Médaillé de bronze en équipe aux Jeux olympiques de Pékin en 2008, vainqueur de ceux de Londres en 2012, sacré champion du monde il y a un mois à peine et actuellement classé 3e meilleur cavalier du monde, Steve Guerdat n’a plus rien à prouver. Le cavalier suisse savoure ces moments de joie intense et n’oublie pas qu’il les doit en grande partie à sa cavalerie. De Lampire à Albführen’s Paille de la Roque en passant par Trésor V, Jalisca Solier, Nasa et le fabuleux Nino des Buissonnets, cet article vous propose, à travers divers portraits, de faire plus ample connaissance avec les chevaux qui ont aidé Steve Guerdat à atteindre le plus haut niveau en saut obstacles.
Les débuts de Steve Guerdat au sein de l’équipe Suisse Juniors avec Lampire
Sur cette photo, le « petit » Steve Guerdat tout sourire aux côtés de Lampire
Né en 1977, Lampire, hongre haflinger à la robe baie, fut confié à Steve Guerdat, né en 1982, alors que celui-ci n’avait même pas atteint la puberté. Lampire, très bon maître d’école, permit au jeune cavalier une progression fulgurante. En effet, grâce à ce splendide poney alors âgé de 17 ans, Steve Guerdat put rejoindre à 12 ans l’équipe Suisse Juniors. Aujourd’hui décédé, Lampire aura sans doute énormément compté pour son petit cavalier qui n’envisageait alors qu’en rêve de décrocher, 18 ans plus tard, les lauriers olympiques.
Steve Guerdat remporte ses premiers titres avec Cayetano, Geometric et Tepic la Silla
Sur cette photo Steve Guerdat et Tepic la Silla
Après avoir été entraîné par le cavalier suisse Beat Mändli et avoir rencontré divers chevaux, Steve Guerdat rencontra Cayetano qui lui permit à de briller au sein de l’équipe Suisse Juniors. S’ensuivirent quelques victoires sur le dos de Geometric, mais c’est à Tepic la Silla, hongre bai de race hollandaise, que Steve Guerdat doit le début de son ascension fulgurante. La rencontre eut lieu après l’intégration en 2002 de Steve Guerdat au sein des écuries de Jan Tops, cavalier émérite et époux de la célèbre cavalière Edwina Tops Alexander. C’est sur le dos de Tepic la Silla que le cavalier apprit à perfectionner sa technique. Avec leur sixième place aux Championnats Européens de Donaueschingen (Allemagne) en 2003 Steve Guerdat se sentît pousser des ailes.
Steve Guerat et ses premiers grands succès grâce à Isovlas Olympic, Isovlas Pialotta et Campus III
Sur cette photo, Steve Guerdat lors de ses 1ers JO sur le dos d’Islovlas Olympic
L’année 2004 semble sourire au jeune prodige du saut d’obstacle. Ses premiers Jeux olympiques se déroulent sur le dos d’un cheval portant bien son nom : Isovlas Olympic. S’il faudra attendre que Steve Guerdat forme le couple parfait avec Nino des Buissonnets pour remporter l’or, il ne fut pas déçu de son 5e rang par équipe lors des JO d’Athènes.
Suite à cet événement majeur, le cavalier remporta le Grand Prix CHI de Genève avec Campus III, sous les acclamations de la foule du Palexpo. Un an plus tard, il put brandir sa médaille d’argent aux Championnats Européens avec Isovlas Pialotta, qu’il ne devait monter que pour un mois.
Si tous ces chevaux sont aujourd’hui décédés, Steve eut la chance de chevaucher de nouvelles montures qui le marquèrent énormément, à l’image de Trésor V et de Jalisca Solier.
Steve Guerdat et le fabuleux Trésor V, un diamant à l’état brut
Dès 2006, la voie royale semble tracée pour Steve Guerdat. Il ne cesse de progresser et de rencontrer des chevaux qui changeront sa vie et le marqueront en tant que cavalier professionnel. Trésor V, étalon belge à la robe baie, fit beaucoup parler de lui. Le pur-sang, toujours prêt au combat et particulièrement énergique aurait pu laisser croire qu’il possédait un sacré tempérament. Que nenni ! Si l’on reprend les propos de Steve Guerdat « Trésor a très bon caractère. » Les titres pour le duo s’enchaînent : 3e de la Finale de la Coupe du Monde de Las Vegas (2007), 1er du Défi des Champions lors du CHI-5* de Genève (2008), vainqueurs du Embratel Masters lors du Global Champions Tour de Rio de Janeiro (2009), médaille d’or au Grand Prix du CSIO-5* de Rotterdam (2009), 1ère place du Prix Jumping International de Monte-Carlo lors du Global Champions Tour de Monaco (2010).
