Bientôt un vaccin contre la dengue ?

Vaccin dengue
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Des remèdes de grand-mère jusqu’aux traitements anti-cancéreux en passant par la bonne vieille Aspirine, il existe une multitude de médicaments contre de très nombreuses maladies ! Malgré cela, certaines restent aujourd’hui encore sans traitement… C’est le cas de la dengue. Mais plus pour longtemps ! Les populations touchées ont une lueur d’espoir : un vaccin devrait être prochainement commercialisé pour s’en prémunir. Qu’est-ce que la dengue ? Comment ce vaccin a-il vu le jour ? Lisez cet article pour trouver les réponses ! 

La dengue, qu’est-ce que c’est ?

Moustique vecteur de la dengue

La dengue est une maladie causée par un virus de la famille des Flaviviridae, plus précisément du genre flavivirus. Ceux qui sont responsables de la fièvre jaune ou de la fièvre du Nil appartiennent au même genre. Il existe quatre types de virus de la dengue, appelés sérotypes : DEN-1, DEN-2, DEN-3 et DEN-4. Chacun peut être à l’origine de la maladie. Après avoir été infecté par l’un de ces types de virus, l’individu peut développer une immunité contre ce sérotype, ce qui le protège d’une future infection, mais il reste sensible aux autres types. 

Pour atteindre ses hôtes, le virus utilise un vecteur, le moustique, comme pour le paludisme. Il s’agit plus particulièrement d’insectes du genre Aedes. Si un moustique infecté pique un être humain, il risque de lui transmettre le virus et de l’infecter à son tour. Or, les moustiques sont présents un peu partout sur Terre et les tentatives pour réguler leur répartition ou pour les tuer afin d’éviter que la dengue ne se propage n’ont pas été concluants. 

Les moustiques pouvant piquer n’importe qui, la dengue peut toucher tout le monde. Il n’y a pas de catégorie d’âge, de sexe, de statut socio-économique ou de milieu de vie (rural ou urbain) qui soit moins touché par la maladie. Cependant, la maladie est encore essentiellement présente en Asie et en Amérique du sud. 

Après la contamination, il y a entre 2 et 7 jours d’incubation sans aucun symptôme. Ils apparaissent ensuite pour 3 à 4 jours, avec une fièvre intense, des maux de tête, des nausées, des vomissements, des douleurs articulaires et une éruption cutanée… Les symptômes s’atténuent ensuite avant de redevenir plus graves, avec des risques hémorragiques pendant environ une semaine. Pour finir, le rétablissement est très long puisque le patient souffre de fatigue très intense pendant plusieurs semaines.

Dengue prévention

L’un des problèmes de la dengue est qu’elle est largement sous-diagnostiquée. En effet, elle présente peu de symptômes spécifiques qui sont souvent bénins, mais qui peuvent quand même entraîner la mort dans certains cas. Ils ressemblent souvent à ceux de la grippe ou du paludisme, c’est d’ailleurs ce qui explique que, pendant longtemps, cette maladie a été surnommée « grippe tropicale » ou « petit palu ». C’est aussi ce qui rend le traitement difficile et qui explique qu’il n’y ait aujourd’hui encore aucun traitement curatif spécifique, le meilleur moyen actuellement est la prévention contre les piqûres de moustiques.

La dengue : une priorité de santé publique

La dengue est une pathologie essentiellement présente en Amérique du Sud et en Asie. Dans ces régions tropicales ou subtropicales, près de 130 pays sont touchés, à plus ou moins grande échelle. Étant donnée sa zone de répartition, la dengue menace entre 2,5 et 3 milliards de personnes dans le monde, soit près de la moitié de la population mondiale.

Contrairement à de très nombreuses maladies, la prévalence de la dengue n’a fait qu’augmenter au cours des dernières décennies. Ainsi, il y a 30 fois plus de cas aujourd’hui qu’il y a 50 ans et le phénomène ne ralentit pas. En Amérique du Sud par exemple, les cas de dengue recensés sont passés de 517 000 en 2003 à 2,3 millions en 2013, ils ont donc été multipliés par 5 en seulement 10 ans.
Au total, il y a près de 390 millions de personnes infectées par an. Entre 50 et 100 millions de patients présentent des symptômes cliniques, ils sont même graves pour 500 000 d’entre eux, nécessitant une hospitalisation de plusieurs jours. Une personnes touchées par cette forme sévère sur cinq décède. 

Malgré ces difficultés, la répartition de la dengue et sa dangerosité en ont fait un enjeu majeur de santé publique, à la fois sur le plan national, mais aussi international. Il est essentiel d’éviter que la dengue progresse jusqu’à devenir une épidémie mondiale, mais pour cela plusieurs pays doivent travailler ensemble. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’est elle aussi impliquée, elle a ainsi pour objectif de réduire de 50% la mortalité (nombre de décès par unité de population infectée – exemple : en moyenne 10 décès sur 100 personnes infectées = 10% de mortalité) de cette maladie et de 25% sa morbidité (nombre de personnes infectées par unité de population – exemple : en moyenne 10 personnes infectées sur 100 dans la population totale = 10% de morbidité) d’ici à 2020. 

