Que ce soit de la violence physique ou verbale, psychologique ou sexuelle, la violence conjugale est malheureusement bien présente dans notre société. Une relation abusive peut prendre bien des visages et il est important de savoir les reconnaître que ce soit pour s’en sortir ou pour aider une autre personne à le faire.
La violence conjugale c’est quoi ?
La violence conjugale se caractérise tout particulièrement par le contrôle de la victime par l’agresseur. La personne perpétrant cet acte usera de tous les moyens à sa disposition pour garder son ou sa conjoint(e) sous son contrôle. Il n’y a pas un groupe d’âge plus à risque qu’un autre, mais il y a eu beaucoup plus de cas de violence conjugale d’un homme sur sa conjointe que l’inverse. En 2015, au Québec, 78 % des plaintes faites au criminel pour violence conjugale concernaient des femmes (Sécurité publique du Québec, 2020). Les conséquences en résultant n’ont également pas la même gravité. Les blessures physiques faites aux femmes étant plus sérieuses de manière générale. En France en 2017, 86 % des décès liés à la violence conjugale concernaient des femmes (Secrétariat d’État chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, 2020).
La violence conjugale peut prendre deux visages : la violence comme prise de contrôle ou la violence situationnelle. Dans le premier cas de figure, c’est généralement le ou la conjoint(e) qui cherche à dominer de toutes les façons possibles l’autre personne. L’agresseur peut utiliser différents types de violence pour y parvenir (elles seront décrites plus loin). Ce type de violence se fera sous forme de cycle et la victime ne se rendra pas forcément compte au départ qu’elle est prise dans ce cercle néfaste. Le cycle se présente de cette façon :
- Tension : l’agresseur ne contrôle plus sa colère et la tension monte. La victime tente d’alléger le tout avec des excuses et fait attention à ce qu’elle dit ou fait.
- Agression ou crise : l’agresseur utilise un des cinq types de violence pour contrôler la victime.
- Justification : l’agresseur se trouve des excuses pour expliquer ses agissements. La victime se met à douter d’elle-même.
- Réconciliation ou lune de miel : l’agresseur tente de se faire pardonner ou parle de suicide. La victime apporte des changements à sa routine pour aider du mieux qu’elle peut l’agresseur.
Trouvée sur le site de cliquezjustice.ca financé par le ministère de la justice du Canada
Ce cercle augmentera en fréquence et en intensité à mesure que la violence conjugale durera dans le temps. Les conséquences pour la victime pourront donc être plus graves si cette situation se prolonge. La victime n’aura pas toujours envie d’en parler à cause de la honte qu’une telle situation peut lui causer. Elle se mettra à douter d’elle-même ou tentera de protéger ses enfants s’il y en a dans la famille.
La violence conjugale situationnelle est souvent décrite comme une réponse inadaptée à un stress bien souvent issu d’un sentiment négatif généré par un conflit de couple. On n’y retrouvera pas forcément le cycle présent dans la violence de prise de contrôle, mais la violence situationnelle peut quand même se présenter à plusieurs reprises étant donné qu’elle résulte d’une mauvaise gestion d’un conflit quelconque. Tous les couples vivent à l’occasion des conflits pouvant générer des gestes ou des paroles blessantes, mais dans ces cas de figure, il ne sera pas forcément question de violence conjugale situationnelle. Par contre, si ces conflits se présentent de façon répétée il se pourrait que les conflits de couple aient basculé dans la violence conjugale situationnelle. Dans tous les cas, le sentiment de peur est un indicateur positif.
Les cinq types de violence conjugale
- Violence psychologique : dans ce type de violence, l’agresseur va dévaloriser sa victime, la faire douter et lui dire des propos méchants. La violence psychologique est souvent causée par la jalousie, la victime pourrait se voir interdire de côtoyer certaines personnes (d’autres hommes ou femmes ou encore des membres de la famille). Il y aura un grand contrôle des sorties et parfois l’agresseur pourrait faire preuve d’actes de violence envers des objets ou des animaux.
- Violence verbale : ce type de violence se compose de menaces, de sarcasmes, de hurlements, de chantages ou d’ordres donnés sèchement. La violence verbale découle souvent directement de la violence psychologique, mais peut être présent dans tous les types de violence.
- Violence physique : comme son nom l’indique, ce type de violence est surtout physique. Donc l’agresseur va frapper sa victime, la pousser, la brûler… Bref, il violentera sa victime par tous les moyens possibles. Malheureusement, l’homicide est la conséquence la plus grave de ce type de violence.
- Violence sexuelle : dans ce type de violence, on retrouve tout ce qui peut toucher l’intimité de la victime. L’agresseur peut autant être le conjoint actuel que l’ex-conjoint. On retrouve donc dans ce type de violence le harcèlement, les menaces, le dénigrement, les attouchements et les relations non consenties, mais également le viol conjugal (parce que oui, même si vous êtes marié le consentement reste important). Le consentement pourrait se faire dans l’unique but d’apaiser l’agresseur.
