Connaissez-vous les premières paroles de l’hymne national suisse ? Êtes-vous capable de citer le nom des sept Sages et le département relatif à chacun d’entre eux ? Vous êtes-vous déjà demandé quels étaient les personnages visibles sur les pièces de monnaie suisses ? Cet article vous propose un retour aux sources du pays des montres, des montagnes et du chocolat. Comme le rêve fait partie intégrante de nos vies, voici une proposition de mythes fondateurs de la Suisse et d’une histoire rendant hommage à ce beau pays.
Le mythe de Guillaume Tell ou l’histoire légendaire du plus connu des héros suisses
Robin des Bois, ça vous dit quelque chose ? Saviez-vous que l’histoire (vraie ou fausse, nous ne le saurons sans doute jamais) de Guillaume Tell a sans doute inspiré celle du célèbre voleur vivant dans la forêt ?
Tout débute en 1307. La Suisse, telle qu’on la connaît aujourd’hui, n’existait pas. Les cantons vivaient côte à côte, désunis. La plupart des habitants de ce futur pays (la Confédération helvétique s’est formée en 1291, mais elle ne comptait pas autant de cantons qu’actuellement) vivaient sous l’égide de plusieurs tyrans, dont Hermann Gessler. Représentant l’autorité des Habsbourg (famille royale autrichienne ayant donné naissance à tous les empereurs romains-germaniques) dans le canton d’Uri, le bailli (bailli = représentant de l’empereur) Hermann Gessler fit ériger un mât surmonté d’un chapeau. Tous ceux qui croisaient ce mât devaient le saluer, faute de quoi ils commettaient une grave infraction à la loi et étaient condamnés à mort.
Guillaume Tell, mercenaire vivant dans les montagnes suisses et particulièrement habile à l’arbalète, passa plusieurs fois devant le poteau sans le saluer. Évidemment, il se fit arrêter et, pour échapper à la mort, expliqua qu’il ignorait tout simplement qu’il devait saluer le chapeau et qu’il était distrait à ce moment-là, qu’il ne l’avait pas vu. Gessler, amusé, proposa un pari à Guillaume Tell. Si ce dernier, aussi bon arbalétrier qu’on le prétendait, parvenait à viser une pomme posée sur la tête de son fils, il serait libre. En cas d’échec, Guillaume Tell serait mis à mort. Malgré les supplications de Guillaume Tell, apeuré à l’idée de tuer son fils, le bailli ne revint pas sur sa décision. Guillaume Tell dut s’exécuter et parvint à percer le fruit. Toutefois, Gessler avait relevé que Guillaume Tell avait dissimulé une deuxième flèche sous sa chemise. Il l’interrogea à ce sujet et Guillaume Tell répondit que la deuxième flèche aurait été au bailli s’il avait tué son fils. Face à de tels aveux, Gessler fit arrêter le mercenaire une seconde fois et le condamna à attendre la mort dans une tour à Brunnen. Pour se rendre dans cette région, située dans le canton de Schwytz, il fallait traverser le lac des Quatre- Cantons (Schwytz, Uri, Nidwald et Lucerne). Or, une tempête éclata durant le trajet, menaçant l’embarcation dans laquelle se trouvaient Guillaume Tell et les soldats de Gessler. Sachant que Guillaume Tell était capable de manœuvrer le cargo et craignant pour leur vie, les soldats forcèrent Guillaume Tell à prendre les commandes de l’engin. Arrivé à proximité de la région dans laquelle la barque devait accoster, Guillaume Tell sauta à terre, repoussa l’embarcation d’un coup de pied et s’enfuit. Il se cacha à l’abord d’un chemin sur lequel Gessler devait passer, l’attendit et le tua.
Ce mythe fut à l’origine d’une révolution suisse dans les années 1300 contre le pouvoir des Habsbourg. Au total, sept batailles éclatèrent, toutes remportées par les soldats suisses.
L’histoire de Guillaume Tell est commémorée à la chapelle de Tell à Sisikon, dans le canton d’Uri. Une statue a été érigée en l’honneur du héros suisse, le représentant avec son fils, à Altdorf. De nos jours, il est toujours possible de l’apercevoir en visitant cette région.
