Après vous avoir présenté la vue du cheval, je vais maintenant vous parler de deux autres sens : l’ouïe et l’odorat. Le cheval a-t-il une ouïe plus performante que celle de l’Homme ? A-t-il un odorat très développé ? Qu’est-ce que le flehmen ? À quoi sert-il ? Vous êtes au bon endroit pour trouver les réponses à ces questions.
L’ouïe du cheval
La vue du cheval est moins performante que son ouïe qui pallie cette défaillance. En effet, pendant qu’il broute, le cheval ne voit guère ce qu’il se passe autour de lui. Cela ferait de lui une victime facile (d’autant qu’il passe la majeure partie de son temps à manger) s’il n’était pas doté de ces deux antennes orientables que sont ses oreilles.
Les oreilles du cheval bougent comme celles d’un lapin, indépendamment l’une de l’autre : le cheval entend aussi bien ce qu’il se passe à sa gauche que ce qu’il se passe à sa droite.
« L’image auditive » que le cheval a de son environnement ne doit pas uniquement sa précision à la mobilité des oreilles, elle est aussi due à leur anatomie spécifique en forme d’entonnoir. Pas moins de 16 muscles sont mis à contribution pour faire tourner ces larges pavillons (attention, certains animaux comme les oiseaux et les lézards sont dépourvus d’oreille externe, mais possèdent néanmoins une ouïe excellente !).
Quiconque a observé un cheval de près a remarqué combien ses oreilles sont poilues. Ces poils servent de protection, car ils empêchent les insectes, les graines et les poussières d’y pénétrer : il ne faut donc absolument pas les couper !
Paradoxalement, une ouïe aussi sensible pourrait constituer un handicap. D’une part parce qu’un bruit trop fort en décibels peut endommager l’oreille et d’autre part, parce que l’infime craquement des herbes provoqué par le prédateur qui s’approche serait noyé dans les bruits environnants. Là encore, le cheval se distingue par sa capacité de « discrimination auditive », dite également « écoute sélective », un phénomène que l’on observe chez l’Homme et que je vais maintenant vous détailler.
Qu’est-ce que l’écoute sélective ?
Prenons pour exemple une scène empruntée à notre vie quotidienne. Toutes les jeunes mamans ont besoin de sommeil, mais il est finalement rare qu’elles puissent se reposer une nuit entière sans être dérangées. C’est ainsi que nombre d’entre elles avouent s’endormir devant la télévision le soir, quel que soit le volume sonore. Et, une fois dans leur lit, elles n’entendent ni le ronflement de leur mari, ni le voisin bruyant. Néanmoins, le moindre gémissement de leur bébé dans la pièce d’à côté les réveille presque à coup sûr. Même lorsqu’elles sont endormies, leur centre auditif est suffisamment actif pour isoler ce bruit de tous les autres.
L’audition sélective du cheval fonctionne à peu près de la même manière. Un cheval entend à peine le beuglement de grands taureaux se battant pour une vache, le clapotis d’un fleuve ou le rugissement du ressac non loin d’une côte rocheuse ; ils ne sont nullement perturbés par ces bruits et sont capables de dormir paisiblement juste à côté. Pourtant, au moindre bâton agité dans l’herbe ou au plus petit caillou jeté dans le fleuve, ils réagissent aussitôt, bien que ce son ne domine pas les bruits environnants. Au-delà du bruit en lui-même, ce son peut rappeler celui d’un prédateur qui approche et ainsi faire réagir le cheval.
L’écoute sélective est donc ici synonyme de survie. Elle peut également être synonyme de repas : dans leur écurie, les chevaux savent faire la différence entre le grincement de la brouette pleine d’avoine et celui de la brouette vide. En tout cas, leur réaction est différente.
Cette écoute sélective est encore favorisée par la capacité des chevaux à localiser très précisément les sons. Par ailleurs, on suppose que le champ auditif du cheval est supérieur à celui de l’Homme. Les spécialistes de l’hippologie pensent même qu’il est capable de capter certains ultrasons.
Plusieurs expériences ont permis de s’apercevoir que les chevaux aiment la musique. Il ne faut pas s’imaginer qu’ils iraient jusqu’à danser, mais on a observé que la douceur de la musique classique avait un effet relaxant sur les chevaux en écurie, à l’inverse du rythme saccadé de la musique pop qui peut avoir des effets néfastes en cas de trop longue écoute. Cela a également été prouvé pour les vaches : le hard rock à forte dose les stresse et fait diminuer leur production de lait, mais un peu de musique classique et c’est la relaxation assurée, avec une production de lait en hausse.
