Si je vous dis « mouche », vous pensez sûrement immédiatement à cet insecte un peu trop envahissant à la mauvaise réputation ? Mais saviez-vous que ce terme désigne également un accessoire de beauté particulièrement en vogue aux XVIIe et XVIIIe siècles ? Suivez-moi quelques siècles en arrière pour découvrir l’histoire de ce curieux accessoire !
La mouche, qu’est-ce que c’est exactement ?
Avant de voyager dans le temps, une petite définition s’impose ! La mouche est décrite par l’Académie française comme étant « un petit rond de taffetas ou de velours noir, ou un point de crayon spécial, imitant le grain de beauté, que les femmes se mettent parfois sur le visage ou sur le décolleté ». En réalité, il existe des mouches de toutes les formes et de toutes les tailles : en cœur, en lune, en comète, en croissant, en étoile mais, le plus souvent, elles prennent la forme d’un rond.
Le Matin ou La Dame à sa toilette par Gilles Edmé Petit, d’après Francois Boucher
La mode des mouches aurait directement été inspirée par la mythologie romaine. En effet, la légende dit que des mouches se seraient posées sur le visage de Vénus qui, s’apprêtant à les chasser, aurait été interrompue par Mercure, celui-ci trouvant que cela seyait particulièrement bien à son teint ! Néanmoins, il se pourrait que les premiers à reconnaître les mouches comme une marque de beauté aient été les Arabes et les Perses. En France, il faut attendre la période de l’Ancien Régime, soit la fin du XVIe siècle, pour que l’usage de la mouche s’impose dans les mœurs. Avant cette période, les grains de beauté avaient très mauvaise réputation. Ces taches étaient considérées comme des portes d’entrées pour le diable vers le corps, et les personnes les arborant risquaient d’être jugées pour sorcellerie.
Utilisation des mouches
Avant de devenir un véritable accessoire de mode et porteur de différents messages, la mouche était plutôt un cache-misère servant à masquer les imperfections cutanées qui étaient légion à cette époque où la petite vérole faisait des ravages. À partir du XVIIIe siècle et la découverte du vaccin contre la variole, la mouche prend une toute autre dimension puisqu’elle se transforme en véritable arme de séduction. En plus de mettre en valeur la blancheur du teint, chose très importante à l’époque afin de marquer son statut social, la mouche était soigneusement disposée à des endroits stratégiques du visage devenant ainsi porteuse de significations.
Voici quelques exemples de symboliques des mouches en fonction de leur positionnement :
– au milieu de la joue : la galante ;
– sur le front : la duchesse ou la majestueuse ;
– sur le nez : l’effrontée ou la gaillarde ;
– près de l’œil : la passionnée ou l’assassine ;
– au coin de la bouche : la baiseuse ;
– sur le menton : la discrète ;
– sur ou sous les lèvres : la coquette ou la friponne ;
– sur la pommette : l’enjouée ;
– sur la poitrine : la généreuse.
L’utilisation de la mouche devient alors un véritable art que l’on utilisait en suivant des codes bien précis. Sous le règne de Louis XIV, on abusait de cet accessoire : il était ainsi coutume de porter au moins cinq à six mouches à la fois sur le visage, ce chiffre pouvant facilement monter jusqu’à quinze ! Sous Louis XV, au contraire, le jeu devient plus subtil, les mouches se font plus discrètes servant surtout à magnifier un visage. D’ailleurs, les mouches n’étaient pas réservées qu’aux femmes ! Les hommes en portaient également, mais de manière plus effacée que les femmes.
Un marché florissant
Les mouches, également appelées « taches avantageuses » dans les hautes sphères de la société, deviennent si indispensables que de nombreux commerces spécialisés dans leur vente sont créés. Le magasin « À la perle des mouches » ouvre ainsi ses portes à la fin du XVIIe siècle à Paris et propose toutes sortes de mouches ainsi que leurs boîtes de rangement spécifiques. Ces boîtes contenant un miroir, pratique pour remettre une mouche malencontreusement tombée, étaient richement ornées d’agent, de nacre, d’ivoire et même de diamant. Elles étaient également sculptées, représentant des scènes mythologiques, des sujets gracieux ou des représentations de l’amour en fonction de la mode de l’époque. Ces objets sont ainsi devenus un réel marqueur du statut social, ils étaient même offerts comme présent de mariage et accompagnaient les femmes absolument partout.
La Révolution française marque peu à peu la fin de l’utilisation des mouches. Elles reviennent à la mode à la fin du XIXème siècle avant de disparaître définitivement. Désormais, la mode est aux grains de beauté naturels comme le portait Marilyn Monroe au-dessus de la lèvre à l’endroit qui aurait signifié « l’enjouée » autrefois.
Que pensez-vous de cette mode des mouches ? Aimeriez-vous qu’elles reviennent ou préférez-vous le naturel ? N’hésitez pas à donner vos impressions en commentaire !
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Je tenais à vous féliciter pour cet article fascinant sur l’histoire de la mouche en tant qu’arme de séduction. Vous avez réussi à captiver mon attention du début à la fin avec des informations intéressantes et des anecdotes amusantes sur l’utilisation de la mouche dans la mode et la société.
Je suis particulièrement intrigué par la notion selon laquelle la mouche peut être utilisée pour communiquer des messages subtils et j’aimerais en savoir plus à ce sujet.
Merci pour cet excellent article qui m’a appris beaucoup sur l’histoire fascinante de la mouche. J’ai hâte de lire vos prochains articles.
Cordialement,
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