Mais surtout, c’est une représentation de Guillaume Tell que vous pouvez admirer sur les pièces de 5 francs suisses.
Le mythe de Guillaume Tell fut repris et réinterprété de nombreuses fois, notamment par Schiller, célèbre auteur allemand. Toutefois, en Suisse, la version la plus connue est celle d’Aegidius Tschudi, diplomate, géographe et politicien suisse né en 1505, considéré comme le père de l’histoire suisse. C’est donc cette version de l’histoire que j’ai choisie de vous raconter.
Gessler et les autres baillis sont également connus pour avoir commis de nombreux actes tyranniques notamment à l’encontre du père de l’un des trois fondateurs du premier traité de la Suisse ! Pour en savoir plus, lisez le mythe légendaire suivant !
Mythe relatant le serment du Grütli ou début de l’histoire suisse
Alors que dans la deuxième partie du XIIIème siècle le mécontentement se propage dans les cantons suisses allemands, dans la région du Melchtal, située dans le canton d’Obwald, Henri an der Helde encourageait les paysans à se révolter contre leur bailli dont le nom de famille était Landenberg. L’homme représentant le pouvoir des Habsbourg eut ouïe des agissements d’Henri an der Helde et décida de le condamner à lui livrer ses bœufs. Alors que l’un de ses hommes de mainvoulait lui confisquer les animaux, son fils, Arnold, s’interposa. Dans la dispute, Arnold frappa l’homme de main de Landenberg et lui cassa deux doigts. Affolé par les potentielles représailles du bailli, Arnold prit la fuite pour le canton d’Uri. En guise de punition, le bailli confisqua les bœufs et creva les yeux d’Henri an der Helde, qui n’avait pas réussi à prendre la fuite. À Uri, Arnold rencontra Walter Fürst, originaire de ce même canton, ainsi que Werner Stauffacher, originaire de Schwytz. Le Schwytzois s’était lui aussi rendu dans le canton d’Uri suite à une série de problèmes perpétrés par les hommes de Gessler (les mêmes que dans l’histoire de Guillaume Tell), chargés de surveiller les cantons d’Uri et de Schwytz. Tous les trois décidèrent de créer un pacte à l’encontre des baillis. Ainsi, ils se rendirent quelquetemps plus tard sur la prairie du Grütli, emmenant dix hommes chacun. Alors que le soleil se couchait, les trente-trois hommes prêtèrent serment. Ils se promirent de libérer les trois vallées (celles d’Uri, de Schwytz et d’Obwald) ainsi qu’un soutien mutuel et éternel.
Ce mythe est bien entendu légendaire, mais il fut associé à la signature du pacte fédéral du premier août 1291 (à noter qu’il s’agit du jour de la fête nationale suisse).
Aujourd’hui, 723 ans plus tard, le pacte fédéral a connu plusieurs modifications mais se base toujours sur le serment du Grütli. Le président, accompagné de ses six ministres travaillent au sein du Palais fédéral, situé à Berne.Une histoire, celle d’Helvetia, une jeune femme, rend hommage au bâtiment. Voulez-vous en savoir plus ? Lisez ce qui va suivre !
L’Histoire d’Helvetia ou l’hommage au Palais fédéral suisse
Le président et les ministres suisses – actuellement 4 hommes pour 3 femmes – occupent chacun une fonction relative à un ou plusieurs département(s). Un tournus est organisé chaque année au niveau de la présidence et de la vice-présidence du pays. Chaque canton peut élire un certain nombre de conseillers nationaux qui éliront eux-mêmes sept personnalités pour gouverner le pays. Ces sept personnes (nommées les sept Sages) deviendront à tour de rôle ministre, vice-président puis président du pays en fonction de leur arrivée au sein du Conseil fédéral. Tous se réunissent régulièrement au Palais fédéral pour échanger leurs idées et discuter du gouvernement de la Suisse.
Afin de rendre hommage au Palais fédéral, siège politique de la Suisse, une histoire, non datée, a été inventée en 2010 pour un spectacle son et lumière, renouvelé chaque année depuis, sur la place Fédérale. Les scénaristes ont décidé de mettre en scène tous les personnages mythiques suisses : de Guillaume Tell à Heidi, en passant par la ravissante Helvetia, visible sur toutes les pièces de monnaie suisse, à l’exception de celles de 5 francs (certains disent qu’un berger y est représenté, d’autres prétendent qu’il s’agit de Guillaume Tell). Laissez-vous plonger dans cette histoire qui ravira votre âme d’enfant.
