Chez les cavaliers, il y a une expression bien connue : « pas de pied, pas de cheval ». En effet, les sabots des équidés sont essentiels puisqu’ils jouent à la fois un rôle d’appui, d’amortissement et de propulsion. Mais ils sont fragiles et ils sont d’ailleurs impliqués dans près de la moitié des maladies les plus courantes (fourbure, infection du sabot, fourchette pourrie). Afin de garder un cheval en bonne santé, il est donc essentiel de veiller à ce qu’ils soient correctement entretenus. Comment ? Lisez cet article pour le savoir !
Généralités sur les sabots des chevaux
Commençons par quelques généralités sur ce qui nous intéresse : le pied. Il est situé à l’extrémité de chacun des quatre membres du cheval et est constitué du sabot, qui est la corne protégeant les parties internes du pied, très sensibles.
De la même façon que les ongles des humains poussent tout au long de leur vie, le cheval produit de la corne régulièrement, environ 1 cm par mois, même si ce chiffre peut varier en fonction de certains paramètres (l’alimentation, la saison, la présence ou non de fers, l’origine du cheval, la fréquence de graissage…).
Le sabot se compose de plusieurs parties.
La partie visible lorsque le pied est au sol est la paroi, ou muraille. Elle est bien arrondie, forme un angle de 45 à 50° avec le sol et se divise en plusieurs parties. De l’avant vers l’arrière, on trouve la pince, puis de chaque côté les mamelles, les quartiers et les talons, qui se replient vers l’intérieur sur la partie postérieure du pied. Il faut savoir que la paroi est plus épaisse au niveau de la pince et que son épaisseur diminue en allant vers l’arrière.
Face contre le sol, le sabot se divise en plusieurs zones. La plus repérable est la fourchette, de forme triangulaire, située plutôt à l’arrière du sabot. Elle est particulièrement fragile, mais très importante puisqu’elle joue le rôle d’amortisseur. Devant la fourchette se trouve la sole, qui est plus plate et a une forme de croissant. Elle est la barrière essentielle entre l’extérieur et les parties internes du pied et doit donc être très résistante. Finalement, la ligne blanche est la séparation entre la paroi et la sole.
Depuis sa domestication, la vie du cheval a beaucoup changé. Maintenant, certains chevaux travaillent sur du sol dur, avec un rythme de travail irrégulier (courtes périodes intenses imposées par le cavalier), vivent dans un box fermé et petit où s’accumulent le crottin et l’urine ou doivent supporter le poids du cavalier par exemple. Tout cela n’existait pas lorsque le cheval vivait à l’état sauvage, et comme l’homme en demande toujours plus aux membres, il est nécessaire d’apporter des soins particuliers aux pieds pour les préserver.
L’entretien des sabots passe par la propreté des lieux
S’il est mal entretenu, le sol est un lieu de prolifération idéal pour tous types de microbes. En effet, le crottin et l’urine des chevaux s’y déposent et cet environnement offre de bonnes conditions pour des bactéries ou parasites. Ainsi, il est important de veiller à la propreté des lieux en nettoyant ou en curant les boxs régulièrement.
L’une des principales maladies liées au manque propreté est la fourchette pourrie. En marchant sur le crottin ou l’urine, la corne du cheval est agressée et des bactéries peuvent même entrer à l’intérieur de la fourchette et s’installer autour de cette dernière. Cela provoque une mauvaise odeur et un ramollissement de la fourchette qui ne peut plus jouer son rôle d’amortisseur.
Il est important de bien traiter le cheval dès les premiers symptômes pouvant faire penser à une fourchette pourrie, afin d’éviter le risque de boiterie persistante et longue à soigner. Pour cela, il faut appliquer à l’aide d’un pinceau sur la sole et la fourchette bien propres du goudron de Norvège, disponible chez de nombreux vendeurs spécialisés en produits équins. Avant l’application, assurez-vous d’avoir bien brossé et curé la fourchette. Il est essentiel d’éviter de mettre produit sur la paroi : cela risquerait de rendre la corne cassante. Ce traitement peut aussi être appliqué à titre préventif une fois par semaine pour les chevaux particulièrement sujets à ce type de maladie ou lorsque le terrain est gras et humide.