- Violence économique : l’agresseur cherchera à contrôler les revenus du ménage. Dans certains cas, la victime n’ayant pas le droit de travailler dépendra entièrement de l’agresseur pour vivre, l’empêchant ainsi de quitter le domicile. Mais ce type de violence ne s’arrête pas au contrôle du compte en banque, l’agresseur cherchera à contrôler les pièces d’identité des membres de la famille pour s’assurer qu’ils ne partent pas.
Dans tous ces types de violence, la consommation d’alcool ou de drogue peut faciliter les excès de colère et de violence. Par contre, aucune substance n’est connue pour provoquer de la colère comme effet secondaire, elles viendront plutôt jouer sur le caractère déjà présent de la personne. Rien ne peut justifier de tels actes et cela reste des actes criminels.
Trouvée sur le site de cliquezjustice.ca financé par le ministère de la justice du Canada.
La violence conjugale, c’est possible de s’en sortir
Il est possible de sortir d’une relation avec un conjoint violent. C’est loin d’être un parcours facile, mais sachez que si vous êtes dans une telle situation il vous est possible d’obtenir de l’aide et de quitter cette personne. Dans plusieurs cas, la victime retournera vers son agresseur après l’avoir quitté. Pourquoi ? Parce qu’il lui aura fait des menaces quant à la sécurité des enfants, à cause d’une menace de suicide, à cause de promesses de s’améliorer, ou tout simplement parce que la victime pense au fond d’elle-même qu’elle mérite ce qui lui arrive. Cela ne veut pas forcément dire que vous êtes faible de retourner avec lui.
Parce que la violence conjugale est un cycle, il peut parfois être difficile de croire que l’on est pris dans ce genre de relation, tout simplement parce que lorsque l’agresseur est dans la phase de justification et de réconciliation la relation redevient belle. Mais comme tout bon cycle, la tension et l’agression reviennent bien assez tôt.
Ce qui aide les victimes à se sortir d’une telle relation c’est de savoir qu’il y a des aides qui existent, non seulement pour elles, mais également pour leurs enfants. Lorsque la victime commence à reconnaître la violence conjugale pour ce qu’elle est ou qu’elle commence à voir les impacts que cela peut avoir sur ses enfants, cela peut être un motif suffisant pour quitter le domicile familial.
Les ressources pour s’en sortir
Les lignes d’écoute sont généralement de bons moyens pour obtenir de l’aide. Elles sont informatives autant pour la victime que pour sa famille. De plus, elles sont souvent disponibles 24 h / 24. Au Québec, on retrouve le 1-800-363-9010 (SOS violence conjugale). Pour ce qui est de la France, c’est vers le numéro 39 19 (Violences Femmes Info) qu’il faut se tourner. Il est possible d’y appeler entre 9 h et 22 h en semaine et de 9 h à 18 h la fin de semaine et les jours fériés. En Belgique, c’est le 0800 30 0 30 (Écoute Violences Conjugales) qu’il vous faudra joindre et ce, à toutes heures du jour et de la nuit comme il est disponible 24 h / 24.
Les maisons d’hébergement et les centres de femmes peuvent vous permettre d’avoir un toit lorsque vous prenez la décision de quitter un conjoint violent et que vous n’avez nulle part où aller. Ces endroits vous permettront d’obtenir des services qui pourraient très bien vous aider à vous sortir de votre situation. Mais sachez simplement que leurs adresses demeurent secrètes, pour les connaître il vous faudra appeler à une ligne d’écoute pour obtenir de l’aide.
Renseignez-vous auprès de votre commune si elle offre d’autres services pour venir en aide aux victimes de violence conjugale comme des associations qui pourront donner des renseignements ou vous orienter vers d’autres types d’aide.
Comment aider
Restez à l’écoute de vos proches. Des signes visibles pourraient vous mettre la puce à l’oreille, notamment des blessures inexpliquées ou dont la justification n’a pas de sens. Si la personne commence à s’éloigner sans raison ou qu’elle semble contrainte de diminuer des interactions sociales ou de quitter son travail, il se pourrait très bien qu’elle ne le fasse pas par choix. Prenez des nouvelles de vos proches.
Pour ce qui de votre voisinage, restez à l’affût de tout bruit suspect. Si vous habitez dans un immeuble à logements, il n’est pas normal d’entendre des objets se fracasser au sol de façon régulière ou d’entendre des gens hurler ou pleurer. Sans forcément vous mettre en danger, il vous est possible d’avertir le poste de police le plus près de chez vous. Au pire, ils interviendront pour une querelle de couple un peu trop extrême, au mieux, cela pourrait sauver la vie d’une personne. Si vous avez une crainte par rapport à une situation de violence conjugale, vous n’êtes jamais en tort si vous prenez la décision d’avertir les autorités, c’est leur devoir de vous écouter.
Que vous soyez vous-même dans une telle situation ou qu’un de vos proche le soi, ne tombez pas dans le déni, la vie d’individus peut être en jeu. En espérant que cet article aura pu vous aider à reconnaître une situation de violence conjugale ou vous donnez les ressources pour vous en sortir.
Katouee
Sources texte :
INSPQ : 1 – 2
Secrétariat à la condition féminine du Québec
Sécurité Publique du Québec
Stop violence femmes : 1 – 2
Sources images :
Image à la une : Tumisu sur Pixabay
Images dans le texte : Cliquez justice 1 – 2