La Voisin, l’empoisonneuse 

La Voisin
Notez cet article :

Nous sommes le 22 février 1680, et la foule se presse en place de Grève pour assister à l’exécution d’une certaine Catherine Deshayes. Empoisonneuse clament certains, sorcière murmurent d’autres… Qui est donc cette femme que l’on surnomme la « Voisin » et qui a fait scandale à la cour de Louis XIV ? Lisez cet article pour en savoir plus.

La Voisin : le début d’un commerce illégal 

Catherine Deshayes naquit dans les années 1640 dans une famille modeste et fut mariée très jeune à un bijoutier nommé Antoine Montvoisin. Très vite, elle devint veuve après avoir donné naissance à une fille. Elle tenait à cette époque une petite boutique spécialisée dans l’habillement des femmes nobles, dans le quartier du Marais à Paris, mais le succès était absent, et les dettes s’accumulaient. Elle se lança alors dans le commerce beaucoup plus lucratif de la chiromancie et de la fabrication de potions. Ainsi, elle concocta filtres d’amour et puissants poisons comme notamment la « poudre de succession » qui eut un grand succès auprès d’héritiers trop pressés. En 1677, elle s’associa à une autre empoisonneuse surnommée « la Vigoureuse » et à un prêtre appelé « le Sage ». Tous trois prirent la tête d’un immense réseau qui auraient compté plus d’une centaine d’empoisonneurs. En plus de cette activité, la Voisin réalisait de nombreux avortements, une pratique qui était totalement illégale et très sévèrement punie à l’époque de Louis XIV. 
En moins de trois ans, la Voisin amassa une énorme fortune et fit parler d’elle jusqu’à la cour de Louis XIV où elle attira des personnes parmi les plus influentes de l’époque. 

La Voisin et les messes noires 

La plus célèbre femme accusée d’être cliente de la Voisin est sans conteste la marquise de Montespan, l’une des favorites du roi Louis XIV avec qui elle eut au moins sept enfants. On dit qu’elle rencontra l’empoisonneuse une première fois juste avant de devenir la maîtresse du Roi Soleil et qu’elle aurait usé d’aphrodisiaques pour s’attirer ses faveurs. Mais la jeune femme était très jalouse et ne supportait pas de partager l’attention du Roi, alors, lorsque celui-ci se rapprochait de la jeune duchesse de Fontanges, elle serait retournée voir la Voisin pour lui demander de pratiquer un culte satanique appelé « messes noires », dans l’espoir de regagner le cœur de Louis XIV. 

Marquise de Montespan

La Marquise de Montespan 

C’est la propre fille de la Voisin qui a raconté le déroulement de ces messes noires. Sa mère aurait réalisé trois cérémonies pour la marquise de Montespan afin de gagner en efficacité. La première se déroula dans un château isolé entre Paris et Orléans. La marquise s’allongea nue sur les dalles, une croix posée sur sa poitrine et un cierge dans chaque main. L’abbé Guilbourg, un prêtre sataniste et bras droit de la Voisin, récita la messe, puis égorgea un nouveau-né au-dessus d’elle. Son sang se déversa alors dans un calice posé sur le ventre de la favorite de Louis XIV. Pendant le rituel, la Voisin et l’abbé invoquèrent les démons et récitèrent une même phrase en cœur : « Astaroth, Asmodée, princes d’amour, je vous conjure d’accepter le sacrifice de cet enfant. En échange, je voudrais conserver l’affection du roi, la faveur des princes et des princesses de la cour et la satisfaction de tous mes désirs ». La deuxième cérémonie se passa dans des conditions identiques, si ce n’est qu’elle se déroula dans les ruines d’une cabane isolée. Enfin, la dernière messe noire eut lieu chez la Voisin en personne ! Les rumeurs disent que le sang du nouveau-né n’a pas coulé cette fois-ci et qu’il a donc fallu lui percer le cœur pour mener à bien la cérémonie. Après les messes noires, les entrailles des nourrissons auraient permis à réaliser des poisons destinées au Roi et à sa nouvelle favorite. 

