Il y a plus de deux ans maintenant, j’ai été opérée d’un bypass et aujourd’hui, j’ai perdu presque cinquante kilos. La réaction de mon entourage a changé depuis que j’ai pris cette décision, comme mon quotidien depuis que je suis sortie de l’hôpital. Tout le monde a émis un avis, un conseil, a voulu apporter son grain de sel. Même si c’est une pratique que l’on voit de plus en plus, beaucoup de personnes ont des idées reçues sur les chirurgies bariatriques qui ne sont pas vraiment des solutions miracles dénuées de conséquences. Pour découvrir ce qui se cache derrière une opération de ce genre et pour de savoir ce qui a vraiment changé dans mon quotidien, je vous invite à lire la suite de cet article tenant lieu de témoignage.
Les différents types de chirurgie
L’anneau
L’anneau, d’expérience, est la chirurgie que les gens connaissent le mieux. Il s’agit d’une opération que l’on conseille pour des personnes avec un IMC (Indice de masse corporelle) inférieur à 45 dans le but de rendre une vraie sensation de faim et de satiété au patient.
On place un anneau en silicone autour de l’estomac afin de former une petite poche dans laquelle les aliments absorbés vont être digérés. La sensation de satiété vient très vite, ce qui permet de ne manger que de petites quantités de nourriture. Cet anneau est relié à un boitier qui est placé sous la peau du patient et qui permet au médecin de resserrer ou de dilater l’anneau en fonction des nécessités.
C’est le médecin qui effectue ce changement, qui peut être réalisé dans un délais variable, de quelques semaines à plusieurs mois. Tout dépend si le patient ressent à nouveau une forte sensation de faim alors qu’il a déjà bien mangé ou s’il vient à ne plus manger correctement. En général la première rectification du genre se situe après le premier mois qui suit l’opération.
La sleeve gastrectomie
La sleeve gastrectomie, que l’on appelle juste « sleeve » la plupart du temps, est une ablation d’une partie de l’estomac.
L’ablation se pratique à la verticale, ce qui forme une sorte de tube par lequel les aliments vont passer et être digérés comme d’accoutumée. Cependant, comme l’espace de l’estomac a été fortement réduit, on ne mange plus autant. De plus, l’hormone qui suscite la faim qui se trouve dans l’estomac est aussi moins présente, le patient est donc moins intéressé par la nourriture après son opération.
Durant les deux premières années en moyenne, la personne opérée doit réapprendre à manger correctement en respectant des quantités précises. Il va donc se nourrir différemment et reprendra peu à peu un régime alimentaire normal. Le seul reproche que l’on pourrait faire à ce type d’opération, c’est qu’elle perd de son efficacité avec le temps si le patient n’apprend pas lui-même à s’alimenter de façon correcte. Elle peut même être totalement inutile sans changement de comportement alimentaire, ni reprise d’activité physique régulière.
Il s’agit de la chirurgie bariatrique la plus réalisée aujourd’hui, que ce soit pour un IMC juste au-dessus de 40 ou bien plus.
Le bypass
Le bypass est une opération qui modifie le circuit alimentaire habituel. Là aussi, l’estomac subit une ablation pour former une petite poche que l’on relie directement à l’intestin. La partie restante de l’estomac est conservée, mais les aliments ne passent plus par lui pour être digérés. Il est relié également à l’intestin grêle, plus loin dans le circuit alimentaire.
Si cette méthode est une des chirurgies qui donne les meilleurs résultats, c’est aussi la plus difficile à gérer par le patient qui doit surveiller activement ce qu’il mange. En effet, le bypass entraîne une malabsorption des vitamines et des minéraux, du fait de la réduction du circuit alimentaire, mais aussi le fameux syndrome de dumping : lorsque la personne opérée absorbe trop de sucre (ou des aliments trop sucrés) d’un coup, elle est prise d’un malaise. Les symptômes du dumping sont un pouls accéléré, une sudation plus importante et souvent aussi un état somnolent. D’un point de vue personnel, le premier syndrome de dumping que j’ai fait m’a tellement peu réussi qu’il m’a fallu un long moment avant de manger à nouveau une crème glacée.
Il existe une version plus récente du bypass, mais qui n’a pas encore assez de recul dans l’Histoire de la médecine pour en vérifier les résultats à long terme, c’est le mini-bypass.
L’opération est plus rapide, mais le circuit diffère un peu du bypass classique. Ici, la poche formée est reliée directement à la partie moyenne de l’intestin grêle, sans avoir besoin de relier l’estomac plus loin au tube digestif. Les conséquences et le suivi sont les mêmes chez le mini-bypass et le classique.
Les démarches pré-opératoires
Quand j’ai pris mon premier rendez-vous avec le chirurgien, j’ai cru honnêtement que les différentes étapes pré-opératoires ne prendraient pas plus de deux mois. Évidemment, les personnes opérées que l’on pourrait rencontrer ne parlent pas toujours du chemin qu’ils ont dû parcourir avant de passer par là, des échecs aux multiples examens à réaliser. Cet itinéraire peut varier d’un chirurgien à l’autre, mais voici les différentes rencontres que j’ai effectuées durant mon propre parcours.
