Les chevaux et l’avion

Quand les champions internationaux et leurs chevaux doivent aller à Atlanta ou à Sydney, comment voyagent-ils ? En avion, bien sûr ! Une aventure qui s’avère compliquée et onéreuse et qui n’est pas toujours de leur goût. Pour en savoir plus sur le périple qui attend ces montures, ne décollez pas vos yeux de ces lignes !

La voie des airs

Pour aller à l’étranger, il n’existe que trois possibilités : la terre, la mer et les airs. Les chevaux préfèrent, et de loin, le bon vieux « plancher des vaches ». Mais pour changer de continent, il faut parfois contrarier leur nature.

Autrefois, participer à des compétitions outremer était bien difficile : le transport par bateau prenait des semaines. Outre les nombreux problèmes que posait le séjour des chevaux en cale, l’impossibilité de faire de l’exercice faisait perdre aux athlètes les bénéfices de leur entrainement. L’opportunité de faire voyager les chevaux de compétition par avion a donc largement modifié la vie des cavaliers internationaux. Néanmoins, ces voyages restent compliqués. On ne peut prendre un billet d’avion pour son cheval comme on en prend un pour soi. D’abord, cela coûte très cher. Ensuite, tous les aéroports ne sont pas équipés pour transporter ces passagers « pas comme les autres ». En effet, les chevaux voyagent dans des avions-cargos qu’il faut aménager spécialement pour eux. Le poids des animaux (environ 500 kg) et leur propension à s’agiter rendent le vol délicat. Quant à l’embarquement, il requiert un équipement particulier.

En principe, l’avantage de l’avion, c’est qu’il va d’un point A à un point B très rapidement. Dans les faits, le chemin qu’il faut parcourir pour aller à l’aéroport est parfois très long. C’est encore plus vrai pour les chevaux, car peu d’aéroports en Europe les accueillent. En effet, on peut en compter seulement cinq: Roissy, Amsterdam, Liège, Francfort et Ostende. En ce qui concerne la France, Airfrance cargo est l’unique compagnie aérienne transportant des chevaux, l’importance de la logistique à mettre en place dissuadant la plupart des compagnies. Du fait de ce petit nombre d’aéroports, le long voyage commence et se termine le plus souvent par des centaines de kilomètres en camion. Une fois à l’aéroport, nos voyageurs atypiques sont loin d’être tirés d’embarras. En effet, l’embarquement est une affaire interminable.

Il existe en deux méthodes:

– Par rampe :

Les chevaux accèdent à l’avion par une rampe spéciale, inclinée et encadrée de hauts garde-fous, qui les mènent directement dans la carlingue. Dans ce cas, les animaux sont embarqués un à un. On installe les stalles autour d’eux au fur et à mesure. Il est essentiel que les chevaux aient suffisamment d’espace pour se sentir à l’aise tout en étant bien « calé ». Des stalles bien conçues assurent leur équilibre et leur confort tout en contenant une agitation intempestive. Il arrive parfois qu’un cheval embarqué parmi les premiers, donc logé au fond, ne supporte pas son installation et manifeste son anxiété de telle sorte qu’il n’est pas envisageable de partir avec lui. Il faut alors faire redescendre tous les chevaux, évacuer le cheval anxieux, puis recommencer toute l’opération sans lui.

– Par grue :

Les chevaux sont installés au sol dans des containers  conçus pour recevoir un, deux ou parfois trois animaux. Là encore, un système de stalles bien conçues doit contribuer au confort et à la sécurité des voyageurs à pattes. Le container est un moyen qui tranquillise l’animal, étant fabriqué comme un van, le cheval se retrouve dans un endroit connu. Une fois les chevaux installés, une grue hisse les containers un à un dans l’avion où ils sont savamment disposés.

Ce transport par containers est plus onéreux que le premier.  Cela se justifie par le fait que le cheval pourra être transporté seul (l’angoisse des autres chevaux ne lui sera donc pas transmise) et la place dont il bénéficiera dans la stalle sera plus importante que lorsque celles-ci sont montées après l’entrée dans la carlingue. Pour le prix, tout dépend évidemment de la destination, du mode d’embarquement, mais aussi de l’âge du cheval et de son sexe. Il coûtera plus cher de transporter une jument ou un étalon qu’un hongre. Comme pour les assurances de voiture qui faisaient payer plus cher les hommes que les femmes en se basant sur certaines statistiques, les transporteurs estiment que certains chevaux sont plus à risque… Une certaine discrimination est donc appliquée aux juments et aux entiers considérés comme plus instables à voyager. Les  transports les plus courants se font entre l’Europe et les États-Unis et le prix moyen d’un allé est de 10 000 euros.

Business class ?

Ni champagne ni moquette pour nos compagnons en transit. Mais un confort de base surtout destiné à assurer une bonne sécurité.

Il est dans l’intérêt des compagnies aériennes que les chevaux soient bien installés : ils voyageront plus volontiers dans le calme. On leur fournit donc de l’eau et du foin. Pour les plus récalcitrants et en cas de longue durée, du jus de pomme sera mélangé à l’eau afin d’assurer une bonne hydratation. Afin de créer une ambiance propice à la sérénité, les lumières pourront être tamisées. Chaque cheval ou presque a son groom (une demande de sa présence doit être faite avant la confirmation du vol), un vétérinaire accompagne également les chevaux durant le vol.

Néanmoins, malgré ces précautions certains chevaux réagissent très mal à l’avion. Certains ne supportent pas le bruit, les vibrations, les mouvements de l’avion… D’autres ressentent des douleurs auriculaires lors du décollage et de l’atterrissage, et  beaucoup souffrent de claustrophobie. L’agitation d’un cheval peut mettre en péril l’avion tout entier. S’il le juge nécessaire, le commandant de bord peut demander que l’on injecte un tranquillisant à un animal en cours de vol (ce qui, bien sûr, risque de compromettre sa compétitivité à l’arrivée).

Le transport est donc toujours une cause de fatigue et de stress pour les chevaux. Il faut en tenir compte et donner au cheval la possibilité de récupérer dans le calme avant un nouvel effort. Il ne faut pas oublier le décalage horaire qui frappe autant les chevaux que les hommes, le bouleversement de l’heure des repas perturbe notamment nos compagnons.

Tout aussi compliquées, et à ne pas négliger, les démarches administratives seront nombreuses et indispensables ! L’une d’entre elles consiste à se renseigner auprès de son vétérinaire sur les tests à effectuer avant que le cheval n’effectue le voyage (des dépistages de l’influenza (grippe) et du tétanos seront par exemple demandés).

À la fin du transport, une période de quarantaine sera imposée au cheval, période qui variera en fonction de la législation de chaque pays. Pour anecdote, lors des Jeux olympiques de Pékin en 2008, un cheval n’avait pas pu participer à une épreuve, sa période de quarantaine ne s’étant pas terminée à temps.

Et vous, chers lecteurs, avez-vous déjà expérimenté ce mode de transport pour le moins atypique ? Le bateau vous semble-t-il plus sûr comme moyen de transport ? N’hésitez pas à réagir sur le Mag !

Carlita

Sources :

http://www.business-opportunities.biz/2012/03/08/how-do-you-ship-a-horse-to-the-olympics/

http://www.slate.fr/lien/51197/jeux-olympiques-2012-londres-chevaux-avion-fedex

http://www.webforjetset.com/voyage/formu_transport_chevaux_avion.htm

http://www.chevalmag.com/chevalmag/Actualites/Sports/En-vol-pour-Lexington