Trésor V, âgé de 19 ans, est aujourd’hui agréé comme reproducteur. Ce sont plus d’une centaine de juments qui ont été saillies par le petit fils de Laudanum (qui fut l’une des montures préférées d’un autre champion olympique : Pierre Durand, cavalier d’un certain Jappeloup. Si vous désirez obtenir un poulain de Trésor V, vous pouvez contacter le Haras National d’Avenches, en Suisse
Steve Guerdat et Jalisca Solier, une belle histoire d’amour
Sur cette photo, Steve Guerdat et Jalisca Solier, lors de leur victoire à la Finale du Top Ten Rolex IJRC de Genève, en 2010, au Palexpo
Sur cette photo, l’hommage de Steve Guerdat à sa belle jument, en décembre 2013, à Genève, toujours au Palexpo
Si Steve Guerdat se refuse à dire quel cheval il a préféré monter ou avec lequel il s’est le mieux entendu, répétant : « Demande-t-on à une mère quel est son enfant préféré ? Tous les chevaux sont différents. Mes chevaux sont des showmen et mon but est de les amener en forme, au bon moment. Tout est question de miser sur le bon cheval de bataille et livrer le juste combat. », il est certain qu’il a eu un énorme coup de cœur pour sa jument fétiche, la belle Jalisca Solier. La selle française, elle aussi de robe baie, a su surprendre le public. Si, sur le papier, elle n’avait rien d’une grande, elle démontra qu’elle en voulait. Véritable battante, elle donnait toujours tout ce qu’elle pouvait. Sa façon de se déplacer, plutôt inhabituelle, ne gênait nullement son cavalier qui croyait dur comme fer au talent de la belle. Adoptant des allures de princesse, Jalisca Solier occupait une place de choix au sein de l’écurie : détestant ses congénères, elle avait droit à un box spécial, à l’écart des autres chevaux.
Sur le dos de Jalisca Solier, Steve Guerdat remporta le Grand Prix Coupe du Monde de Vigo (Espagne, 2007), la médaille de bronze par équipe aux Jeux olympiques de Pékin et une 10e place en individuel (2008). L’or scintilla encore pour le duo à la Coupe des nations du CSIO-5* de La Baule (2008) ainsi qu’aux Championnats d’Europe par équipe à Windsor (Angleterre, 2009), à la Finale Top Ten Rolex IJRC de Genève (2010), et au Prix Le Touessrok lors du Global Champions Tour de Cannes (2012). Mais déjà, un certain Nino des Buissonets commençait à voler la vedette à la jument baie.
C’est en 2013 que Steve Guerdat décida de livrer son dernier combat devant son public favori, celui de sa patrie, avec Jalisca Solier, lors de l’épreuve de Genève. Au dernier moment, sentant la jument fragile, il décida d’opter pour Nino des Buissonnets et remporta le Grand Prix. Cependant, un immense hommage la carrière de la jument parvint à tirer quelques larmes au public… La jument, alors âgée de 16 ans, devait couler des jours heureux et devenir poulinière. Tout le monde espérait voir un jour Steve Guerdat franchir les obstacles sur un descendant de Jalisca Solier. Malheureusement, à l’image des tous grands comme Jappeloup, champion olympique de 1988 à Séoul ou encore Hickstead, cheval qui permit au Canadien Eric Lamaze de remporter le JO de 2008 à Pékin, Jalisca Solier connut une fin prématurée. En janvier 2014, un mois à peine après sa mise à la retraite, la jument se brisa une jambe en glissant dans son pré. Il était impossible de la soigner. Les larmes de Steve Guerdat coulèrent tout comme celles des admirateurs du magnifique duo qu’il formait avec Jalisca Solier.
Digne, le cavalier suisse rendit un nouvel hommage à sa jument et se remit en selle sur le dos d’une nouvelle petite jument baie, nommée Albführen’s Paille de la Roque, qui pourrait bien faire de l’ombre à Nino des Buissonets.
Steve Guerdat et Nino des Buissonnets : les héros
Incapable de franchir le moindre obstacle sans faire tomber une barre avec le fier hongre selle français lors de leurs premiers contacts, Steve Guerdat aurait pu jeter l’éponge et opter pour un autre cheval. Aussi têtu que sa monture, le cavalier s’accrocha et parvint à trouver les boutons pour mener le cheval jusqu’au sacre olympique. Fils de Kannan, fabuleux cheval qui fut monté par le cavalier français Michel Hécart, Nino des Buissonnets, qui s’avère particulièrement doux et docile aux soins ou en balade se transforme en véritable gladiateur lorsqu’il voit un obstacle. Il fonce, prêt à tout avaler. Steve Guerdat reconnaît qu’il peinait parfois à le maîtriser, tant le cheval s’excitait devant une barre.
Et pourtant… Ensemble, ils réalisèrent plusieurs exploits dès l’année 2011: vainqueurs de la Coupe des nations du CHIO-3* de Bratislava (Slovaquie, 2011) , 3e du Grand Prix Coupe du Monde du CSIW-5* de Lyon (2011), 4e du Grand Prix Coupe du Monde du CSIW-5* de Genève (2011), 2e de la Finale Coupe du Monde de s’Hertogenbosch (Hollande, 2012), médaille d’or en individuel aux Jeux Olympiques de Londres (2012), vainqueurs du Grand Prix du CSI-5* de Rio de Janeiro (2012), 2e du Grand Prix Coupe du monde du CSIW-5* d’Oslo (2013), 2e du Grand Prix Coupe du monde du CSIW-5* d’Helsinki (2013), 2e du Grand Prix Coupe du monde du CSIW-5* de Stuttgart (2013) et vainqueurs du Grand Prix Coupe du Monde de Genève (2013).