Le chirurgien
Il s’agit de la personne que l’on rencontre le plus souvent. Tout d’abord, lors de la première entrevue, où le patient fait part de son désir de l’opération. Brièvement, on parle de son parcours, de son état de santé actuel, mais aussi des motivations qui poussent à ce choix.
Pour ma part, on m’a également demandé quel type d’opération je désirais. Effectivement, le chirurgien m’a proposé ce qui serait le plus adapté pour moi, mais si je considérais que celle-ci ne me convenait pas, j’avais également mon mot à dire.
Nous avons aussi calculé l’IMC afin de savoir si j’étais bien dans la norme pour me faire opérer. En effet, cet indice détermine si nous sommes dans une courbe de poids normale. Pour ma part, je savais que j’étais obèse, cela ne faisait aucun doute, mais il faut un IMC de 40 au minimum pour bénéficier de ce genre d’opération, afin que la santé du patient ne soit pas mise en danger.
Pour calculer cet indice, il suffit de diviser votre poids (en kilos) par le carré de votre taille (en mètres). Pour ma part, j’avais dépassé 42.
Attention, dans certains cas, le patient peut être opéré avec un IMC de 35. Il faut cependant qu’il soit atteint d’un autre trouble sous-jacent à son obésité. C’est-à-dire des troubles cardiaques, des apnées du sommeil ou un diabète de type II.
En dessous, cela devient impossible d’opérer. La perte de poids est tellement importante qu’elle pourrait nuire à la santé d’une personne qui n’est qu’en surpoids. Des patients ont déjà été refusés parce qu’ils avaient un indice en dessous de celui demandé. Qu’à cela ne tienne, ils ont fait exprès de prendre du poids et sont revenus quelques temps plus tard et ont obtenu satisfaction. Autant dire que ces gens aiment jouer avec leur vie, ce qui n’était pas mon cas.
La loi belge stipule aussi que l’on doit prouver que le patient a déjà été suivi médicalement pour ses problèmes de poids par un professionnel lié à cette obésité, sans aucune amélioration observée pendant minimum un an. Cette année de suivi médical peut ne pas être continue. On peut donc dire qu’on a vu un diététicien pendant neuf mois, puis un diabétologue pendant trois mois et à plusieurs années d’intervalle.
Dans mon cas, j’avais été suivie dans une clinique de l’obésité pendant six mois, sans aucun succès. Pendant les autres examens, qui doivent déterminer la décision finale du chirurgien, j’ai continué à voir la diététicienne de l’équipe de façon régulière, ce qui m’a permis d’atteindre cette année de suivi.
Il y a d’autres éléments à prendre en considération comme l’âge, puisqu’il faut être majeur pour bénéficier de ce genre d’opération (ou dans les cas extrêmes, avoir l’accord des parents chez l’adolescent), ainsi qu’être exempt de troubles mentaux. Plusieurs examens sont demandés par le chirurgien au préalable afin de l’aider à prendre une décision. Parce que, oui, il est en mesure de refuser pour d’autres raisons qui se justifient amplement : un souci hormonal ou mental par exemple.
La gastroscopie
Mis à part la prise de sang classique pour vérifier mon état général, la gastroscopie a été le premier examen que j’ai réalisé. Moi qui n’en ai jamais fait, j’avoue avoir été très stressée.
De façon physique, on est endormi localement et on passe un tube par la cavité buccale muni d’une caméra. On prélève aussi différents échantillons pour des biopsies avec un instrument au bout du tuyau.
Cette vérification permet de voir si le système digestif du patient fonctionne bien en général, s’il n’y a pas d’ulcère, de polype ou d’autres petits soucis et surtout si le chirurgien ne pourrait pas rencontrer de problème au moment de l’opération (s’il accepte, puisque l’approbation n’est pas encore donnée jusqu’à présent). Dans mon cas, on n’avait constaté aucun trouble qui pourrait empêcher une chirurgie bariatrique.
La visite chez le diététicien
Le diététicien est une personne qui va assurer le suivi de la personne qui désire passer le cap d’une opération. Ici, pour la première visite, ce sera un simple contrôle du comportement alimentaire du patient.
On a parlé de la manière dont je m’alimentais, et puisque j’étais amenée à la revoir deux fois avant la décision finale, nous avons mis en place quelques changements pour vérifier si j’allais perdre du poids. Sans surprise, je peux déjà dire que cela n’a pas fonctionné.
La diététicienne doit aussi faire un rapport sur la première entrevue, il permet au chirurgien de prendre une décision sur le type d’opération à réaliser, car les habitudes alimentaires influent beaucoup sur cette décision.
Plus tard, lorsque le chirurgien accepte d’opérer et que la date est fixée, c’est aussi la diététicienne qui m’a donné les informations sur mon régime pré-opératoire ainsi que post-opératoire. Nous y viendrons dans une seconde partie d’article qui est à venir.
