North Sentinel, l’île la plus dangereuse du monde

île de north sentinel
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Les beaux jours arrivent et avec eux l’envie de vacances, de soleil et de plages de sable blanc sur une île paradisiaque. Dans cet article, c’est d’une île beaucoup moins attrayante dont je vais vous parler : celle de North Sentinel, réputée comme étant l’île la plus dangereuse du monde.

Île de North Sentinel

île de north sentinel

L’île de North Sentinel est l’une des 361 îles de l’archipel Andaman, situé dans le golfe du Bengale, à l’est de l’Inde. Elle fait environ 47 km², c’est-à-dire approximativement la taille de la ville de Reims. North Sentinel est constituée d’une épaisse jungle en son cœur et d’une étroite plage sur ses bords. Plutôt isolée, l’île la plus proche est à environ 20 km.

L’île de North Sentinel est placée sous administration indienne et appartient plus particulièrement au territoire des îles Andaman-et-Nicobar. Cependant, malgré cette tutelle, les dirigeants du territoire ont affirmé ne pas vouloir entrer en contact avec les habitants de l’île de North Sentinel pour ne pas dénaturer leur mode de vie ou leur environnement.

De plus, la situation de l’île est mal définie sur le plan du droit international. Ses habitants n’ont jamais accepté le contact avec les étrangers, donc aucun traité ou aucune trace attestant que la tribu présente sur l’île aurait abandonné sa souveraineté n’existe. Ainsi, sans ces éléments, North Sentinel est légalement considérée comme une entité souveraine protégée par l’Inde.

Population de North Sentinel

Si l’environnement semble paradisiaque, c’est surtout la population de North Sentinel qui fait parler d’elle ! L’île est en effet peuplée par une tribu autochtone : les Sentinelles. Refusant tout contact avec les populations extérieures, il s’agirait du peuple le plus isolé du monde.

Étant donné le nombre restreint de contacts qu’il y a eu avec cette tribu, il est très difficile d’estimer le nombre d’individus qu’elle regroupe. En fonction des estimations, il y aurait entre 40 et 600 personnes sur l’île, et les chiffres avancés sont de l’ordre de 250 Hommes actuellement.
Cependant, la tribu était bien plus importante au XIXe siècle. En effet, dans les années 1850, juste avant la colonisation par les Britanniques, il y avait environ 5000 Sentinelles. Malheureusement, un conflit les a opposés aux colons, leurs flèches et leurs lances n’ont pas fait le poids face aux armes des Britanniques, qui ont tué de nombreux Sentinelles. Malgré ces dégâts, la tribu a réussi à conserver la souveraineté de son île.

population de north sentinel

Les Sentinelles font partie du groupe ethnique des Négritos. Il s’agit d’une population de taille modeste, possédant des cheveux foncés et crépus, qui s’est installée au sud-est de l’Asie, en particulier dans les îles Andaman, dans les Philippines, en Malaisie, en Thaïlande et en Birmanie.
Les Sentinelles seraient partis d’Afrique et auraient débarqué sur l’île il y a environ 60 000 ans. Depuis ce temps-là, la population aurait peu évolué, ils vivraient aujourd’hui encore dans des conditions proches de celles des hommes de la fin du Paléolithique. Ces informations ne sont qu’indirectes, puisqu’aucune analyse ADN n’a pu être réalisée sur des Sentinelles. Les conclusions viennent de l’étude de l’information génétique d’une autre tribu, celle de Jarawa, très proche de celle des Sentinelles, mais qui a accepté le contact avec la civilisation moderne en 1997. Les chercheurs estiment que les Jarawa et les Sentinelles ont évolué dans des environnements sensiblement similaires et que les conclusions peuvent donc être extrapolées.

Ces Hommes sont des chasseurs-cueilleurs. En effet, ils vivent en autarcie grâce aux ressources qu’ils trouvent sur leur île et dans l’océan qui les entoure.
En mer, ils pêchent essentiellement les tortues, plus rarement les poissons. Sur leur île, ils chassent les cochons sauvages et surtout les varans qui y sont très abondants. Les Sentinelles ne savent pas cultiver les terres, l’agriculture leur est inconnue, ils ne font donc que cueillir les plantes comestibles présentes dans la jungle. De plus, ce peuple ne sait pas faire de feu, il a simplement réussi à conserver certains foyers (après un impact de foudre ou à la chaleur) qu’ils surveillent avec attention pour l’utiliser dans la cuisine par exemple.
Ce mode de vie précaire de par la dépendance aux ressources de l’île pose une problématique importante : celle du braconnage. En effet, si les Sentinelles parviennent à vivre en équilibre avec leur environnement, celui-ci peut être perturbé par les braconniers indiens ou birmans, de plus en plus nombreux, qui s’approchent de l’île pour pêcher les tortues et les concombres de mer.
La mise en danger de ces aliments, vitaux pour la population, n’est pas le seul péril que peuvent apporter les populations extérieures. Comme les Sentinelles ont vécu isolés pendant des dizaines de milliers d’années, ils n’ont jamais été confrontés à certains virus, parasites ou bactéries très courants ailleurs. Le système immunitaire des habitants de l’île n’est donc pas adapté à les combattre et les Sentinelles risqueraient d’être très fortement atteints. Les braconniers pourraient apporter avec eux ces pathologies, qui risqueraient d’être fatales aux autochtones.
Pour limiter ces problèmes, de nombreuses associations militent pour que la zone d’exclusion soit respectée. Cela impliquerait qu’aucune personne ne pourrait s’approcher à moins de 5 km de l’île de North Sentinel.

