Chers MonChvaliens, pour cette gazette, je compte vous emmener dans le monde de l’éthologie (comment ça, à mes souhaits ?). C’est l’étude du comportement de toutes les espèces animales. Ici, nous nous intéresserons plus particulièrement à l’éthologie équine, l’étude du comportement des chevaux (vous ne vous y attendiez pas, hein ?). Mais tout d’abord, une petite explication plus détaillée de tout ça ?
L’éthologie équine est souvent baptisée « méthode douce » puisqu’elle est, en effet, la science qui étudie le comportement des équidés et en particulier des chevaux. Cette étude concerne aussi bien les relations entre chevaux que les relations avec les autres espèces, ainsi que les relations avec l’être humain. L’éthologie elle-même est née en 1950, mais l’intérêt des spécialistes ne s’est porté sur les chevaux qu’en 1970. En effet, après avoir observé le comportement des chevaux sauvages, les spécialistes imaginent une méthode de dressage consistant à entraîner le cheval en fonction de son comportement en liberté, afin de pouvoir l’éduquer avec douceur. Ces dresseurs sont appelés les « Nouveaux Maîtres » ou encore les « Chuchoteurs ».
Les éthologues étudient le comportement des chevaux afin de mieux comprendre leurs réactions. Tout d’abord, les chevaux sont des animaux habitués à vivre en groupe, ce qui leur permet de survivre face aux prédateurs. Les troupeaux sont souvent composés de trois à dix individus, généralement un étalon entouré de trois à quatre juments et de leurs poulains. Mais ils prennent aussi en compte le fait que l’instinct du cheval est la fuite. En effet, le cheval ne possède ni crocs, ni cornes, ni griffes (nooon, c’est vrai ?). Par conséquent, sa seule tactique est la fuite. Cet instinct de fuite met en valeur tout le reste de son comportement : le cheval est un animal émotif et craintif. La communication entre les chevaux est aussi prise en compte par les éthologues. Les chevaux utilisent le langage du corps pour communiquer. Un cheval qui veut être agressif couchera les oreilles en arrière, menacera de ruer des postérieurs et montrera les dents. À l’inverse, un cheval qui se veut soumis mastiquera dans le vide tout en baissant la tête. L’éthologie peut donc aussi être qualifiée d’anthropomorphisme, qui veut dire « se mettre à la place d’un cheval ».
Le premier des « chuchoteurs » fut Sullivan, qui donna naissance à ce terme. Cet homme était réputé pour les « miracles » qu’il accomplissait avec les chevaux. En effet, ce dernier s’enfermait pendant plusieurs heures avec des chevaux qualifiés de « fous » ou « d’indomptables ». À la fin de ces quelques heures, Sullivan ramenait un cheval calme et confiant. N’ayant jamais dévoilé sa technique ni ses méthodes, on l’a donc baptisé le « chuchoteur », capable de parler aux chevaux et de les calmer. Le surnom de « chuchoteurs » a été utilisé par la suite chez tous les dresseurs que l’on qualifiait de faiseurs de miracles.
Les cow-boys vivant en Amérique se sont intéressés en premier à cette technique. Ces derniers, horrifiés par la violence dans l’équitation « moderne », se sont inspirés des Indiens afin de créer un nouvelle technique de dressage. Les premiers grands éthologues équins furent Ray Hunt et Tom Dorrance. Puis, plus tard, sont venus de nouveaux comme Monty Roberts, John Lyons, Buck Brannaman ou encore Pat Parelli et son élève Andy Booth. Chacun de ces éthologues avait une méthode d’approche différente. Prenons Monty Roberts. Ce dernier affectionne surtout la technique dite du « lien », du « consentement » ou encore du « join-up » qui crée une relation de confiance en proposant au cheval de venir rejoindre le dresseur au centre de la carrière, du manège ou du rond de longe de son plein gré. Quant à Pat Parelli, il favorise les sept jeux que le cavalier peut mettre en place pour instaurer une complicité réciproque.
J’ai interviewé pour vous Theo Osiris, membre de MonChval.com qui pratique l’éthologie avec son cheval.
