La vue du cheval

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La vue du cheval

Ne vous êtes-vous jamais demandé comment voit le cheval ? A-t-il une vision différente de la nôtre ? Voit-il la nuit ? Peut-il voir la vie en couleur ou seulement en noir et blanc ? Si vous voulez en savoir plus sur la vue du cheval, cet article est fait pour vous !

Une vue d’ensemble

Avec ses deux yeux rapprochés, l’Homme a un champ de vision dit binoculaire : l’image que perçoit l’œil gauche chevauche celle issue de l’œil droit de façon à former une unique image sur la rétine, que le cerveau se charge alors d’analyser.
Cette convergence est à la base de la vision en trois dimensions et de notre aptitude à évaluer, en un seul regard, la hauteur, la largeur et la profondeur d’un objet, ainsi que sa distance. Cette convergence présente l’inconvénient de rétrécir notre champ visuel : avec ses 150° « seulement », il semble dérisoire comparé aux 340° du cheval. Ce dernier est même capable de voir un cavalier sur son propre dos. Le cheval doit cette vision panoramique à la position de ses gros yeux saillants, situés de chaque côté de sa tête. Chaque œil fonctionne indépendamment de l’autre, cela engendre deux champs visuels qui, à la différence de ceux de l’Homme, ne se superposent qu’en une bande étroite vers l’avant.

La vue d'ensemble du cheval

Des zones aveugles

Les seules zones obscures de la vision équine correspondent à l’arrière du corps et au niveau du chanfrein, zone de la tête située entre les yeux et les naseaux. Ce handicap est accentué par le profil allongé de la tête du cheval. Il ne peut pas voir les objets situés à moins de 1m20 à 2m de son nez. Cela explique que, pour sauter un obstacle, le cheval doit l’avoir vu de face avant d’être trop près. En fait, il saute à l’aveuglette. Quant au sucre qu’on lui tend sur la paume de la main, c’est grâce aux vibrisses de ses lèvres qu’il le « voit » et de son odorat très performant. Le champ de vision du cheval comporte donc un important angle mort devant ainsi que derrière lui.

On entend souvent dire que le cheval voit les objets plus gros qu’ils ne le sont en réalité. C’est vrai, a priori, mais comme tout lui paraît grossi, la taille relative des objets entre eux ne change pas. L’acuité visuelle du cheval est en revanche d’une performance moyenne, voire assez médiocre chez certaines races (des études ont démontrées que 75% des chevaux de trait sont myopes). Elle est 0,6 fois celle de l’Homme, 1,5 fois celle du chien et 3 fois celle du chat, elle serait donc de 20/30 sur l’échelle de Snellen.

Le cristallin du cheval

Même les yeux baissés, le cheval voit aussi bien les objets proches du sol que ceux situés sur l’horizon. Cela n’est pas le cas pour l’Homme : lorsque nous fixons notre attention sur un point précis juste devant nous et que nous adaptons notre vue de façon à le voir nettement, le paysage en arrière-plan est flou. À l’inverse, si notre œil s’accommode de façon à voir correctement l’arrière plan, c’est l’objet que nous fixions précédemment qui devient flou. Cela est dû à la forme du cristallin qui peut se modifier.
Chez l’Homme, le cristallin est rond, ce qui fait que la distance de la rétine ne varie pas. Au contraire, chez le cheval, il est de forme ovale. La distance de la rétine varie donc. Ainsi les objets proches qui apparaissent au bas de son champ de vision sont aussi nets que les objets éloignés qu’il voit en haut de son champ de vision. Comme s’il portait des verres à double foyer ! C’est ainsi qu’il peut brouter tranquillement tout en surveillant les alentours.
La forme ovale du cristallin contribue par ailleurs à son large champ de vision. L’œil humain pallie cet inconvénient par ce que l’on appelle l’ «accommodation dynamique » : le cristallin change de forme, il s’accommode pour former une image nette selon que l’objet observé est loin ou proche.

