Critique de livre : Le sel de nos larmes de Ruta Sepetys

le sel de nos larmes
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Vous êtes plutôt roman historique, mais vous avez peur de tomber trop vite dans une romance ? Vous voulez une histoire vraie passée sous silence durant des années ? Le dernier livre de Ruta Sepetys devrait vous plaire…

Informations générales et synopsis

ruta sepetys

Ruta Sepetys est née à Détroit, aux États-Unis, en 1967. Issue d’une famille d’artistes, elle vit actuellement dans le Tennessee, à Nashville. Elle a auparavant étudié la finance internationale et vécu en Europe avant de se voir offrir un poste dans l’industrie de la musique à Los Angeles. Ruta Sepetys est la fille d’un réfugié lituanien qui a passé huit ans dans un goulag. Officier menacé de mort par Staline, son père lui a d’ailleurs inspiré son premier livre, Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre.

ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre

Son dernier livre sorti en France, Le sel de nos larmes, est inspiré du périple de la cousine de son père, qui a survécu au naufrage du Whilelm Gustloff. Pour écrire ce livre, Ruta Sepetys a voyagé et rencontré beaucoup d’historiens, d’experts, dans plusieurs pays d’Europe, durant trois ans, dans la volonté de restituer ce qui avait été effacé de l’Histoire.

Le sel de nos larmes, publié par les éditions Gallimard Jeunesse, est l’histoire touchante de quatre jeunes gens, tous d’origines différentes, évoluant dans l’horreur de la seconde guerre mondiale. Le récit se déroule en hiver 1945 dans les pays de l’Est. Nous suivons la marche des réfugiés vers les bateaux mis à disposition pour les rapatrier vers l’Allemagne alors que les Soviétiques arrivent pour les massacrer. Le Whilelm Gustloff est l’un de ces bateaux. Cependant, l’histoire raconte que ce grand navire, promesse de liberté pour 10 000 réfugiés, sera touché par un missile lancé par un sous-marin soviétique et fera naufrage.

le sel de nos larmes

Mon avis sur Le sel de nos larmes

Si je parle de ce roman aujourd’hui, c’est parce qu’il m’a vraiment touchée. Lu fin 2016, il me laisse encore une trace indélébile. Lire ce livre, c’est d’abord faire le travail de mémoire dont on parle à chaque fois que l’on évoque une guerre mondiale. « Il ne faut pas oublier pour ne pas recommencer. » entend-on souvent… Sauf que cette histoire-là a été oubliée de façon intentionnelle. Passé sous silence, ce naufrage a été répertorié comme un dommage de guerre, comme un dommage collatéral. Cependant, il s’agit en réalité de la plus grande catastrophe maritime de l’Histoire, temps de guerre ou pas. En comparaison, le Titanic avait à son bord entre 2 000 et 3 000 personnes. Ici, on parle de trois fois cette capacité.

Les personnages principaux de ce livre sont très intéressants. Dans cette histoire, on les suit alternativement. Nous avons donc Emilia, la polonaise, celle qui n’est même pas censée monter à bord ; Albert, l’allemand engagé mégalomaniaque ; Joanna, la belle infirmière lituanienne et Florian l’énigmatique jeune homme aux grands secrets. Nous suivons donc l’un de ces personnages à la fois, et je pense que c’est encore la meilleure façon d’appréhender cette histoire.

Ruta Sepetys a un style d’écriture que l’on ne peut pas oublier. En effet, elle dénonce sans que le récit ne transpire le jugement pour autant. Son travail de mémoire est titanesque, et je ne peux qu’applaudir cette idée, ce besoin de rappeler à tous ce qui s’est réellement passé.

Le récit est touchant et d’autant plus poignant que cette fiction est tirée de faits réels. Certains personnages vont-ils survivre au naufrage ? Qu’adviendra-t-il de leur avenir ? Le suspense vous empêche de lâcher cette histoire avant la toute fin.

De plus, j’ai énormément apprécié le fait que ce livre soit publié dans la littérature young-adult. En effet, les livres d’Histoire des plus jeunes sont peut-être dénuées du récit de ce naufrage, mais pas leur bibliothèque. J’ai trouvé cela très bien pensé de mettre en avant quatre jeunes gens dans cette histoire, avec toute la vie devant eux, qui évoluent dans l’horreur de la guerre. La quête identificatoire n’est pas aisée, car ces personnages possèdent un lourd passé, cependant, leur jeune âge et leur esprit plein de rêves parlent aux adolescents.

Au fil de ma lecture, je me suis demandée comment une telle histoire avait pu être passée sous silence. Il est vrai que dans les cours d’Histoire, on se concentre surtout sur les pays principaux, et le calvaire et l’horreur vécus par les pays de l’Est ne sont qu’à peine abordés. Ce récit porté par quatre voix est là pour pallier cela.

L’écriture est fluide et agréable, et le style est de ceux qui vous embarquent jusqu’à la fin de l’histoire sans que vous n’ayez eu l’envie de reposer le livre ! Les chapitres sont courts ce qui donne un certain rythme au livre (et qui fait qu’on a toujours envie d’en lire un autre !).

En conclusion, lire ce roman historique, c’est ne pas laisser l’histoire de ces 9 000 morts être oubliée et dénoncer le fait que cela ait été passé sous silence. Je ne peux que vous conseiller chaudement cet ouvrage très bien écrit aux personnages bien développés et à l’univers angoissant de la guerre avec une finalité que l’on connaît dès le départ, cette fiction étant basée sur des faits réels.

Mayumi

Source Texte

Babelio

Sources Images

Ruta Sepetys
Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre
Le sel de nos larmes

1 réflexion sur “Critique de livre : Le sel de nos larmes de Ruta Sepetys”

  1. Petit Javelot

    Je viens de passer une bonne dizaine de minutes à lire des articles Wiki sur les tragédies maritimes de la Seconde Guerre à la suite de ton article… Impressionnant. J’essaierai de lire un livre de cet auteur prochainement. Merci pour cette belle découverte.

     

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