Le château de Neuschwanstein

Le château
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Château

« Il est dans mon intention de reconstruire la vieille ruine de château de Hohenschwangau près de la gorge de Pöllat dans le style authentique des vieux châteaux des chevaliers allemands, et je vous confesse que je regarde en avant pour vivre ce jour (dans 3 ans) ; il y aura plusieurs salles confortables et chambres d’hôtes avec une vue splendide du noble Säuling, les montagnes du Tyrol et loin à travers la plaine ; vous connaissez l’hôte vénéré que je voudrais voir là ; l’endroit est un des plus beaux qu’on puisse trouver, saint et inaccessible, un digne temple pour l’ami divin qui a apporté le salut et la bénédiction au monde. Il vous rappellera également Tannhäuser (salle des chanteurs avec une vue du château dans le fond), Lohengrin (cour du château, couloir ouvert, chemin vers la chapelle) ; ce château sera de toute manière plus beau et habitable que Hohenschwangau, qui est plus loin vers le bas et qui est profané chaque année par la prose de ma mère ; ils auront leur vengeance, les dieux profanés, et viendront vivre avec nous sur les hauteurs élevées, respirant l’air du ciel. »

Le château

C’est grâce à Louis II de Bavière, comme en témoigne cette lettre qu’il a adressé à son ami Wagner en 1864, que j’ai pu voir le jour. Idée germant dans la tête d’un génie incompris, les travaux de ma construction ont commencé durant l’été 1865. Les motivations qui ont poussé Louis II à m’imaginer sont diverses et pas toujours bien connues du grand public. Tout d’abord, il faut savoir que mon maître a passé toute son enfance à Hohenschwangau (voir image ci-dessous), château fort restauré par son père, Maximilien II de Bavière. Le paysage montagneux, les murs ornés de scènes de légende et d’œuvres poétiques médiévales, la présence du Chevalier au Cygne (Lohengrin) ont largement contribué à enflammer l’imagination de Louis II, réunissant ainsi une tradition locale (« Schwan », le cygne, était l’animal symbolique des comtes de Schwangau dont Maximilien II se disait l’héritier) à une vénération idéaliste du médiéval. Mais ma naissance a également une origine politique. En effet, la Bavière ayant perdu une guerre contre la Prusse, mon bienheureux maître Louis avait perdu sa souveraineté depuis 1866. Ainsi, il s’est consacré aux projets pour son propre Empire : ses châteaux, parmi lesquels je peux notamment citer Linderhof ou encore Herrenchiemsee.

Ma première pierre a été posée le 5 septembre 1869. Comme le voulait la tradition de l’époque, elle renferme le plan, des portraits du maître de l’ouvrage et des pièces de monnaie de l’époque du règne de Louis II. Ma construction allie les techniques et les matériaux les plus modernes. Mes fondations sont cimentées et mes murs sont en briques, recouverts de calcaire. Je devais être le château parfait et ainsi, mon maître n’a reculé devant rien pour me mettre au monde. Il a même dynamité la montagne afin de déblayer huit mètres de roches, il a utilisé 465 tonnes de marbre et 400 000 briques. Pour mon aspect extérieur si célèbre, si beau et si pur, qui me vaut le surnom de « château du roi de conte de fées », je dois remercier l’architecte Eduard Riedel. Alliant un style architectural néo-gothique à un style médiéval de Thuringe, j’ai été construit à l’emplacement de deux anciens châteaux forts, Vorderhohenschwangau et Hinterhohenschwangau. Admirez par vous-mêmes ma structure prévue à la genèse du projet !

Mon intérieur a été décoré par Christian Jank, un décorateur de théâtre. Mes tableaux ont été inspirés par les opéras de Richard Wagner, grand ami de mon maître. Une petite visite guidée, ça vous tente ?

Avant de vous montrer mes chers tableaux, il me semble important de vous préciser que j’ai toujours été considéré comme un lieu de retraite et non comme un lieu d’apparat royal. Je suis la réalisation d’un monde imaginaire, médiéval et poétique. Malgré l’inspiration de plusieurs légendes médiévales (qui ont ensuite donné lieu aux opéras de Wagner), je dois vous avouer que mes murs sont ornés majoritairement par quatre symboles : le poète Tannhäuser, le chevalier du cygne, Lohengrin et son père Parsifal, roi du Graal, car ils étaient des modèles pour mon maître qui les affectionnait particulièrement. Le dernier symbole est un animal : le cygne, emblème des comtes de Schwangau comme je l’ai précisé tout à l’heure, mais également symbole chrétien de la « pureté » que Louis cherchait à atteindre. 
Commençons par mon parvis inférieur :

Ici, vous pouvez admirer la légende de Sigurd, issue d’un recueil de légendes, chansons et proverbes scandinaves. Sigurd est l’équivalent du valeureux Siegfried de la célèbre chanson médiévale des Nibelungen. Je vous invite maintenant à passer les portails de marbre, juste là, pour accéder à la salle du Trône. Vous pourrez trouver un récit de cette légende ici.

