Sid Vicious : L’icône d’une génération punk

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Comment parler de punk sans se référer aux Sex Pistols ?
Et comment parler des Sex Pistols sans évoquer Sid Vicious ?

 

Sid Vicious, né John Simon Ritchie le 10 mai 1957 à Londres, a été le second et éphémère bassiste des Sex Pistols, groupe de punk anglais, formé en 1975 et dissout en 1978, considéré comme étant le fondateur du mouvement musical Punk. L’article qui suivra vous fera découvrir le parcours chaotique de cette icône de la génération punk dont l’ascension n’a eu d’égale que sa tragique déchéance. Sid Vicious est aux Sex Pistols ce que Kurt Cobain est à Nirvana. 

Des débuts difficiles

Fils de John Ritchie et Ann Randall, les parents de Sid Vicious se séparent très vite après sa naissance. Élevé par une mère alcoolique et toxicomane qui part peu après pour Ibiza – espérant mieux gagner sa vie en dealant – c’est dans un environnement familial instable qu’il grandit. De retour à Londres en 1965, alors qu’il avait 8 ans, Vicious est  livré à lui-même, presque abandonné dans les rues de la ville. Devenant de plus en plus instable, violent et imprévisible, il rejoint un gang nommé The Johns, grâce auquel il découvre les musiques de David Bowie, des T-Rex et surtout des Ramones, groupe de punk naissant dont il devient un très grand fan. C’est à cette même époque qu’il abandonne l’école, passant le plus clair de son temps à errer dans les rues, en compagnie d’individus souvent qualifiés de peu fréquentables.

Quelques années plus tard, alors qu’il n’est encore qu’un adolescent, Vicious devient batteur occasionnel des groupes Siouxsie and the Banshees et The Flowers of Romance.
À cette époque, un incident marquant le propulse au devant de la scène. Alors qu’il se trouvait à un concert des Damned, au 100 Club, il crève l’œil d’une jeune fille lorsqu’il s’amusait à briser des verres. Il écope d’une semaine de prison suite à cet accident et la presse s’empare de l’information, le reléguant au rang de martyr punk. Il devient ainsi aussi célèbre que Johnny Rotten, chanteur des Sex Pistols, groupe qui, pour le moment, ne connaissait pas grand essor.

Vicious et les Sex Pistols

Sid Vicious et Johnny Rotten se rencontrèrent adolescents, à l’école. Ils partagent la même classe et très vite se lient d’amitié. Gamins difficiles, ils quittent à 15 ans le milieu scolaire pour habiter ensemble dans une construction qui aurait facilement pu être qualifiée de taudis, sans eau ni électricité, et vivre de petits boulots peu ragoutants (chasser les rats, nettoyer les restaurants…). C’est Johnny Rotten qui rebaptise Sid Vicious, en référence à son hamster un peu idiot, Sid, et au penchant violent du jeune homme. Alors que Rotten est déjà attiré par le milieu artistique et commence à développer des idées contestataires, Vicious, moins brillant, n’est qu’un gosse masochiste et mal dans sa peau. Si Rotten transformait ses vêtements en les rafistolant d’épingles à nourrices, en y ajoutant au marqueur toutes sortes d’inscriptions choc, de façon à exprimer sa rage et son opposition au gouvernement, aux idées puritaines de l’époque, au racisme dont il était victime (il était irlandais)…, Vicious, quant à lui, n’était selon son ami qu’une pathétique victime de la mode, un gamin idiot tourné vers l’autodestruction.

En 1975, Rotten intègre les Sex Pistols, groupe fabriqué de toutes pièces par Malcolm Mc Laren, leur manager, et dont les différents membres se détestent cordialement. Ils sont mauvais, musicalement parlant, mais ils ont une attitude, un style différent de tout ce qu’on a pu voir jusqu’à lors. Leurs morceaux sont courts et simplistes, mal joués, mais avec une énergie incroyable. Leur son brut et violent et les paroles de Rotten empreintes de haine font, à chaque concert, de nouveaux adeptes. Les Pistols assurent qu’ils n’aiment pas la musique, mais le chaos, révélation qui marque de nombreux esprits. Rotten agresse son public, lui crache dessus, l’insulte et de l’indifférence, ce dernier finit par répliquer. Les Sex Pistols fonctionnent au scandale et c’est ce goût du scandale, savamment orchestré par leur manager, qui les fera connaître.
En 1977, le groupe se sépare de son batteur, Glen Matlock, évoquant le fait qu’il écoutait trop les Beatles pour justifier son départ – une raison plus probable serait la très mauvaise adaptation du musicien aux autres membres.
Vicious, fan du groupe, fait part de son envie d’intégrer les Sex Pistols et Rotten le propose comme nouveau bassiste à leur manager. Vicious n’avait alors jamais touché à une basse de sa vie et restait un batteur médiocre, pourtant, il devient le nouveau bassiste du groupe de punk.
Mc Laren déclara : « When Sid joined he couldn’t play guitar but his craziness fit into the structure of the band. He was the knight in shining armour with a giant fist. »
(« Quand Sid a rejoint le groupe, il ne savait pas jouer de la guitare, mais sa folie s’est bien intégrée à la structure du groupe. Il était le chevalier à l’armure luisante et au poing géant. ») 
Et selon Rotten, « Everyone agreed he had the look, but musical skill was another matter. »
(« Tout le monde était d’accord qu’il avait le look, mais son talent musical était une autre histoire. »)

No future

C’est en intégrant les Sex Pistols que Vicious fait ses premiers pas vers l’héroïne. Son image de dépravé profite au groupe, qu’il contribue de façon improbable à rendre célèbre, ralliant nombre de punks à sa musique et à sa cause. Il donne aux Pistols une image plus scandaleuse que jamais. Alors que la presse – hormis quelques magazines underground – les méprise, alors qu’ils sont censurés par les radios et ignorés par les maisons de disques, leur notoriété ne cesse de croître. Personne ne souhaite les recevoir en concert, tant leur attitude est inadmissible, et c’est sous de faux noms qu’ils organisent au jour le jour leurs représentations. Les Sex Pistols deviennent un groupe légendaire, presque mystique tant il est difficile de les entendre. Quelques disques autoproduits se vendent clandestinement sous le coude et rares sont ceux qui peuvent les voir en concert. Pourtant, tout le monde les connait et ils réussissent donc à s’octroyer un public de plus en plus important, ou du moins en attente, un public touché par ce groupe qui représente si bien leur époque, leur situation déplorable, leur haine face à un gouvernement répressif, raciste et puritain, qui censure de façon abusive les tréfonds misérables et délaissés de sa société.
Sid Vicious devient l’icône de cet esprit punk et il est, à plusieurs reprises, aperçu portant un tee shirt orné d’une croix gammée, symbole puissant du « No Future ».
Ces jeunes n’avaient pas leur place dans cette société et si certains, comme The Clash, s’engageaient, se révoltaient et criaient leurs idées contestataires, Vicious avait abandonné le combat. Nihiliste pur et dur, sa vie n’avait aucun sens, aucun but, et quitte à être haït, autant que ce soit pour de bonnes raisons. Quitte à crever dans la rue comme un malpropre, autant le faire avec panache, à la vue de tous, autant exposer au grand public ce que la « bonne classe » s’efforçait d’occulter avec tant d’efforts.
Vicious avait alors pour habitude de se produire sur scène torse nu, sanguinolent après s’être tailladé en coulisses. Seuls ses bras restaient bandés, masquant ainsi les traces d’injection d’héroïne. Pourtant, la drogue faisait partie intégrante de l’esprit du groupe. Plus violent que Rotten, il allait jusqu’à frapper son public, qui lui rendait ses coups. Les scènes punk n’étaient pas surélevées comme nous avons aujourd’hui l’habitude de les connaître. Les musiciens jouaient sur le sol, au même niveau que les spectateurs, et les échanges étaient alors grandement facilités. La musique punk était une musique non pas artistique, mais un cri commun entre musiciens et spectateurs, aucun n’était placé au dessus de l’autre et tous pouvaient interagir.
Selon la légende, on devrait l’invention du pogo à Vicious, qui aurait pris l’habitude de sauter pour mieux apercevoir la scène lors de concerts. Imité par d’autres spectateurs, les sauts ne tardèrent pas à entraîner des bousculades et, par là même, une montée de violence dans la fosse du public.

Sid & Nancy

C’est âgé de 20 ans, alors qu’il intégrait à peine les Sex Pistols, que Vicious rencontre Nancy Spungen, jeune américaine toxicomane, prostituée et groupie des Sex Pistols, lors d’une soirée organisée chez une amie de Johnny Rotten. Débute très vite entre eux une liaison amoureuse, passionnelle et destructrice.
Fugueuse, suicidaire et psychanalysée depuis l’âge de 11 ans, la jeune femme cherchait à se faire un nom et à assouvir son appétit d’action. Johnny Rotten comprend de suite l’essence de ce personnage manipulateur et la hait d’emblée, tout en la rejetant. Vicious, plus faible malgré les apparences, plus instable aussi, n’était encore qu’un gamin et se fait prendre au piège.
La jeune femme est considérée comme un poids pour le bassiste et pour le groupe et elle est tenue pour responsable de la toxicomanie du jeune homme qu’elle incitait, ainsi que de son éloignement des Sex Pistols.
Pourtant, elle fournissait à Sid toute l’affection qu’il n’avait jamais eue, une figure presque maternelle et protectrice. Jusque là encore idéaliste et révolté, avec des tendances autodestructrices et une agressivité presque inoffensive, Vicious changea du tout au tout, devenant le nihiliste que nous connaissons.
Rotten dira à la mort de Vicious :« We did everything to get rid of Nancy… She was killing him. I was absolutely convinced this girl was on a slow suicide mission… Only she didn’t want to go alone. She wanted to take Sid with her… »
(« Nous avons tout fait pour nous débarrasser de Nancy… Elle le tuait. J’étais absolument convaincu que cette fille était dans une lente mission suicide… Seulement elle ne voulait pas mourir seule. Elle voulait emmener Sid avec elle… »)

La fin de tout

En janvier 1978, suite à une tournée américaine scandaleuse et mouvementée, Rotten quitte les Sex Pistols, annonçant par là même leur dissolution, après un seul album et quatre singles très controversés, symbole absolu du mouvement punk.
Vicious fait sa première overdose quelques jours plus tard, mais s’en sort de justesse. Il décide de se lancer dans une carrière solo qui ne connait pas le succès ; sa reprise de My Way passant toutefois à la postérité.

Le 12 octobre 1978, alors que Vicious et Nancy Spungen étaient « en lune de miel » dans le sordide Chelsea Hotel, cette dernière est trouvée morte, à moitié nue dans la salle de bains de sa chambre, par le réceptionniste. Autour d’elle, drogue, seringues, couteau à cran d’arrêt et une large entaille lui barrant l’abdomen. Sid Vicious est, quant à lui, retrouvé dans les couloirs de l’hôtel, hystérique et incontrôlable, hurlant : « I killed her… I can’t live without her ! »
« Je l’ai tuée… Je ne peux pas vivre sans elle ! »
Accusé d’homicide, ce dernier est envoyé en prison où il se fait violer et où il tente, sans succès, plusieurs désintoxications. Confié à sa mère après que Mc Laren – son ancien manager – ait payé une caution de 50 000$ et 55 jours d’emprisonnement, on n’a jamais su avec certitude les raisons de la mort de Nancy Spungen. Alors que certains parlent de meurtre passionnel, d’autres évoqueront un règlement de compte entre dealers.
Récemment, Mc Laren est revenu sur cette affaire, laissant un billet sur son blog (plateforme du Daily Beast) intitulé « Sid didn’t kill Nancy ». Il y a écrit : « I was stunned when I first heard this and I still can’t believe it. Sid was capable of a wide range of self-destructive acts, but I didn’t think that he could kill someone, especially his girlfriend, unless it was a botched double suicide. »
(« J’ai été sonné quand on m’a appris ça et je ne peux toujours pas le croire. Sid était capable de toutes sortes d’actes auto-destructeurs, mais je ne pense pas qu’il aurait pu tuer qui que ce soit, encore moins sa petite amie. À moins que ce ne soit un double suicide. »)

De retour à New York et en attente de son procès, Sid Vicious succombe à une overdose le 2 février 1979, soit 4 mois après le meurtre de Nancy Spungen. Il n’avait alors que 21 ans.
Les raisons de sa mort sont pour lui aussi obscures. Accident ou meurtre ? On sait que sa mère était allée elle-même acheter l’héroïne meurtrière, selon elle, pour éviter de nouveaux problèmes à son enfant. Certains pensent qu’elle aurait alors administré, volontairement ou non, une dose bien trop importante à son fils.

Sid Vicious a été incinéré et encore une fois, l’ombre plane au dessus de ce personnage. Si les uns sont convaincus que ses cendres ont été dispersées sur la tombe de Nancy, d’autres pensent qu’elles seraient tombées accidentellement lors de leur rapatriement à l’aéroport d’Heathrow. Mc Laren affirme, quant à lui, qu’il les aurait remises en mains propres à la mère de Vicious, laquelle alcoolisée les aurait fait tomber dans le pub où ils s’étaient donné rendez-vous, puis auraient été nettoyées à l’aide d’une serpillère.

Vicious et les Sex Pistols à la postérité

Les Sex Pistols resteront pour longtemps l’emblème du punk. Leur influence dans le monde de la musique est indéniable et aujourd’hui encore nous pouvons la ressentir. De nombreux groupes auront été marqués par leurs sons rudes et énervés, chargés de messages politiques, nihilistes, anti-autoritaires et rebelles. Faisant suite à des groupes, tels que les Stooges ou les Ramones, ils auront à leur tour entraîné la première vague de punk, avec Jam, Sham 69 ou The Clash, et plus tard, des groupes, tel que Nirvana, qui iront jusqu’à reprendre le titre de leur premier album, Nevermind. En France, le groupe punk le plus connu à ce jour restera certainement les Bérurier Noir, ayant officié de la fin des 70’s à la fin des 80’s. Extrêmement engagé, ce groupe avait perdu le côté nihiliste des premiers punks, mais l’esprit rebelle et destroy les caractérisait encore. Composé principalement de deux membres, guitare et voix, les Bérus n’avaient même pas de batteur, mais une simple boîte à rythme. Eux aussi mal vus dans une société bien rangée, c’est de fausses accusations concernant un attentat terroriste, leur faisant mauvaise presse, qui signera leur fin.
Véritable phénomène, les Sex Pistols, quant à eux, auront su fasciner l’Angleterre et le reste du monde, avec Sid Vicious comme icône martyr de ce mouvement anti-conformiste. Mais même si de nombreux groupes se réclament d’influence punk, l’essence et la « pureté » de ce mouvement est morte en même temps que la dissolution des Sex Pistols et des Clash dans les années 80.

Reprise internationnalement connue de My Way – Par Sid Vicious
Cette chanson, ce clip à l’humour empreint d’amertume et de rage, sera considérée par beaucoup comme « l’interprétation qui résume le mieux, et à elle seule, tout l’esprit punk »

Traduction de la reprise My Way – Sid Vicious

Et maintenant, la fin est proche
Et maintenant que je fais face au rideau final
Vous savez, je ne suis pas un mec étrange
J’exposerai mon cas, dont je suis certain
J’ai vécu une vie complète
J’ai parcouru chacune et l’ensemble des routes
Mais plus encore, plus encore que ça
Je l’ai fait à ma façon

Des regrets, j’en ai eu quelques uns
Mais alors de nouveau, j’ai trop peur pour qu’ils soient mentionnés
J’ai fait ce que je devais faire
Et cela sans exception
J’ai planifié chaque étape
Chaque pas important le long du chemin
Mais plus encore, plus encore que ça
Je l’ai fait à ma façon

Il y a eu des moments, dont vous avez du entendre parler
Où il y avait de la crasse crasse crasse et qu’on ne pouvait pas faire autrement (« crasse » changé dans le texte)
Mais par dessus tout, quand il y a eu un doute
Je l’ai abattu ou lui ai donné un coup de pied
Et j’ai fait face au mur et au monde
Et je l’ai fait à ma façon

J’ai ri et j’ai été un serpent
J’ai connu la plénitude et l’échec
Et maintenant, les larmes ont séché
Je trouve tout si amusant
Amusant de penser que j’ai tué un chat
Et je peux peut-être dire, et pas comme un gay
Oh non, oh non pas moi
Je l’ai fait à ma façon