La propre dame de compagnie de la marquise de Montespan, Madame des Œillets, a avoué être allée chercher plusieurs fois des poisons pour sa maîtresse. Alors, lorsque la duchesse de Fontanges décéda prématurément à l’âge de 20 ans, le scandale des poisons fut à son apogée. Aujourd’hui, les scientifiques favorisent l’hypothèse d’une mort naturelle, mais il est avéré que plusieurs tentatives d’empoisonnements ratées ont été commises contre la duchesse de Fontanges. 

La Voisin : le scandale de l’affaire des poisons 

L’affaire des poisons débuta lors de l’arrestation d’une autre grande dame de l’époque : la marquise de Brinvilliers. Celle-ci fut en effet initiée à l’art des poisons par son amant, un officier de cavalerie nommé Godin de Sainte Croix. Elle se serait notamment entraînée sur les malades des hôpitaux et sur sa femme de chambre avant d’empoisonner son père et ses deux frères. Son secret fut découvert à la mort de son amant lorsque le journal intime de ce dernier, contenant toutes les preuves de la culpabilité de la marquise, a été consigné. Après trois ans de cavale, elle est arrêtée, torturée et condamnée à mort sans jamais avoir avoué ses crimes. Le 17 juillet 1676, elle est décapitée à l’épée sous les yeux de la foule, puis son corps fut brûlé. 

Paris devint alors le siège de nombreuses rumeurs, et Gabriel Nicolas de la Reynie, le lieutenant de la ville, fut chargé de mener l’enquête pour résoudre cette affaire. Celle-ci mena rapidement vers la Voisin et elle fut arrêtée en 1679. Avec elle, des dizaines d’autres accusés dont la Vigoureuse et l’abbé Guilbourg vinrent remplir les prisons parisiennes. Face à ce nombre considérable d’arrestations, Louis XIV décida de créer la « Chambre Ardente », une cour de justice extraordinaire destinée aux affaires de poisons. La Voisin et les autres accusés furent soumis à la torture et commencèrent à livrer le nom de leurs clients, parmi lesquels des personnalités haut placées. En tant qu’organisatrice d’un grand réseau criminel, la Voisin fut condamnée à mort et brûlée vive le 22 février 1680. 

La Reynie

Gabriel Nicolas de la Reynie

Ce n’est qu’après la mort de la Voisin que le nom de la marquise de Montespan commença à être dévoilé. C’est la fille de la Voisin qui fut la première à l’accuser. De nombreuses autres personnes impliquées dans cette affaire, dont l’abbé Guilbourg, vont eux aussi témoigner contre l’ancienne favorite du roi. Celui-ci, craignant un énorme scandale et ne voulant pas que le nom de la Montespan soit révélé, mit fin à l’enquête et détruisit toutes les preuves accusant son ancienne maîtresse. Aujourd’hui, les historiens ne sont pas convaincus de la culpabilité de la Montespan. Les preuves manquent et ceux qui l’ont dénoncé auraient pu le faire par intérêt. En effet, ils ont tous évité la mort, leur procès ayant été annulé afin d’étouffer l’affaire. Si la marquise de Montespan n’a pas participé aux messes noires, il est cependant certain que la Voisin en a bien organisées. Elle aurait ainsi avoué avoir dissimulé les corps de plus de 2500 nourrissons. 

La dissolution de la Chambre Ardente, en 1692, marqua la fin définitive de l’affaire des poisons qui entraîna la condamnation à mort de 36 personnes. 

Aviez-vous déjà entendu parler de la Voisin et de cette sombre période durant le règne du roi Soleil ? Que pensez-vous de la culpabilité de la marquise de Montespan ? Dites-nous tout dans un commentaire !

Sometimes

Sources texte :

* * * * * *

Sources images :

2 réflexions sur “La Voisin, l’empoisonneuse ”

  1. MrsMinette

    Comme Chevalerie, je ne connaissais pas !! C’est original comme histoire !

    Je trouve ça incroyable le temps qu’elle a pu « pratiquer » (avec sa team de la mort) avant qu’on l’arrête !! Elle était connue (assez pour qu’on sache qu’elle existe de nos jours !) et c’est au bout de dizaines d’années qu’on l’a brûlée. Elle devait être un peu protégée, vu qu’elle était connue jusque chez le Roi.
    Et puis l’histoire des nourrissons… Beurk !! !! !!

    Sometimes, merci de faire ma culture historique ! Ce sont bien les seuls articles d’histoire que je lis avec plaisir ! Haha !

     

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut