« Les antibiotiques, c’est pas automatique ! » Ces médicaments ne s’utilisent que dans le cas d’une infection bactérienne et pas pour une infection virale. Mais pourquoi ? Les deux nous rendent malades, alors quelle est la différence ? Et pourquoi les antibiotiques ne nous affectent-ils pas ?
Des cellules différentes ?
Toutes les cellules ne sont pas les mêmes ? Eh bien non ! Les cellules des animaux ne sont pas les mêmes que celles des plantes qui ne sont pas les mêmes que celles des bactéries.
Mais comment peut-on définir une cellule si elles sont toutes différentes ?
Les cellules sont la plus petite unité d’un organisme. Il existe d’ailleurs des organismes constitués d’une seule cellule, et ils sont dits unicellulaires, c’est le cas des bactéries. À l’inverse, certains organismes sont constitués de plusieurs cellules et sont dits pluricellulaires, comme c’est le cas de notre corps.
Une cellule est délimitée par une membrane plasmique lipidique et elle contient l’information génétique sous forme d’ADN. Le contenu de toute cellule est appelé cytoplasme* et contient de nombreuses enzymes* ainsi que d’autres protéines dissoutes, utiles pour la vie de la cellule.
Afin d’être définie comme une cellule, celle-ci doit contenir tout le système métabolique* et les éléments de synthèse* nécessaires à une multiplication autonome.
Et les éléments qui diffèrent ?
Tout d’abord, nous pouvons distinguer deux grands types de cellules :
- Les cellules eucaryotes, c’est-à-dire avec un noyau vrai. L’ADN est donc entouré d’une membrane nucléaire.
- Les cellules procaryotes, c’est-à-dire sans noyau vrai. Dans ce cas l’ADN est libre dans la cellule.
La présence ou l’absence de ce noyau est donc un élément essentiel. Les cellules eucaryotes sont généralement plus complexes que les cellules procaryotes, elles contiennent souvent de nombreux organites cellulaires* telles que les mitochondries*.
La cellule bactérienne se caractérise par la présence d’une paroi, à l’extérieur de la membrane plasmique, qui entoure la cellule. Les cellules animales en sont dépourvues.
La taille des cellules est aussi très variable. Les cellules animales font 10 à 100µm (micromètres) tandis que les cellules bactériennes font généralement 1 à 10µm.
1µm correspond à 0,001 mm, c’est donc tout petit! Il faut utiliser un microscope pour observer ces cellules.
Et le virus dans tout ça ?
Eh bien les virus ne sont pas des cellules ! En effet, comme cela a été dit plus haut, afin d’être définie comme une cellule, il est nécessaire que l’entité contienne les éléments nécessaires à une synthèse autonome, et ça n’est pas le cas des virus ! Il existe même un débat actuellement pour savoir si les virus peuvent être considérés comme des organismes vivants ou pas.
Donc les virus ne sont pas des cellules ? Mais que sont-ils ? Ils n’ont pas de membrane, d’ADN, d’organites ? Non, les virus n’ont pas toujours tous ces éléments, ils sont caractérisés par deux choses :
- La présence d’un génome, mais contrairement aux cellules présentées précédemment, celui-ci peut être d’ADN ou d’ARN*; cette caractéristique n’existe que chez les virus ! Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est, par exemple, un virus à ARN.
- La présence d’une capside qui protège le génome et est constituée de protéines
Les virus sont donc dépendants de la cellule infectée pour se multiplier, car ils ne contiennent pas tous les éléments nécessaires pour être autonomes.
Et l’antibiotique n’attaque que les bactéries, pourquoi ?
Cibles des antibiotiques
Question plus compliquée ! Si l’antibiotique n’agit que sur les bactéries, c’est parce que ses cibles sont spécifiques des bactéries. Les cibles des antibiotiques sont les endroits de la cellule sur lequel l’antibiotique va avoir une action. Ces cibles sont variables : synthèse de la paroi, synthèse de la membrane plasmique, réplication ou réparation de l’ADN, transcription de l’ADN, synthèse protéique… Voici deux exemples:
Certains antibiotiques bloquent la formation de la paroi bactérienne. En effet, sa composition est propre aux bactéries, on ne la retrouve pas dans les cellules eucaryotes, qu’elles soient animales ou végétales. C’est donc une cible de choix pour les antibiotiques. Les pénicillines font partie de ces antibiotiques qui inhibent la synthèse de la paroi bactérienne.
D’autres antibiotiques empêchent la synthèse des protéines (appelée traduction). En effet, la synthèse de protéine se fait grâce à des ribosomes, et ils sont différents chez les eucaryotes et les procaryotes, c’est pourquoi ils peuvent être utilisés comme cible d’antibiotiques. Vous avez peut être déjà entendu parler de tétracyclines ? Eh bien ce sont des antibiotiques qui ont ce mode d’action.
Mais si les antibiotiques n’agissent que sur les bactéries, qu’est-ce que ça fait si on les utilise lors d’une infection virale, ils n’agiront pas sur nous de toute façon…
En effet, de par leur nature, les antibiotiques ne peuvent agir que sur les bactéries, donc ils n’auront pas d’effet direct sur nous. Mais notre corps est rempli de bactéries, dont certaines sont inoffensives (et même importantes pour notre santé) alors que d’autres sont pathogènes mais en nombre trop faible pour provoquer une maladie. Alors que font les antibiotiques?
Ces derniers ont des effets variables suivant les bactéries : certaines seront sensibles et donc tuées par l’antibiotique; d’autres seront tolérantes, elles ne se développeront alors pas mais resteront dans l’organisme; finalement certaines bactéries seront résistantes et ne seront pas affectées.
Si le médicament est mal utilisé (pas assez longtemps, pas lors d’une infection…), il risque de sélectionner des bactéries tolérantes ou résistantes qui pourront à nouveau proliférer de façon plus importante à la fin du traitement : ces bactéries provoqueront une infection plus importante sur laquelle les antibiotiques n’auront pas d’effet, car les bactéries sélectionnées sont résistantes ou tolérantes.
Nous pouvons aussi souligner que les bactéries sont capables de s’échanger certains gènes. Si des bactéries non nuisibles présentes dans l’organisme sont trop exposées à des antibiotiques, elles risquent de développer des gènes de résistance. Ces gènes pourront être transmis à d’autres bactéries, pathogènes celles-là, et provoquer de graves problèmes de santé!
Les bactéries provoquent-elles toujours des maladies?
Vous avez déjà entendu parler de la théorie endosymbiotique ? Il s’agit d’une théorie qui dit que les mitochondries et les chloroplastes* sont en fait des cellules procaryotes (comme des bactéries) qui auraient été intégrées à la cellule eucaryote !
Comme quoi on peut vivre en harmonie avec des procaryotes ! Je dirais même plus : nous avons besoin des bactéries. Un grand nombre de bactéries sont présentes dans notre système digestif et elles sont très importantes pour notre système immunitaire, car elles empêchent de nombreux microorganismes pathogènes d’entrer dans notre corps ! Plus généralement, toutes les bactéries qui vivent au contact de nos tissus sans provoquer de maladie sont dites commensales.
Les bactéries aussi peuvent être malades !
Eh oui, les virus peuvent aussi infecter les bactéries. Ces virus s’appellent les bactériophages ou plus simplement phage. Ils ont une forme caractéristique et sont donc facilement identifiables :
- Une tête à symétrie icosaédrique (géométrie à 20 faces) contenant l’ADN
- Une queue hélicoïdale pour la fixation à la cellule à infecter
Ces virus peuvent servir d’arme contre les bactéries lors d’une infection. Certains pays pratiquent donc la « phagothérapie », c’est-à-dire l’utilisation de phages pour lutter contre une infection bactérienne.
Lexique :
Cytoplasme : substance dans laquelle se trouvent les organites de la cellule.
Enzyme : protéine ayant la propriété de catalyser une réaction biochimique, c’est à dire augmenter la vitesse de cette réaction.
Système métabolique : ensemble de molécules nécessaires à la transformation de la matière (notamment les nutriments dans la nourriture) en énergie.