Afin de nous faire plaisir en la visionnant à nouveau, voici la vidéo du parcours de Steve Guerdat et de Nino des Buissonnents lors des JO de Londres, le 8 août 2012. Impressionnant, n’est-ce pas ? De quoi faire briller les yeux des petits cavaliers se rêvant déjà à la place de Steve Guerdat…
N’oublions pas qu’un jour, Steve Guerdat devait sans doute admirer les tous grands, souhaitant de toutes ses forces accéder au même statut qu’eux. C’est désormais chose faite ! Le cavalier suisse n’a plus rien à prouver grâce à Nino des Buissonnets, les lauriers olympiques lui appartiennent.
Steve Guerdat et sa petite fusée Nasa
Entre eux, la symbiose fut immédiate. La jument grise de race selle française, âgée de seulement 10 ans, a fait des étincelles lors de sa première grande compétition sous la selle de Steve Guerdat en remportant la première place du Grand Prix Credit Suisse lors du CHI-5* de Genève en 2011. Au terme d’un barrage ayant tenu en haleine tous les spectateurs, Steve Guerdat, confiant, prit tous les risques et démontra la rapidité de la jument qui exécuta un sans-faute en un temps canon. La belle Nasa conquit immédiatement le public en suscitant l’admiration. La Suisse semble porter chance au couple qui sortit vainqueur du Grand Prix Rolex lors du CSIW-5* de Zurich en 2012. En 2013, Steve Guerdat et Nasa terminèrent décorés d’argent de la Coupe des nations des CSIO-5* de La Baule. Espérons que Nasa saura amener Steve Guerdat sur la planète chance.
Steve Guerdat et Albführen’s Paille de la Roque : quand le talent et la chance sont au rendez-vous
D’où sort cette jument encore inconnue du public lorsque Steve Guerdat et Nino des Buissonnets remportaient leur trophée olympique ?
Fille de Kannan et âgée de 12 ans, la jument alezane sait faire sensation. Bondissante comme un chat, impressionnante comme le fut son père, Albführen’s Paille de la Roque a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps en offrant la victoire à Steve Guerdat lors de la Finale de la Coupe du Monde de Las Vegas (2015). Un nouveau titre dont le Jurassien est particulièrement fier. Passant ainsi de la 9e à la 3e place au classement mondial (Steve Guerdat est encore devancé par le Britannique Scott Brash (actuellement 1er) et l’Allemand Daniel Deusser, 2e), Steve Guerdat ne peut que se réjouir de sa chance.
Cependant, avant cet exploit, la jument avait déjà conquis les spectateurs helvétiques en remportant la troisième place lors de la Finale du Top Ten du CHI de Genève (2014).
Constante dans ses performances tout au long de la Coupe du Monde de Las Vegas, Albführen’s Paille de la Roque a tout d’un crack. Nous nous réjouissons de la revoir prochainement en espérant qu’elle fera encore briller nos yeux de mille et une… paillettes.
Cet article touche désormais à sa fin. Steve Guerdat a bien sûr la chance de monter beaucoup d’excellents chevaux dont ceux cités ci-dessus, mais n’oublions pas non plus de citer Kavalier II (lui aussi fils de Kannan), Concetto Son ou encore Albführen’s Memphis, qui réussiront sans doute à nous fasciner. Si ces chevaux n’ont pas encore réalisé les mêmes prouesses que Nino des Buissonnets ou Albführen’s Paille de la Roque, il semblerait bien qu’ils aient du talent. Ces derniers temps Steve Guerdat les monte beaucoup. Rien que la semaine passée (celle du 4 au 10 mai 2015), Steve Guerdat était de sortie avec Kavalier II et Concetto Son à Shanghai pour le Global Champions Tour.
Si la vie de cavalier est parfois jalonnée d’obstacles, nous pouvons toutefois constater que chaque passionné d’équitation peut compter sur ses chevaux, qu’ils répondront toujours présents pour nous mener toujours plus haut, toujours plus loin, à l’image de ceux qu’a eu la chance de croiser un certain petit Jurassien de Bassencourt, fils du célèbre cavalier et entraîneur Philippe Guerdat.
Renart
Lexique:
CHIO = Concours Hippique International Officiel
CSI = Concours de Saut d’obstacles International
CSIO = Concours International Officiel de Saut d’obstacle
Sources textes:
– steveguerdat.com
– L’Illustré du 29 avril 2015
Source images :
– steveguerdat.com
– illustre.ch
– chi-geneve.ch
– cavalier-romand.ch
– phelpssports.com
Je ne connaissais aucun de ces chevaux, mais j’ai eu beaucoup de plaisir à lire ton article et découvrir les histoires de chacun de ces champions ! Tu arrives à mettre beaucoup d’émotions quand tu racontes leurs vécus, bravo !
Ce nino , un Top cheval comme il y en a peu
Un excellent cavalier et des très bons chevaux qui permettent des très bons parcours