouver que le chien souffre? prouver que c’est indolore?).
J’ai vu voir, dans un élevage, un éleveur qui coupait la queue de ses Jacks Russels. Il prenait le petit (tout petit), et lui attachait (très fort) un élastique à la queue. Ca arrêtait l’irrigation en sang, et le bout « mourrait ». Le chiot, sur le moment, il couinait un petit coup mais sans plus (comme si on lui marchait sur la patte quoi). Je ne sais pas s’il souffre vraiment après. Donc je ne sais pas si c’est douloureux.
Pour les oreilles, en lisant l’article, j’ai eu l’impression que c’était surtout impressionnant. C’est une opération, l’animal n’est pas endormi?
Dur débat, en effet il faudrait que le chien puisse parler!
Pourquoi ne pas couper la queue des vendeurs de chiens qui font couper celle de leurs chiots?
Vu que seul certain chiens sont utilisé pour les battues, tous les autres sont « coupé seulement pour le coté esthetique… j’appel donc ca de la cruauté car meme si le chiot souffre seulement quelques instant, et je ne pense pas que ca soit le cas, c’est de la souffrance pour rien. Dans ce cas, pour compenser, on coupe quelquechose au maitre. Couper les pointes d’oreilles du chien, couper le lob d’oreille du maitre…
N’oublions pas qu’un chien qui ne « miaule » pas, n’est pas forcement un chien qui ne souffre pas. Car les chiens sont plus résistant que l’homme à la douleur, et ne vous montrerons pas forcément qu’il ont mal, ou vous ne le verrez pas. Quand vous souffrez, vous ne passez pas votre temps a crier AIE AIE AIE AIE AIE si? Les chiens c’est pareil.
Alors arretons ces pratique débile, et laissons les chiens comme ils devraient etre. Si le cas de santé se présente (ce dont je n’ai jamais entendu parler pas mes vétérinaires), et bien il sera alors temps de le faire (sous anesthesie bien sur)
Je tiens à vous féliciter pour votre article sur la « lotectomie » qui est très instructif et intéressant à lire. Vous avez expliqué de manière claire et concise les enjeux de cette opération pour les chevaux. J’aimerais savoir si cette opération est courante dans les écuries ou si elle est plutôt rare ? Merci pour votre réponse et continuez votre excellent travail !