Qu’est-ce qu’un morveux, que possède-t-il ?
Si ce n’est son chapeau, et il ne peut rien
Pour dire les choses qu’il ressent vraiment
Et non seulement les mots, de celui qui est à genoux
L’histoire montre que, j’ai tué un type (« tué » changé dans le texte)
Et je l’ai fait à ma façon

God Save the Queen, second morceau des Sex Pistols, sorti durant le 25ème anniversaire de l’accession au trône de la reine Elisabeth II.
Sujet à de graves polémiques, ce morceau a été considéré comme une agression envers la reine et retiré des ondes BBC.

Paroles et traduction de God Save the Queen – Sex Pistols :

God save the queen Dieu sauve la reine
The fascist regime Le régime fasciste
They made you a moron Ils ont fait de toi un crétin
A potential h-bomb Une bombe H potentielle

God save the queen Dieu sauve la reine
She ain’t no human being Elle n’est pas un être humain
There is no future Il n’y a pas de futur
In england’s dreamland Dans le pays féerique d’Angleterre

Don’t be told what you want Qu’on te dise pas ce que tu veux
Don’t be told that what you need Qu’on te dise pas ce dont tu as besoin
There’s no future there’s no future Il n’y a pas de futur, il n’y a pas de futur
There’s no future for you Il n’y a pas de futur pour toi

God save the queen Dieu sauve la reine
We mean it man Nous le pensons vraiment, mec
We love our queen Nous aimons notre Reine
God saves Dieu sauve

God save the queen Dieu sauve la reine
‘cos tourists are money Parce que les touristes, c’est du fric
And our figurehead Et notre emblème
Is not what she seems N’est pas ce dont elle a l’air

God save history Dieu sauve l’histoire
God save your mad parade Dieu bénit ta parade folle
Oh lord god have mercy Oh Seigneur Dieu Sois Miséricordieux
All aims are paid Toutes les finalités sont payées

When there’s no future Quand il n’y a pas d’avenir
How can there be sin Comment peut-il y avoir du péché ?
We’re the flowers in the dustbin Nous sommes les fleurs dans la benne à ordures
We’re the poison in your human machine Nous sommes le poison dans ta machine humaine
We’re the future you’re future Nous sommes le futur, ton futur

God save the queen Dieu sauve la reine
We mean it man Nous le pensons vraiment, mec
There is no future Il n’y a pas de futur
And england’s dreaming Et l’Angleterre rêve

No future no future no future for you Pas de futur, pas de futur, pas de futur pour toi

