Titre : Balzac et la Petite Tailleuse chinoise
Auteur : Daï Sijie
Date d’édition : 2000
Collection : Folio
Adaptation en film dès 2002.
L’auteur
Daï Sijie est un auteur cinéaste. Il est né en 1954 dans la province de Fujian, en Chine. Il est issu d’une famille d’intellectuels, son père étant médecin et sa mère infirmière. Il poursuit sa scolarité jusqu’en 1971 (période de révolution culturelle de 1966 à 1976), lorsque son école ferme. Il est, suite à cet événement, envoyé dans un village de la province du Sichuan où il exerce sa rééducation.
C’est en 1974 qu’il achève sa rééducation et quitte la montagne pour pouvoir enfin commencer à gagner sa vie. Il commence par être simple employé dans un lycée. Deux ans plus tard, en 1976, il débute des études d’histoire de l’art dans une grande université de Pékin et apprend le français.
Grâce à son efficacité dans ses cours de l’art chinois, il parvient à décrocher une bourse en 1984 et décolle pour Paris. Il fait des études de cinématographie à l’IDHEC (Institut Des Hautes Etudes Cinématographiques) et démarre son premier long métrage, « Chine, ma douleur », qui décroche, la même année, le prix Jean Vigo au festival de Cannes. Il produit ensuite « Le mangeur de Lune » (1994) et « Tang le onzième » (1998) qui, eux, ont remporté moins de succès que le premier.
Et c’est en 2000 que son premier livre, « Balzac et la Petite Tailleuse chinoise », sort. Passionné par la littérature française et parlant désormais couramment la langue, Daï Sijie décide de rédiger son livre intégralement en français.
Il remporte un succès énorme auprès des lecteurs ainsi que des cinéphiles puisque le livre a été adapté au cinéma deux ans plus tard. D’autres œuvres suivent comme « Le complexe de DI » ( roman, 2003), qui a tout de même remporté le prix Fémina, « Les filles du botaniste » (long métrage, 2006), « Par une nuit où la lune ne s’est pas levée » (roman, 2007) et « L’Acrobatie aérienne de Confucius » (roman, 2009).
Il faut savoir que la rééducation a été très difficile à vivre pour les Chinois intellectuels de l’époque. Il est d’ailleurs compliqué d’entamer le sujet avec la population chinoise d’aujourd’hui, encore très touchée par cette période maoïste. Mao a gouverné en exploitant le culte de la personnalité et a imposé le port du costume Zedong, c’est-à-dire un pantalon large et une veste à col mao. Toutes les citations de l’époque et les lois sont inscrites dans un recueil appelé Le Petit livre Rouge.
Cette sensibilité a causé de nombreux soucis lors du tournage du film, déroulé en Chine. Par contre, ce n’est en aucun cas l’avortement, ou le fait de se moquer des dents de Mao, qui ont posé problème dans le tournage, mais bien le fait que le chef du village soit représenté comme un boulet, un maladroit pur et dur, car cela a fortement gêné les Chinois, qui pensent que les chefs de villages sont normalement les plus imposants.
Costume traditionnel imposé par Mao
Résumé
Nous sommes en 1971, les écoles de Mâ et Luo ont fermé. Ces deux jeunes adolescents, âgés de 17 ans, sont envoyés dans la montagne du Phénix du ciel en rééducation. Le père de Luo est dentiste et les parents de Mâ sont médecins. Tous deux effectuent des missions compliquées, comme le travail dans des mines à pas d’heures, ramener des excréments d’animaux sur plusieurs kilomètres dans les chemins étroits de la montage et tirer de lourdes charges à nu.
Quelques mois après leur arrivée, le couturier de la ville la plus proche vient accompagné de sa fille pour refaire les vêtements des villageois. Impressionné par sa beauté exquise, Luo ne peut s’empêcher de la contempler. Luo possède un grand talent de conteur et séduit la Petite Tailleuse grâce aux histoires des livres qu’il a étudiés à l’école. Émerveillée par les histoires contées par Luo, la jeune tailleuse se passionne pour la littérature. Ce n’est que quelques jours plus tard que les trois amis découvrent alors qu’un rééduqué peu adroit du village d’à côté, le Binoclard, possède des livres interdits*. Le maladroit nie totalement l’existence de ces livres et refuse catégoriquement de leur prêter. D’ailleurs, il quitte bientôt la montagne. Les trois héros volent la valise avant son départ et la cachent dans une caverne. Dans cette valise remplie de livres, on compte énormément de livres de la littérature française, dont ceux de Honoré de Balzac. La petite tailleuse tombe amoureuse du talent de cet homme, en particulier de son livre « Ursule Miroüet ». Elle en tire donc des leçons (« La beauté d’une femme est un trésor qui n’a pas de prix. ») et prend des décisions qui ont changé sa vie.
*Livres interdits : Livres non autorisés par Mao, les livres d’Orient en grande partie.
Mon avis personnel
Je trouve ce livre particulièrement réussi. Daï Sijie a réussi à réunir beaucoup de choses dans un seul bouquin, comme sa passion pour la littérature française, ses origines et son vécu. Le roman est difficile à entamer étant donné que les quelques premières pages sont assez compliquées à comprendre.
Je pense qu’il faut également en connaître un minimum sur la Révolution Culturelle, afin de savoir dans quoi on met les pieds, car certains passages peuvent rapidement devenir incompréhensibles.
Dans le film, les éléments chronologiques sont chamboulés par rapport au livre. Le départ du Binoclard se passe au début du film et il est indiqué ce que les personnages sont devenus après la rééducation. C’est très intéressant de le voir après avoir lu le livre.
Ce qui m’a le plus touchée, je pense, c’est le fait que Daï Sijie ait intégré la littérature française à son livre parlant de l’histoire de la Chine en Chine, et c’est très plaisant de voir que d’autres cultures, d’autres personnes ayant un mode de vie très différent du nôtre apprécient de grands auteurs, tel que Balzac.
C’est un auteur que j’apprécie beaucoup, tout comme son deuxième livre, totalement différent, mais aussi agréable à lire que celui-ci et je recommande ce livre à tous les passionnés de culture et de littérature.
Kiri
