Jeff Koons

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Jeff Koons est un artiste américain né en 1955. Actuellement âgé de 57 ans, il est généralement considéré comme un artiste néo-pop de par ses œuvres et les enjeux de ces dernières, mais nous verrons qu’il n’est pas classé que dans un seul mouvement. C’est également un artiste qui a énormément contribué à l’affirmation du kitsch dans l’art. Ses réalisations sont parmi les plus chères vendues pour un artiste toujours vivant. Il restera quelques mois l’artiste vivant vendu le plus cher aux enchères avec Balloon Flower (Magenta) vendu pour 12 921 250 £ (16 343 000 €). Jeff Koons est un plasticien touche-à-tout qui s’intéresse aussi bien à la sculpture qu’à la peinture.

L’œuvre de Jeff Koons

L’artiste Jeff Koons n’est pas classé que dans un seul mouvement. Certains le pensent héritier du dadaïsme ou appartenant au courant minimaliste, mais le plus cité est celui du néo-pop. C’est un mouvement issu du pop art, comme son nom le laisse entendre. Pour les artistes de ce mouvement, il n’existe pas d’art supérieur à un autre. Les œuvres doivent être à la portée de tous et pas seulement d’une élite. Ils mettent en avant des productions proches des spectateurs, comme nous allons le voir. Mais Jeff Koons est surtout l’artiste qui aura permis une affirmation du kitsch au sein de l’art. Le kitsch a une définition très large et est généralement associé aux questions du bon goût et du mauvais goût. Les principaux traits de caractère du kitsch sont sa sentimentalité excessive, sa banalité et un rapport à l’irréel ou au monde des rêves. Plus largement, le kitsch concerne les objets populaires ou démodés.

L’enfance dans l’œuvre de Jeff Koons

Les œuvres de Koons rappellent les cartoons et plus généralement l’industrie de l’enfance, c’est-à-dire les jouets, les peluches et les souvenirs qu’ils peuvent ramener de certains lieux. Néanmoins, même si ces œuvres peuvent plaire aux enfants, elles ne leur sont pas destinées. En effet, le public visé est un public adulte, et l’artiste cherche à atteindre les souvenirs, les sentiments et les émotions de ces derniers.
Les productions de Koons sont généralement des animaux qui caractérisent son œuvre. Les statues peuvent être monumentales, comme Puppy, ou plus petites, comme Rabbit, mais elles sont toujours douces, avec beaucoup de rondeurs, calmes et lisses. On peut les opposer aux machines zoomorphes de l’artiste Jean Tinguely qui sont brutales et menaçantes.

Puppy

Jeff Koons, Puppy, 1992, acier inoxydable terreau et plantes, 12.4m, musée Guggenheim, Bilbao.

Hippopotamus

Jean Tinguely, Hippopotamus, 1991, goudronneuse sur roues, ferraille, pièces de moto, tuyaux, crâne d’hippopotame, 200 x 310 x 200cm.

Les créations de l’artiste ont un rapport à l’enfance de par bien des aspects.
Premièrement, avec la représentation d’animaux, animaux qui sont tout particulièrement affectionnés lors de cette période. Il est courant que l’enfant demande un animal de compagnie tel qu’un lapin ou un chien ; c’est pourquoi l’artiste crée Rabbit ou les nombreux Balloon Dog qui suscitent chez les spectateurs adultes une nostalgie. Ces sculptures leur rappellent les sentiments de leur enfance, qui ne connaît pas les tracas de la vie d’adulte, tels que la valeur des choses ou le fait d’être irréprochable : un enfant sera plus facilement pardonné pour un manque de politesse ou une bêtise. Cette insouciance perdue, l’adulte aimerait pouvoir la retrouver.

Balloon Dog

L’un des Balloon Dog présenté durant l’exposition de Versailles.