Quelques groupes majeurs du mouvement Punk

Réflexions personnelles

Le punk était un hurlement, une volonté de bousculer les esprits, la révolte de jeunes laissés pour compte qui n’avaient plus foi en l’avenir. La musique a toujours été un moyen idéal pour faire passer ses idées et peu importe qu’ils aient été doués ou non, les punks tenaient avant tout à se faire entendre.
Comment aujourd’hui pourrait-on se réclamer punk si l’on vit dans une maison tout confort, si l’on est adulé par des milliers de fans ?
Punk is not dead… Qui voudrait encore croire à ça ? Peut-être les rares, mais pourtant encore trop nombreux, punks à chiens que l’on peut croiser au détour d’une ruelle sombre, le regard vague après un bon shoot. Être punk, ce n’est pas avoir le look, le punk est un état d’esprit et certainement l’un des pires qui soit. Avoir tout perdu et ne plus croire en rien, pas même en la douleur elle-même.
Une anecdote illustre, à mon sens, parfaitement cette idée : lors de leur tournée américaine, alors que les Pistols prenaient leur collation dans un restau miteux, un père de famille qui venait d’arriver et remarquant Vicious s’est senti obligé de l’agresser. Il lui a écrasé un mégot sur la main. Vicious n’a pas riposté, il l’a regardé fixement avec le sourire, puis s’est entaillé profondément la main avec son couteau, avant de continuer son repas comme si de rien n’était, malgré le flot de sang qui se déversait dans son assiette.
Un geste qui aurait pu signifier « Tu ne peux pas me faire plus de mal, je suis déjà au fond du gouffre. Peu importe ce qu’il adviendra, je n’ai pas de futur. »
Le look punk est arrivé bien plus tard et jamais on a vu de crête ou de tatouage sur un membre des Sex Pistols. Ils étaient destroy, certes, mais ils s’habillaient surtout avec les moyens du bord, usant leurs fringues jusqu’à la moelle et ils se coupaient les cheveux eux-mêmes pour ne pas payer de coiffeur. Si leurs tee shirts étaient barrés d’inscriptions au marqueur ou de motifs provocants, c’était pour perturber l’ordre public, et à raison. S’ils avaient des épingles à nourrices dans les oreilles, c’est qu’un pierceur et des boucles auraient coûté trop cher. De par leurs tenues scandaleuses, mais qui, de nos jours, ne le sembleraient pas tant que ça, ils cherchaient simplement une nouvelle façon de se démarquer.
Provoquer pour ne plus être ignoré. Faire scandale pour se faire remarquer et ainsi exister aux yeux des autres, tout simplement.
« Vous pensez que nous sommes d’infâmes déchets, de pauvres gosses issus de la classe défavorisée que vous rejetez ? Eh bien, nous allons vous montrer que vous avez raison, mais nous le montrerons de manière ostentatoire et abusive, et cette fois-ci, vous ne pourrez plus nous ignorer. »
J’imagine que c’est ce genre de pensée qui pouvait habiter les jeunes de cette époque.
Le choix du mot « punk » n’est d’ailleurs pas anodin puisque ce mot est le qualificatif d’une chose ou personne sans valeur, un objet de camelote, délabré, ou un individu pourri, un vaurien.

Le punk était un cri de désespoir et Sid Vicious, tout comme les autres jeunes intégrés à ce mouvement, n’était pas un héros à aduler. Il n’était qu’un gosse paumé et instable au vécu difficile, tombé dans tous les pièges que la vie lui a tendus et desquels personne n’a tenté de le tirer. Sid a eu une vie abominable et la haine, le dégoût de la société et de lui-même faisaient certainement partie intégrante de son personnage pour qu’il en arrive à de telles extrémités. Il n’était qu’un gamin immature entraîné dans une spirale infernale dont il n’a pu se sortir.
Le punk, Vicious, tout ça n’avait rien de « cool », bien au contraire. Ce mouvement n’est pas à porter aux nues et les punks ne se battaient pas pour ça. J’imagine qu’ils auraient craché sur d’éventuelles groupies, les auraient traitées comme des moins que rien. Ces gens-là se détruisaient simplement à la vue de tous, parce qu’ils n’avaient pas trouvé d’autre échappatoire à leur désespoir.
Les seules choses que l’on pourra peut-être garder de ce mouvement seront le Do It Yourself, philosophie consistant à prôner le système D – en opposition à une surconsommation – la capacité de se débrouiller soi-même pour arriver à de grandes choses, malgré le peu de moyens ; l’anticonformisme et la capacité de se révolter face à la masse lorsque nos idées ne sont pas celles que l’on attend dans une société bien rangée ; la tolérance et, pour finir, la créativité.

Annexes/compléments  sur Sid Vicious et les Sex Pistols :

Interview de Sid Vicious, deux jours après sa première overdose
Gallerie photos Sex Pistols
Dernière représentation des Pistols

A voir sur Sid Vicious et les Sex Pistols :

Sid Vicious l’icône du punk de Alan Parker, traduit par Éric Comont – Biographie de Sid Vicious
PUNK Sex Pistols, Clash… Et l’explosion du punk – Ouvrage subjectif et choc retraçant l’histoire du punk à partir des Sex Pistols et du Clash
Sid & Nancy de Alex Cox – film britanico-américain mettant en scène la relation houleuse de Sid Vicious et Nancy Spungen

Sources texte et images :

PUNK Sex Pistols, Clash… Et l’explosion punk – Bruno Blum
Psychotic reactions & autres carburateurs flingués – Lester Bangs
Sid Vicious l’icône du punk – Alan Parker
Sid & Nancy – Alex Cox
Wikipedia
Télérama

Radis