Les métiers du cheval : commissaire au paddock

les métiers en rapport avec chevaux et compétition
Notez cet article :

Lors de votre dernière compétition, vous avez vu une personne, postée à l’entrée du paddock, toute seule dans le froid (ou la chaleur, cela dépend de la saison) et qui semblait s’ennuyer ? Vous vous demandez qui c’est ? C’est le commissaire au paddock. Son nom vous parle-t-il ? Absolument pas ? Eh bien, lisez la suite de cet article pour en apprendre plus sur ce métier.

Le Commissaire au paddock, qui est-il ?

Pour comprendre quel est son rôle, il faut regarder le nom du métier. Selon le Larousse, le terme « commissaire » désigne quelqu’un chargé de l’administration ou de l’organisation d’une manifestation pour une durée limitée. Le « paddock » est une carrière qui sert de détente ou d’échauffement avant un concours. Au regard de ces deux termes, vous pouvez conclure que le commissaire au paddock est responsable des terrains d’échauffement (ou d’entraînement). Il veille au bon déroulement éthique de l’échauffement du côté du cheval.

En effet, depuis 1991, un code de bonne conduite à l’usage du cheval dans le cadre sportif est en vigueur. Le commissaire au paddock est, pour ainsi dire, le « gardien de la loyauté vis-à-vis du cheval » (extrait du manuel de la Fédération Équestre Internationale de 1988).

FEI commissaire au paddock

Ses missions peuvent être résumées en ces trois termes :
– « aider » (les cavaliers, les organisateurs et le jury), en vérifiant les obstacles et l’affichage des informations obligatoires (plan du parcours, horaires etc.) pour fournir aux cavaliers un espace de détente dans les meilleurs conditions ;
– « prévenir » les incidents en incitant les cavaliers à respecter le règlement ;
– « intervenir » discrètement auprès des candidats ne respectant par le règlement et, si la situation l’impose, en intervenant auprès du président du jury pour une sanction.

Le commissaire au paddock est considéré comme un officiel de compétition, désigné, comme tout officiel de compétition, par le président ou l’organisateur du concours. Il doit être présent au moins une demi-heure avant le début de l’épreuve et doit rester toute la durée de l’épreuve au paddock.

Il existe plusieurs statuts de commissaire au paddock : Club, National ou National Élite. Les deux derniers statuts sont accessibles par promotion, sous conditions, détaillées plus bas. En compétition club, il n’y a pas besoin de Commissaire au paddock reconnu officiellement : n’importe qui peut faire office de.

Le commissaire au paddock : quels prérequis ?

Tout d’abord, sachez que peu importe votre niveau, vous pouvez prétendre au rôle de commissaire au paddock. Il est cependant conseillé d’avoir déjà pratiqué l’équitation, afin de mieux appréhender cette fonction. Vous aurez ainsi plus d’expérience pour comprendre les réactions des uns et des autres sur le terrain.

Il est également conseillé de connaître le règlement de la discipline pour laquelle vous exercerez votre fonction. Ne vous amusez pas à apprendre le règlement dans les moindres détails. Une connaissance générale suffit. Cependant, celui concernant l’aire d’échauffement est à connaître avec précision. Attention, les règlements peuvent différer entre la piste et le paddock, comme certains enrênements autorisés au paddock, qui peuvent être interdits sur la piste. N’hésitez pas à vous renseigner, car il peut exister des divergences entre les disciplines.

le métier de commissaire au paddock

Tenez-vous informé des nouvelles techniques et matériels utilisés. Ce sera un vrai plus pour assurer l’éthique dans le paddock. N’oubliez pas non plus que, plus vous serez actif dans ce métier (donc en pratiquant dans divers concours), plus vous serez à l’aise et pourrez vous tenir au courant des nouvelles techniques et dispositions. Si vous le souhaitez, vous pourrez également suivre des stages de formation.

Il existe aussi des équivalences à l’internationale, on appelle cela les stewards, level 1, 2, 3 ou 4, mais attention, un très bon niveau en anglais est demandé. La FFE organise elle-même une formation pour devenir Steward FEI (Fédération Équestre Internationale) level 1 en jumping, qui est obligatoire depuis le 1er janvier 2013 pour être steward assistant de concours internationaux. Plus d’informations sur le site de la FFE.

Le commissaire au paddock : quelle formation ?

