L’exploration du Pôle Nord

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« Le Pôle échappe à toute emprise. Il est la plus certaine réalisation du vide. Alors, que peut-on en dire ? Inconnu, il est cependant là, géographiquement flagrant, comme une Amérique dont on aurait su l’existence bien avant de la découvrir. Il détient des gammes de couleurs et des qualités de lumière qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Il soutient la rotation du globe et attire à lui les lignes de longitude comme un aimant. D’ailleurs, aimant, il l’est. Pour le fer comme pour l’enfer. Et pour quiconque désire se mesurer à l’absolu ».
[Emmanuel Hussenet, écrivain et explorateur polaire]

Cette semaine dans la Gazette, l’exploration du Pôle Nord (dans la prochaine Gazette, un second article vous attendra sur l’exploration du Pôle Sud).

Mais en fait, où est le Pôle Nord ?

Il ne faut pas confondre le Pôle Nord magnétique et le Pôle Nord géographique.
Le Pôle Nord magnétique, celui vers lequel pointent les aiguilles des boussoles, correspond au point central du champ magnétique terrestre. Le Pôle Nord géographique, quant à lui, est le point d’intersection de l’axe de rotation de la Terre et de la surface du globe. Il se situe au cœur de l’Océan Glacial Arctique, en profondeur sous la banquise.

Pôle

Apparaissent sur cette carte les pôles géographique et magnétique.

1893-1895, le FRAM, tentative manquée à 86°14′ Nord

FRAM

Le FRAM, bateau en photo, est une goélette à trois mâts. Les explorateurs Norvégiens Fridtjof Nansen & Fredrik Hjalmar Johansen l’ont utilisé entre 1893 et 1895 pour dériver dans les glaces de l’Océan Arctique, pensant atteindre le Pôle Nord. Nansen avait déduit d’un précédent échec (celui de l’USS Jeannette) qu’un bateau pris dans les glaces ne restait pas immobile, mais dérivait avec la banquise : la route du FRAM était donc prévue par rapport aux dérives connues de la glace. Grâce à 25 000 livres accordées par le gouvernement d’une Norvège en quête de reconnaissance internationale (la Norvège a gagné son indépendance en 1905, après une domination danoise puis suédoise de plusieurs siècles), Nansen parvient à faire construire un bateau, le fameux FRAM, spécialement conçu pour être porté par la glace sans être émietté par sa force phénoménale.
Le 24 Juin 1893, le bateau part de Bergen, sur la côte Ouest de la Norvège, pour progresser avant l’hiver dans l’Océan. À son bord, 34 chiens de traîneau et 12 hommes. Le navire suit le trajet de la carte ci-dessous pendant près de deux ans avant d’être bloqué en hiver dans les glaces, près du Pôle. Nansen décide à ce moment de continuer vers le Pôle en traîneau, pour ne pas risquer de s’éloigner de son but en laissant faire la dérive des glaces. Avec trois traîneaux, deux kayaks et 27 chiens (abattus au fur et à mesure de la progression pour pallier au manque de nourriture), il progressera jusqu’à 86°14′ Nord, à la plus faible distance du Pôle Nord jamais atteinte.

Le Pôle enfin atteint !

Je me permets de faire l’impasse sur les expéditions de Robert Peary et de Frederick Cook, qui auraient atteint le Pôle en 1908-1909. La véracité de la réussite n’était déjà pas une certitude à l’époque et a été infirmée par la suite. Pour les curieux, une explication très intéressante ici.

La première exploration scientifiquement attestée du Pôle Nord est celle de Roald Amundsen et Umberto Nobile, le 24 mai 1926 à 1h du matin.

Roald Amundsen, vainqueur du Pôle Sud, et Umberto Nobile, colonel de l’armée italienne, sont les premiers hommes à voir le Pôle Nord. Faisaient aussi partie de l’équipage : un journaliste, le mécène Lincoln Ellsworth, cinq italiens, un suédois et six norvégiens. Parti de Rome, l’équipage a d’abord fait une halte en Allemagne, puis attendu sur l’archipel du Spitzberg que les conditions météorologiques soient favorables à un départ vers le Pôle. Deux tentatives échouent, le 11 et le 15 mai. La bonne sera celle du 23. L’atterrissage final eut lieu en Alaska, deux jours et 5 300 kilomètres plus tard.

Il a fallu attendre le 6 avril 1969 pour voir un homme, Wally Herbert, atteindre le Pôle Nord sans autre moyen de transport que des chiens. Rien ne prédestinait cet anglais, qui avait vécu en Égypte et en Afrique du Sud, à cette carrière d’explorateur. Mais en 1955, travaillant pour l’opérateur britannique « Falkland Islands Dependencies Surveys », il se découvre une passion pour les chiens de traîneau, qu’il assouvira lors d’une traversée de 5 000 kilomètres en Antarctique. Il multiplie les études et expériences jusque 1969, année lors de laquelle il se lance dans sa plus grande aventure : rejoindre le Pôle Nord en traîneau, après un périple de 1 900 kilomètres.

Wally Herbert

Snøball

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