sentinelles

Peu d’informations ont pu être obtenues concernant leur mode de vie, étant donné qu’ils refusent presque tout contact avec les étrangers. Il semblerait cependant qu’ils vivent dans des habitations construites avec du bois et des feuilles de palmier, un type d’arbre très présent sur l’île. Socialement, ils n’auraient pas vraiment de hiérarchie : il n’y a vraisemblablement pas de chef, de « sorcier » ou de « gourou » auquel les autres habitants se soumettent.
L’importance de la chasse dans leur alimentation les a poussés à parfaire leurs techniques et leurs outils pour être plus efficaces lors de cette activité. Ainsi, les Sentinelles ont construit des arcs et des flèches perfectionnées. En effet, ils ont obtenu du fer en fouillant dans les épaves des bateaux s’échouant sur leur île et en ont fait des pointes qu’ils ont ensuite adaptées sur le bâton de la flèche. Leur habileté à manier ces armes leur permet non seulement de chasser, mais aussi de repousser les étrangers s’approchant de leur île, visant autant les embarcations que les hélicoptères !
Artistiquement, c’est un peuple assez peu développé. Leurs chants n’utilisent par exemple que deux notes et leurs peintures se limitent aux symboles qu’ils dessinent sur leur corps.
Finalement, il semblerait qu’ils ne sachent pas compter au-delà de « deux », tout ce qui est supérieur est simplement appelé « plusieurs ».

Tentatives d’approche de North Sentinel 

île de north sentinel

L’hostilité des Sentinelles qui tirent des flèches sur toute personne essayant de s’approcher de leur île a découragé la plupart des scientifiques qui se sont intéressés à leur culture. Cependant, un homme en particulier a tout fait pour se faire accepter : l’anthropologue indien Trilokinath Pandit. Au terme de 24 ans de tentatives pour entrer en contact avec eux, il a pu les approcher et apprendre aux populations modernes quasiment tout ce que nous savons des Sentinelles.

Tout a commencé en 1967, alors qu’une première expédition anthropologique était menée sur l’île. Probablement surpris, les Sentinelles ont tout d’abord fui dans la jungle pour ne pas affronter les étrangers.

D’autres expéditions ont été menées dans les années suivantes, en particulier en 1970 et en 1973. Ces fois-là, la tribu autochtone a accueilli les étrangers à coup de flèches afin de faire fuir ceux qui tentaient d’empiéter sur leur territoire.

À partir de 1974, toujours intrigués par cette tribu, les scientifiques ont tenté une nouvelle technique d’approche : offrir des présents aux Sentinelles (noix de coco, cochons vivants, pointes de flèches en fer…) en les déposant sur la plage, sans chercher à approcher les Hommes.

north sentinel

Progressivement, la population est devenue moins hostile. Cependant, les imprudents qui s’approchaient trop près étaient toujours repoussés. Un réalisateur, tombé sous le charme de la région en 1974, a voulu accoster sur l’île et a reçu une flèche dans la cuisse, ce qui l’a poussé à faire demi-tour !

Il a fallu attendre le 4 janvier 1991 pour que Trilokinath Pandit réussisse à établir un réel contact amical avec les Sentinelles. Ce jour-là, l’anthropologue et une petite équipe de scientifiques ont pu accoster sur l’île, où ils ont été accueillis par 28 hommes, femmes et enfants de la tribu. Ceux-ci n’ont pas pour autant accepté les usages modernes et ont retiré ou cassé tout ce que les étrangers portaient et qui se rapportait à la civilisation moderne : vêtements, montres, lunettes…

À la suite du tsunami qui a traversé l’océan Indien et qui a touché North Sentinel, la communauté internationale s’est préoccupée du sort des Sentinelles et un hélicoptère a été envoyé sur place pour constater les dégâts et tenter de chercher des survivants. Ils ont été accueillis avec des flèches : les Sentinelles ont donc survécu et sont toujours décidés à protéger leur île !

Le dernier fait divers concernant la tribu remonte à février 2006. Deux pêcheurs s’adonnaient illégalement à leur loisir dans les eaux bordant l’île. Malgré des avertissements lancés par les Sentinelles, les deux hommes, vraisemblablement ivres, ont laissé leur bateau dériver jusqu’à North Sentinel et s’y sont échoué. Les autochtones les ont attaqués et les ont tués. Après avoir été averties par les familles des victimes, les autorités indiennes ont tenté de récupérer les corps, mais elles ont été repoussées. Le survol en hélicoptère a seulement permis de voir que les corps n’avaient pas été dévorés, mais qu’ils étaient placés dans une fosse.

Ce dernier fait divers clôt l’article sur North Sentinel, l’île la plus dangereuse du monde. Aviez-vous déjà entendu parler de cette île ? Saviez-vous qu’il existait aujourd’hui encore une population qui refusait tout contact avec la civilisation moderne ? N’hésitez pas à laisser un commentaire !

Ursuline

Sources texte :

20 minutes
Atlantico
Independent
Survival France
Telegraph
Wikipédia

Sources images :

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4 réflexions sur “North Sentinel, l’île la plus dangereuse du monde”

  1. Ouaaaaw, je ne pensais pas que des îles aussi coupées du monde existait encore de nos jours ! *_*

     
  2. C’est super intéressant, et je trouve ça dingue qu’un peuple ait réussi à se couper autant du monde et à refuser la « modernité ». J’aimerais beaucoup en savoir plus sur eux, mais je préfère encore qu’ils gardent leur mode de vie « ancestral » °.°

     
  3. Article super intéressant ! Mais du coup je trouve pas l’adjectif « dangereux » adapté pour l’île. Ils ne sont pas plus (voir moins) dangereux que les autres humains.
    Je trouve ça bien qu’il y ait encore des peuples qui réussissent à vivre coupés du monde. Ils doivent vivre simplement, dans le respect de la nature et sans se prendre la tête sur des choses qui leur paraîtraient sans doute aberrantes.

     

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