Dans le but d’avoir un gendre à sa hauteur, le roi de Suisse (à savoir que la Suisse n’a jamais eu de roi, seulement des seigneurs) décide que sa fille, Helvetia, épousera le meilleur arbalétrier du pays. Je vous laisse deviner son nom : Guillaume Tell.
Seulement, la jeune fille, éprise d’un horloger sans argent, refuse ce destin. La musique s’intensifie alors et les fenêtres du Palais volent en éclats (un clin d’œil serait alors fait ici à un autre héros suisse, Gottlieb Duttweiler, politicien et commercial, qui avait lancé deux pierres en 1948 contre les fenêtres du Palais fédéral pour manifester contre la lenteur du Conseil national au sujet de l’approvisionnement de la Suisse après la Seconde Guerre mondiale).
Le Palais se transforme alors en château de conte de fées et les voix d’un petit garçon et d’une petite fille résonnent afin de narrer la suite des aventures de la jeune Helvetia. Le roi exige l’arrestation de l’horloger. Alors que le jeune homme se retrouve emprisonné et que le roi enferme sa propre fille dans la plus haute tour du château pour lui faire comprendre quels sont ses devoirs envers le pays, le temps commence à ralentir et s’arrête, le jeune horloger n’étant plus là pour réguler les horloges du pays.
Désespérée, Helvetia verse toutes les larmes de son corps. Le niveau d’eau commence à monter et le château se retrouve rapidement inondé. Heureusement, Heidi, la marraine d’Helvetia, en bonne fée qu’elle est, parvient à arrêter la catastrophe en « tirant le bouchon de cette grosse baignoire ». Heidi tente de réconforter Helvetia et de lui expliquer en quoi elle doit épouser Guillaume Tell pour le bien du peuple. Malheureusement, Helvetia, aussi têtue qu’une mule, refuse de l’écouter. Heidi s’envole donc pour trouver de l’aide et se rend chez son cousin, Arnold von Winkelried (héros légendaire suisse qui aurait permis aux combattants suisses d’emporter la victoire sur les hommes de Léopold III de Habsbourg en 1386 lors de la bataille de Sempbach). Celui-ci connaît la raison de la venue d’Heidi : son royaume s’est recouvert de glace, à l’image du cœur d’Helvetia. Il suggère d’appeler Lucia, la fée de la lumière, à l’aide, mais celle-ci refuse.
Les lumières du Palais fédéral s’éteignent peu à peu, laissant présager le pire. Heureusement, une sorcière décide de venir en aide à Heidi et à son cousin ; elle prépare une potion contenant de l’or. Selon elle, personne ne peut résister à l’or, et il suffit d’en asperger Helvetia pour qu’elle retrouve ses esprits. Cependant, la princesse reste insensible à ce remède. Le dernier espoir, selon Heidi, pourrait venir des ours de Berne (ces ours possèdent toujours une fosse au bord de l’Aar, fleuve régional où le public peut les admirer.) Le château se transforme alors en chapiteau et les ours effectuent une quantité de numéros incroyables dans le but de distraire la princesse. L’un d’eux se porte même volontaire pour la rendre heureuse. Il lance une fusée et un feu d’artifice explose au-dessus du château, faisant tomber les barreaux de la prison de l’horloger. Celui-ci peut alors remonter le temps et la vie reprend son cours normal. Heidi comprend alors qu’il faut laisser l’amour faire son œuvre. Elle libère Helvetia de sa tour et lui conseille d’épouser immédiatement l’horloger, contre l’avis de son père. Contre toute attente, Helvetia lui répond : « Non, je préfère finalement être seule. Je préfère garder ma liberté et mon indépendance. » Le peuple se réjouit de cette décision et un grand bal est organisé dans le château pour célébrer le choix d’Helvetia et clore l’histoire de cette jeune princesse décidément pas comme les autres.
Ces histoires vous ont plu ? Vous en connaissez d’autres, relatives à d’autres pays ? N’hésitez pas à nous en faire part !