Dengue répartition

En plus de cet aspect sanitaire, la dengue pèse lourdement sur de nombreux autres domaines dans les pays touchés, comme :
– les personnes infectées ne peuvent pas travailler, ce qui représente une perte de productivité importante, surtout en considérant qu’il faut de longues semaines pour se rétablir,
– les soins ont un coût non négligeable, ce qui peut mettre les patients dans une situation sociale précaire, car ces dépenses s’ajoutent à la baisse de revenu causée par l’impossibilité de travailler,
– la longue convalescence contribue à surcharger les établissements de santé, qui ont déjà souvent du mal à accueillir tous les patients,
– la progression de la maladie peut entraîner une véritable peur de la dengue dans les pays touchés, mais aussi dans les autres, ce qui peut diminuer le tourisme,
– au niveau politique, l’échec des gouvernements à contenir la progression de cette maladie peut éveiller une certaine méfiance.

Finalement, même si la dengue n’était initialement présente que dans les zones tropicales et subtropicales, des cas autochtones commencent à apparaître en Europe depuis 2010 (un cas a été constaté dans le Var en août 2014). Ces cas ne sont donc pas importés par des personnes ayant séjourné dans des zones à risque, mais bien déclarés par des personnes infectées en Europe directement. De plus, depuis 2014, le moustique vecteur est présent dans près de 20 départements français.

Un vaccin pour lutter contre la dengue

Vaccin dengue

La dengue est donc un enjeu majeur de santé publique depuis longtemps et l’un des axes pour la contrôler est d’avoir un traitement efficace. C’est ainsi qu’il y a une vingtaine d’année, au début des années 90, Sanofi Pasteur s’est lancé dans la recherche d’un nouveau vaccin.

L’entreprise a investi plus d’un milliard d’euros à la fois pour la recherche et le développement de ce nouveau vaccin, pour l’industrialisation ainsi que pour la construction d’une chaîne de production neuve sur le site de Neuville-sur-Saône (Rhône-Alpes) afin de fabriquer 100 millions de doses par an. 

Au terme de plus de 100 partenariats avec des acteurs privés ou publics et en ayant surmonté de nombreux défis techniques et scientifiques dus à la complexité du virus, un vaccin est sur le point d’être mis sur le marché.

Une fois qu’un vaccin potentiel (appelé candidat vaccin) a été identifié dans les étapes de recherche, il y a tout un parcours d’essais cliniques à suivre. Au total, cette étude a été conduite dans 15 pays et a rassemblé environ 40 000 volontaires. 

Les premiers essais cliniques, dits de phase I, s’effectuent sur des volontaires sains. Même dans le cas de traitements curatifs, ce sont des personnes non malades qui testent le vaccin pour s’assurer de son innocuité, son absence de toxicité, mais l’efficacité n’est pas encore étudiée.

Les essais de phase II rassemblent des volontaires de zones à risque (population cible pour le vaccin) qui vont être vaccinés. Les chercheurs commencent alors à étudier son efficacité, mais c’est encore majoritairement pour surveiller les effets secondaires et définir la posologie que ces essais existent. 

Finalement, il y a les essais de phase III, les plus longs, qui ont pour but de déterminer l’efficacité du vaccin, en la comparant à celle d’un placebo ou d’un traitement de référence. Ils ont été pratiqués en Amérique Latine et en Asie, les régions les plus fortement touchées par la dengue. En Amérique Latine, ce sont des enfants de 9 à 16 ans qui ont été traités, ils ont reçu 3 doses de vaccin. Les résultats ont été impressionnants, le vaccin diminuant de 61% les cas de dengue et de 80% le risque d’hospitalisation et était même efficace contre la dengue hémorragique (forme sévère de la maladie).

Vaccin dengue essais finaux

L’un des enjeux principaux de la recherche était de mettre au point un vaccin efficace contre les quatre types de virus pouvant provoquer la maladie (appelés sérotypes). L’étude clinique a bien montré que le vaccin était efficace contre chacun de ces quatre sérotypes.

Les premiers résultats des essais cliniques étant positifs, Sanofi Pasteur a fait le pari fou de commencer la construction industrielle avant de terminer les essais. Même si les derniers résultats n’étaient pas encore obtenus et qu’il restait un risque de devoir tout abandonner, l’entreprise a rapidement investi dans sa nouvelle chaîne de production pour commencer à fabriquer des vaccins et qu’ils soient disponibles dès que les autorisations auront été données.

En effet, il faut de longs mois pour fabriquer entièrement ce vaccin. Afin que les premières doses soient disponibles dès la deuxième moitié de 2015, date prévue pour les premières autorisations de mise sur le marché dans les pays endémiques, Sanofi Pasteur a donc commencé à produire avant d’être sûr de la commercialisation. Dans le cas contraire, les premiers vaccins n’auraient pas pu être livrés avant plusieurs années…

D’ici la fin de l’année, la dengue devrait donc avoir son propre vaccin sur le marché et devenir une maladie évitable par la vaccination. Connaissiez-vous la dengue et les problématiques qui l’entourent ? Étiez-vous au courant des recherches concernant un nouveau vaccin ? Qu’en pensez-vous ? N’hésitez pas à laisser un commentaire !

Ursuline

Sources texte :

 – pasteur.fr

 – lesechos.fr

Sources images :

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1 réflexion sur “Bientôt un vaccin contre la dengue ?”

  1. Je ne connaissais pas du tout ce vaccin, ni cette maladie (de nom mais sans plus), cet article m’a appris bien des choses ! J’espère que les résultats seront bons, car c’est plutôt inquiétant le danger que représente la dengue :s

     

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