Ensuite, viennent la matière et la couleur des œuvres ; elles font aussi partie de cette volonté de retrouver ses souvenirs et ses émotions d’avant. Les couleurs vives et unies sont en effet les caractéristiques des dessins : les enfants auront tendance à ne pas les nuancer. Le blond se limitera au jaune vif ou, pour reprendre les œuvres de Koons, le pelage d’un chien blanc ne sera pas colorié. Ils laisseront une réserve dans leur dessin comme certains artistes le font dans leurs tableaux. Il en va de même pour les Balloon Dog aux couleurs très éloignées de la réalité comme le rouge ou le violet. Un enfant ne sera pas gêné de représenter un canidé avec une telle couleur. Ces teintes font aussi référence aux ballons eux-mêmes qui sont tout aussi colorés.
Troisièmement, si les animaux-ballons sont représentés comme cela et non de manière réaliste, c’est parce que l’on peut en trouver lors des fêtes foraines ou des foires. Encore une fois, c’est un lieu qu’apprécient les enfants et c’est tout à fait le genre d’objets souvenirs qu’ils peuvent ramener chez eux. Ces animaux-ballons sont importants pour eux qui les perçoivent comme des objets difficiles à réaliser. Il est probable que les adultes qui contemplent ces œuvres en aient déjà eus entre les mains lors de leur enfance et Koons cherche à leur faire ressentir les mêmes sentiments qu’à ce moment-là. Il en va de même pour les animaux représentés avec des formes de peluche ; cette imitation vise encore une fois à rappeler les peluches que les spectateurs pouvaient avoir pour dormir quand ils étaient beaucoup plus jeunes. Ces souvenirs sont souvent chargés en émotion, car les enfants s’attachent et ressentent des sentiments tels que l’amour.
Enfin, le dernier élément est la surface brillante des statues. Dans un premier temps, elle peut, de loin, donner l’illusion de transparence comme les animaux ballons réels. Les reflets peuvent effectivement faire croire qu’on voit ce qui se trouve au delà de la statue, mais cette dernière est en fait opaque. De près, c’est encore une fois une référence à l’enfance avec l’activité des miroirs déformants présents dans les fêtes foraines et ce qui peut être communément appelé les « palais du rire ». Les surfaces irrégulières font prendre des formes improbables aux reflets des enfants qui sont fascinés par les images déformées, mais aussi par le fait que ces déformations sont inoffensives pour eux. Les adultes se plongent encore dans ses souvenirs et dans le même temps, contemplent son reflet actuel sur la surface polie de la statue.
Tous ces éléments en rapport à l’enfance répondent aussi à la définition donnée du kitsch. Le public est entraîné dans une foule de souvenirs et d’émotions passées, en regardant la sculpture d’un objet banal. L’irréalité correspond aux couleurs, à la taille et, dans le cas des sculptures polies, aux reflets improbables.

Le désenchantement après l’enfance

Les œuvres de Koons ne se limitent pas à l’enfance mais évoquent aussi le désenchantement qui se produit après celle-ci. Rabbit, qui peut être perçu comme une œuvre évoquant l’enfance au travers de son caractère innocent et son rappel à la fête de Pâques, peut prendre d’autres significations tout à fait différentes. En effet, le lapin est aussi le symbole de la fertilité et évoque donc la sexualité. « Je pense qu’une des raisons qui font de Rabbit une œuvre emblématique, une pièce populaire, est d’être un vrai caméléon. On peut le regarder et penser à la Résurrection pascale, on peut le regarder et penser au lapin de Playboy, on peut aussi regarder et trouver que la carotte ressemble à un microphone et penser à un orateur, un prédicateur. C’est donc un vrai caméléon. Les œuvres doivent être des caméléons pour devenir emblématiques ou archétypales, car il est indispensable qu’elles ne cessent d’évoluer, de se transformer et de répondre aux besoins du spectateur. » (Citation de Koons). L’œuvre, qui est d’abord perçue comme légère, devient alors lourde.

Rabbit

Rabbit, 1986, acier inoxydable, 104.1 x 48.3 x 30.5cm.