Il faut aussi savoir qu’en fonction de son environnement, le cheval n’aura pas toujours besoin de cloches. Elles sont souvent placées sur les antérieurs des équidés afin qu’ils ne se blessent pas en se tapant avec leurs postérieurs ou pour éviter qu’ils décrochent leurs fers aux antérieurs de la même façon. Cependant, il faut éviter de laisser des cloches au cheval lorsqu’il ne travaille pas, en particulier s’il est au pré, parce qu’elles peuvent agir comme des pièges pour le sable, la terre et les cailloux. Ils se logeraient entre la cloche et le sabot, causant ainsi des frottements et des irritations sur les membres, qui pourraient devenir graves.
L’entretien des sabots : curer les pieds
Le soin le plus basique et essentiel dans l’entretien des pieds est sans aucun doute le curage. Afin qu’il soit fait dans de bonnes conditions, il est essentiel de commencer à manipuler les pieds des chevaux dès leur plus jeune âge, pour qu’ils y soient habitués et n’opposent plus de résistance. C’est une étape indispensable pour veiller au bon état des pieds du cheval tout au long de sa vie.
Pour nettoyer les pieds, l’outil indispensable à avoir dans votre boîte de pansage est un bon cure-pieds. Il faut idéalement le passer quotidiennement, en partant du talon pour remonter vers la pince, à l’avant du pied. Pensez à curer les pieds en dehors du box ou du parc du cheval, afin de ne pas y déposer la saleté que vous retirerez. Cela peut aussi vous permettre d’examiner ce que vous aurez décollé du dessous du sabot si vous remarquez une blessure, pour voir par quoi elle a été causée et peut-être sur quoi le cheval a pu marcher.
Vérifiez bien avant et après le travail que rien ne s’est glissé dans les dépressions du pied. Les lacunes autour de la fourchette sont des zones où des clous, des graviers ou encore des petites branches se coincent facilement.
Ce travail est essentiel afin de prévenir les risques de boiterie ou de gêne et d’éviter qu’ils n’empirent, à cause d’une plaie qui se serait infectée par exemple. En retirant toutes les saletés et choses potentiellement coincées, profitez-en pour vérifier l’état général de la corne.
Après avoir passé le cure-pieds, vous pouvez utiliser un vieux bouchon ou la brossette du cure-pieds sur la sole, dans les lacunes autour de la fourchette et sur la paroi. Cela retirera ce qui n’est pas parti avec le cure-pieds et vous permettra de bien voir l’état des pieds. Évitez les brosses en métal, qui risqueraient d’abîmer la corne.
L’entretien des sabots : graisser les pieds
Les pieds sont maintenant parfaitement propres, vous pouvez donc les graisser à l’aide d’onguent ou de goudron, communément appelé « graisse » dans les clubs. Cela permet à la corne d’être souple et d’éviter les fendillements. Le sabot sécrète naturellement des huiles naturelles, formant une couche protectrice à sa surface, mais lorsque les conditions sont difficiles, il y a besoin d’un complément.
Ne faites pas l’erreur de penser qu’il ne faut graisser qu’en été, la graisse est utile autant l’été que l’hiver. En été, ses propriétés hydratantes permettent d’éviter que la corne ne sèche. En hiver, l’humidité de la boue ou des stalles provoque le dessèchement de la corne en éliminant la protection naturelle du sabot, la graisse joue alors ce rôle.
En plus d’assouplir et d’hydrater la corne, la graisse permet de donner de l’élasticité au sabot pour garder un bon rôle d’amortisseur. De plus, certains produits sont aussi antiseptiques. Pour toutes ces raisons, elle peut être utilisée de façon hebdomadaire, voire plusieurs fois par semaine si le temps ou la corne sont particulièrement secs.
La graisse étant par définition un corps gras, elle ne se mélange pas à l’eau. Veillez à l’appliquer sur un sabot bien propre et sec pour une pénétration optimale. Vous pouvez l’utiliser sur le dessous du sabot puis, seulement ensuite sur le dessus, lorsque la graisse est adaptée (certaines ne sont utilisables que sur le dessous, pas sur la paroi). Pensez à remonter jusqu’à la couronne : c’est à cet endroit que la corne est produite, la graisse stimulera la croissance du sabot et la production d’huiles protectrices.