De l’œil au cerveau

Dans le processus de la vision, l’œil n’est en fait qu’un récepteur, une sorte de caméra fournissant des informations au centre visuel situé dans le cerveau, lequel procède au montage des images perçues et les interprète. Si trop d’images lui arrivent en même temps, il sature et doit alors trier dans toutes ces informations celles qui sont réellement importantes. L’œil humain parvient à intégrer entre 15 et 18 images par seconde alors que le cheval parvient à intégrer entre 20 et 25 images par seconde. Cette caractéristique entraîne une meilleure faculté à percevoir les mouvements, et donc les prédateurs qui s’approchent.

S’il perçoit moins bien que nous les détails, le cheval bat largement l’Homme en ce qui concerne la vitesse de défilement des images. Il est capable de percevoir des mouvements que nous ne remarquerions absolument pas, parce qu’ils défilent trop rapidement pour notre œil. Par exemple, en voiture, dès que l’on roule vite, nous n’arrivons pas à avoir une image nette de ce qu’il se passe autour de nous, alors que le cheval oui. Cette prouesse fait de lui l’un des champions du règne animal en la matière. Attention donc lorsque vous approchez un cheval : un mouvement normal pour vous peut lui sembler brusque.
Cette fréquence de perception rétinienne élevée est un atout indéniable pour survivre dans cette lutte qui a depuis toujours opposé le cheval à ses prédateurs, en lui permettant de réagir très rapidement en cas d’agression. En effet, chez le cheval, bien plus que les détails, ce sont les changements d’attitude, c’est-à-dire les mouvements, qui comptent. À l’inverse, l’Homme évalue généralement dans un premier temps la distance qui le sépare du danger. Chez le cheval, il est donc plus important de voir que quelque chose lui fonce dessus que de savoir ce que c’est exactement. Les prédateurs l’ont d’ailleurs bien compris, c’est pourquoi ils s’approchent de leur proie le plus discrètement possible. On ne peut donc pas réellement dire de la vision du cheval qu’elle est moins bonne que la nôtre. Elle est certes plus floue en termes de qualité d’image, mais elle est plus précise en termes de détection de mouvements.

Un regard expressif

À observer les êtres vivants, ou tout au moins nos animaux domestiques, on s’aperçoit vite que, bonne vue ou pas, leur visage n’en est pas moins expressif. Le cheval en particulier sait très bien y poser les marques de son humeur. Son regard est bien sûr à interpréter en relation avec le reste de son corps, les oreilles surtout, mais on peut malgré tout apercevoir des signes « parlants ». Les yeux doux signifie que l’animal est détendu, voire assoupi si ses paupières sont à moitié fermées (mais les yeux mi-clos peuvent également traduire l’ennui), lorsqu’elles le sont totalement, le cheval s’est détendu au point de s’endormir . S’il roule les yeux en laissant paraître le blanc, c’est qu’il a peur.

La vue du cheval la nuit

Personne n’irait dire du cheval que c’est un animal nocturne… Sauf les cavaliers qui apprécient les nuits même peu étoilées sur le dos de leur monture. Ici, nul besoin de lampe électrique : le cheval possède une vision nocturne presque aussi performante que celle du chat. Le secret réside dans une couche réfléchissante. Il s’agit en fait d’une couche de pigments, plus ou moins intense, qui couvre la rétine de tous les mammifères. Elle est particulièrement étendue chez le chat, le cheval et tous les animaux nocturnes, et donne l’impression que l’arrière de la pupille est « tapissé » d’or lorsque la lumière tombe. C’est grâce à cette couche réfléchissante que ces animaux voient parfaitement bien même si la lumière est très faible.
En outre, la pupille des chevaux, de forme ovale comme celle du chat, s’ouvre au fur et à mesure que la luminosité baisse de façon à faire pénétrer davantage de lumière dans l’œil. La nuit, les chevaux peuvent même distinguer des nuances de rouge, là où nous ne discernerions qu’une ombre. C’est ainsi qu’ils n’ont aucun mal à évoluer en randonnée la nuit, quitte à provoquer quelques frayeurs à leurs cavaliers qui, eux, ne voient quasiment rien !