Ce n’est pas la seule œuvre de Koons qui fait référence au désenchantement. La statue en porcelaine de Pink panther illustre aussi très bien cette période de la vie. Le personnage tiré du dessin animé de Fritz Freleng enlace une blonde voluptueuse avec une attitude hésitante et surprise : la panthère n’ose la prendre dans ses bras que d’une patte et son visage est inexpressif. La blonde, à l’inverse, est à moitié nue, se cachant à peine, bien maquillée et bien en chair. Le contraste entre les deux personnages est saisissant et presque dérangeant.

Pink Panther

Pink panther, 1988, porcelaine, 104.1 x 52.1 x 48.3cm.

Koons cherche aussi à nous montrer combien les animaux de dessins animés sont de gentils compagnons alors que dans la réalité, ils ont un tout autre caractère. L’écart entre ce qui est montré à l’enfant et ce qui est réellement, appuie encore le fait que passé un certain âge, le monde perd de sa magie.
On peut également citer Bear and the policeman qui est une œuvre représentant un ours habillé, avec une attitude totalement opposée à celle d’un animal. Le policier est le représentant de l’ordre au sein de la société tandis que l’ours est un symbole de la nature sauvage. Dans la nature, voir un ours dressé sur ses pattes arrière est le signe d’une attaque tandis qu’ici, c’est une manière de l’humaniser.

Bear and the policeman

Bear and the policeman, 1988, bois polychrome, 215.9 x 109.2 x 94cm.

Le parcours artistique de Jeff Koons

Jeff Koons est depuis toujours baigné dans le monde de l’art avec son père qui est décorateur d’intérieur. A l’âge de 17 ans, il suit des étude à l’Institut des Beaux-Arts du Maryland à Baltimore. Durant ses études, son professeur et ami Ed Paschke l’initie au ready-made ; il comprend alors que « c’est à l’artiste de réorganiser les choses, de les mettre ensemble comme en un nouveau composé chimique ». Pour gagner sa vie, à l’âge de 21 ans, il devient trader à la bourse de New York. Il le reste pendant 10 ans mais loin de perdre de vue son ambition de devenir artiste, il réalise ses premières expositions dans le même temps.

« The New » est une série d’objets exposée au musée d’art contemporain de New York. Jeff Koons est, au début de son parcours, très proche du ready-made. Il expose notamment des aspirateurs neufs enfermés dans des vitrines et éclairés par des néons. On comprend déjà son goût pour les produits de consommation qui sont ici exposés comme s’ils étaient dans la vitrine d’un magasin.

New Hoover Deluxe Shampoo Polishers, New Shelton Wet Dry 5-Gallon Displaced Quadra Decker

New Hoover Deluxe Shampoo Polishers, New Shelton Wet/Dry 5-Gallon Displaced Quadra Decker, 1981, aspirateurs, plexiglas, lumières fluorescentes, 294.6 x 137.2 x 71.1cm.

Ensuite vient la série « Equilibrium », exposée à l’ « International With Monument Gallery » de New York. A l’aide du Dr. Richard Feynman, qui a reçu un prix Nobel de physique, il parvient à faire tenir des ballons de basket en suspension dans l’eau. Dans cette exposition, il mettra tout en rapport au basket-ball, aussi bien la religion que la politique, en présentant une série de posters.

Three Ball Total Equilibrium

Three Ball Total Equilibrium, 1985, verre, acier, eau déminéralisée, trois ballons de basket, 153.7 x 123.8 x 33.7cm

En évoluant au travers de plusieurs expositions proches du ready-made, il s’intéresse aux évolutions de la société et aux produits de consommation. Cela le conduira en 1987, à l’âge de 32 ans, à arrêter les ready-made pour quelque temps.

L’année suivante vient l’exposition « Banality Show » dans laquelle Koons utilise sa propre image et notamment des photos de magazines. Il dira à ce sujet : « Dans Art, j’étais assis flanqué de deux phoques, je me proclamais leader du monde de l’art. Dans Flash Art, c’était une autre photo, où je figure avec des cochons, pour me représenter moi-même comme un cochon. Je préférais le dire moi-même avant que quelqu’un d’autre le fasse. C’est une forme d’exercice du pouvoir. » Dans cette exposition, Koons souhaite toucher le public en exposant des objets ordinaires et populaires. Il reprendra le visage de stars, des figures de bandes dessinées ainsi que des jouets. La finalité de l’exposition est de prouver au public que chaque histoire est parfaite à sa façon. « Je voulais qu’ils retrouvent la joie entière de l’enfant qui expérimente les couleurs, le bleu, le rose. Qu’ils oublient la culpabilité de la masturbation. Le spectateur a honte de sa propre histoire et l’enjeu était de l’en débarrasser. Car l’histoire de chacun est parfaite. » Par le titre, on comprend que même si l’artiste ne souhaite plus faire de ready-made, il reste proche des produits de consommation.