Pour avoir le statut Club, il faut officier sur le terrain et être titulaire d’une licence de pratiquant en cours de validité (voir sur le site de la FFE). Ainsi, n’importe qui peut prétendre à ce statut.

Pour le statut National, il faut avoir été, au cours des 2 dernières années, sur au moins 2 terrains de concours différents (niveau Amateur minimum), et 4 fois assesseur d’un commissaire au paddock National Élite. Après avoir suivi un cours labellisé par la FFE, vous constituez un dossier (lettre de motivation, attestation de cours et formulaire d’inscription, disponible ici), validé ou non par le Comité Régional d’Équitation (CRE). Pour être maintenu dans ce statut, il convient de suivre un cours labellisé par la FFE tous les 2 ans et d’avoir officié l’année précédente.

Pour le statut National Élite, il faut au moins 3 ans d’ancienneté comme commissaire au paddock National et, durant ce laps de temps, avoir été sur au moins 2 terrains de concours différents. Il faut également avoir été 3 fois minimum commissaire au paddock sur des concours avec épreuves Pro 2 ou Amateur Élite et 3 fois minimum assesseur sur des concours avec épreuves Pro 1/Élite ou assesseur Poney Élite. De la même façon que pour le statut National, il faut suivre un cours labellisé FFE et monter le même dossier. Cette fois, le CRE donne son avis, mais c’est la FFE qui est chargée de la validation. Pour le maintien, les conditions sont les mêmes que le statut de Commissaire au paddock National.

Dans tous les cas, si vous ne souhaitez plus exercer, il est possible de demander sa radiation des listes des officiels de compétition de la FFE.

les métiers en rapport avec le cheval

Le commissaire au paddock : témoignage

Sur MonChval.com, nous avons la chance d’avoir une commissaire au paddock. Il s’agit de Milou, qui a bien voulu répondre à mes questions.

Bonjour Milou ! Merci de bien vouloir répondre à mes questions. J’ai cru comprendre que tu étais commissaire au paddock les week-ends. Depuis quand exerces-tu ?

Milou : Alors j’ai « exercé » des années en tant que bénévole sur les terrains de concours de mon ancien club. Lorsqu’il y avait des épreuves Amateurs, n’étant pas qualifiée, on faisait appel à un « vrai » commissaire au paddock, mais je devais rester avec lui (pour le remplacer pour ses pauses). Il m’a fortement incitée à évoluer et m’a formée.

Quel est le programme quand tu sais que tu vas être commissaire au paddock ? Comment t’organises-tu ?

Milou : Un organisateur de concours m’appelle pour son (ses) concours (je bosse avec certains depuis quelques années et mon emploi du temps se fixe jusqu’à un an à l’avance !!!). Nous sommes peu nombreux en Bretagne : 1er arrivé, 1er servi. Du coup les gens m’appellent très tôt dans l’année.
Si c’est un terrain où j’ai l’habitude d’officier, j’arrive 45 minutes en avance, le temps de prendre un café, de papoter et surtout de « monter » mon paddock, c’est-à-dire tout mettre en place, aller chercher mon listing, me mettre d’accord avec mon jury. Je dois être opérationnelle environ 30 minutes avant l’épreuve et avoir pris toutes mes précautions : je n’ai officiellement pas le droit de m’absenter tant que l’épreuve n’est pas close.

Commissaire au paddock, c’est un métier avec le cheval. Est-ce que tu fais du bénévolat ou c’est un métier rémunéré ?

Milou : Aujourd’hui, après de longues années de bénévolat, je suis indemnisée. On me paie mes frais de route (0,35 € du km), restauration et hôtellerie (quand je suis sur des concours loin de chez moi) et j’ai une indemnité journalière (il n’y a pas de tarif « obligatoire » mais il y a un accord « officieux » entre commissaires au paddock, une certaine solidarité. C’est mal vu si tu prends moins que les autres !). On ne peut pas parler dans mon cas de rémunération, car tant que je n’ai pas atteint un peu plus de 5 000 €, je ne suis pas soumise à l’impôt sur ce revenu qui n’est du coup que du bonus !
Pour vous donner une idée, je touche environ 110 € pour les concours dans un rayon de 30 km frais de route inclus, que ma journée dure 6 h (ce qui est extrêmement rare) ou 14 h !

Comment ça se passe, quand tu es appelée ? Tu as ton mot à dire ? Ou c’est le président du concours qui te choisit ?