La visite chez l’endocrinologue
Cette visite a été brève et n’a nécessité qu’une prise de sang à réaliser à l’hôpital une semaine avant l’entrevue. Parfois, les hormones peuvent aussi influer sur la perte ou la prise de poids, c’est donc important de s’assurer que le problème ne vient pas de là.
Pour ma part, aucun trouble n’a été repéré et l’endocrinologue ne s’est pas opposée à l’opération.
La séance chez le psychologue
C’était sans doute l’étape la plus difficile pour moi, ce n’est jamais facile de parler de soi. Le rôle du psychologue dans la prise de décision est de déterminer qu’aucun trouble psychologique n’atteint le patient avant l’opération, mais aussi qu’aucun problème du même ordre ne pourrait survenir après.
En effet, il y a des risques de dépression ou d’alcoolisme chez des personnes opérées, notamment parce qu’elles n’arrivent pas à accepter ou à se faire à l’idée du changement physique. S’accepter dans un nouveau corps, c’est comme accepter une toute nouvelle personne, car l’aspect mental aussi est modifié suite à la perte de poids.
Après une entrevue qui a tourné court, car je ne trouvais pas cela normal que l’on me reproche de demander une chirurgie bariatrique à « mon jeune âge » (j’avais 22 ans), j’ai tout de même eu l’approbation de la psychologue que j’ai rencontrée. Néanmoins, elle a réclamé un suivi psychologique après l’opération, que ce soit avec elle ou avec une autre personne.
La séance d’information
Elle peut survenir à tout moment dans le parcours puisque ces séances sont faites à des dates fixes et de nombreuses personnes se réunissent avec les familles. Afin que le patient et son entourage puissent être informés correctement sur les différentes opérations possibles ainsi que sur le déroulement en détail de celles-ci, ce genre de moment est ouvert à tout le monde.
Personnellement, je ne pense pas que les jeunes enfants trouveront leur place à ce genre de soirée, mais j’ai apprécié que ma mère m’accompagne pour qu’elle en sache un peu plus avec moi, puisqu’elle assure souvent les repas à la maison. Evidemment, connaître plus précisément le déroulement de l’hospitalisation et de l’opération a aussi enlevé une grosse partie de mes inquiétudes.
Cette séance permet aussi au patient d’être réconforté et de voir s’il est toujours d’accord avec sa demande. Par exemple, si je pense que le bypass est le meilleur choix pour moi, mais que suite à cette séance je découvre que, finalement, la sleeve me conviendrait mieux, je sais que je pourrais en parler ultérieurement avec le chirurgien. Je me suis aussi sentie rassurée en ce qui concerne l’hospitalisation. Il faut savoir que les aiguilles (et donc, les intraveineuses) me mettent mal à l’aise et que je n’avais jamais passé de nuit à l’hôpital auparavant. J’ai donc appris ce qui m’attendait en détail, entre autres que l’intraveineuse ne se trouverait pas dans mon bras, comme je le pensais, mais dans la jugulaire, où je ne peux pas voir l’aiguille. Pour faire court, tous ces détails apportent beaucoup de choses au patient et je trouve que ce genre d’étape devrait être obligatoire pour toute personne qui désire passer par une chirurgie bariatrique afin d’avoir une véritable prise de conscience sur ce que ça représente et à quel point cela peut changer sa manière de vivre.
La décision finale
Quand tous les tests de routine sont achevés, on retrouve le chirurgien pour la décision finale. Mon avis n’avait pas changé entre temps, je désirais toujours subir un bypass. Quant au chirurgien, il n’avait reçu aucune raison dans les différents retours des examens pour s’y opposer. Il m’a conforté également dans le choix de la chirurgie, puisqu’il lui semblait aussi que le bypass était la solution la mieux adaptée à ma façon de manger.
On choisit aussi la date de l’opération ce jour-là, pour se préparer au mieux. Ce sera minimum un mois après la rencontre, puisqu’il faut un mois de régime pré-opératoire. Pour ma part, puisque les examens scolaires approchaient à grands pas, j’ai préféré attendre les grandes vacances.
Et vous, saviez-vous qu’il y avait autant de préparation avant une opération pour perdre du poids ? Dites-nous tout dans un commentaire.
Enley Tyler
Sources
Sources texte
Expérience personnelle
Obésité : prise en charge chirurgicale chez l’adulte / Haute Autorité de Santé (HAS)
La chirurgie bariatrique / CHU de Namur
Sources images
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Je trouve l’anecdote disant que certaines personnes ont pris du poids exprès pour pouvoir avoir accès à ce type de chirurgie vraiment hallucinante, quand on sait qu’il en va de leur santé… J’avais aussi entendu ça dans un reportage à la télévision, d’un chirurgien dans un pays nord-africain il me semble, qui disait que lui acceptait de faire cette opération même à un IMC inférieur à 40 (ou 35 dans le cas d’autres troubles liés à l’obésité) pour cette raison : c’était facile de prendre du poids simplement pour avoir accès à l’opération, les gens le font et c’est dangereux pour leur santé, donc autant les opérer « quand ils veulent »…