Wild boy and puppy

Wild boy and puppy, 1988, porcelaine, 96.5 x 100.3 x 59.7cm

En 1991 viendra l’exposition « Made in heaven » dans laquelle on retrouvera plusieurs sculptures en rapport à la sexualité. La même année, Jeff Koons épouse Ilona Staller (dîtes Cicciolina), une actrice pornographique, mais également politicienne avec qui il aura un enfant. Le couple, en plus des sculptures, se fait photographier durant des rapports sexuels. Les clichés sont agrandis et affichés sur des murs entiers, il est impossible de ne pas les voir. L’artiste cherche à frapper le public pour lui faire comprendre qu’il n’a pas à culpabiliser ou à avoir honte de tels actes. Le mariage avec l’actrice ne durera pas et ils se sépareront après un an de mariage. Koons ne supportera pas qu’elle emmène leur fils avec elle en Italie, il détruira alors certaines des œuvres de « Made in heaven ».

Violet - Ice (Kama Sutra)

Violet – Ice (Kama Sutra), 1991, verre, 33 x 71.1 x 43.2cm

En 2003, c’est l’exposition « Popeye » qui fera parler d’elle. L’idée de cette série part de la vision d’une branche d’un arbre poussant au travers d’un grillage. La confrontation du vivant et de l’inerte donne une idée à l’artiste qui va confronter des animaux gonflables symbolisant le vivant avec des objets utilitaires. De tels assemblages rappellent à la fois des ready-made et le surréalisme. Les animaux gonflables sont aussi la représentation du désir au sein de la société de consommation tandis qu’à l’inverse, les objets inertes sont nécessaires comme les poubelles ou les escabeaux. Ce sont deux côtés opposés qui sont mis en contact.

Seal Walrus Trashcans

Seal Walrus Trashcans, 2003, aluminium polychromé, poubelles, animaux gonflables, 170.2 x 76.2 x 91.4cm

En 2008, Jeff Koons réalisera une exposition au château de Versailles en reprenant des œuvres de plusieurs expositions, mais aucune de « Made in heaven ». Il exposera notamment Lobster, issu de « Popeye », dans le salon de Mars à la place d’un lustre. Cette exposition sera très controversée du fait du décalage entre les œuvres contemporaines et le cadre. On peut avoir une impression d’anachronisme en apercevant la panthère rose au milieu d’une des salles du château. Après avoir regardé de plus près l’ensemble, on se rend compte de quelques points communs entre les œuvres de Koons et le château de Versailles. Premièrement, le goût du gigantisme : en effet, les statues de Koons sont parfois monumentales tout comme Versailles, construit pour impressionner. On retrouve aussi un goût prononcé pour les matériaux précieux (or, argent, marbre, porcelaine, etc.) que l’on retrouve à la fois chez l’artiste et dans le château. Le goût du clinquant est aussi très prononcé chez l’un et l’autre.

Lobster

Lobster, 2003, aluminium polychromé et chaîne d’acier, 246.4 x 47.9 x 94cm

C’est dans les jardins de l’Orangerie que l’on trouvera Split Rocker, une formidable sculpture végétale nécessitant presque cent mille fleurs. La sculpture mi-poney, mi-dinosaure choquera moins que les œuvres exposées à l’intérieur du château. De deux jouets symbolisant l’enfance, l’artiste crée une sculpture monumentale en collant la moitié de deux têtes ensemble. Volontairement, les deux ne s’emboîtent pas et la structure d’aluminium est visible par endroit. Pour encore accentuer la différence entre les deux visages, les couleurs des fleurs sont différentes. « Split » veut effectivement dire « séparé ». Les deux objets inanimés deviennent une chimère qui prend vie au travers de milliers de fleurs. Au sujet de Split Rocker, Jeff Koons dira : « J’ai toujours été fasciné par Louis XIV. […] En créant une œuvre comme Split Rocker, je me suis imaginé Louis XIV se levant un matin à Versailles et, regardant par la fenêtre, faire le souhait suivant: « Aujourd’hui, j’aimerais voir une sculpture d’une douzaine de mètres de haut, faite de 90 000 fleurs fraîches, et qu’elle soit réalisée avant la tombée du jour. » »

Split-Rocker

Split-Rocker, (2000) 2008, acier inoxydable, système d’irrigation interne et fleurs, 1120 x 1180 x 1082cm

Jeff Koons est un plasticien qui touche à tous types d’art au travers de son parcours : la sculpture, la photographie, la création infographique, les installations et la peinture. En ce sens, on dit de lui que c’est un artiste assez hétérogène, mais il assume parfaitement sa mosaïque d’art. Il ne réalise pas ses œuvres lui-même, mais supervise leur création.

Analyse d’une œuvre : Michael Jackson and Bubbles

Michael Jackson and Bubbles

Michael Jackson and Bubbles, 1988, porcelaine, 106.7 x 179.1 x 82.6 cm

Michael Jackson and Bubbles est une œuvre présentée dans l’exposition Banality en 1988 à New York, Chicago et Cologne. Dans ces expositions, on retrouve des sculptures en bois et en porcelaine représentant une icône de la pop : Michael Jackson. Mais on y voir également des sculptures en rapport à la bande dessinée. C’est dans cette exposition que l’on trouvera Pink panther et Bear and the policeman dont j’ai parlé précédemment.

La sculpture de Michael Jackson and Bubbles est en porcelaine et a été réalisée par des artistes italiens. A propos du matériau, l’artiste dit : « Dans les œuvres en porcelaine, je voulais faire apparaître la sensualité du matériau. La porcelaine est un matériau créé pour les besoins des monarques et fabriqué dans leur four. Elle s’est bien sûr complètement démocratisée au cours des siècles, tout en demeurant un matériau qui n’a de cesse de répondre encore et toujours aux besoins d’un monarque. C’est de façon intrinsèque une force dynamique, le sentiment qu’un simple matériau nous permet de gravir l’échelle sociale. ». La statue est inspirée d’une photo dédicacée sur laquelle la pop star tient sur ses genoux Bubbles, son chimpanzé domestique.

Cette œuvre sera exposée à Versailles. On retrouve dans cette sculpture les tons or et ivoire en accord avec Versailles qui arbore ces mêmes couleurs. L’environnement et le personnage représenté peut à première vue créer une impression de décalage, voire d’anachronisme, mais on peut trouver des points communs, comme dit précédemment : matériaux précieux, couleur vive avec l’or, besoin de se faire remarquer. Ici, ce dernier point n’est pas par rapport au gigantisme de l’œuvre mais plutôt par rapport à la position et à l’animal domestique, qui sont atypiques. Michael Jackson est figé dans tout son emblème de pop star.

On note un caractère plus vrai que nature avec des lèvres rouge vif et des yeux d’un noir très intense qui sont les seules touches de couleur à part le blanc et le doré qui constituent les vêtements, les cheveux et tout le corps en général. L’attention du spectateur est rapidement portée sur le regard de la star et du singe à cause de l’hyperréalisme causé par les couleurs.
On peut également mentionner le chimpanzé qui est humanisé comme l’ours de Bear and the policeman en portant les mêmes vêtements que Michael Jackson.
Contrairement aux chiens en ballon, la sculpture est ici réaliste, voir hyperréaliste, mais on retrouve l’aspect lisse et brillant. Le culte de la célébrité est mis en évidence par l’apparence idéalisée de la star, ce qui est d’autant plus accentué par le fait qu’il repose sur un tapis de fleur.

