La « fibromyalgie », qu’est-ce que ce mot barbare, me direz-vous ? Il s’agit en fait d’un ensemble de symptômes reconnu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 2006 en tant que maladie à part entière. L’histoire de ce syndrome est assez tumultueuse, nous allons voir ensemble pourquoi, mais aussi quels en sont les symptômes, comment se fait le diagnostic et quels sont les traitements possibles. L’origine de cette maladie n’est pas claire, plusieurs hypothèses suggèrent qu’il y aurait un dérèglement au niveau du système nerveux central (cerveau et moelle épinière) dont la cause est encore inconnue.
La fibromyalgie : rapide historique et définition
Les auteurs relatent depuis longtemps l’existence de syndromes douloureux récurrents sans cause identifiée, mais c’est en 1977 que deux auteurs canadiens décrivent réellement le syndrome fibromyalgique. Il s’agit d’une maladie associant des douleurs récurrentes et généralisées, une fatigue excessive et des troubles du sommeil. De plus, un état dépressif ou anxieux fait souvent partie du contexte pathologique, qu’il soit présent avant la maladie ou causé par celle-ci. Comme l’anxiété augmente la douleur qui accroît elle-même l’anxiété etc., un beau cercle vicieux apparaît. Longtemps classée parmi les maladies psychosomatiques (c’est-à-dire des troubles psychiques entraînant des problèmes physiques), elle vient récemment d’être classée parmi les maladies musculo-squelettiques par l’OMS.
La fibromyalgie : symptômes et diagnostic
Les symptômes de la fibromyalgie sont subjectifs et donc difficilement objectivables par les cliniciens : la douleur (dans des conditions particulières), une fatigue intense et permanente ainsi qu’un sommeil ressenti comme de mauvaise qualité.
Une des particularités de cette maladie est de n’avoir aucune anomalie dans les résultats des examens complémentaires : que ce soit des examens radiologiques (radio, scanner, etc.) ou biologiques. À la prise de sang, les marqueurs sanguins de souffrance musculaire ou d’inflammation, les marqueurs immunologiques ou rhumatismaux sont négatifs.
Une autre particularité de la fibromyalgie est de ne pas répondre aux traitements classiques médicamenteux antalgiques, c’est-à-dire paracétamol, aspirine, etc., ce qui peut en faire un test diagnostic. Le médecin aura également la charge de différencier ces douleurs non-sensibles aux antalgiques de douleurs psychogènes, c’est-à-dire générées par le cerveau.
Pour poser le diagnostic de fibromyalgie, le médecin va devoir s’appuyer sur certains critères : le fait d’avoir au moins 5points douloureux localisés à des endroits précis sur 18 points recensés, le fait que ces souffrances durent depuis plus de 3 mois dans les 4 cadrans du corps (déterminés par 2 lignes perpendiculaires, une passant par le nombril et l’autre par le milieu en étant sa perpendiculaire) et l’historique médical du patient, c’est-à-dire son anamnèse.
Au niveau de la fatigue, celle-ci survient dès le réveil, car le sommeil n’est pas réparateur (sommeil léger, réveils fréquents) et persiste tout au long de la journée. Mais la fatigue chez le fibromyalgique se fait sentir également lors de simples efforts physiques, comme monter des escaliers, faire la cuisine et parfois même lors du maintien prolongé de la station debout. L’état d’anxiété induit par la maladie ou présent avant celle-ci n’arrange évidemment pas le sommeil et la fatigue.
De nombreux questionnaires sont disponibles afin que le médecin ait une vue d’ensemble des symptômes, de leur intensité, du ressenti de la personne, du moment de leur apparition, etc.
Attention de ne pas confondre le syndrome fibromyalgique avec le syndrome de fatigue chronique. Les symptômes sont sensiblement les mêmes, mais dans le premier, c’est la douleur qui prévaut, alors que dans le second, c’est la fatigue.
Au niveau de la prévalence, elle n’est pas identique dans tous les pays, mais cela est certainement à cause d’un manque de diagnostic correct dans certaines régions du monde. Parfois, même en France, un mauvais diagnostic est posé, car les médecins sont souvent très peu informés sur ce syndrome (ou sont encore plein de préjugés). En Europe, environ 3 % de la population est déclarée fibromyalgique, dont 60 % de femmes. Toutes les tranches d’âges peuvent être atteintes, même si les 30-50 ans semblent être les plus touchés.