Milou : C’est l’organisateur du concours qui m’appelle (le bouche à oreille, il n’y a rien de mieux). L’avantage que j’ai est que celui qui m’a formée me passe certains de ses concours quand il n’est pas disponible (en gros il donne mon nom à l’organisateur). Depuis j’ai fait largement mes preuves et certains cavaliers qui organisent aussi des concours m’appellent et certains juges (qui aiment bien collaborer avec moi) me recommandent. Je me réserve toujours le droit de dire non, soit parce que je ne suis pas disponible, soit parce que je refuse de retourner sur certains terrains de concours (certains organisateurs sont très incorrects tant sur l’organisation que sur l’amabilité !)

les métiers en rapport avec chevaux et compétition

Dois-tu souvent remettre des cavaliers à leur place ? Leur rappeler les règles ?

Milou : Oui et non. Quand j’étais la petite nouvelle j’ai dû m’imposer (j’avais 24 ans !). Je suis quelqu’un de très patient, très doux et très souriant et qui traite tout le monde sur un même pied d’égalité. C’est un milieu très macho et certains ont vu là l’occasion d’essayer de me rabaisser (une femme, jeune). Des coaches et des cavaliers venaient me hurler dessus pour obtenir ce qu’ils voulaient. Malheureusement pour eux, plus on est bête avec moi, plus je suis bête à mon tour et à ce jeu, je gagne ! Je n’ai jamais hésité à les remettre à leur place avec le sourire (ce qui les a beaucoup déstabilisés). En 5 ans, je ne l’ai perdu que 3 fois, c’est vous dire. Je me rappelle d’une fois sur un concours, personne ne m’écoutait (il pleuvait, ils voulaient tous se dépêcher de passer). Du coup, j’ai appelé mon jury pour les informer que j’arrêtais la détente et j’ai vidé mon paddock ! Ça les a surpris mais ils ont compris la leçon. Depuis, tout le monde me respecte car je ne passe pas mon temps à hurler comme certains et que je fais beaucoup de prévention. Quand je suis sur les épreuves des amateurs et des pros, j’ai très peu de rappels de règlement à faire. En revanche, lorsque je fais des paddocks Club (oui certains souhaitent avoir des officiels et ils ont raison), là j’ai du boulot : les cavaliers (et leurs coaches) ne sont jamais au courant des règlements. Sur les épreuves Club je dois être particulièrement attentive et bienveillante car les cavaliers sont jeunes et parfois peu expérimentés (Club 4, Club 3) ou sont parfois sujet à un stress qui leur fait tout oublier, y compris les règles de sécurité !

Ce n’est pas trop frustrant, de voir les candidats participer à la compétition, alors que toi tu restes surveiller le paddock ?

Milou : Même si les concours me manquent beaucoup (je suis cavalière de complet à la base et j’ai mon propre cheval), j’ai dû faire un choix (notamment financier). J’y trouve un autre plaisir. Même si, et tous les officiels s’accordent à le dire, c’est le rôle le plus ingrat (t’es au froid, sous la pluie, ou en train de cramer, tu es le premier rempart sur lequel s’abattent les coups de gueule des cavaliers, des coaches, des parents !!!!), j’aime ce contact privilégié avec les gens, qui est très spécial et très riche. J’ai ainsi régulièrement sur mes paddocks des cavaliers comme Nicolas Touzaint, Eric Vigeannel, Pascal Leroy, Florian Angot et j’en passe (et je ne fais pas de gros concours !). J’apprends beaucoup en les regardant et surtout c’est gratifiant quand des personnes comme ça te traitent avec beaucoup de respect et te parlent comme si tu étais pote avec eux depuis 10 ans ! Ce qui me motive à continuer, c’est lorsque des cavaliers (alors qu’on sait que le cavalier est râleur) viennent me remercier à la fin de leur parcours pour mon sourire et ma gentillesse. Ça prouve que je suis bien dans mon rôle et ça me motive encore plus pour les concours suivants.

Eh bien, merci beaucoup Milou pour ton témoignage ! Ainsi se termine cet article sur le commissaire au paddock. Connaissiez-vous ce métier ? Souhaitez-vous l’exercer plus tard ? Dites-nous tout dans un commentaire !

Antivirus

Sources texte :

Larousse

FFE

Sources images :

Image 1

Image 2

Image 3

Image 4 / Image à la une

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut