Le manga

format du manga
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Le manga est une bande dessinée d’origine japonaise. Savez-vous comment ils sont écrits ? Savez-vous de quoi ils parlent ? Connaissez-vous la différence avec la bande dessinée traditionnelle ? Je vous propose de découvrir, à travers cet article, les particularités du manga et son histoire.

Qu’est-ce qu’un manga ?

format du manga

Photo 1 : à droite, deux livres de poche et à gauche, trois mangas.

Le manga : qu’est-ce que c’est ?

Les mangas ont généralement le format d’un roman de poche (cf photo 1), mais certains peuvent être imprimés en plus grand, cela se fait au choix de l’éditeur.
Leur couverture est toujours imagée et souvent très colorée. Comme pour la bande dessinée traditionnelle, ses pages sont constituées de planches sur lesquelles des images sont dessinées en séquence (comprenant cases et dialogues) de formes, de placements et de tailles différentes (cf photo 2). La création des planches répond à un “code graphique” puisque le manga raconte une histoire à travers des dessins. Il est donc nécessaire de pouvoir comprendre rapidement la situation à travers les dialogues mais aussi les expressions des personnages et l’environnement dans lesquels ils se trouvent.

Le manga : ses particularités

ordre lecture

Photo 2 : sens de lecture des mangas.

La première particularité du manga est son sens de lecture : il est le même que celui d’écriture de la langue nippone, soit de droite à gauche et de haut en bas (cf photo 2). De plus, on commence à lire un manga par la fin, par rapport au sens occidental.

Sa deuxième particularité : la majorité des mangas sont en noir et blanc !
À l’origine, les mangas étaient en couleurs, mais après la Seconde Guerre Mondiale, l’économie du pays était en berne. Les éditeurs étaient soumis à des restrictions budgétaires qui imposaient une publication en noir et blanc des mangas. Pour des raisons économiques, ceux-ci ont décidé de ne pas reprendre la couleur. En effet, les auteurs ont appris à travailler les différentes nuances de gris pour donner suffisamment de relief à leurs dessins, la couleur n’était donc plus nécessaire. Cela n’empêche pas le lecteur de voir les détails, bien au contraire ! Son œil n’est plus attiré par une couleur dominante sur la planche. De plus, une publication noire et blanche, plus économique, permettait de faire des tirages plus épais, et donc de donner plus de plaisir pour les lecteurs.

Sa troisième particularité est la densité de production : contrairement aux bandes dessinées franco-belges, les mangas sont facilement écrits en longues séries (10 à 25 tomes en moyenne pour des séries à succès), pouvant atteindre la centaine de tomes pour certaines (par exemple Cooking Papa de Ueyama Tochi a déjà atteint plus de 120 tomes).

dessin de Bride Stories

Photo 3 : dessin du manga Bride Stories.

En parlant de production… c’est justement sa quatrième particularité !
Les mangas sont d’abord publiés chapitre par chapitre dans des magazines, appelés mangashis, regroupant plusieurs extraits de mangas différents. Les mangashis sont souvent volumineux et imprimés sur du papier fin comme du papier journal. Leur vocation est de valider, par une pré-publication, les mangas. Selon les avis des lecteurs, obtenus grâce à des bulletins pré-affranchis dans chaque mangashi, les suites peuvent être publiées dans les numéros suivants.
Une fois que plusieurs chapitres ont été régulièrement publiés et validés, les éditeurs créent un manga relié. Au Japon, il est donc possible d’avoir lu tout un manga sans jamais l’avoir acheté grâce aux mangashi !
En revanche, si le manga que vous appréciez n’est pas approuvé par la majorité des lecteurs, vous pourriez ne jamais connaître la fin. Dans ce cas, la plupart des éditeurs arrêtent la production et le mangaka, auteur d’un manga, doit alors se pencher sur une autre histoire. Il est par contre possible que le mangaka reprenne là où l’histoire de son manga plaisait pour retravailler une suite qui plaira plus !
Bien que la vitesse de parution soit très souvent imposée et rapide, la vitesse d’édition des chapitres, et donc de parution du manga, dépend :
– du choix et de la souplesse de l’éditeur,
– du travail sur le dessin (cf photo 3),
– de la renommée du mangaka.
Par exemple, Takehiko Inoue, auteur du manga à succès Vagabond, a pu se permettre de refuser une publication hebdomadaire et a fait une pause de 18 mois. Son manga étant très attendu des lecteurs, ses fans étaient toujours au rendez-vous lors de son retour !

rabat de couverture de manga

Photo 4 : mot de Takahashi Kazuki, auteur de Yu-Gi-Oh! dans le rabat de couverture.

Une cinquième particularité du manga : l’auteur nous parle !
Il est courant que les mangakas s’adressent directement à leurs lecteurs dans leurs mangas : un petit mot est souvent inséré dans le rabat de couverture (cf photo 4).

Enfin, une dernière particularité : la multiplicité des thèmes abordés !
Entre fantastique, romance, drame ou histoire, les mangas peuvent nous parler de tout : que ce soit de l’œnologie (Les gouttes de Dieu de Tadashi Agi), d’ébénisterie (Bride Stories de Kaoru Mori), de guerres (Akira de Katsuhiro Otomo), d’arts martiaux (Ranma ½ de Rumiko Takahashi), de football (Heaven Eleven de Hideki Ōwada), d’handicap (L’orchestre des doigts de Osamu Yamamoto) ou encore de métamorphoses (Fruits Basket de Natsumi Takaya), vous trouverez toujours votre bonheur. Une véritable performance japonaise !

Manga : le marché

Au Japon, le manga est un phénomène de masse qui touche une grande part de la population : 60% des Japonais liraient au moins un manga par semaine et 40% des livres et magazines publiés au Japon seraient des mangas, c’est pour cela qu’ils génèrent une importante activité économique.
Leur prix est moins élevé qu’en Europe : environ 500 yens (monnaie nippone) en moyenne, soit l’équivalent de 5 à 6 € en France.

En France, leur prix varie de 6 à 9 € en moyenne jusqu’à 15 € (selon le format et les éditions). Cela se fait au choix de l’éditeur selon divers critères (public visé, notoriété du mangaka, etc.).
De manière générale, un manga grand format, un manga contenant des pages couleurs ou un manga seinen (mangas destinés à un public plus adulte, donc un public plus restreint) coûteront plus chers, sans que cela ne dépende du succès du manga.

L’histoire du manga

Le manga est connu en France depuis un peu plus d’une trentaine d’années, cependant il faut remonter au XIXe siècle pour trouver son origine dans la civilisation japonaise. Le terme “manga”, qui signifie selon les traductions : “esquisse rapide”, “caricature” ou “image malhabile”, est officiellement né sous le pinceau du grand maître de l’estampe japonaise Katsushika Hosukai (1760-1849). On retrouve les premières traces d’un manga au XIIe siècle sous la forme de quatre rouleaux d’emakimono (grands rouleaux dessinés sur lesquels figurent plusieurs scènes) intitulés Chojujingiga dont l’histoire, grotesque et humoristique, est celle d’animaux s’entraînant à devenir des sumos (lutteurs japonais caractérisés par leur fort gabarit, sport traditionnel entouré de nombreux rites au Japon).

Le manga s’imposera progressivement au Japon comme un véritable mode d’expression grâce à l’influence anglo-saxonne et française, en plein boum de la presse satirique, et la découverte des techniques de dessin européennes.
Osamu Tezuka, sacré “dieu manga” au Japon, réinvente son écriture après l’influence américaine suite à la Seconde Guerre Mondiale (les comic strips, courtes bandes dessinées horizontales) et la découverte du cinéma avec les gros plans, les traits qui donnent des impressions de mouvements et les travellings (déplacement de la caméra avec changement des angles de vue : vue panoramique, vue plongeante, vue latérale…), ainsi que l’introduction des onomatopées dans les bulles. Fan de Walt Disney, Osamu Tezuka lui rend hommage (avec Blanche-Neige, Pinocchio, etc.) et laisse un héritage de plus de 700 œuvres (Le Roi Léo, dont s’inspire Le Roi Lion qui a bercé notre enfance, Astro le petit robot, Phénix l’oiseau de feu, La légende de Songoku, …) : il est le pionnier du manga tel qu’on le connaît aujourd’hui.

À travers toutes les évolutions que le manga a connu, ses sténographies et ses représentations, il représente le patrimoine culturel du Japon.

L’arrivée du manga en France se fait pour la première fois en 1978, grâce à un Suisse d’origine japonaise, Atoss Takemoto. Passionné par les échanges interculturels, il tente de le faire découvrir à ses lecteurs par le biais d’un magazine de sa création, Le cri qui tue, à tirage trimestriel. Dans ses pages paraît notamment Le système des super oiseaux de Osamu Tezuka. Ce premier départ ne rencontre pas un franc succès, de même que pour les suivants.