Le passage de la lumière à l’ombre

Cependant, si la pupille du cheval peut se dilater considérablement, elle s’adapte moins rapidement à la lumière que celle de l’homme. Les yeux du cheval ont évolué en fonction de l’ensoleillement de son milieu naturel, qui change de façon progressive à mesure que le soleil monte au zénith et se couche à l’horizon. Le matin, ses yeux s’habituent petit à petit à la luminosité croissante, tandis qu’à la nuit tombante, ses pupilles s’agrandissent jusqu’à atteindre leur ouverture maximale. Même si leur pupille est protégée d’une lumière trop vive par une zone située sur leurs bords, les chevaux sont aveuglés lorsqu’ils doivent passer brusquement de la lumière à l’obscurité, par exemple quand ils se dirigent au galop d’une prairie inondée de soleil vers une forêt ombragée. La plupart d’entre eux adoptent dans ce cas une attitude de vigilance, ils hésitent, peu emballés à l’idée de passer si rapidement d’une zone lumineuse à une zone sombre. De simples rayons de soleil sur le sol suffisent parfois à les effrayer.

Une vision tout en couleurs

La vision en couleur du cheval

Nous avons vu que les chevaux n’ont généralement pas peur des automobiles et autres véhicules dont la forme ne change pas lorsqu’ils bougent. En fait, c’est souvent leur couleur qui effraie certains chevaux, même les plus aguerris à la circulation automobile. En effet, contrairement à ce que l’on a longtemps cru, ces équidés voient les couleurs. Leur monde coloré est cependant différent du nôtre. Les recherches ont démontré que le spectre de couleurs que peuvent voir les chevaux est plus étroit que le nôtre. Tandis que notre perception des couleurs va du bleu au rouge (aux limites de l’ultraviolet d’un côté et de l’infrarouge de l’autre), les chevaux sont surtout sensibles aux couleurs jaunes et vertes. Rien d’étonnant à cela : ce sont les couleurs prédominantes de leur milieu naturel. Le cheval distingue également le bleu et des expériences récentes ont montré que le rouge ne le laissait pas non plus indifférent. Cela peut paraître surprenant de prime abord. En effet, le rouge n’existe pas dans le milieu naturel des chevaux, pas plus qu’il n’existe de plantes comestibles qui tapissent le sol de rouge. En fait, à l’instar de nos feux rouges, cette couleur est pour eux aussi un signal de danger. Une flaque rouge dans l’herbe peut indiquer qu’un animal a saigné après avoir été mordu par un prédateur affamé. Pour le cheval, cela signifie qu’il se trouve sur le territoire d’un prédateur et qu’il doit être particulièrement vigilant.

Le cheval distingue aussi les formes. Il en a une assez bonne reconnaissance. Mêlé à d’autres espèces animales, il sait identifier les siens par leur forme ainsi que leur odeur. Des études tendent même à nous faire penser qu’il peut reconnaître un homme par son visage ou les vêtements qu’il a l’habitude de porter. Aussi, la prochaine fois que vous entrerez dans un box, pensez-y et souriez !

La vue du cheval n’est, globalement, ni meilleure ni plus mauvaise que celle de l’homme. Elle est différente. Cet article vous a-t-il éclairé sur la vue du cheval ? Qu’en pensez-vous ?

Arkane

Sources texte :

Connaissances personnelles

Wikipédia

Sources images :

Image 1

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Image 3

6 réflexions sur “La vue du cheval”

  1. Un article super intéressant en effet ! On comprend mieux le comportement très prudent, voire peureux du cheval !
    J’ai beaucoup aimé la comparaison avec la vue de l’humain, avec les nuances de couleurs…

     
  2. C’est un article très intéressant merci beaucoup !
    Le montage mettant en parallèle la vision de l’Homme et celle du cheval est super : on se rend mieux compte de ce que peut voir le cheval !

     
  3. MrsMinette

    Je trouve que c’est assez impressionnant, toutes les capacités qu’ont les chevaux ! (Surtout celles que nous n’avons pas, évidemment).
    J’avoue être quand même assez contente de voir ce qu’il se passe devant moi, même si ça veut dire une moins bonne vision périphérique =P
    Ah, ces animaux… On a beau pensé les connaître, ils doivent cacher encore bien des mystères !

    Super article 🙂

     

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