Éléments de synthèse : toutes les molécules de base utilisées pour la production de l’ADN, des protéines, des lipides…
Organites cellulaires : petites structures spécialisées présentes dans le cytoplasme de la cellule.
Mitochondries : organites cellulaires contenues dans les cellules animales et qui ont un rôle dans la respiration cellulaire, ce dernier étant le processus au cours duquel elle se sert de l’oxygène pour créer de l’énergie.
ARN (Acide RiboNucléique) : molécule de structure analogue à celle de l’ADN (Acide Desoxyribo Nucléique), ayant en particulier un rôle d’intermédiaire entre l’ADN (à partir duquel il est produit) et les protéines (dont il permet la synthèse).
Chloroplastes : organites cellulaires contenus dans les cellules végétales et qui ont un rôle dans la photosynthèse afin de créer de l’énergie pour la cellule.
Ursuline
Sources :
http://sciencetonnante.wordpress.com/2011/06/13/les–mitochondries–des–aliens–dans–nos–cellules/
Cours L2 biochimie UCBL
http://publications.gc.ca/Collection–R/LoPBdP/BP/prb9910-f.htm
Ooooh, des rappels des cours d’immuno ^^ L’article est très bien, très complet, et très agréable à lire 🙂
(juste un petit soucis avec la légende de la première image : elles sont décalées 🙁 )
En parlant d’images, la 5ème image … « eukaryotes ». Erreur d’orthographe, erreur de traduction ou pas d’erreur du tout ? J’ai toujours écrit « eucaryotes » personnellement ^^
L’idée du lexique est très bonne 🙂
Mais il manque une petite conclusion selon moi, un petit truc humoristique ? Je ne sais pas, je trouve que ça s’arrête trop vite (perso’, je suis restée sur ma faim ! J’étais plongée dans l’article, et là je vois apparaître le lexique, je me suis dit « non pas déjà »).
C’est très bien expliqué, très bien rédigé 🙂 Bravo !
Punaise, j’ai galéré 10 minutes pour ajuster les légendes de la première image et ça le fait pas :'( Je vais essayer de régler ça ><' Pour le "eukaryote" oui, effectivement, en français on écrit eucaryotes, mais "eukaryote" c'est international comme orthographe ^ ^
Très bon article. C’est difficile de faire un « si petit article » sur un sujet si vaste, je suppose qu’il du être tentant de rajouter des petites choses, personnellement j’étais « et ça, ça on n’en parle pas ?? », mais je sais que c’est impossible de parler de tout :).
J’ai été très intéressée par la partie sur les antibiotiques, j’ai apprit quelques petites choses. Je sais enfin pourquoi prendre des antibiotiques n’importe comment les rend inefficace, c’est logique en plus ^^.
Sinon je rejoins Antivirus, l’article s’arrête trop brusque, il aurait fallu un petit quelque chose en plus.
En tout cas j’ai beaucoup aimé cet article et j’espère que d’autres du même genre paraitront par la suite ^^.
Je suis d’accord avec Pattenrond : j’aimerai bien en avoir d’autres du même genre 🙂
@ Nova : Merci, c’est réglé 🙂
et d’accord pour l’international (j’apprends des mots internationaux avec vous ^^ ). C’est juste que plus loin il y avait « procaryote » avec un « c » et le « eukaryote » avec un « k ».
(oui oui, je cesse de titiller 🙂 )
Merci pour vos commentaires ^^
Dans Anti, en effet « eukaryote » c’est l’orthographe international. C’était une image déjà légendée que j’ai trouvée et je n’y ai pas touché ^^ Pour l’autre légende décalée, merci d’avoir corrigé ça Nova!
C’est vrai qu’une conclusion manque, ça se termine un peu brusquement, je retiens pour s’il y a une prochaine fois :p Merci aux journalistes/RC/correctrices pour leur idée de lexique!
Et en effet Patt, c’est difficile de parler de tout donc j’ai essayer de limiter sans rester trop dans le flou, peut être qu’il sera complété par d’autres articles qui sait ^^
Merci pour vos commentaires en tout cas, ils me font très plaisir!