Lùhcylhe : Avant de commencer, pourrais-tu te présenter un peu ?
Theo_Osiris : Bon, alors je m’appelle Solène, j’ai 19 ans, j’habite en Bourgogne, j’ai un poney, Théo (Connemara âgé de 4 ans bientôt) et un cheval, Osiris (trotteur âgé de 9 ans). J’ai le galop 4, niveau 7, que je n’ai pas encore passé, car je ne suis plus en club actuellement. ^.^ Niveau études, je suis dans le milieu équestre et je pars travailler dans un haras dimanche pour débourrer des chevaux. Depuis toute petite, j’ai toujours été attirée par les chevaux. J’ai pu commencer l’équitation à l’âge de 11 ans, un sport que je pratiquais une à deux fois par semaine et une passion que je vivais quotidiennement en passant mes journées au centre équestre. Comme tout cavalier, j’ai toujours rêvé d’avoir mon propre cheval… Ce rêve s’est réalisé il y a 3 ans, le 6 juin 2008, lorsque j’ai sauvé Théo de la boucherie… Par la suite, j’ai commencé à évoluer avec Théo et une voisine m’avait confié un cheval, Osiris, qui m’appartient désormais depuis le 20 octobre dernier. 😉
Lùhcylhe : Merci Solène, après cette présentation, peux-tu nous expliquer ce qu’est l’éthologie pour toi ?
Theo_Osiris : Pour moi, l’éthologie c’est une étude « scientifique » du comportement d’un individu. Cette « méthode », si je puis dire, est très importante, c’est la base de toute communication avec un animal. Cette étude permet de comprendre les réactions des individus. L’éthologie équine permet de communiquer avec son cheval comme jamais auparavant. Après l’étude du comportement, on peut déterminer différentes choses, comme les divers langages par exemple (le corps, les oreilles, les expressions des yeux… ). Les bases de l’éthologie se font uniquement sur l’observation du cheval. Au départ, il faut chercher à comprendre pourquoi le cheval réagit d’une telle manière, déterminer son caractère, ses points faibles, ses points forts, ses émotions. Il ne faut pas oublier que tous les équidés ont un caractère différent, on ne peut pas travailler des chevaux de la même manière sachant qu’ils n’ont pas le même comportement. L’observation du cheval est importante, car elle permettra au cavalier de comprendre sa monture et d’en déduire le rythme et le type de travail qui lui correspondent. Pour moi, l’éthologie est la base entre un cavalier et un cheval, cette étude aide l’humain à comprendre le comportement de l’animal. Après toute cette étude, le cavalier pourra travailler en fonction des observations qu’il a réalisées ! Ainsi, le couple travaillera ensemble, dans la bonne harmonie et en toute complicité !!
Lùhcylhe : Et dis-nous, depuis quand pratiques-tu l’éthologie ?
Theo_Osiris : Je la pratique depuis 3 ans environ, à partir du moment où j’ai eu Théo.
Lùhcylhe : Et qu’est-ce qui t’a poussée à la pratiquer ?
Theo_Osiris : Au départ, je ne connaissais pas l’éthologie, je n’avais aucune idée de son existence, je ne savais même pas en quoi cela consistait. J’ai commencé à connaitre l’éthologie grâce à Théo entre autre. En effet, quand le petit Théo est arrivé chez moi, il était absolument impossible de l’approcher. Dès qu’il voyait un humain s’approcher, il partait, car il avait peur… Il me fallait donc trouver une solution assez rapidement. À ce moment-là, j’ai entamé quelques recherches sur Internet et j’ai communiqué avec une fille qui pratique l’éthologie. Elle m’a expliqué ce que c’était et en quoi cela consistait… Après cela, j’ai fait quelques recherches Internet sur l’éthologie, l’équitation éthologique et tout ce qui s’en rapproche. Pendant plusieurs mois, je suis allée, jour après jour, dans le pré de Théo, m’assoir dans l’herbe pendant des heures, à passer mon temps à l’observer, à essayer d’évaluer ses peurs, ses craintes, à tenter de déterminer son comportement, son caractère… Ensuite, Théo et moi avons commencé à avoir une vraie complicité entre nous, je me suis donc mise à pratiquer « l’éthologie » à ma façon. ^.^
Lùhcylhe : Tu as l’air très proche de tes chevaux, l’éthologie vous a-t-elle rapprochés ?
Theo_Osiris : L’éthologie aide à comprendre l’être animal, il ne faut pas oublier que c’est l’étude du comportement animal, donc cela nous permet de se faire une idée des réactions du cheval et de déterminer une méthode de travail qui lui correspond. =). L’éthologie fortifie les liens entre humains et animaux, je trouve que la complicité se crée plus vite lorsqu’on connait son cheval et son caractère. Lorsque j’ai commencé l’éthologie avec Théo, j’ai remarqué un très fort changement, car auparavant personne ne pouvait l’approcher, il n’avait aucune confiance en l’homme alors que maintenant, je peux absolument tout faire avec lui et nous avons créé une énorme complicité. Pour Osiris, c’est un trotteur très difficile à la base. Quand je l’ai eu, il chargeait au pré, se cabrait n’importe quand et il était vraiment méchant et caractériel ! Dès qu’une chose ne lui plaisait pas, il le faisait très facilement savoir. Puis, j’ai commencé à le travailler sérieusement, en fonction de son caractère et de ses comportements. Je l’ai travaillé uniquement à pied pendant plusieurs mois et, petit à petit, il s’est assagi. Maintenant, il est « mieux », il est devenu plus calme et surtout moins caractériel, il ne charge plus, ne se cabre plus, ne latte plus ni rien, il est désormais respectueux envers l’Homme.
Lùhcylhe : As-tu une méthode particulière pour leur apprendre des petits tours ?
Theo_Osiris : Non. Pour faire des petits tours avec mes loulous, je n’utilise pas de méthode spéciale, je travaille en fonction de ce que j’observe et surtout en fonction de mes loulous. 😉 L’avantage, c’est que Théo et Osiris ont un caractère totalement différent l‘un de l‘autre, je suis donc obligée de pratiquer diverses méthodes et de trouver la bonne pour chacun d’eux, celle qui leur correspond. 😉 Je leur apprends à ma façon, en essayant un peu tout et n’importe quoi, dans le seul but de travailler en harmonie et en toute complicité avec eux. ^.^
Lùhcylhe : Et des petits trucs pour nouer des liens ?
Theo_Osiris : Pour nouer des liens, il n’y a pas forcément de « petits trucs ». Disons que passer du temps avec le cheval, au pré ou au box, tranquillement, sans travailler, juste avec des caresses ou des massages favorise le lien entre le cavalier et son cheval. La communication est très importante, un cheval ne peut pas tout comprendre, il ne sait pas tout faire, nous sommes là pour lui apprendre, mais avant d’apprendre, il faut déjà avoir une vraie confiance entre l’animal et l’être humain. Il faut passer du temps avec lui, l’emmener promener tranquillement, découvrir des choses ensemble, le désensibiliser à diverses choses… Après, les liens extrêmement forts viennent avec le temps. 😉
Lùhcylhe : De tous les éthologues, qui admires-tu le plus, et pourquoi ?
Theo_Osiris : J’admire énormément le travail d’Honza Blàha, je trouve qu’il a une magnifique complicité avec son cheval, son travail est très intéressant et juste sublime ! C’est un couple absolument fantastique qui ne travaille uniquement qu’avec la confiance et l’amour. ^.^
Lùhcylhe : Penses-tu que l’éthologie soit la meilleure méthode pour créer des liens extrêmement fort avec son cheval ?
Theo_Osiris : Je pense honnêtement que l’éthologie aide beaucoup à créer des liens forts entre l’animal et l’humain. Je pense que travailler en fonction du cheval, de son comportement, ses humeurs, ses capacités et son caractère, tout en apportant tout l’amour que l’on a, est la meilleure solution. Après, évidemment, les autres méthodes permettent aussi de créer des liens entre les deux individus, mais je pense que ce n’est pas pareil, que les liens sont beaucoup moins forts par rapport à ceux qui pratiquent l’éthologie. 😀
Lùhcylhe : Penses-tu que l’éthologie puisse être qualifiée de « Méthode Douce » ?
Theo_Osiris : Je pense que l’éthologie est qualifiée de méthode douce, car on prend le temps d’observer son compagnon pour le comprendre. Ensuite, on travaille le cheval en fonction de ses capacités et de son caractère, donc cela renforce les liens. L’éthologie permet une approche « différente ». 😉
Lùhcylhe : Et le petit mot de la fin… Peux-tu nous dire quels tours tu fais avec tes loulous ?
Theo_Osiris : Théo connait plus de tours, car je m’amuse énormément avec lui : la jambette, le pas espagnol, le couché (à pied et monté), la croupade, le cabré, croiser les antérieurs, dire » non » avec sa tête, dire » oui » avec sa tête, gratter le sol, monter sur des plots, la révérence, le salut de la reine.
Osiris, lui, connait seulement la jambette, le cabré et la révérence.
Merci à Theo_Osiris de nous avoir fait partager ses expériences, son point de vue et de nous faire rêver avec ses photos ! Et merci à vous, chers MonChvaliens de m’avoir lue ! Je vous quitte sur ces quelques mots :
« On oublie souvent que l’équitation est un art basé sur l’amour. L’éthologie, c’est la sublimation de l’art par l’amour ! ».
J’en avais déjà entendu parler et je trouve que c’est magnifique tout ce qu’on peut faire comme ça! Le principe semble tellement simple: comprendre l’autre pour pouvoir travailler avec!
Je trouve cet article super intéressant, l’interview est une bonne façon de faire passer le message, en la lisant j’étais simplement convaincue par cette méthode!
Et les photos, ça montre tout le travail qu’il y a derrière, avec l’amusement tant de la « cavalière » que le chval, c’est superbe!
Je suis bouche bée devant la vidéo. Perso, j’admire l’éthologie équine, ainsi que tous les éthologues équins ! C’est magnifique la complicité et l’amour qui règne entre l’Homme et son cheval !
Article sympa, mais c’est vraiment dommage d’avoir confondu équitation éthologique et éthologie équine…la « Méthode douce », c’est l’équitation éthologique, qui voudrait se réclamer de la science qu’est l’éthologie…faut pas confondre 😛
« L’éthologie peut donc aussi être qualifiée d’anthropomorphisme, qui veut dire « se mettre à la place d’un cheval »
==> L’anthropomorphisme signifie plutôt projeter l’humain sur un animal…en bref, quand vous pensez que vous avez froid et que donc votre cheval aura aussi besoin d’une couverture, c’est de l’anthropomorphisme. Quand vous dites au vétérinaire que votre chat est jaloux, c’est de l’anthropomorphisme mais l’anthropomorphisme est justement l’écueil majeur dans lequel un éthologue ne doit JAMAIS tomber au cours de ses recherches. Comme tout scientifique d’ailleurs =)
D’autre part, Pat Parelli, Monty Roberts, Tom Dorrance et bien d’autres n’ont rien d’éthologues. Ils pratiquent, c’est vrai, ce qu’on appelle aujourd’hui par abus de langage l’équitation « éthologique ». Mais tous ces hommes et femmes de cheval, certes extraordinaires avec les animaux, n’ont pas nécessairement la formation scientifique qui permettrait de les qualifier d’éthologues.
Etre éthologue, c’est avoir fait des études en éthologie, en science du comportement. Ces études sont abordées par de nombreuses professions (par exemple, les vétérinaires ont une formation en éthologie mais comme ils ne sont pas des chercheurs en éthologie, ce ne sont pas des éthologues). Les pratiquants de l’équitation éthologique ne sont pas du tout des éthologues…juste des cavaliers pratiquant avec plus ou moins de brio l’équitation éthologique ! 😀
Voilà voilà, désolé, je tenais à cette petite mise au point.