La fibromyalgie : traitements
La fibromyalgie est une maladie nécessitant une prise en charge multidisciplinaire, c’est-à-dire qui fait intervenir plusieurs soignants, médicaux ou paramédicaux. Comme l’origine de cette maladie n’est pas clairement établie, le traitement consiste pour le moment à diminuer un maximum les symptômes : douleur et fatigue surtout, voire l’anxiété ou l’angoisse sous-jacente.
Traitement médicamenteux de la fibromyalgie
Même si les médecins préféreront éviter cette voie de traitement, ils peuvent ponctuellement prescrire des antidépresseurs qui auront pour but de traiter l’état psychologique, mais qui a comme effet secondaire recherché d’améliorer la qualité du sommeil. Attention donc, lorsqu’un tel traitement est prescrit, de bien lire la notice d’utilisation, car il est dangereux par exemple de conduire en ayant consommé ce genre de produit.
Un autre type de médicament que le médecin peut éventuellement prescrire est les myorelaxants. Comme leur nom l’indique, ils ont pour but de détendre les muscles qui, dans la fibromyalgie, seraient plus « tendus » qu’en temps normal.
Traitement non-médicamenteux de la fibromyalgie
En première position, nous retrouvons la kinésithérapie. Elle aura trois objectifs principaux : l’antalgie (diminution de la douleur), le reconditionnement à l’effort et les étirements doux, en ayant toujours en tête que le patient est maître de sa propre rééducation et qu’il ne faut pas seulement travailler avec le kinésithérapeute, mais aussi poursuivre les exercices et suivre les conseils à domicile.
Le but pour un fibromyalgique n’est pas de ne plus du tout bouger pour ne plus avoir mal, mais au contraire d’apprendre à vivre avec sa douleur et sa fatigue, de connaitre ses limites pour éviter de les exacerber et d’étirer doucement les muscles pour diminuer leur tonus, qui fait mal quand il est trop élevé.
Il faudra donc adapter chaque séance à l’état du patient sur le moment, en privilégiant l’un ou l’autre de ces trois objectifs.
En deuxième position, nous retrouvons la relaxation, pour ses effets sur l’état d’anxiété associé, mais également pour ses effets relaxants sur les muscles et donc sur les tendons. Il existe différentes méthodes de relaxation, mais celle qui marche le mieux sur les fibromyalgiques est la sophrologie, car elle se base sur le schéma corporel pour amener peu à peu un état de détente physique.
On peut également citer l’accompagnement psychologique, la cryothérapie corps entier, la musicothérapie, l’art thérapie, l’acupuncture ou encore les cures thermales comme autres moyens de diminuer les symptômes indésirables de la fibromyalgie.
Chaque personne aura sa technique préférée, certaines fonctionneront et d’autres pas ; une fois de plus, le patient est au cœur de sa rééducation.
Connaissiez-vous cette maladie avant de lire cet article ? Avez-vous un proche atteint de cette maladie ? Peut-être en êtes-vous atteint(e) et vous avez eu du mal à vous faire diagnostiquer fibromyalgique ? Dites-nous tout dans un commentaire !
Muciole
Sources texte :
Site fibromyalgie SOS
Article Sciences et avenir sur la fibromyalgie
Site de l’émission télé « Allo Docteur » sur la fibromyalgie
Site Focus Fibromyalgie
Site Journal des Femmes
Yves Xhardez et co., Vade-Mecum de Kinesithérapie et de réeducation fonctionnelle, 6ème édition, Prodiam, 1392 pages
Je ne connaissais absolument pas… C’est dingue quand même ! Merci pour cet article !
Article super intéressant :p
Merci pour cet article ! Je connaissais déjà la fibromyalgie, mais j’ai l’impression que trop peu de personnes sont sensibilisés à cette maladie, et aux maladies qu’on pourrait qualifier semi « psy », semi « physique » (et psy tout court). J’aime beaucoup voir des articles santé sur le mag’, surtout qu’ils sont toujours bien documentés. Bref, GJ, c’est un très bon article =)
Très intéressant, à faire partager !