Fouilles archéologiques : Le site de Corent

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Une avancée dans notre histoire. L’archéologie française nous livre, une fois encore, ses secrets. On pouvait penser qu’après des décennies de recherches, les découvertes archéologiques étaient en voie d’extinction. En aucun cas! En Auvergne, le site de Corent nous a livré, début septembre, une surprise de taille, nous démontrant ainsi que l’Histoire évolue sans cesse et que les secrets du passé ne sont peut-être pas tous indéchiffrables.

Le site de Corent se situe dans le Puy-de-Dôme. Ce chantier, ouvert en 2001, est dirigé depuis une dizaine d’années par Matthieu Poux, archéologue français et professeur d’archéologie à l’université Lumière Lyon 2.
Corent est un oppidum gaulois, c’est-à-dire une ville gauloise. César, lors de la conquête des Gaules, utilise ce terme latin afin de désigner les agglomérations gauloises. Désormais, ce terme est utilisé en archéologie pour désigner plus généralement les villes celtiques.
Les fouilles de l’oppidum ont permis de mettre au jour une vaste agglomération qui comprenait, entre autres, un sanctuaire en son centre. Le temps d’occupation du site a pu être évalué : il aurait été habité durant près d’un siècle et aurait été abandonné lors de la guerre des Gaules. Il ne nous reste rien de la ville hormis le sanctuaire, qui a été plusieurs fois reconstruit entre le 1er et le 3ème siècle après J.C.
Les découvertes auraient pu s’arrêter là mais, en 2011, une nouvelle aire de fouille a été ouverte, permettant en septembre dernier de mettre en évidence les restes d’un édifice en pierre de forme rectangulaire, entouré d’un hémicycle – un demi-cercle – creusé dans la roche volcanique. Diverses hypothèses ont donc vu le jour, mais il a été admis que cet édifice correspondait aux caractéristiques d’un petit théâtre qui aurait été accolé à une pente formée par l’éruption qui a généré le plateau de Corent.
Grâce à des études minutieuses, le petit édifice a pu être décrit et analysé.
Le théâtre se compose d’un bâtiment de scène qui se subdivise en trois parties : le mur de scène, une estrade et un local de service. Devant ce bâtiment se trouve l’orchestra et, ensuite, la partie réservée aux spectateurs qui s’appelle une cavea, puis il y a les gradins, en bois dans les premiers temps, puis en pierre.
Le bâtiment de scène possède un décor de façade réalisé grâce à des moellons, des pierres, de formes et couleurs différentes. L’orchestra de ce théâtre est en forme de fer à cheval. La cavea est ici délimitée par un mur de 41m de côté. Ce mur permet de compenser les différences de terrain. Les gradins en bois n’ont pas été retrouvés, le bois étant un matériau qui se conserve mal, mais des trous de poteaux ont été mis en évidence, ce qui atteste bien de leur présence. Les fouilleurs ont également découvert des fragments de niche, de demi-colonnes et d’enduits peints qui figuraient sur le mur de scène original. Ces vestiges ayant été trouvés associés à des pièces de monnaie, des fibules et des céramiques, une datation plus précise du temps d’occupation du site a été possible : il se serait étendu du 1er siècle à la fin du 2ème  siècle après J.C.
Des objets retrouvés dans l’hémicycle, comme des fibules (qui servent à attacher les vêtements à la manière d’agrafes), des pièces de monnaies en bronze frappés, des couteaux en fer ou encore des rebords de casque en bronze, permettent de savoir, sans aucun doute, qu’il est bien d’époque gauloise.

Le fait que ce monument soit associé à un sanctuaire fait naître chez les archéologues l’hypothèse d’un « théâtre indigène », qui serait équivalent aux théâtres romains. A même été évoquée l’idée d’un prototype d’une nouvelle forme d’édifice gallo-romain tout à fait surprenante, dont les plus anciens exemples connus datent du 1er siècle après J.C.
Il est encore difficile pour les archéologues de donner une fonction précise à cet édifice : serait-ce un lieu de réunions politiques ou de représentations (comme pour les théâtres actuels), d’amusement ?
L’hypothèse d’un tribunal a aussi été formulée. Cette question ne trouve pas encore de réponse exacte ; toutefois, quelle que soit sa fonction, il est clair que cet édifice a sa place dans un centre-ville, centre-ville qui de plus a été reconnu comme chef-lieu d’un peuple largement connu, les Arvernes.

Cette ville gauloise a bien été identifiée en tant que telle. Son apparence et les découvertes faites sur le site permettent de faire des comparaisons avec les édifices antiques grecs et romains. Ce site est donc une preuve de la communication entre les peuples gaulois, grecs et romains.
La découverte du « théâtre » de Corent est également une preuve de cette interculturalité. Les peuples s’inspirent les uns des autres pour mettre en œuvre des variantes qui leur seront propres. Tel est le cas avec ce vestige.

Petit à petit, à force de recherches minutieuses d’archéologues passionnés, le puzzle de notre histoire se complète. Matthieu Poux et son équipe en ont scellés un nouveau morceau. Les fouilles continuent et peut-être que grâce à eux, d’autres morceaux du passé resurgiront dans le présent.

2 réflexions sur “Fouilles archéologiques : Le site de Corent”

  1. Ahh, quel enfant n’a jamais rêvé d’être archéologue quand il était petit pour découvrir les dinosaures ou revenir au temps des gaulois? :p

    En tout cas c’est intéressant comme article de découvrir une fouille archéologique et les éléments qui permettent d’interpréter les découvertes!

     

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