L’odorat du cheval
Connaissez-vous l’odeur de l’eau ? Non ? Vous trouvez que la bonne eau fraîche et limpide qui jaillit de sa source ne sent absolument rien ? Vous avez raison, pour nous les êtres humains, elle n’a aucune odeur à condition bien sûr qu’elle soit potable. Pour les chevaux, son odeur doit être très parfumée puisqu’ils sont capables de la sentir de très loin.
Il y a bien longtemps que les Hommes ont découvert ce talent particulier du cheval. Les chevaux de Bédouins peuvent, eux aussi, sentir la présence de l’eau, même cachée sous la terre. Lorsqu’ils ont soif, ils creusent le sol asséché des oueds à l’endroit exact où se trouve la source, jusqu’à atteindre la nappe phréatique sous le sable.
Dans le désert, une telle aptitude peut se révéler vitale. Dans la steppe, elle a aussi son importance pendant la saison sèche, d’autant que le cheval boit jusqu’à 40 litres d’eau par jour, voire plus en cas de canicule.
La mémoire joue un rôle considérable dans ce phénomène. En effet, les juments dominantes conduisent leurs hardes le long de pistes ancestrales et savent retrouver les points d’eau grâce au souvenir qu’elles en gardent.
L’odeur comme signature
Les performances olfactives du cheval ne s’illustrent pas uniquement dans sa capacité à trouver de l’eau en milieu aride, elles lui permettent également de communiquer avec ses congénères. Pour le cheval, les odeurs véhiculent des informations essentielles de divers types : inspection des objets inconnus, reconnaissance de ses amis dont l’Homme (un parfum trop capiteux peut d’ailleurs lui être désagréable) et de ses rivaux, délimitation des territoires par dépôts de crottin et d’urine, etc.
Les chevaux reniflent le souffle de leurs proches, tout comme les Hommes se donnent une poignée de main. L’odorat permet aussi au poulain de reconnaître sa mère au milieu des autres femelles, grâce aux phéromones, ces substances chimiques volatiles qu’émettent les animaux.
La clé de cet odorat très performant réside dans les cellules olfactives extrêmement sensibles qui se trouvent à l’intérieur des naseaux du cheval. Par ailleurs, au fond de la cavité nasale, il existe ce que l’on appelle l’organe de Jacobson, une petite lamelle cartilagineuse (très réduite, voire inexistante chez l’Homme) qui, selon les spécialistes en hippologie, fixe les odeurs pour mieux les analyser.
Le flehmen
Pour inspecter plus précisément les odeurs qu’il reçoit, le cheval les « enferme » dans ses fosses nasales. Il inspire profondément puis retrousse la lèvre supérieure et cesse momentanément de respirer pour prendre le temps de s’imprégner de l’odeur et d’en déterminer les composants, afin d’en tirer un maximum d’informations. Ce mouvement des lèvres, la tête relevée, est appelé « flehmen ». On le retrouve chez de nombreuses espèces animales, dont le chat. Les étalons en font grand usage lorsqu’il s’agit de repérer les femelles en chaleur. Ils y parviennent très bien jusqu’à 800 m de distance.
Puisque les chevaux communiquent peu par les sons, le langage olfactif est essentiel pour eux. Il intervient également en premier pour le choix des aliments, avant même le goût.
Cet article sur l’ouïe et l’odorat du cheval est maintenant terminé. Saviez-vous que le cheval avait une écoute sélective aussi développée ? Connaissiez-vous l’utilité du flehmen ? Avez-vous appris quelque chose sur ces deux sens ? Pour répondre : commentez cet article !
Arkane
Sources textes :
Connaissances personnelles
Sources images :
Image 2 et 3 personnelles
Le flehmen, c’est assez marrant à voir, avant je pensais que c’était la façon de rigoler pour les chevaux :’)
Merci pour cet article, il est très intéressant !
Je ne savais pas que ces sens étaient si développés chez le cheval, merci beaucoup pour cet article !
Je pensais que les bruits habituels comme le clapotis de l’eau et le vent étaient « éteints » par habitude (un peu comme nous qui ne sentons plus notre parfum au bout d’un certain temps) et la capacité à trouver de l’eau c’est fou !
Le flehmen, trop drôle, je pensais comme Densetsu (+ une parade amoureuse) :’)
Très bien expliqué, compréhensif et bien structuré ! Quand j’étais petite je croyais que le flehmen était leur sourire et c’est après que j’ai compris que ce n’était pas le cas
Super article ! le cheval est vraiment un anial plus que captivant