Michael Jackson and Bubbles (détail)

Michael Jackson and Bubbles (détail)

On peut comparer cette œuvre au tableau d’Andy Warhol de Marilyn Monroe, qui elle aussi est immortalisée dans son image de star. Par cet aspect du culte de la célébrité, qui est une partie importante du pop art, on voit bien pourquoi Koons appartient au néo-pop. On retrouve dans cette œuvre les aspects à la fois du kitsch et du style rococo. Ce style s’apparente à l’art baroque et se caractérise par des lignes courbes et des volutes, parfois asymétriques, qui rappellent aussi bien des coquillages, qu’un feuillage ou que des fleurs. On voit dans l’œuvre de Koons des fleurs et quelques boucles sur les vêtements. Les couleurs blanche, ivoire et dorée sont extrêmement présentes et c’est une des plus grandes caractéristiques du style rococo. Enfin, on retrouve dans ce style beaucoup de figures en porcelaine, le matériel même dans lequel est fait Michael Jackson and Bubbles.
Dans un entretien, Jeff Koons parlera même d’une référence à l’Égypte et aux pyramides de Gizeh. En effet, il évoque la structure pyramidale de sa sculpture avec notamment la ligne blanche sur la jambe de Michael Jackson. L’artiste évoquera ensuite Toutankhamon et Néfertiti qui étaient respectivement pharaon et épouse royale. Le sarcophage du pharaon rappelle les dorures de la sculpture de la pop star. Les yeux et la bouche des figures de Koons évoquent un portrait de Néfertiti où elle a le contour des yeux noir. Plus largement, les yeux dans l’antiquité égyptienne étaient représentés ainsi. Ces références visent aussi à mettre la pop star au même rang qu’un pharaon.

Michael Jackson and Bubbles

Rouge : Pyramides de Gizeh.
Bleu : Structure pyramidale de la sculpture.

Jeff Koons dira à propos de cette œuvre : « J’ai fait ce que les Beatles auraient fait s’ils avaient été sculpteurs. »

Jeff Koons est un artiste varié qui n’hésite pas à changer de matériaux et de supports. Son principal objectif est de toucher un large public et pas seulement une élite qui détiendrait les clefs pour comprendre ses œuvres. Il n’est pas possible de classer cet artiste dans un seul mouvement, il se rapproche de plusieurs d’entre eux ce qui fait de son art, un art par mention. Néanmoins, le trait de caractère récurrent de toutes ses œuvres est le kitsch que l’on peut trouver par différents aspects : sentimentalité, banalité, irréalité.

Sources :

Arrault Valérie, L’ empire du kitsch, Paris : Klincksieck, 2010, 299 p.
Barral Xavier sous la direction de., Jeff Koons Versailles, Paris : Ed. X. Barral, 2008, 192 p.

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3 réflexions sur “Jeff Koons”

  1. Je ne suis pas une passionnée d’art, mais je dois avouer que j’ai trouvé cet article très intéressant! Un artiste que je ne connaissais pas (j’avais vu quelques images de l’expo a Versailles, en particulier Lobster) et j’ai beaucoup aimé l’article qui nous plonge dans cet univers, nous l’explique, nous aide à le comprendre! Je trouve en particulier très intéressante l’analyse d’une oeuvre.

     
  2. Tiens, ça me rappelle quelque chose cet artiste … Même sans avoir lu l’auteur, je savais de qui était cet article ^^
    Je ne connaissais pas toutes les œuvres de cet artiste, ne connaissant que la statuette violet et Michael Jackson and Bubbles 😉
    J’aime beaucoup ce que fait cet article, c’est très intéressant.
    L’analyse de l’œuvre est aussi très intéressante (je ne pensais pas qu’il y en avait autant à dire sur cette œuvre !!!)

     
  3. Merci à vous deux pour vos commentaires !
    Effectivement il y a beaucoup à dire sur les œuvres de Koons (d’où l’analyse d’œuvre assez longue) notamment parce que son art est un art par mention. Et puis je trouve que ça « applique » ce qui a été dit au dessus à quelque chose de concret ! =)

     

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