L’entretien des sabots : parer et ferrer le cheval
Passons maintenant au domaine du maréchal-ferrant ! Il est important de bien se faire conseiller par un professionnel pour cette partie, c’est pourquoi je vais rester très générale.
La première étape est de parer les pieds. Il s’agit d’enlever la corne morte du sabot et de corriger des défauts d’aplombs. C’est quelque chose de très important dès le plus jeune âge. En effet, dès qu’il a quelques mois, il faut parer régulièrement les pieds du poulain afin qu’il ne grandisse pas avec de mauvais aplombs, ce qui causerait des troubles souvent irréversibles.
Pour les chevaux plus âgés, la fréquence à laquelle les parer dépend de critères comme l’intensité du travail, la solidité de la corne, la nature du terrain… Dans tous les cas, il est important de le faire régulièrement (toutes les 8 à 10 semaines environ), car les sabots ne se parent pas naturellement, sauf si le sol est très rocailleux ou si le cheval dispose d’une grande surface.
Certains chevaux peuvent aussi être ferrés pour user moins rapidement les sabots et éviter des maladies des pieds ou des défauts d’aplombs. Il est conseillé de renouveler la ferrure toutes les 6 semaines environ, bien que le maréchal puisse proposer une fréquence plus ou moins grande en fonction du cheval.
Si le ferrage est important, le déferrage l’est tout autant. Il est essentiel de bien retirer tous les vieux clous et qu’aucun bout ne reste dans la corne. Cela est bien fait lorsque c’est un maréchal qui vient spécialement pour, mais dans le cas où le cheval déferre seul, il faut bien vérifier que rien n’est resté dans la corne.
La ferrure ne dispense pas de réaliser les autres soins des pieds. Il est important de vérifier régulièrement qu’elle est toujours adaptée au cheval, pour qu’elle lui soit utile et non néfaste.
Tous les soins présentés vous permettront de vous assurer du bon état des pieds de votre cheval. En cas de suspicion de blessure ou pour des actes particuliers, n’hésitez pas à vous adresser à des professionnels, vétérinaires ou maréchaux-ferrants. Un entretien régulier et de qualité vous permettra cependant d’éviter que de petits problèmes pas graves le deviennent.
Et vous, comment entretenez-vous les pieds de votre cheval ? Quelles sont les choses essentielles à faire selon vous ?
Ursuline
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Un article complet et très bien écrit ! Je n’ai pour le moment pas l’occasion d’appliquer tes conseils, mais c’est toujours bon pour ma culture générale :p
Ça me sera utile quand j’aurai mon mulet (a)
Merci beaucoup pour cet article bien détaillé ! Avez-vous des produits favoris pour graisser les sabots ? C’est très instructif de recueillir l’avis de cavaliers aguerris, qui ont un point de vue avisé sur ce genre de sujets.
Article complet. Par contre, non, il vaut mieux éviter le goudron de Norvège. D’autant qu’il enferme l’humidité si les sabots ne sont pas suffisamment séchés comme c’est très régulièrement le cas surtout dans les clubs.
Il vaut mieux privilégier de l’huile de cade véritable ou de la liqueur de villate, qui auront pour finalité de soigner/protéger les fourchettes et la sole si besoin.
Bonjour,
Je vois bien que cet article date déjà un peu, mais les informations sur le soin des sabots des chevaux restent vrai au fil du temps après tout. Dans notre laboratoire nous privilégions l’huile de cade pour le soin des sabots avec de la vaseline et des huiles essentielles. Sur les différentes formules que nous avons créées par le passé, celle ci apparaît comme la plus efficace, tout en restant naturelle. Je mets le lien sur mon nom si quelqu’un voulait plus de renseignements. Je répondrai ici aussi volontiers si je reçois la notification d’un commentaire supplémentaire.
Bonne journée
Bonjour,
Je tenais à vous féliciter pour votre article sur l’entretien des sabots du cheval. Vous avez su expliquer de manière claire et concise les différentes étapes pour prendre soin des sabots de nos compagnons équins. J’ai particulièrement apprécié vos conseils sur le choix des produits et l’importance de la régularité dans l’entretien. Votre article m’a donné envie d’en savoir plus sur les différentes techniques d’entretien et de partager mes propres astuces. Merci pour ce partage utile et intéressant. Au plaisir de vous lire à nouveau.