Le 1er avril

En ce dimanche premier avril, quoi de plus logique que de parler de la tradition du poisson d’avril, qui trouve son origine en France, en 1564, sous le règne de Charles IX ? Eh bien, ne pas en parler. En effet, ce jour ne se résume pas à cette fête ; il s’est passé dans l’Histoire et il se passe encore aujourd’hui bien des choses, le 1er avril.

Abordons d’abord une trouvaille bien sympathique, faite dans un journal en ligne québécois : la Journée internationale des livres comestibles. Oui oui, vous avez bien lu, des LIVRES comestibles. Cet événement a même un site officiel et un groupe Facebook ! Ce festival international (qui s’est déjà tenu entre autre en Australie, au Canada, en Chine, en Italie et même en Inde) se veut « être une occasion de réflexion sur les saveurs et les savoirs ». L’idée est celle de Judith A. Hoffberg qui, en 1999, alors qu’elle partageait son dîner de Thanksgiving avec des artistes, a décidé de créer des livres comestibles. Pour participer, les règles sont simples : toute personne intéressée s’inscrit auprès de l’organisation du festival, choisit une date la plus proche possible du 1er avril – ou mieux, le 1er avril lui-même, et doit créer un / des livre(s) mangeable(s) qui ressemble vraiment à un livre. Vous trouverez ici une galerie de photos des œuvres culinaires des éditions précédentes.

Pour en revenir à une culture plus classique, le 1er avril est aussi la date de naissance d’un grand écrivain français : Edmond Rostand. Il est né le 1er avril 1868, à Marseille, sous le second Empire. Homme de lettres, il est principalement connu pour sa pièce Cyrano de Bergerac, comédie héroïque en vers écrite et créée au théâtre en 1897. Élu à l’Académie Française en 1901, au 31e fauteuil, il ne manque cependant pas d’humour : Edmond Rostand a créé, en 1888, le « Club des natifs du Premier Avril », dont les statuts disposent que ses membres « jouiront à vie du privilège d’entrer gratuitement dans tous les établissements publics, théâtres, champs de course et maisons closes (oui, ce n’était pas encore interdit !), de pouvoir rire aux enterrements afin de les rendre moins sinistres, de bénéficier à leur naissance du parrainage du chef de l’État et, en outre, de se voir attribuer un appartement de fonction dans un des palais nationaux, résidence pourvue de tout le confort souhaitable et d’une domesticité jeune, accorte, et complaisante » (voyez la délicatesse de l’affirmation !).

Côté huitième art, le 1er avril a été le jour du décès d’un grand photographe, Robert Doisneau, en 1994. Né en 1912, Doisneau a étudié les arts graphiques et il a obtenu un diplôme de graveur et lithographe en 1929. En 1930, il devenait photographe publicitaire ; il ne devient indépendant que peu avant la seconde guerre mondiale, commençant réellement à travailler en tant que photographe indépendant après la Libération. Lauréat de nombreux prix (prix Kodak en 1947, prix Niepce en 1956, Grand prix national de la photographie en 1983, prix Balzac en 1986), il est l’un des photographes français les plus connus à l’étranger et il a marqué les esprits avec des clichés tels que Le baiser de l’Hôtel de ville. Retrouvez ici son portfolio officiel, classé par thèmes. Et attardez-vous sur le thème Danse, thème que j’ai trouvé particulièrement touchant.

Plus récemment, le 1er avril a vu la création d’un territoire, le Nunavut, en 1999. Il s’agit du plus grand territoire Canadien (plus de 2 millions de km²) ; la langue qui y est parlée est l’Inuktitut, langue des Inuits. Ses frontières ont été tracées dès 1993, mais il a fallu attendre la Loi sur le Nunavut, en 1999, pour que la zone devienne un territoire distinct. Nunavut signifie « notre Terre » en Inuktitut.
Iqaluit est la capitale du Nunavut : plus grande ville du territoire, elle accueille… 6200 habitants. En effet, ce territoire est très peu peuplé : avec une densité de population de 0,015 habitants au km², il abrite deux fois moins d’habitants que… le Groenland, pour une superficie équivalente ! On estime que la population totale du territoire est de seulement 31500 habitants. Le Nunavut possède un gouvernement local ainsi qu’une assemblée législative, comme les autres territoires canadiens. Vous trouverez ici, grâce à l’université de Laval, une synthèse très intéressante sur ce territoire méconnu.

Le 1er avril 2010 a été votée en Inde une loi symboliquement très importante, rendant obligatoire et gratuite la scolarisation de tous les enfants âgés de 6 à 14 ans dans des classes constituées au maximum de 30 élèves (information relayée par Le Figaro du 28 avril 2010). Cette loi oblige également les écoles privées, actuellement très sélectives, à accueillir parmi leurs élèves 25% d’enfants pauvres. Elle fait suite à une autre loi, le Child Labour Act, visant à interdire le travail des enfants sur l’ensemble du territoire. Cette première loi, malheureusement restée en grande partie lettre morte, est nécessaire à l’application de la seconde ; on estime en effet que 70 à 80 millions d’enfants ne sont pas scolarisés en Inde, dont beaucoup sont en réalité contraints à travailler pour nourrir leur famille.
Le premier ministre Manmohan Singh a déclaré lors du vote de cette loi : « Notre gouvernement vient devant vous pour prendre l’engagement de donner à tous nos enfants le droit à une éducation élémentaire. […] Je suis ce que je suis aujourd’hui grâce à l’éducation. Je veux que chaque enfant indien, fille et garçon, soit tout aussi touché par la lumière de l’éducation. Je veux que chaque Indien rêve d’un avenir meilleur et vive ce rêve ». Reste à savoir si ce vœu pieux, très coûteux à la fois pour le gouvernement (3 milliards d’euros) et pour les familles (qui perdront une source de revenu) pourra être réalisé. Retrouvez une publication de l’Unicef à ce sujet ici.

Ne cherchez pas de poisson d’avril, je n’en ai pas glissé dans cet article, c’est promis !

Snøball

Source :

gipsye.centerblog.net sur centerblog