Le blanc chez les animaux

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Aujourd’hui, je souhaite vous faire découvrir un peu l’univers de la pureté, du Bien : le blanc.

Le blanc a toujours été source d’admiration chez l’homme, parfois de rejet également, mais la plupart du temps, on y accorde un intérêt important.
Ainsi, nos ancêtres se sont souvent amusés à traficoter dans leur coin tels des généticiens de garage, pour modifier l’apparence de diverses espèces animales.

Berger allemand blanc

Tenez, prenez le berger blanc suisse : magnifique chien au passé malheureux. À la base, il s’agissait d’un simple Berger Allemand. Certains naissaient blancs assez régulièrement. Et puis un beau jour de 1933, d’aucuns ont décrété que le Berger Allemand ne devait plus être blanc : cette robe a donc été retirée du standard de la race et des centaines de chiots ont « rejoint papi au Ciel ».
(Rappelons qu’à cette époque, l’uniformité était de mise et qu’un chien différent n’était sans doute pas le bienvenu dans un élevage).

Quelques amoureux des chiens blancs ont cependant persisté à les élever dans le Nord des États-Unis. Jusqu’en 2002, cette race n’est pas officielle et n’est donc pas répertoriée dans les livres de races. Elle est néanmoins reconnue officieusement sous le nom de Berger Allemand Blanc. En 2003, la race est officiellement reconnue et enfin répertoriée, en tant que Berger Blanc Suisse.

Le passé houleux de ce superbe chien montre déjà bien à quel point le blanc est spécial.

Mais d’autres animaux sont sujets à ce traitement inhabituel !

Tigre blanc

Le Tigre Blanc, par exemple. Lui, c’est le contraire qui lui est arrivé. Vers la fin du XIXème siècle, plusieurs personnes prétendent avoir aperçu des tigres blancs.

Étrange fait que cela !

Entre 1907 et 1933, dix-sept tigres de la sorte sont signalés. Ni une, ni deux, tous les fortunés s’arrachent leur fourrure comme trophée immaculé, ce qui entraine l’extinction de la variation génétique seulement quelques années après avoir été découverte…

Et puis un jour, petit miracle : Mohan, un tigre du Bengale blanc, repéré dans la nature alors qu’il était petit, est capturé. Dès lors, il vit en captivité dans les jardins (ou les caves) d’un obscur Maharadjah, où on le fait s’accoupler avec une magnifique tigresse tout à fait normale, Begum. Tous les tigreaux sont roux, soit : normaux eux aussi. Mais, comme le Maharadjah aimait bien son tigrou-chou, il a voulu lui présenter une autre tigresse, qui n’était autre que l’une des filles de Mohan provenant de la portée précédemment citée.

Erreur génétique due à la consanguinité ? On le suppose… Quoi qu’il en soit, les quatre petits de la portée étaient tous blancs.

Voici donc les ancêtres des tigres blancs.

Et c’est bien là le souci : tous les tigres blancs actuels descendent de Mohan et de sa progéniture. Ils sont donc tous consanguins, ce qui entraîne des malformations très graves : les tigres blancs sont particulièrement sujets à la scoliose ou au strabisme et souffrent même souvent de troubles mentaux plus ou moins importants… Parmi ceux qui survivent ! Plus de 80% des jeunes meurent à cause de problèmes dus à la consanguinité.

Selon les professionnels, à peine un tigre blanc sur trente serait réellement en bonne santé.

De nos jours, plusieurs programmes de reproduction tentent de réparer cette erreur humaine (eh oui, ce n’est pas une « erreur de la nature », l’homme est responsable de cela !) en limitant au maximum la consanguinité lorsqu’ils créent un couple.
Toutefois, les dégâts sont faits et ne pourront probablement jamais être totalement réparés…

Voilà où nous mène l’intérêt qu’a l’homme pour cette couleur qu’est le blanc.

Le tigre n’est pas la seule espèce touchée par la volonté humaine de se diriger vers l’immaculé : le lion, lui aussi, en a souffert et en souffre encore.

En effet, la variable génétique qui rend le tigre blanc agit aussi sur le lion : certains naissent sans couleur. Mais cette mutation (car c’en est une !) restant très rare, l’homme a voulu y mettre son grain de sel. Deux parents blancs donnant toujours des petits blancs, des individus de la même portée ou de la même famille ont été croisés, amenant également chez les lions le fléau de la consanguinité.

Lion blanc

La mutation génétique qui enlève toute couleur au tigre et au lion, mais aussi à l’ours, au merle ou encore au cerf et à l’alligator est appelée leucistisme. Elle est due à un gène récessif qui créé un manque total ou partiel de mélanine (substance produite par l’organisme et amenant la couleur). Les animaux leuciques ne sont pas plus sensibles au soleil que les autres : ils ne sont pas albinos. L’albinisme est une maladie qui doit être différenciée du leucistisme ; un animal albinos sera, en outre, le plus souvent blanc aux yeux rouges, mais peut également être rose (dauphins) ou même jaune. C’est bel et bien une maladie, handicapante, qui entraîne notamment des problèmes oculaires.

Dauphin albinos

Les animaux albinos sont cependant, eux aussi, parfois reproduits entre eux pour obtenir des robes spécifiques : on peut, par exemple, citer le rat blanc ou la robe « colourpoint » pour les lapins et les chats (couleur claire, mais avec un masque et les extrémités sombres – c’est une forme partielle d’albinisme qui est volontairement exploitée et recherchée).

Et vous, que pensez-vous de cet intérêt que porte l’homme au blanc, allant jusqu’à menacer la vie de certains animaux en jouant avec la génétique comme un gosse joue à disséquer une abeille avec son kit du Parfait Petit Scientifique ?

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Sources :
Connaissances personnelles
Page Wikipédia sur le Leucistisme

Senka

4 réflexions sur “Le blanc chez les animaux”

  1. Super article !

    Et je t’avoue que j’ai un peu honte d’être humaine après avoir lu ça. La faune se porte très bien sans qu’on est a y mettre notre nez, mais il a fallu que les scientifiques aillent faire joujou avec les animaux sauvages. C’est vraiment dommage.

     
  2. C’est un article vraiment très intéressant qui nous en apprend beaucoup sur l’histoire de la sélection par l’homme. Tout n’a pas été mauvais dans la sélection humaine non plus (création d’une certaine diversité dans les espèces domestiques par exemple), même si cet article montre un aspect plus négatif.
    Je n’avais jamais réfléchi à cecet intérêt particulier pour le blanc et aux dérives que ça peut apporter. Ce que je trouve particulièrement dommage, c’est que des « expériences » (je n’ai pas d’autre mot) humaines aient des conséquences après dans la nature. Des animaux plus « domestiques » (même si on ne peut pas dire qu’un tigre ou un lion soit domestique) souffrira moins s’il reste avec l’homme (possibilité de soins, moins exposé à des « dangers »…), parce qu’il me semble que dans la nature, c’est « négatif » d’être blanc (plus visible par exemple pour les chasseurs).
    En tout cas l’article est très intéressant!

     
  3. Oh mon dieu, c’est horrible quand même. Je savais que le tigre blanc et autres espèces albinos étaient issus d’une mutation, mais je ne pensais pas le poids de l’homme aussi important. Traquer les espèces, les forcer à se reproduire …
    Mais l’article demeure tout de même très intéressant, j’ai appris beaucoup de choses !!

     
  4. C’est très intéressant! Et on en apprend plein de choses sur les espèces.. c’est rare le blanc et c’est une couleur magnifique sur les animaux!

    Pour les photos, c’est de vous?

     

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