Admirez cette magnifique salle du trône ! Avouez que vous avez rarement vu quelque chose d’aussi beau ! Haute de quatre mètres, elle s’étend sur mon troisième et quatrième étage. Au centre, se trouve un lustre de quatre mètres de hauteur. Elle porte ce nom, car un trône devait être installé au milieu de cette architecture digne des plus belles églises byzantines, bien que ce soit la Allerheiligenhofkirche de Munich qui ait servi de modèle. Cependant, la mort de Louis empêcha qu’un quelconque trône ne siège dans cette salle. Elle n’a donc été que l’expression de prétention de mon maître à la royauté, lui qui se voyait comme un médiateur entre Dieu et le monde, comme en témoignent la coupole décorée d’étoiles et la mosaïque au sol, représentant la Terre, sa faune et sa flore. 

Je ne m’attarderai pas dans la salle à manger, riche en boiseries et en tissus soyeux, mais je vous ferai passer directement dans la chambre à coucher.

Vous entrez ici directement dans la légende de Tristan et Iseult (disponible ici). Non seulement les deux amoureux sont peints sur les murs, mais ils ont également des figurines en terre cuite à leurs effigies et ils ont été sculptés sur les portes. Sur le lit tendu de soie, on retrouve des symboles royaux, tels que le cygne, la couronne et le lys. À côté du lit se trouve une charmante petite table de toilette. Vous remarquerez que le robinet est un cygne argenté. 

Et maintenant, un peu de silence, car nous entrons dans la chapelle royale. Comme la chambre à coucher, elle est de style néogothique. Aussi curieux que cela puisse vous sembler, vous remarquerez que les vitraux et le tableau central de l’autel représentent Saint Louis (dit aussi Louis IX), patron de mon maître. 

Je vous conduis maintenant dans ma surprenante salle de séjour. Pour commencer, vous constaterez qu’elle a été construite en L, ce qui est peu commun. Admirez également la charmante alcôve derrière les colonnes, petit coin tranquille pour s’asseoir. Ici, les peintures murales représentent la légende de Lohengrin, que Louis adorait particulièrement grâce à une double cause : Lohengrin, chevalier du Cygne du Saint Graal (Vous pouvez consulter ce lien pour connaître cette histoire). Remarquez également la soie bleue, identique à celle de la chambre, qui orne le mobilier luxueux.

Pour la suite de la visite, je vous demanderai de bien vouloir fermer les yeux. En effet, nous allons entrer dans une pièce qui fait ma fierté et mon originalité. Vous sentez cette atmosphère calme et reposante ? Ce bien-être ? Cette impression d’être dans un autre monde ? Ouvrez les yeux… Oui, oui, c’est une grotte ! Décorée par August Dirigl, elle peut être éclairée par différentes couleurs et elle représentait la montagne de Tannhaüser, dont les scènes sont peintes sur les murs du cabinet de travail. Je dois même vous confier qu’à l’origine, cette petite grotte aménagée au sein de mes murs possédait une cascade ! Admirable, non ?

Je terminerai votre visite par une pièce qui, j’en suis sûr, doit vous rappeler un peu la salle du trône par ses dimensions gigantesques. En effet, la salle des Chanteurs, projet préféré de Louis II, s’étend tout le long du quatrième étage. Les peintures de cette salle évoquent la légende de Parsifal (disponible ici), le père de Lohengrin. La tonnelle, qui fait penser à une scène de théâtre, est décorée par un paysage de forêt, celle qui entourait le château du Graal. 

Il faut savoir que j’ai été ouvert au public à peine sept semaines après la mort de mon maître qui, ironie du sort, m’avait construit pour pouvoir s’isoler des foules. Je suis l’un des châteaux les plus visités au monde, avec 1.3 million de personnes par an (imaginez que l’été, j’accueille en moyenne 6 000 visiteurs par jour !).

Au fait, je ne me suis pas présenté : je suis le château de Neuschwanstein (qui signifie « nouveau rocher du cygne ») et je loge au creux des montagnes de l’Allgaü, près de Füssen.

Sources : 
http://www.neuschwanstein.de/franz/chateau/construc.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Neuschwanstein
Souvenirs de mes visites au château 

Shini

1 réflexion sur “Le château de Neuschwanstein”

  1. Pattenrond

    La présentation est originale même si je ni accroche pas. Ce château est superbe, il est digne de la folie de son maître.

    Apparemment c’est lui qui a inspiré le château de Disney.

    En tout cas j’adorais le visiter, et je trouve vraiment dommage que la plupart des gens ne le connaisse même pas de nom! Il semble si beau et original!

     

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