Il faudra attendre 1990 pour voir une autre tentative d’importation des mangas en France. Jacques Glénat, président de la maison d’édition française du même nom, spécialisé dans les bandes dessinées, tombe sous le charme du seinen Akira de Katsuhiro Otomo lors d’un voyage au Japon. Sa première édition en France est “classique” : format A4, sens de lecture occidental et en couleurs. Malheureusement il ne rencontre pas l’accueil escompté.
Glénat poursuit l’offensive avec la publication d’autres mangas, originaux d’animes (dessins animés) à succès : Dragon Ball d’Akira Toriyama en février 1993 et Ranma ½ de Rumiko Takahashi en février 1994, puis suivent Sailor Moon, Les Chevaliers du Zodiaque, Albator… liés ou non à des animes, par exemple : Dr Slump d’Akira Toriyama en février 1995, Gunnm de Yukito Kishiro à partir de mars 1995.
On voit ainsi qu’en France, le marché du manga est à contre-courant de celui du Japon : les mangas paraissent quand les animes ont fait leur preuve, tandis qu’au Japon, ce sont bel et bien les mangas qui sont à l’origine des animes. Cela s’explique par le mauvais accueil des mangas en France et, parallèlement, par la pénurie de programmes européens télé-jeunesse qui conduit à s’orienter vers la riche production japonaise. Les animes ont donc été visionnées en tant que dessins animés en France, sans que l’on sache qu’ils sont le fruit d’un manga, ceux-ci étant commercialisés plus tard.

D’autres éditeurs choisissent de suivre les traces de la maison Glénat :
– Casterman ouvre la collection “Manga” en 1995,
– Dargaud avec la collection “Kana” en 1996.

Conjointement, des maisons d’éditions spécialisées émergent :
– “Kazé” en 1994, spécialisé dans l’animation japonaise,
– “Tonkam”, qui publie en 1995 le manga shojo RG Veda du groupe de dessinatrices CLAMP, devient le premier grand éditeur français spécialisé dans le manga et également le premier à les publier dans le sens de lecture japonais !

Bien d’autres ont suivi la voie toute tracée par ces éditeurs et le nombre de maisons d’éditions de mangas, appartenant à des groupes ou indépendantes, s’élève à plusieurs dizaines.

Glénat, pionnier des mangas en France, possède aujourd’hui 25% du marché tandis que Pika et Kana se partagent 55% de ce marché.

Les Français sont les plus gros lecteurs de mangas en Europe. Aujourd’hui, 40% des bandes dessinées vendues en France sont des mangas et 60 % des mangas vendus en Europe le sont en France !
Ce phénomène prend une telle ampleur qu’en 2005 un nouveau mot est apparu dans le dictionnaire : le manfra. Ce mot résulte de la contraction des mots « manga » et « franco-belge » (la bande dessinée). Il désigne les mangas écrits par des français, des belges ou des suisses. Ceux-ci ont adapté la bande dessinée traditionnelle aux modes de narration et aux techniques de dessin des mangas (ainsi que son sens de lecture !). Encore peu utilisé, ce néologisme pourrait finir par véritablement s’imposer dans notre langage courant d’ici quelques années.

Lisez-vous des mangas ? Saviez-vous comment ils étaient écrits ? Parlez-nous d’eux à votre manière en commentaire !

Siran

Sources texte :
Wikipedia
Psychologies
Portailjeunes
Glenatmanga

Sources images : images personnelles

5 réflexions sur “Le manga”

  1. Je lis beaucoup de manga, mon préféré reste Dragon Ball même si j’ai beaucoup aimé Nana, One Piece et Death Note. Actuellement, je collectionne les manga Zelda, j’aime tellement les dessins ! Ton article est vraiment sympa, j’ai appris beaucoup de choses surtout pour leurs origines !

     
  2. J’ai essayé plusieurs fois de lire des mangas : Full Metal Alchemist et un autre que m’avait conseillé un fan mais dont-je-ne-me-souviens-plus-du-nom. Ca m’attire beaucoup, pourtant je n’arrive pas à me mettre dedans. Mais je devrais insister en commençant par des classiques comme One Piece justement :p

     
  3. MrsMinette

    J’ai déjà essayé de lire quelques mangas de mon frère (genre One Piece et Detective Conan) mais je n’ai jamais vraiment réussi à comprendre dans quel sens ça se lisait :'(
    Du coup, avec ta feuille numérotée, je vais peut-être essayer de m’y remettre O:)

    Autant je suis grave BD, autant les mangas… Je préfère les regarder… pour l’instant !! 😉

    En tout cas, merci pour l’histoire du manga ! Je ne pensais pas que c’était aussi vieux !! 😮

     
  4. Pareil que MrsMinette, j’avais et j’ai énormément de mal à comprendre le sens de lecture… Heureusement que tu nous explique tout !
    J’avais commencé GTO à une époque, j’aimerai bien lire les OP mais mon copain n’a la collection papier que depuis le Tome 60… Peut-être que ma liseuse me sera utile pour acheter les tomes précédents (parce que mine de rien ça tient beaucoup de place les mangas) !
    Merci pour cet article !

     

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